Une femme touchée chez elle par des tirs à l'aveugle près d'un point de deal à Marseille

Les violences liées au narcobanditisme sont montées d'un cran à Marseille où une femme de 24 ans se retrouve en état de mort cérébrale après avoir été touchée chez elle par une rafale tirée à l'aveugle. (AFP)
Les violences liées au narcobanditisme sont montées d'un cran à Marseille où une femme de 24 ans se retrouve en état de mort cérébrale après avoir été touchée chez elle par une rafale tirée à l'aveugle. (AFP)
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Publié le Mardi 12 septembre 2023

Une femme touchée chez elle par des tirs à l'aveugle près d'un point de deal à Marseille

  • Transférée dans un état très grave à l'hôpital avec un pronostic vital engagé, la femme de 24 ans se trouve en état de mort cérébrale
  • Depuis le début de l'année, une quarantaine de personnes ont été tuées dans des violences liées au narcobanditisme à Marseille, une situation qualifiée de «bain de sang» par les autorités

MARSEILLE: Les violences liées au narcobanditisme sont montées d'un cran à Marseille où une femme de 24 ans se retrouve en état de mort cérébrale après avoir été touchée chez elle par une rafale tirée à l'aveugle.

Depuis quelques mois, les autorités policières et judiciaires s'inquiétaient d'une "vendetta" entre gangs de trafiquants de drogues, une guerre de territoire à coup de rafales tirées à l'aveugle sur ou à proximité de points de deal. Des violences qui ont déjà fait une quarantaine de morts dans la deuxième ville de France depuis janvier, dépassant le bilan 2022 (31 morts).

Alors que la plupart des victimes sont des hommes jeunes, parfois des adolescents, petites mains du trafic, dimanche soir vers 23H00 c'est une jeune femme qui "vivait sa vie tranquillement" avec sa mère qui a été touchée à la tête par une rafale de kalachnikov dans leur appartement, au 3e étage d'un immeuble d'une cité du 10e arrondissement, dans le sud-est de Marseille.

Transférée dans un état très grave à l'hôpital avec un pronostic vital engagé, elle se trouve en état de mort cérébrale, a annoncé la procureure de Marseille, Dominique Laurens, lors d'un point presse.

Des tirs ont eu lieu dans un premier temps au niveau de la pharmacie de son groupe d'immeubles à Saint-Thys, quartier classé prioritaire, près de laquelle il est "habituel" que des jeunes se regroupent le soir et où se situait un point de trafic de stupéfiants.

"Après ce premier tir à l'aveugle, un deuxième à l'aveugle en l'air va impacter" l'appartement de la victime ainsi que deux autres logements, où se trouvaient deux dames âgées de 79 et 86 ans qui n'ont pas été blessées, mais sont psychologiquement atteintes, selon Dominique Laurens.

Vingt-trois douilles de kalachnikov ont été retrouvées sur place. Donc, même si cette jeune femme "apparait comme une victime collatérale", la troisième depuis le début de l'année, "l'intention de l'homicide prémédité est caractérisée par le passage à l'acte", pour la magistrate.

«Pieuvre»

L'enquête, confiée à la police judiciaire, est ouverte pour "tentatives d'assassinats en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la commission d'un crime".

Les violences liées au narcobanditisme se concentrent en général dans les quartiers déshérités du nord de la ville. Là, elles touchent le sud-est de la ville où existent aussi des ensembles paupérisés.

"Des tensions sur fond de trafic de stupéfiants" se font ressentir "actuellement dans plusieurs cités", a expliqué la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri.

"Nous avons évidemment renforcé depuis hier soir la présence policière dans cette cité Saint-Thys, cité dans laquelle se trouvait un point de deal, qui était manifestement ciblé (…) Un point de deal qui n’est pas un point de deal extrêmement important, qui n’a pas une activité extrêmement importante et cette cité-là était relativement calme ces derniers temps", a-t-elle ajouté.

"Nous sommes engagés dans une bataille contre le trafic de drogue sous toutes ces formes qui sera sans doute longue", a encore poursuivi la préfète alors qu'une forme d'impuissance semble palpable chez de nombreux acteurs de terrain. "La police est dans son rôle d'aller en permanence couper les tentacules de la pieuvre" du trafic et des violences liées, a-t-elle poursuivi, fustigeant "un usage débridé des armes de guerre pour essayer de conquérir de nouveaux territoires".

