Bruno Le Maire, ministre «à la croisée des chemins»

Pour atteindre le plein emploi promis (soit 5% de chômage), Bruno Le Maire considère qu'il faut aller encore plus loin dans les réformes (Photo, AFP).
Pour atteindre le plein emploi promis (soit 5% de chômage), Bruno Le Maire considère qu'il faut aller encore plus loin dans les réformes (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 29 novembre 2023

Bruno Le Maire, ministre «à la croisée des chemins»

  • Si le chômage repart, «politiquement, il est mort», abonde un conseiller ministériel
  • Bruno Le Maire s'est mué en père fouettard de l'orthodoxie budgétaire après avoir été le père Noël du «quoi qu'il en coûte» pendant le Covid

PARIS: Ministre de l'Economie depuis sept ans, Bruno Le Maire ne dévoile pas encore ses intentions pour 2027, mais il se trouve face à un dilemme: comment "rester dans son couloir, à bien faire son travail de ministre", aux dires d'un proche, si les résultats sont moins bons que prévus ?

Le numéro deux du gouvernement, âgé de 54 ans, est à "la croisée des chemins", comme il le répète à propos du deuxième quinquennat, en exhortant Emmanuel Macron à miser sur la "transformation" et les réformes pour que le camp macroniste gagne à la présidentielle, au lieu de gérer simplement le pays.

Or, le taux de chômage remonte un peu, la prévision de croissance de 1,4% pour 2024 est jugée trop optimiste par certains économistes. Et le verdict de la puissante agence financière S&P Global, qui dira vendredi si elle dégrade ou pas la note de la lourde dette française, peut compter dans le bilan.

Pour améliorer sa copie et percer le "point noir" des finances publiques, Bruno Le Maire s'est mué en père fouettard de l'orthodoxie budgétaire après avoir été le père Noël du "quoi qu'il en coûte" pendant le Covid, réclamant moult économies, jusqu'à contester certains arbitrages gouvernementaux.

Mais "la rigueur sans les bonnes nouvelles, c’est compliqué pour lancer une campagne présidentielle. C'est ça son dilemme", relève un député Renaissance qui l'apprécie. "Bruno est dans un corner".

Si le chômage repart, "politiquement, il est mort", abonde un conseiller ministériel.

«Rebondir»

Son plan était de "rester à Bercy jusqu'en 2024-2025, plutôt 2024, s'échapper ensuite pour préparer son élection présidentielle, pouvoir se démarquer de Macron sans être en déloyauté, contrairement à (Gérald) Darmanin qui est en train de tester les limites", détaille le même élu. Avec "une certitude qui nous habitait et l'habitait : un bon bilan économique".

"Personne ne s’en sortira en 2027 si on ne réussit pas collectivement avant", martèle l'entourage du ministre, qui rappelle que sous son mandat exceptionnellement long, 2 millions d'emplois ont été créés et 300 usines ont rouvert.

Pour atteindre le plein emploi promis (soit 5% de chômage), Bruno Le Maire considère qu'il faut aller encore plus loin dans les réformes, avec une politique du logement "très offensive" voire un abaissement de la durée d'indemnisation du chômage des plus de 55 ans.

De quoi l'ancrer quelques années encore au gouvernement. "Ça ne serait pas responsable" de partir en disant qu'il y a "encore plein de choses à faire", soulignent ses proches.

Mais que le verre soit au final vide ou plein, Bruno Le Maire a gardé de son échec cuisant à la primaire de la droite en 2016 (2,4%) la certitude que rien ne sert de courir, il faut partir à point. Cette défaite lui a donné aussi une capacité à "rebondir", dans un état d'esprit toujours "volontariste". "Bruno, il a envie de faire", ajoutent-ils.

«Autorité»

Le gardien des Finances publiques pâtit certes médiatiquement d'une actualité plus régalienne, qui met davantage sous les projecteurs son collègue de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Mais à Bercy, on assure qu'il travaille "sur les 30 prochaines années". Et, le 21 novembre, il a convié un millier de maires pour leur dire que la France avait "un besoin criant d'autorité". Responsable politique "et écrivain", il refuse que "la violence remplace les mots".

Bruno Le Maire va également relancer le 5 décembre les "rendez-vous de Bercy" où personnalités et experts se pencheront sur le climat, après le capitalisme en 2019 et les technologies en 2017.

