Ethiopie: au moins 26 morts dans une frappe aérienne dans la région Amhara

Des membres de la milice amhara sont assis à l'arrière d'un camion pickup dans la ville de Gondar, en Éthiopie, le 17 janvier 2022. (Photo, AFP)
Des membres de la milice amhara sont assis à l'arrière d'un camion pickup dans la ville de Gondar, en Éthiopie, le 17 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 août 2023

Ethiopie: au moins 26 morts dans une frappe aérienne dans la région Amhara

  • Le gouvernement fédéral a décrété l'état d'urgence le 4 août face à ce regain de violence armée
  • Depuis mercredi, après plusieurs jours d'affrontements meurtriers, l'armée a réinvesti les principales villes de l'Amhara

NAIROBI: Au moins 26 personnes ont été tuées dimanche dans une frappe aérienne à Finote Selam, dans la région éthiopienne de l'Amhara en proie à des combats, ont affirmé lundi à l'AFP un responsable d'un hôpital de la ville et un habitant.

Cette frappe est l'événement le plus meurtrier rapporté depuis que des combats ont éclaté début juillet entre l'armée fédérale et des combattants amhara, dont la milice nationaliste Fano, dans la deuxième région la plus peuplée d'Ethiopie.

Le gouvernement fédéral a décrété l'état d'urgence le 4 août face à ce regain de violence armée, qui menace d'embraser le nord de l'Éthiopie, neuf mois seulement après la fin d'un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré. L'état d'urgence a été entériné lundi par un vote du parlement.

"Vingt-deux corps ont été amenés à l'hôpital, tandis que quatre autres personnes grièvement blessées sont décédées peu après leur arrivée", a déclaré le responsable de l'hôpital de Finote Selam, localité du sud de l'Amhara à environ 170 kilomètres de la capitale régionale Bahir Dar.

S'exprimant sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité, il a précisé que l'établissement avait également accueilli "55 patients blessés, dont plus de 40 le sont grièvement".

Un habitant a déclaré, également sous couvert d'anonymat, avoir "personnellement aidé à l'inhumation des corps de 30 victimes (...) ainsi qu'au transport de nombreuses victimes blessées".

Cette frappe a touché le centre de la ville dimanche matin, alors que la localité était sous contrôle des miliciens Fano. L'armée éthiopienne est entrée dans la ville lundi après-midi, a affirmé l'habitant joint par l'AFP.

"Jeune de 13 ans et personnes âgées" 

Arrivé sur les lieux "environ 15 minutes après la frappe", cet habitant a raconté avoir a "vu un véhicule de transport de marchandises complètement détruit (...) avec des cadavres éparpillés autour".

"J'ai entendu le bruit fort d'un avion avant l'attaque", a-t-il raconté.

Selon le responsable médical, qui dit avoir "entendu une forte explosion (...) vers 9H30-10H00" (06H30-07H00 GMT), certains habitants ont évoqué "une attaque de drone".

"Tous les morts et blessés arrivés à l'hôpital portaient soit des vêtements civils, soit des vêtements traditionnels du dimanche. Les victimes vont d'un jeune de 13 ans à des personnes âgées", a-t-il ajouté.

Les tensions en Amhara sont allées croissantes depuis avril, après que le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé vouloir démanteler les "forces spéciales", des unités paramilitaires créées par de nombreux États régionaux depuis une quinzaine d'années.

Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement veut affaiblir leur région, alors que les "forces spéciales" amhara, ainsi que la milice Fano, ont été des alliés cruciaux du gouvernement durant la guerre du Tigré entre novembre 2020 et novembre 2022.

Le bilan officiel des combats reste inconnu dans cette région où les accès sont restreints, rendant impossible toute vérification indépendante sur le terrain.

Deux médecins dans les villes de Bahir Dar et Gondar ont affirmé mercredi à l'AFP avoir vu de nombreux civils morts ou blessés.

 "Arrestations massives" 

Depuis mercredi, après plusieurs jours d'affrontements meurtriers, l'armée a réinvesti les principales villes de l'Amhara.