Depuis le début de l'année, une quarantaine de personnes ont été tuées dans des violences liées au narcobanditisme à Marseille, une situation qualifiée de "bain de sang" par les autorités.

En 2023, ces violences ont déjà fait deux victimes collatérales, le 10 mai une femme de 43 ans tuée par balles cité Saint-Joseph (14e arrondissement), et le 24 avril, un homme de 63 ans, atteint à un snack situé à côté d'un point de deal de la cité de la Busserine (14e arrondissement) alors qu'il jouait aux cartes.

Avec ce nouveau drame, "on a atteint le degré ultime" de ces violences, a dénoncé Mme Laurens.

Dans le sud-est de la France, un enfant de dix ans a également été tué par erreur à Nîmes le 22 août dans la guerre que se livrent les trafiquants de drogue.


Censure : LFI et François Bayrou s'accusent de manoeuvres au Parlement

Le Premier ministre français François Bayrou quitte le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire de son cabinet, le 4 juin 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou quitte le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire de son cabinet, le 4 juin 2025. (AFP)
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  • Les députés Insoumis ont défendu mercredi une nouvelle motion de censure contre le gouvernement Bayrou, l'accusant de "bafouer" le résultat des législatives
  • Le Premier ministre leur reprochant en retour de mettre en place "une tactique méthodique, constante, permanente de l'obstruction" au Parlement

PARIS: Les députés Insoumis ont défendu mercredi une nouvelle motion de censure contre le gouvernement Bayrou, l'accusant de "bafouer" le résultat des législatives, le Premier ministre leur reprochant en retour de mettre en place "une tactique méthodique, constante, permanente de l'obstruction" au Parlement.

En l'absence de soutiens suffisants, et des voix PS et du RN, la septième motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou n'a aucune chance d'être adoptée en fin d'après-midi, mais elle a offert le terrain pour un match retour sur une proposition de loi agricole clivante.

"Il y a bientôt un an que le résultat des urnes est bafoué par le Président de la République", a lancé depuis la tribune la députée insoumise Mathilde Hignet. Elle a accusé le gouvernement et ses soutiens de faire "alliance une fois de plus avec l'extrême droite sur l'un des textes les plus rétrogrades pour notre environnement".

Le groupe écologiste devrait largement voter la motion de censure, la députée Sophie Taillé-Polian, dénonçant une "loi poison". Dans le viseur : un coup tactique du bloc central, soutenu par l'alliance entre le RN et les ciottistes, concernant la loi agricole dite Duplomb-Menonville.

Le texte, clivant, porte notamment une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d'un pesticide néonicotinoïde. Ecologistes et insoumis avaient répondu dans l'hémicycle en déposant une multitude d'amendements (quelque 1.500 écologistes et 800 LFI).

Invoquant une "obstruction", les députés favorables à l'essentiel de la loi ont choisi de  rejeter eux-mêmes le texte de manière préventive, pour sauter l'étape de l'Assemblée, et l'envoyer directement devant une commission mixte réunissant sept députés et sept sénateurs

- Assemblée "bâillonnée" -

"Le gouvernement n'est pas à l'origine de ce texte. Il n'est pas à l'origine de son adoption. Il n'est pas à l'origine de la motion de rejet, mais il est coupable", a ironisé depuis la tribune François Bayrou, estimant que "c'est la première fois que l'Assemblée nationale est invitée à voter contre l'Assemblée nationale".

Plus offensif ensuite il a accusé les Insoumis de se livrer au Parlement à une "tactique méthodique et constante, permanente de l'obstruction, du blocage, c'est à dire, au bout du compte, de l'immobilisme".

Le chef du gouvernement a également défendu la loi Duplomb-Menonville, dont "plusieurs mesures sont vitales pour notre agriculture". Quant au Parlement, il a appelé à en revoir le fonctionnement, et privilégier l'examen de plusieurs textes de loi en même temps, que les députés voteraient ensuite "lors de séance plénière concentrée sur une demi journée par exemple, comme cela se passe au Parlement européen".

François Bayrou ne risque cependant pas de tomber sur cette septième motion de censure.

Pour le PS, Mélanie Thomin a déploré une Assemblée "bâillonnée" par la tactique sur la loi Duplomb. Mais "nous ne voulons pas voter une motion de censure contre le Parlement", a-t-elle confirmé, le PS renvoyant une éventuelle censure aux suites données par le gouvernement au "conclave" sur les retraites

Le RN ne votera pas non plus la motion de censure "politicienne", selon un cadre.

