JO-2024: policiers et gendarmes au défi d'une cybercriminalité démultipliée

Policiers, gendarmes et services spécialisés anticipent un nombre "considérable" de cyberattaques lors des Jeux de Paris, jusqu'aux hypothèses les plus critiques. (AFP)
Policiers, gendarmes et services spécialisés anticipent un nombre "considérable" de cyberattaques lors des Jeux de Paris, jusqu'aux hypothèses les plus critiques. (AFP)
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Publié le Mercredi 17 janvier 2024

JO-2024: policiers et gendarmes au défi d'une cybercriminalité démultipliée

  • Lors des derniers JO à Tokyo, 450 millions d'attaques et 4,4 milliards de menaces cyber ont été recensées, soit 800 par seconde, dans une capitale pourtant placée sous bulle sanitaire, sans spectateurs
  • «Les Jeux olympiques et paralympiques, c'est deux fois 15 jours. En 15 jours, on ne peut pas reconstruire un système d'information qui aurait été détruit par un rançongiciel», expliquait aux sénateurs Emmanuel Naëgelen

PARIS: Le chronomètre qui s'arrête en plein 100 mètres, la piscine olympique plongée dans le noir ou les portiques d'accès au stade bloqués : policiers, gendarmes et services spécialisés anticipent un nombre "considérable" de cyberattaques lors des Jeux de Paris, jusqu'aux hypothèses les plus critiques.

Lors des derniers JO à Tokyo, 450 millions d'attaques et 4,4 milliards de menaces cyber ont été recensées, soit 800 par seconde, dans une capitale pourtant placée sous bulle sanitaire, sans spectateurs.

Avec 15 millions de visiteurs attendus à Paris l'été prochain, "on s'attend à ce que ce soit considérable", confie à l'AFP le général Christophe Husson, à la tête du Commandement du ministère de l'Intérieur dans le Cyberespace (ComCyber-MI), placé sous l'autorité de la gendarmerie.

"Huit à dix fois plus", avançait le directeur de la technologie de Paris 2024, Bruno Marie-Rose, en avril dernier.

Donner un chiffre "serait lire dans une boule de cristal", mais M. Husson note le "facteur multiplicateur gigantesque, par 5 ou 20, selon que l'on retienne les attaques réussies ou tentées, selon la presse spécialisée" entre les Jeux de Londres en 2012 et ceux de Tokyo en 2021.

La gendarmerie a par ailleurs enregistré depuis cinq ans une hausse de 42% des faits en matière cyber.

"Depuis plusieurs années maintenant, on a constaté une démocratisation de la mise à disposition des outils permettant la commission d'attaques informatiques", souligne le contrôleur général Nicolas Guidoux, chef de l'Office anti-cybercriminalité (Ofac), coordinateur national des enquêtes judiciaires.

"On n'est plus face à quelques hackeurs dans leur chambre, mais face à une multiplications des attaquants", ajoute-t-il.

80 cibles critiques

Lors de la dernière Coupe du monde de rugby, à l'automne 2023 à Paris, quelques "signaux faibles" ont été observés, comme des attaques par déni de service qui ont bloqué quelques sites privés ou d'administrations pendant quelques heures, sans qu'il y ait d'"impact opérationnel majeur", selon le général Husson.

La principale menace concerne les attaques par rançongiciel, en augmentation constante, avec 546 enquêtes ouvertes en France en 2023, soit 30 % de hausse par rapport à 2022, selon le parquet de Paris qui a compétence nationale.

Elles consistent en général à chiffrer ou voler les données d'une victime et à demander une rançon pour les débloquer.

Attaques crapuleuses, idéologiques voire... étatiques, les mobiles des cybercriminels sont multiples et leurs frontières poreuses.

Début décembre, un exercice simulant plusieurs attaques simultanées et de haut niveau par rançongiciel a été organisé, réunissant plusieurs ministères (Intérieur, Justice, Santé...). D'autres suivront d'ici à la cérémonie d'ouverture des JO de Paris le 26 juillet.

