Ukraine: une nouvelle loi de mobilisation sur fond de bombardements massifs

Des membres du bataillon sibérien des forces armées ukrainiennes participent à un exercice d'entraînement militaire sur un champ de tir dans la région de Kiev, le 10 avril 2024, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (Photo Genya Savilov  AFP)
Des membres du bataillon sibérien des forces armées ukrainiennes participent à un exercice d'entraînement militaire sur un champ de tir dans la région de Kiev, le 10 avril 2024, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (Photo Genya Savilov AFP)
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Publié le Jeudi 11 avril 2024

Ukraine: une nouvelle loi de mobilisation sur fond de bombardements massifs

  • Confrontée à de multiples assauts terrestres sur la ligne de front, l'Ukraine, face à une pénurie de soldats volontaires, a finalement adopté une nouvelle loi sur la mobilisation
  • Ce texte, qui accroît notamment les sanctions pour les réfractaires, a fait scandale à cause de la suppression à la dernière minute d'une clause prévoyant la démobilisation des soldats ayant servi 36 mois

KIEV, Ukraine : L'Ukraine a adopté jeudi une loi controversée pour mobiliser plus d'hommes pour faire face aux assauts de la Russie, qui a, elle, mené une nouvelle nuit de bombardements massifs pour détruire l'infrastructure énergétique ukrainienne.

Une fois encore, une quarantaine de missiles et autant de drones se sont abattus sur le réseau électrique ukrainien, si bien que le président Volodymyr Zelensky a une fois encore imploré ses alliés occidentaux de fournir à son armée des systèmes de défense aérienne au plus vite.

Parallèlement, confrontée à de multiples assauts terrestres sur la ligne de front, l'Ukraine, face à une pénurie de soldats volontaires, a finalement adopté une nouvelle loi sur la mobilisation, après des mois de controverses et de débats houleux au sein d'une société meurtrie par deux ans d'invasion russe.

«C'est fait !! La loi sur la mobilisation est adoptée. 283 (députés ont voté) pour», s'est félicité sur Telegram l'élu Oleksiï Gontcharenko.

Pour entrer en vigueur, le président de la Rada doit désormais remettre le texte à Volodymyr Zelensky pour promulgation.

Ce texte, qui accroît notamment les sanctions pour les réfractaires, a fait scandale à cause de la suppression à la dernière minute d'une clause prévoyant la démobilisation des soldats ayant servi 36 mois, coup dur pour les militaires qui sont mobilisés sur le front depuis plus de deux ans.

- «Très injuste» -

Cette décision a donc immédiatement provoqué la controverse, d'autant que le système d'enrôlement actuel est jugé par de nombreux Ukrainiens injuste, inefficace et souvent corrompu.

«99% des hommes veulent se reposer, faire une pause, vivre une vie normale. Vivre à la maison», expliquait à l'AFP Iévguén, un soldat parachutiste de 39 ans basé dans la région orientale de Donetsk.

«Il y a des militaires qui ne sont pas rentrés chez eux depuis un an. C'est très injuste».

A la place, le gouvernement sera chargé de rédiger prochainement un autre projet de loi sur «l'amélioration des mécanismes de rotation du personnel militaire».

Pour Volodymyr Zelensky, l'important, disait-il récemment, est de ne pas perdre en compétences militaires au moment des rotations entre soldats engagés sur le front depuis des mois et nouveaux arrivants.

Reste toutefois que l'armée ukrainienne, affaiblie par une contre-offensive ratée à l'été 2023 et une aide occidentale qui s'épuise, doit renouveler son vivier de combattants, sous peine de se retrouver rapidement en sous-nombre face à l'armée russe.

Dans cette idée-là, Volodymyr Zelensky avait déjà entériné début avril l'abaissement de 27 à 25 ans de l'âge auquel on peut être mobilisé.

Un autre texte, voté mercredi en première lecture à la Rada, pourrait par ailleurs rendre possible la mobilisation de détenus.

- «Ne pas fermer les yeux» -

Sur le terrain, la Russie a tiré dans la nuit de mercredi à jeudi» plus de 40 missiles et 40 drones contre des infrastructures énergétiques ukrainiennes, a déploré Volodymyr Zelensky.