Sans les votes PS et RN, la motion n'a aucune chance d'atteindre les 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement.


Des associations demandent à la justice d'interdire la participation d'entreprises israéliennes au salon du Bourget

Les participants visitent le Salon international de l'aéronautique et de l'espace au parc des expositions du Bourget, le 21 juin 2023. (Photo de JULIEN DE ROSA / AFP)
Les participants visitent le Salon international de l'aéronautique et de l'espace au parc des expositions du Bourget, le 21 juin 2023. (Photo de JULIEN DE ROSA / AFP)
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  • Un collectif d’associations a demandé mercredi au tribunal de Bobigny d'empêcher le Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget (SIAE) d'accueillir des entreprises israéliennes.
  • Me Sylvain Pavillet, l'avocat de la SIAE, a plaidé que les associations demandaient à la justice « d'entrer dans un débat politique », alors qu'Israël mène des représailles sanglantes à Gaza.

BOBIGNY, FRANCE : Un collectif d’associations a demandé mercredi au tribunal de Bobigny d'empêcher le Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget (SIAE) d'accueillir, du 16 au 22 juin, des entreprises israéliennes, estimant que les fournisseurs de matériel de guerre participent à la « commission massive de crimes internationaux ».

Lors d'une audience en référé, les avocats des associations Attac-France, Stop Fuelling War et Survie, de l'ONG palestinienne de défense des droits humains Al-Haq et de l'Union juive française pour la paix ont longuement exposé leur requête principale.

Elles demandent à la justice d'obliger le SIAE à « prendre, en urgence, toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher la promotion ou l'accueil d'entreprises, de délégations ou d'intermédiaires susceptibles de participer à la perpétuation des crimes commis par Israël ». 

« Nous sommes confrontés aux pires crimes de notre code pénal. Ils ne peuvent aboutir que grâce à l’aide et à l’assistance fournies par un certain nombre d’entités et d’événements, tel ce salon », a affirmé Me Dominique Cochain lors de l'audience.

Un autre avocat des associations, Me Matteo Bonaglia, a vivement déploré qu’un stand du salon soit alloué au ministère de la Défense israélien, qui pourra y « défendre son action », et que des sociétés israéliennes puissent y « faire valoir l’efficacité de leur matériel de guerre testé à Gaza ».

Dans une seconde assignation, plus brièvement abordée, Attac France, Survie et Stop Fuelling War reprochent également « la promotion et la participation au salon d'entreprises qui alimenteraient indirectement les conflits en Ukraine et au Soudan ». 

Le salon Paris-Le Bourget est organisé tous les deux ans en Seine-Saint-Denis par la SIAE, filiale du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS).

Me Sylvain Pavillet, l'avocat de la SIAE, a plaidé que les associations demandaient à la justice « d'entrer dans un débat politique », alors qu'Israël mène des représailles sanglantes à Gaza depuis l'attaque du 7 octobre 2023 qui a fait 1 218 morts côté israélien, et que le bilan côté palestinien s'élève désormais à plus de 54 084 morts.

Concernant les accusations de génocide, « nous en sommes au stade des investigations, en aucun cas à la preuve », a affirmé Me Pavillet, ajoutant : « Il ne suffit pas d’affirmer qu’il y a des atrocités, bien sûr qu’il y en a, pour qu’un juge puisse entamer des poursuites judiciaires ».

Concernant les mesures de restriction de la participation d’entreprises aux salons, « on vous demande de vous substituer au gouvernement pour les imposer, mais cela ne relève pas de votre compétence », a déclaré Me Pavillet aux magistrats.

La décision a été mise en délibéré au 10 juin.


Stupeur après le meurtre d'un Tunisien dans le sud-est de la France

"Hichem aidait les gens, il coiffait même ceux qui ne pouvaient pas payer", confirme auprès de l’AFP Marwouen Gharssalli, soudeur de 43 ans et ami du défunt. (AFP)
"Hichem aidait les gens, il coiffait même ceux qui ne pouvaient pas payer", confirme auprès de l’AFP Marwouen Gharssalli, soudeur de 43 ans et ami du défunt. (AFP)
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  • Devant le salon de coiffure "Facekoop", une quinzaine de bouquets de fleurs sont accompagnés de mots
  • "Nous sommes très tristes, très peinés, très choqués, tu vas laisser un vide dans notre rue", ont écrit les commerçants de la commune sur une carte

PUGET-SUR-ARGENS: "Cette haine, pourquoi ?": les habitants de Puget-sur-Argens, petite commune du sud-est de la France, oscillaient entre stupeur et incompréhension après le meurtre d'Hichem Miraoui, un quadragénaire tunisien, un crime a priori raciste et sans doute prémédité.