"Si les violents combats se sont calmés dans les principales zones urbaines depuis le 9 août, ils se poursuivent dans d'autres parties de la région", a souligné lundi la commission éthiopienne des droits de l'homme (EHRC), institution publique statutairement indépendante, dans un communiqué.

Ces combats sont marqués par "l'utilisation d'artillerie lourde, entraînant des morts et des blessés parmi les civils, ainsi que des dommages matériels", selon l'EHRC, faisant part de sa "grave inquiétude".

L'organisme de surveillance des droits humains a également évoqué des manifestants tués alors qu'ils tentaient de bloquer des routes, des prisons et commissariats attaqués, résultant en vols d'armes et munitions et évasions de détenus, ainsi que des arrestations et exécutions extra-judiciaires.

Dans la capitale Addis Abeba, "il y a eu des arrestations massives de civils d'origine ethnique amhara", souligne l'EHRC, déplorant de ne pas avoir "pu obtenir d'accès pour vérifier les conditions de détention depuis la déclaration de l'état d'urgence".


Guerre Iran-Israël: Paris, Berlin et Londres vont faire «une offre de négociation complète» aux Iraniens

Paris, Berlin et Londres vont faire vendredi à Genève "une offre de négociation complète" aux Iraniens incluant le nucléaire, les activités balistiques et le financement des groupes terroristes dans la région, a déclaré Emmanuel Macron. (AFP)
Paris, Berlin et Londres vont faire vendredi à Genève "une offre de négociation complète" aux Iraniens incluant le nucléaire, les activités balistiques et le financement des groupes terroristes dans la région, a déclaré Emmanuel Macron. (AFP)
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  • "Il faut absolument prioriser le retour à la négociation de fond qui inclut le nucléaire pour aller vers le zéro enrichissement, le balistique pour limiter les activités, les capacités iraniennes"
  • Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi doit rencontrer dans la journée à Genève ses homologues britannique, David Lammy, français Jean-Noël Barrot et allemand Johann Wadephul, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne

LE BOURGET: Paris, Berlin et Londres vont faire vendredi à Genève "une offre de négociation complète" aux Iraniens incluant le nucléaire, les activités balistiques et le financement des groupes terroristes dans la région, a déclaré Emmanuel Macron.

"Il faut absolument prioriser le retour à la négociation de fond qui inclut le nucléaire pour aller vers le zéro enrichissement, le balistique pour limiter les activités, les capacités iraniennes et le financement de tous les groupes terroristes de déstabilisation de la région", a insisté le président français, en marge du salon aéronautique du Bourget.

Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi doit rencontrer dans la journée à Genève ses homologues britannique, David Lammy, français Jean-Noël Barrot et allemand Johann Wadephul, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.

Les Européens doivent se coordonner lors d'un déjeuner, avant la rencontre prévue vers 15H00 locales (13H00 GMT).

Le nucléaire iranien "est une menace et il ne faut aucun laxisme en la matière" mais "personne ne peut sérieusement penser que cette menace, on y répond avec les opérations en cours uniquement", a jugé Emmanuel Macron.

"Il y a des centrales qui sont extrêmement protégées" et "nul ne sait aujourd'hui totalement dire où est l'uranium enrichi à 60% (...). Donc c'est un programme dont il faut reprendre le contrôle aussi par l'expertise technique et la négociation", a-t-il argumenté.

Selon une source diplomatique, cette solution complète consiste par exemple à "définir un cadre de vérification poussée des installations nucléaires iraniennes (...) On pourrait imaginer que l’AIEA (Agence internationale de l'Energie atomique) puisse entrer partout pour des inspections sans préavis".

"Ce serait un modèle d'inspections qui ressemblerait à quelque chose qu’on avait mis en place sur le nucléaire en Irak après 1991 et la guerre du Golfe qui avait vu la défaite de Saddam Hussein", a-t-on ajouté.