Au total, l'Ukraine a pu détruire 39 drones et 18 missiles, selon un compte-rendu de l'armée de l'air.

Mais les dégâts sont là. Selon le ministre de l'Énergie, Guerman Galouchtchenko, les attaques nocturnes russes ont visé «des installations de production et des systèmes de transmission» dans les régions de Kiev, Kharkiv (nord-est), Zaporijjia (sud-est) et Lviv (ouest).

Une grande centrale thermique près de la capitale Kiev a notamment été «complètement détruite», a indiqué un représentant de l'entreprise gérante à l'agence Interfax-Ukraine.

De son côté, la Russie a dit avoir détruit 12 drones ukrainiens au-dessus de son sol dans la nuit.

Face à une armée russe à l'offensive, Volodymyr Zelensky réclame à haute voix auprès de ses partenaires occidentaux plus de munitions pour son armée, et surtout des systèmes de défense aérienne, notamment des Patriot américains, pour contrer les frappes russes.

La Russie, profitant des faiblesses ukrainiennes, en profite pour mener une campagne de bombardements sur des infrastructures dites «essentielles», souvent des centrales électriques qui alimentent la population civile et qui font tourner aussi le système d'eau courante.

Jeudi, le président ukrainien a de nouveau exhorté Européens, Américains et autres soutiens de Kiev à ne pas «fermer les yeux» et fournir rapidement davantage de systèmes à l'Ukraine.


L'armée russe annonce attaquer la région ukrainienne de Dnipropetrovsk

Les pompiers éteignent un incendie dans une usine civile après de puissantes attaques contre la ville ukrainienne de Kharkiv tôt le matin du 7 juin 2025. (Photo de SERGEY BOBOK / AFP)
Les pompiers éteignent un incendie dans une usine civile après de puissantes attaques contre la ville ukrainienne de Kharkiv tôt le matin du 7 juin 2025. (Photo de SERGEY BOBOK / AFP)
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  • L'entrée de l'armée russe dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), non confirmée par l'Ukraine, marque un nouveau revers symbolique pour les forces ukrainiennes, en difficulté sur le front faute de soldats et d'équipements.
  • Certains observateurs estiment en effet que les Russes pourraient vouloir continuer leur progression dans la zone afin de mettre à mal le dispositif défensif ukrainien dans le Donbass.

MOSCOU : L'armée russe a annoncé dimanche mener une offensive dans la région ukrainienne de Dnipropetrovsk, bordant celle de Donetsk, une première en plus de trois ans de conflit, alors que les négociations de paix entre Kiev et Moscou sont dans l'impasse.

L'entrée de l'armée russe dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), non confirmée par l'Ukraine, marque un nouveau revers symbolique pour les forces ukrainiennes, en difficulté sur le front faute de soldats et d'équipements.

« Les unités de la 90 e division blindée (...) ont atteint la frontière ouest de la République populaire de Donetsk et continuent de mener l'offensive sur le territoire de la région de Dnipropetrovsk », a écrit l'armée russe sur Telegram, en utilisant le nom que Moscou donne à la région de Donetsk annexée.

L'Ukraine n'a pas réagi dans l'immédiat à ces déclarations, mais les autorités régionales de Dnipro ont fait part d'un mort dans un bombardement russe à Mejivska, localité située non loin de la région de Donetsk.

Moscou a par ailleurs annoncé la prise de Zarya, petit village de cette région de Donetsk. 

Au-delà de l'aspect symbolique, cette avancée des troupes de Moscou pourrait également avoir une valeur stratégique alors que des discussions diplomatiques poussées par Washington tentent de trouver une solution au conflit.

Certains observateurs estiment en effet que les Russes pourraient vouloir continuer leur progression dans la zone afin de mettre à mal le dispositif défensif ukrainien dans le Donbass, objectif « numéro un » proclamé par le président russe Vladimir Poutine. 

Selon l'analyste militaire ukrainien Oleksiï Kopytko, une avancée russe dans la région de Dnipropetrovsk présenterait « beaucoup plus de risques que d'avantages pour la Russie », en raison de son « impossibilité à concentrer des troupes en nombre suffisant pour une percée ».