Au sein du parti Renaissance, où il anime le pôle idées, il souhaite que sa famille politique "gagne en tempérament" face à l'extrême droite donnée favorite aux élections européennes de juin, même si lui-même ne sera pas candidat.

Les pressions n'ont pas manqué pourtant, venues de l'Elysée, selon un sénateur en vue, "pour l'exfiltrer". Car si Bruno Le Maire est devenu "un atout" pour le président, selon un cadre de la majorité, "il n'y a pas la flamme entre eux".

Quant à la case Matignon, tout dépendra de l'avenir du texte sur l'immigration... et de sa marge de manoeuvre. Car l'intéressé compte bien rester "là où il est utile, et là où il pourra décider".


Paris «déterminé» à reconnaître un Etat de Palestine 

Paris est déterminé à reconnaître un Etat de Palestine, a souligné mardi le chef de la diplomatie française, répétant que c'était dans l'intérêt des Palestiniens et des Israéliens. (AFP)
Paris est déterminé à reconnaître un Etat de Palestine, a souligné mardi le chef de la diplomatie française, répétant que c'était dans l'intérêt des Palestiniens et des Israéliens. (AFP)
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  • "On ne peut pas laisser aux enfants de Gaza en héritage la violence et la haine. Donc il faut que tout cela cesse et c'est pourquoi nous sommes déterminés à reconnaître l'Etat de Palestine", a déclaré Jean-Noël Barrot sur France Inter
  • Le ministre français a martelé que la situation à Gaza était "insoutenable parce que la violence aveugle, le blocage de l'aide humanitaire par le gouvernement israélien ont fait de Gaza un mouroir, pour ne pas dire un cimetière"

PARIS: Paris est déterminé à reconnaître un Etat de Palestine, a souligné mardi le chef de la diplomatie française, répétant que c'était dans l'intérêt des Palestiniens et des Israéliens.

"On ne peut pas laisser aux enfants de Gaza en héritage la violence et la haine. Donc il faut que tout cela cesse et c'est pourquoi nous sommes déterminés à reconnaître l'Etat de Palestine", a déclaré Jean-Noël Barrot sur France Inter.

"Et j'y travaille activement parce que nous voulons ainsi contribuer à une solution politique dans l'intérêt des Palestiniens mais aussi de la sécurité d'Israël", a-t-il ajouté.

Cette reconnaissance devrait intervenir lors de la conférence internationale co-présidée par la France et l'Arabie saoudite pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien dite "à deux Etats", qui se tiendra du 17 au 20 juin.

Le ministre français a martelé que la situation à Gaza était "insoutenable parce que la violence aveugle, le blocage de l'aide humanitaire par le gouvernement israélien ont fait de Gaza un mouroir, pour ne pas dire un cimetière".

"C'est une violation absolue de toutes les règles du droit international", a-t-il dénoncé. "Et c'est contraire à la sécurité d'Israël à laquelle la France est attachée parce que qui sème la violence récolte la violence", a-t-il encore réagi.

Il a une nouvelle fois demandé à Israël de laisser entrer une aide humanitaire "massive" et "sans aucune entrave".

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a autorisé une quantité limitée d'aide humanitaire après plus de deux mois et demi d'un blocus complet du petit territoire palestinien en proie à une situation humanitaire catastrophique.

Après avoir rappelé plusieurs dizaines de milliers de réservistes, Israël a lancé samedi une offensive élargie sur l'ensemble de la bande de Gaza, dans le but affiché d'anéantir le Hamas et de récupérer les otages enlevés au premier jour de la guerre, le 7 octobre 2023, lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien.

 


Retailleau dénonce l'«entrisme» des Frères musulmans pour «faire basculer la société dans la charia»

Bruno Retailleau a dénoncé mardi la "menace" que pose l'"entrisme" des Frères musulmans dont le but est, selon le ministre de l'Intérieur, "de faire basculer toute la société française dans la charia". (AFP)
Bruno Retailleau a dénoncé mardi la "menace" que pose l'"entrisme" des Frères musulmans dont le but est, selon le ministre de l'Intérieur, "de faire basculer toute la société française dans la charia". (AFP)
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  • Ce rapport réalisé par deux fonctionnaires "indique qu'il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale et une menace vraiment de submersion", a affirmé le ministre à des journalistes
  • M. Retailleau s'est inquiété de la "forme très particulière qu'emploient les Frères musulmans" avec "un entrisme, un islamisme à bas bruit"

PARIS: Bruno Retailleau a dénoncé mardi la "menace" que pose l'"entrisme" des Frères musulmans dont le but est, selon le ministre de l'Intérieur, "de faire basculer toute la société française dans la charia".