L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), qui pilote la cybersécurité des Jeux, a répertorié 350 entités liées à la compétition, dont 80 critiques.

Ces dernières, "si elles subissaient une attaque informatique d'ampleur, soit une épreuve serait annulée, soit une grande partie des Jeux pourrait être annulée", avertissait en octobre au Sénat Emmanuel Naëgelen, le directeur adjoint de l'Anssi.

Attaques déjouées

Mais, en prenant en compte l'ensemble des sous-traitants liés à ces entités, la liste des cibles potentielles est "beaucoup plus large", poursuit le commissaire Nicolas Guidoux.

Les sous-traitants sont "un point d'entrée plus facile", leurs systèmes informatiques sont "parfois moins solides" que ceux des grosses entreprises, abonde Johanna Brousse, cheffe de la section spécialisée dans la lutte contre la cybercriminalité au parquet de Paris, qui au vu de l'augmentation des attaques, appelle à renforcer les moyens des magistrats chargés de cette grande criminalité.

En août dernier, les données de 10 millions de demandeurs d'emploi avaient ainsi été mises en vente sur le darkweb après un piratage d'un prestataire de Pôle Emploi.

"Les Jeux olympiques et paralympiques, c'est deux fois 15 jours. En 15 jours, on ne peut pas reconstruire un système d'information qui aurait été détruit par un rançongiciel", expliquait aux sénateurs Emmanuel Naëgelen, soulignant "miser sur une détection la plus efficace possible".

"Depuis janvier 2023, on a empêché 44 attaques informatiques", se félicite M. Guidoux. "C'est un axe sur lequel on doit encore porter nos efforts".

Aujourd'hui, les autorités redoutent par-dessus tout de passer d'une "cyberattaque avec des dégâts matériels à une cyberattaque qui entraînerait des morts ou des blessés", détaille Johanna Brousse. "On changerait de paradigme", ajoute-t-elle.

Au-delà, les contenus haineux en ligne, attisés par un contexte géopolitique tendu, et les escroqueries aux faux billets - plus de 200 sites frauduleux ont été détectés par les gendarmes - ou aux fausses locations, seront aussi scrutés de près par les forces de l'ordre.


JO-2024: début de la parade maritime pour l'arrivée de la flamme olympique à Marseille

Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
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  • Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer
  • Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité

MARSEILLE: La grande parade maritime accompagnant l'arrivée de la flamme olympique en France a débuté mercredi à 11h00, avec un millier de bateaux escortant le trois-mâts Belem en rade de Marseille, sous un soleil éclatant, ont constaté des journalistes de l'AFP en mer.

Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer depuis la Grèce, à moins de trois mois des JO de Paris (26 juillet-11 août).

Sur La Belle Poule, deux-mâts historique de la Marine nationale qui suit directement le Belem, le son de la cornemuse a retenti sous les grandes voiles blanches, marquant le début de la parade qui durera jusqu'à 17h00, le long de la côte de la deuxième ville de France.

Accueil chaleureux 

Tout autour, en mer, de petits bateaux de plaisance, des canots, mais aussi de grands voiliers naviguent sur la Méditerranée, selon un journaliste de l'AFP.

A bord du Belem, où a pu monter un photographe de l'AFP, les jeunes équipiers saluent depuis le pont, sourire aux lèvres, l'armada de plaisanciers et la foule dense présente sur une plage au loin, sous le viaduc de Corbières, dans le quartier populaire de l'Estaque qui a inspiré de grands peintres comme Cézanne ou Braque.

Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité. Une quarantaine de bateaux des autorités françaises sont mobilisés pour veiller au bon déroulement de cette grande parade.


La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à la vigilance sur la discrimination des musulmans

Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
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  • Gabriel Attal avait promis une «fermeté exemplaire» face à l'antisémitisme et estimé que «l'islamisme est un péril grave pour notre République»
  • Pour la Grande mosquée, l'«appel à la vigilance» et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés «doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés»

PARIS: La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à condamner "sans équivoque" les discriminations visant les musulmans, estimant que la fermeté martelée lundi par Gabriel Attal au dîner du Crif devait "s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

"La Grande mosquée de Paris accueille favorablement" la déclaration du Premier ministre sur "les tensions intercommunautaires et la nécessité de ne pas laisser le cynisme politique diviser notre société", affirme dans un communiqué reçu mercredi le recteur de la mosquée Chems-eddine Hafiz.