Emmanuel Macron a appelé aussi Israël à cesser ses frappes sur "les infrastructures civiles" iraniennes. "Rien ne justifie des frappes sur les infrastructures énergétiques et les populations civiles", a-t-il répété.

Le chef de l'Etat n'entend pas "oublier non plus la situation à Gaza qui exige aujourd'hui, pour des raisons humanitaires mais sécuritaires également, un cessez le feu le plus rapide, une reprise de l'aide humanitaire et une reprise du travail politique".

Affirmant que l'Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, Israël a lancé le 13 juin une attaque aérienne massive contre la République islamique, qui a déclenché la riposte iranienne. Depuis, les frappes israéliennes sur l'Iran et les tirs de missiles iraniens contre le territoire israélien se succèdent.

Jeudi, le président américain Donald Trump avait évoqué une possibilité "substantielle" de négociations avec l'Iran et déclaré qu'il déciderait "au cours des deux prochaines semaines" d'une intervention de son pays aux côtés d'Israël.

 


Gaza, RDC, Haïti... Des violences contre les enfants «sans précédent» en 2024, dénonce l'ONU

De Gaza à la République démocratique du Congo, les violences contre les enfants en zones de conflit ont atteint des niveaux "sans précédent" en 2024, dénonce jeudi un rapport annuel de l'ONU. (AFP)
De Gaza à la République démocratique du Congo, les violences contre les enfants en zones de conflit ont atteint des niveaux "sans précédent" en 2024, dénonce jeudi un rapport annuel de l'ONU. (AFP)
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  • L'ONU a "vérifié" 41.370 graves violations contre des enfants en 2024, dont 36.221 commises en 2024 et 5.149 commises précédemment mais confirmées en 2024, ce qui constitue le nombre le plus élevé depuis la mise en place de cet outil de surveillance
  • Avec notamment plus de 4.500 tués et plus de 7.000 blessés, les enfants continuent "de faire les frais des hostilités incessantes" à travers la planète, déplore l'ONU

NATIONS-UNIES: De Gaza à la République démocratique du Congo, les violences contre les enfants en zones de conflit ont atteint des niveaux "sans précédent" en 2024, dénonce jeudi un rapport annuel de l'ONU.

"En 2024, la violence contre les enfants lors des conflits armés a atteint des niveaux sans précédent, avec une hausse sidérante de 25% des violations graves par rapport à 2023", indique le rapport du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

L'ONU a "vérifié" 41.370 graves violations contre des enfants en 2024, dont 36.221 commises en 2024 et 5.149 commises précédemment mais confirmées en 2024, ce qui constitue le nombre le plus élevé depuis la mise en place de cet outil de surveillance il y a près de 30 ans. Un record qui bat celui enregistré en 2023, qui lui-même représentait une hausse de 21% par rapport à l'année précédente.

Avec notamment plus de 4.500 tués et plus de 7.000 blessés, les enfants continuent "de faire les frais des hostilités incessantes" à travers la planète, déplore l'ONU.

En raison d'une hausse marquante du nombre d'enfants victimes de multiples violations, le nombre d'enfants concernés par ces violences atteint 22.495.

"Les cris de ces 22.495 enfants innocents qui auraient dû apprendre à lire ou jouer au ballon, mais au lieu de ça ont été obligés d'apprendre à survivre aux tirs et aux bombardements, devraient tous nous empêcher de dormir", a lancé dans un communiqué Virginia Gamba, représentante spéciale de l'ONU sur ce dossier. "Cela doit servir de signal d'alarme. Nous sommes au point de non-retour."

Chaque année, l'ONU répertorie dans ce rapport les violations des droits des enfants (moins de 18 ans) dans une vingtaine de zones de conflit dans le monde et dresse en annexe la "liste de la honte" des responsables de ces violations qui incluent enfants tués et mutilés, recrutements, enlèvements, refus d'accès humanitaire ou violences sexuelles.

Viols collectifs 

Les forces armées et de sécurité israéliennes, qui avaient été inscrites sur la liste l'an dernier, avec le Hamas, y sont toujours.