"C'est un islamisme à bas bruit qui se répand en tentant d'infiltrer les associations sportives, culturelles, sociales ou autres", a affirmé M. Retailleau qui a annoncé la présentation mercredi, en Conseil de défense, d'un rapport sur le mouvement des Frères musulmans.

Ce rapport réalisé par deux fonctionnaires "indique qu'il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale et une menace vraiment de submersion", a affirmé le ministre à des journalistes.

M. Retailleau s'est inquiété de la "forme très particulière qu'emploient les Frères musulmans" avec "un entrisme, un islamisme à bas bruit".

"L'objectif ultime est de faire basculer toute la société française dans la charia", a affirmé le ministre selon qui "c'est inacceptable, puisque c'est parfaitement incompatible avec les principes de la République et les objectifs de la cohésion nationale".

En confirmant le 11 mai que ce rapport serait au cœur d'un Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron ce mercredi, M. Retailleau avait précisé que le texte n'était pas publié parce que "classifié confidentiel défense" mais qu'une "version allégée" serait diffusée à une date encore à fixer.

"Ce rapport vient corroborer des faits réels et va nous permettre d'agir", a de son côté affirmé sur Europe 1 et CNews la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, en parlant d'"une prise de conscience" face à "la réalité du danger". Elle réagissait à des extraits de ce rapport publiés par le Figaro mardi matin.

Le gouvernement avait confié en mai 2024 une mission à deux hauts fonctionnaires sur "l'islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans", chargée de rendre un rapport à l'automne 2024.

 


Gaza: l'ex-Premier ministre français Villepin appelle à «isoler» Israël pour empêcher «une épuration ethnique»

L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza. (AFP)
L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza. (AFP)
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  • L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza
  • Dominique de Villepin s'en est vivement pris à l'action du président Emmanuel Macron

PARIS: L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a appelé mardi les Occidentaux, qui sont "terrifiants d'impuissance", à "un isolement économique et stratégique" d'Israël pour s'opposer à l'objectif de "déportation" de la population de Gaza.

"Nous sommes devant un plan israélien (...). Après la réoccupation de Gaza, la deuxième étape sera la déportation. L'objectif politique de Benjamin Netanyahu et de son gouvernement, c'est la déportation de la population de Gaza, ce qui est la marque d'une épuration ethnique, d'un nettoyage territorial", a dénoncé Dominique de Villepin sur la radio Franceinfo.

"Les Européens le savent parfaitement et ils sont là avec des sabres de bois alors qu'il y a trois choses à faire immédiatement", a-t-il jugé.

D'abord, "suspendre immédiatement l'accord européen avec Israël. L'essentiel du commerce d'Israël se fait avec l'Europe. Deuxièmement, embargo sur les armes de tous les pays européens. Troisièmement, déferrement de l'ensemble du gouvernement israélien et des principales autorités militaires israéliennes devant la Cour pénale internationale (...) en écrivant collectivement à la Cour", a-t-il proposé.

"Si vous voulez arrêter ce qui est en cours aujourd'hui, il faut marquer vis-à-vis d'Israël qu'il y aura un avant et un après", a-t-il ajouté.

Dominique de Villepin s'en est vivement pris à l'action du président Emmanuel Macron.

"Quelle crédibilité peut-on avoir sur le dossier ukrainien quand nous ne sommes que capables de signer des communiqués? Je peux vous dire que Jacques Chirac aujourd'hui ne se contenterait pas de signer un communiqué avec le Canada et avec le Royaume-Uni", a martelé l'ancien ministre des Affaires étrangères.

Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et celui du Canada Mark Carney ont prévenu lundi qu'ils ne resteraient "pas les bras croisés" face aux "actions scandaleuses" du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu à Gaza, menaçant de "mesures concrètes" s'il ne cesse pas son offensive militaire et ne débloque pas l'aide humanitaire.

"La lecture de ce communiqué est terrifiante d'impuissance. Que faut-il pour que les dirigeants européens, les dirigeants occidentaux, passent aux travaux pratiques?", s'est indigné Dominique de Villepin.