"Nous partageons sa préoccupation quant à toute tentative d'instrumentalisation des identités religieuses à des fins partisanes", ajoute-t-il.

Pour la Grande mosquée, l'"appel à la vigilance" et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés "doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

Stigmatisés

Lundi soir au dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Gabriel Attal avait promis une "fermeté exemplaire" face à l'antisémitisme et estimé que "l'islamisme est un péril grave pour notre République et un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l'antisémitisme".

Le recteur de la Grande mosquée, qui rappelle avoir participé lundi matin au lancement des "assises de lutte contre l'antisémitisme" initiées par le gouvernement, s'inquiète aussi de "l’extension dans l'espace public du faux et +antinomique+ concept d'antisémitisme musulman, qui stigmatise injustement les musulmans français".

"Nous appelons le Premier ministre et son gouvernement à montrer l'exemple en condamnant explicitement et sans équivoque toute forme de discrimination et de stigmatisation à l'encontre des musulmans français", ajoute-t-il.


Macron et Xi dans les Pyrénées pour une escapade «personnelle»

Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
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  • L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser «un échange franc et amical»
  • Ce coin de montagne est «directement lié à l'histoire très personnelle» d'Emmanuel Macron, explique son entourage

 

TARBES: Après les ors de l'Elysée, la neige des cimes: Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés mardi dans les Pyrénées au second jour de la visite d'Etat du président chinois, pour une escapade "personnelle" censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

"Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a lancé lundi, lyrique, le président français en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s'attendre, dans les Hautes-Pyrénées, à des "discussions fructueuses et amicales".

L'avion du chef de l'Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où la météo est encore hivernale même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie.

Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au dirigeant chinois et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col, dans la commune de Sainte-Marie-de-Campan.

"C'est vraiment étrange de voir ça ici", sourit Jean-Michel Garem, un villageois retraité.

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d'altitude d'Eric Abadie, éleveur et ami du président français. Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu'ils avaient partagée l'an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

Un cadre qui contraste avec celui du palais présidentiel où, entre un accueil en grande pompe et un banquet fastueux, ils n'ont pas cherché à dissimuler les différends sur le commerce entre l'Europe et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à un "cadre de concurrence loyale", se félicitant à l'issue des discussions d'avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises "provisoires".

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l'Union européenne prendrait "des décisions fermes" pour "protéger son économie", dénonçant l'afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

"Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Sur l'Ukraine, il s'est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d'œuvrer à une solution politique.

Et il a apporté son soutien à une "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s'agissant de l'Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut "lucide" sur les chances limitées d'une percée rapide. D'autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il doit recevoir prochainement.

Séduction 

L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser "un échange franc et amical" sur ces sujets épineux. L'idée est de casser l'imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est "directement lié à l'histoire très personnelle" d'Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

"La diplomatie d'Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction", analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. "Il y a toujours eu chez lui l'idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures", ajoute-t-il.

Le cadre intimiste du Tourmalet participe de cette volonté.

"Mais c'est mal connaître Xi Jinping qui n'est pas vraiment un grand sentimental", prévient le chercheur.

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la "tonalité amicale" de cette visite officielle. "L'homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n'est pas notre ami", a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé sur LCI les "ingérences" de Pékin et sa "stratégie agressive pour mettre à terre notre économie". La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté du chef de l'Etat de parler à son homologue chinois, souhaitant sur France 2 "un dialogue direct et franc sur l'ensemble des sujets".

Le politiste Bertrand Badie acquiesce: avec la Chine de Xi Jinping, "il y a un vrai travail à faire" car personne, jusqu'ici, "n'a trouvé la clé des relations euro-chinoises".