« L'armée russe ne dispose pas des forces et des moyens nécessaires pour mener des opérations à grande échelle », avait-il assuré à l'AFP quelques semaines avant l'annonce de la percée russe. 

Cette annonce intervient alors que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de perturber un échange de prisonniers prévu ce week-end, unique résultat concret des pourparlers directs tenus en début de semaine, plus de trois ans après le lancement de l'invasion russe en février 2022.

Mais ces négociations menées à Istanbul entre Kiev et Moscou sur une trêve, encouragées par Washington, n'ont pas permis de rapprocher les positions.

La délégation russe a remis à Kiev une liste de demandes comprenant notamment le retrait de ses forces de quatre régions dont Moscou revendique l'annexion, l'abandon de toute ambition d'adhésion à l'OTAN et la limitation de la taille de son armée.

Des conditions qualifiées mercredi par Volodymyr Zelensky d'« ultimatums » inacceptables.


Trump déploie la Garde nationale en Californie sur fond d'émeutes anti-expulsions

Des agents des forces de l'ordre montent la garde face à des manifestants lors d'une manifestation devant le centre de détention métropolitain à la suite d'opérations fédérales liées à l'immigration, dans le centre-ville de Los Angeles, en Californie, le 7 juin 2025. (Photo par ETIENNE LAURENT / AFP)
Des agents des forces de l'ordre montent la garde face à des manifestants lors d'une manifestation devant le centre de détention métropolitain à la suite d'opérations fédérales liées à l'immigration, dans le centre-ville de Los Angeles, en Californie, le 7 juin 2025. (Photo par ETIENNE LAURENT / AFP)
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  • Des affrontements opposant des manifestants protestant contre les expulsions massives lancées par Donald Trump sont en cours à Paramount, une banlieue hispanophone de Los Angeles.
  • Gavin Newsom, gouverneur démocrate régulièrement en proie aux attaques du président américain, a dénoncé une décision « volontairement incendiaire ».

WASHINGTON : La Maison Blanche a annoncé samedi le déploiement de 2 000 membres de la Garde nationale en Californie, dans un contexte d'émeutes anti-expulsions à Los Angeles.

Des affrontements opposant des manifestants protestant contre les expulsions massives lancées par Donald Trump sont en cours à Paramount, une banlieue hispanophone de Los Angeles, selon des images diffusées en direct par l'AFP.

On y voit des manifestants brandir des drapeaux sud-américains et lancer des projectiles en direction de voitures de police aux gyrophares allumés, dans un nuage de fumée.

Dans ce contexte, le président américain Donald Trump « a signé un mémorandum présidentiel prévoyant le déploiement de 2 000 gardes nationaux pour remédier à l'anarchie qu'on a laissé prospérer », a déclaré dans la soirée la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, en rejetant la faute sur les dirigeants démocrates californiens « incapables ».

Gavin Newsom, gouverneur démocrate régulièrement en proie aux attaques du président américain, a dénoncé une décision « volontairement incendiaire ».

Peu auparavant, le président américain avait menacé de prendre une telle mesure, après une deuxième journée d'incidents. 

« Si le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, et la maire de Los Angeles, Karen Bass, ne peuvent pas faire leur travail, comme tout le monde le sait, alors le gouvernement fédéral interviendra et résoudra le problème », a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social, en désignant M. Newsom par un quolibet.

Pour le deuxième jour consécutif, des heurts ont opposé des manifestants opposés aux expulsions massives de migrants illégaux dans le cadre de la politique lancée par M. Trump, et les agents fédéraux de l'immigration (ICE).

Ceux-ci ont tiré des grenades assourdissantes et plusieurs personnes ont été interpellées à Paramount.

« Nous épluchons les vidéos pour identifier les auteurs. Vous amenez le chaos, nous apportons les menottes », a écrit sur X le directeur adjoint du FBI, Dan Bongino. 

Samedi, le chef de la police aux frontières Michael Banks a partagé des images sur X (ex-Twitter) qui ont ensuite été relayées par Stephen Miller, un des proches conseillers de Donald Trump. On y voit des dizaines d'agents en tenue militaire kaki, armés et équipés de masques à gaz, faisant face à des manifestants.