Les territoires palestiniens occupent d'ailleurs la première place de ce triste classement, avec plus de 8.500 violations graves en très grande majorité attribuées aux forces israéliennes, dont plus de 4.800 à Gaza.

Cela inclut 1.259 enfants palestiniens tués à Gaza, selon les chiffres confirmés par l'ONU qui dit être en train de vérifier des informations sur 4.470 enfants supplémentaires tués en 2024 dans le territoire palestinien ravagé par la guerre provoquée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Le rapport met également en cause les opérations d'Israël au Liban, où plus de 500 enfants ont été tués ou blessés par l'armée israélienne l'an dernier.

Après les Territoires palestiniens, la République démocratique du Congo (plus de 4.000 violations graves), la Somalie (plus de 2.500), le Nigeria (près de 2.500) et Haïti (plus de 2.200) ont enregistré le plus de violences contre les enfants en 2024.

En Haïti, où ces violations ont augmenté de 490% en un an, la principale coalition de gangs, "Viv Ansanm" (Vivre ensemble), a été ajoutée sur la "liste de la honte", pour le recrutement d'enfants, les meurtres ou encore les viols collectifs. Une première qui vise "probablement le plus brutal" des gangs qui ravagent le pays, a commenté un responsable onusien.

Nouveau sur la liste également le cartel colombien Clan del Golfo accusé d'enrôler des enfants. La Colombie enregistre plus généralement une hausse importante des cas de recrutements forcés, avec 450 enfants en 2024 contre 262 l'année précédente.

Sont d'autre part toujours sur "la liste de la honte" l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide qui s'affrontent au Soudan depuis plus de deux ans, ainsi que l'armée russe pour ses actions en Ukraine où le rapport enregistre une hausse de 105% des violations graves entre 2023 et 2024.

 


L'Iran accuse l'AIEA d'être un «partenaire» de «l'agression» israélienne

L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël. (AFP)
L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël. (AFP)
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  • Dans un rapport consulté par l'AFP fin mai, l'agence notait que "l'Iran n'a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l'agence et a nettoyé" des lieux
  • Le Conseil des gouverneurs de l'Agence avait ensuite adopté le 12 juin une résolution condamnant l'Iran pour "non-respect" de ses obligations nucléaires, élaborée par Londres, Paris et Berlin associés à Washington

TEHERAN: L'Iran a accusé jeudi l'organe de surveillance nucléaire des Nations unies, AIEA, d'agir en tant que "partenaire" dans ce qu'il a qualifié de "guerre d'agression" d'Israël.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déploré, dans un rapport publié avant le début de la guerre Iran-Israël, le manque de coopération de Téhéran dans la surveillance du respect de ses obligations en matière nucléaire.

"Vous avez trahi le régime de non-prolifération; vous avez fait de l'AIEA un partenaire de cette guerre d'agression injuste", a écrit le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei sur X, dans un message à l'adresse du directeur de l'agence onusienne, Rafael Grossi.

"Nous avons affirmé dans mon rapport il y a une semaine que bien que l’Iran soit le seul pays au monde qui est en train d’enrichir l’uranium à des niveaux presque militaires (...) on n'est pas en capacité de dire qu’il existe un effort direct vers la fabrication d'une arme nucléaire", avait affirmé mercredi M. Grossi, sur la télévision française France 24.

Dans un rapport consulté par l'AFP fin mai, l'agence notait que "l'Iran n'a, à plusieurs reprises, soit pas répondu, soit pas fourni de réponses techniquement crédibles aux questions de l'agence et a nettoyé" des lieux, "ce qui a entravé les activités de vérification de l'agence" dans trois sites non déclarés.

Le Conseil des gouverneurs de l'Agence avait ensuite adopté le 12 juin une résolution condamnant l'Iran pour "non-respect" de ses obligations nucléaires, élaborée par Londres, Paris et Berlin associés à Washington.

Avant le vote de cette instance, l'Iran avait menacé de réduire sa coopération avec l'AIEA si une résolution était adoptée.