"Je suis choquée, j'ai du mal à comprendre pourquoi il a été tué (...) C'était un jeune homme poli, travailleur, éduqué, solaire", explique, les larmes aux yeux, Sylvia Elvasorre, une retraitée de 65 ans voisine du salon de coiffure où travaillait la victime.

"Hichem aidait les gens, il coiffait même ceux qui ne pouvaient pas payer", confirme auprès de l’AFP Marwouen Gharssalli, soudeur de 43 ans et ami du défunt.

Christophe B., un quinquagénaire de nationalité française, a abattu Hichem Miraoui samedi dans la soirée à Puget-sur-Argens, avant de blesser un autre de ses voisins, de nationalité turque. Avant et après son acte, il a diffusé des vidéos racistes sur ses réseaux sociaux.

Devant le salon de coiffure "Facekoop", une quinzaine de bouquets de fleurs sont accompagnés de mots. "Nous sommes très tristes, très peinés, très choqués, tu vas laisser un vide dans notre rue", ont écrit les commerçants de la commune sur une carte.

"Les gens sont stupéfaits qu'on puisse arriver à un crime raciste comme ça, ce n'est pas dans les mœurs de Puget ce genre d'événement. C'est une mauvaise surprise et un choc pour la ville", affirme Paul Boudoube, le maire de Puget-sur-Argens, où comme ailleurs dans cette région, l'extrême droite a réalisé de bons scores aux dernières élections.

Enquête antiterroriste 

Dans la petite zone industrielle où Hichem Miraoui habitait, dans un local portant l'enseigne d'une ancienne onglerie, des traces de sang sont encore visibles devant la porte. Un scellé posé par les enquêteurs rappelle le drame, avec la mention "meurtre, tentative de meurtre".

"Nous parlions des préparatifs de l'Aïd (el-Kebir, grande fête musulmane prévue ce vendredi en Tunisie, NDLR)", a commenté auprès de l'AFP Hanen Miraoui, la sœur de la victime, racontant la communication vidéo entre la famille, au moment des coups de feu: "Il rigolait et taquinait ma mère qui était malade, puis tout d'un coup je l'ai entendu dire +Aïe+, puis la communication s'est interrompue".

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a repris l'enquête, se saisissant pour la première fois d'investigations sur un homicide raciste lié à l'ultradroite.

"C'est une bonne chose (...) des moyens d'enquête vont être mis sur l'analyse politique de ce geste et comment cette personne s'est radicalisée", s'est félicitée Zelie Heran, responsable du pôle juridique de SOS Racisme.

Ce meurtre est "clairement un crime raciste", "sans doute aussi antimusulman", et "peut-être aussi un crime terroriste", a affirmé mardi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Après le drame, ce dernier a été pointé du doigt, notamment par une partie de la gauche qui l'accuse de courtiser l'extrême droite à l'approche de l'élection présidentielle de 2027.

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a affirmé qu'il banalise "un racisme d'atmosphère" en entretenant "un climat de suspicion vis-à-vis des étrangers".

"Quand je combats l'islamisme, je ne combats pas les musulmans, ceux qui font l'amalgame se trompent", s'est défendu mardi M. Retailleau devant les députés.

"L'étranger qui gêne" 

Plusieurs responsables religieux, politiques ou associatifs dénoncent eux aussi un climat délétère de stigmatisation dans le pays.

"Il est temps de s'interroger sur les promoteurs de cette haine qui, dans les sphères politiques et médiatiques, sévissent en toute impunité et conduisent à des faits d'une extrême gravité", a affirmé mardi le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz.

"Aujourd'hui, l'étranger qui gêne, c'est le musulman", a ajouté M. Hafiz, alors que l'islam, deuxième religion de France, compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non-pratiquants, selon plusieurs études.

D'autres violences ont inquiété la communauté musulmane récemment: fin avril, un jeune Malien, Aboubakar Cissé, était assassiné dans une mosquée du Gard (sud-est). Ce weekend, un Coran a été volé et brûlé dans une mosquée de Villeurbanne, près de Lyon (centre-est).

Les actes antimusulmans ont augmenté de 72% au premier trimestre 2025, avec 79 cas recensés dans le pays, selon le ministère de l'Intérieur.