« L'administration Trump applique une politique de tolérance zéro à l'égard des comportements criminels et de la violence, en particulier lorsque cette violence vise des agents des forces de l'ordre qui tentent de faire leur travail », a martelé Mme Leavitt.

Après les incidents de vendredi, Stephen Miller avait évoqué sur X « une insurrection contre les lois et la souveraineté des États-Unis ».

Le ministre de la Défense, Pete Hegseth, a menacé de faire aussi appel à l'armée régulière basée non loin. Si nécessaire, les « Marines de Camp Pendleton seront également mobilisés ». Ils sont déjà en état d'alerte », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux. 

Le dernier déploiement de la Garde nationale en Californie pour des troubles civils remonte à 2020, à la suite des violentes émeutes provoquées par la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier à Los Angeles.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain et son gouvernement ont multiplié les initiatives visant à expulser un maximum de sans-papiers du pays, tout en cherchant à étendre leurs prérogatives en la matière.

Le ministère de la Sécurité intérieure a déclaré que les opérations menées par l'ICE à Los Angeles cette semaine avaient abouti à l'arrestation de 118 étrangers, dont cinq membres de gangs.


Conflit Trump-Musk: le président pourrait se débarrasser de sa Tesla

Cette combinaison de photos prises le 6 juin 2025 montre le président américain Donald Trump à bord d'Air Force One le 4 mai 2025, de retour à la Maison Blanche après avoir passé le week-end en Floride, et Elon Musk dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 21 mai 2025. (Photo de SAUL LOEB et Jim WATSON / AFP)
Cette combinaison de photos prises le 6 juin 2025 montre le président américain Donald Trump à bord d'Air Force One le 4 mai 2025, de retour à la Maison Blanche après avoir passé le week-end en Floride, et Elon Musk dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 21 mai 2025. (Photo de SAUL LOEB et Jim WATSON / AFP)
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  • La capitalisation de Tesla a fondu à Wall Street, l'action clôturant jeudi à -14,26 %.
  • Il y a trois mois, la Maison Blanche s'était transformée en concession Tesla lorsque le républicain, posant devant cinq voitures de la marque, avait vanté les qualités des véhicules électriques.

WASHINGTON : Après la rupture spectaculaire entre Donald Trump et Elon Musk, le président américain pourrait se débarrasser de sa voiture électrique achetée en mars pour soutenir l'entrepreneur, a déclaré vendredi un haut responsable de la Maison Blanche.

« Il y pense, oui », a répondu un responsable à l'AFP, lorsqu'on lui a demandé si le président américain comptait vendre ou donner sa Tesla.

Selon un journaliste de l'AFP, la voiture rouge était toujours garée sur le parking de la Maison Blanche, au lendemain de la rupture fracassante entre Donald Trump et son ancien conseiller Elon Musk.

La capitalisation de Tesla a fondu à Wall Street, l'action clôturant jeudi à -14,26 %.

Il y a trois mois, la Maison Blanche s'était transformée en concession Tesla lorsque le républicain, posant devant cinq voitures de la marque, avait vanté les qualités des véhicules électriques, alors que l'action Tesla était malmenée en Bourse et que les ventes du constructeur souffraient de l'impopularité de son patron. 

Le président avait jeté son dévolu sur une Tesla rouge du modèle S, assurant régler par chèque. Il avait toutefois précisé que la voiture serait mise à la disposition de ses employés à la Maison Blanche, indiquant qu'il n'était « pas autorisé à rouler parce qu'il n'avait pas conduit de voiture depuis longtemps ».

Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, et Margo Martin, conseillère en communication de Donald Trump, ont d'ailleurs posé dans la voiture rouge et publié la photo sur X, le réseau social détenu par Elon Musk, pas plus tard que la semaine dernière.

La voiture rouge et brillante est ainsi devenue le symbole malheureux de la rupture entre le président et l'ancien chef de l'antenne de la Commission à l'efficacité gouvernementale.

Donald Trump a déclaré être « très déçu » par Elon Musk et ses critiques envers la « grande et belle loi » budgétaire du président. Il a menacé de résilier les contrats qu'il avait passés avec le gouvernement américain. L'entrepreneur a répliqué en retirant son vaisseau spatial Dragon, utilisé notamment par la NASA pour acheminer des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS).