Frankly Speaking: Comment expliquer le «ballet diplomatique» en Asie ?

Ci-dessus, Salmane Al-Ansari, un analyste géopolitique saoudien. (Photo, capture d'écran).
Ci-dessus, Salmane Al-Ansari, un analyste géopolitique saoudien. (Photo, capture d'écran).
Short Url
Publié le Lundi 24 juillet 2023

Frankly Speaking: Comment expliquer le «ballet diplomatique» en Asie ?

  • L'analyste géopolitique saoudien Salmane Al-Ansari estime que les liens croissants du Royaume avec les économies asiatiques ne doivent pas être considérés comme une menace par les États-Unis.
  • L'Arabie saoudite a accueilli plusieurs dirigeants asiatiques ces dernières semaines, dont le Premier ministre japonais, afin de renforcer son engagement dans la région

DUBAΪ : Le « ballet diplomatique » en cours entre le Royaume et ses voisins du nord et de l'est représente un « tournant saoudo-asiatique », selon Salmane Al-Ansari, un analyste géopolitique saoudien.

Le Royaume « connaît ce genre de marathon passionnant, et j'aimerais l'appeler le tournant saoudo-asiatique », a-t-il déclaré, à la suite de plusieurs séries de visites diplomatiques et d'accords entre Riyad et des pays asiatiques.

Lors de son passage à l'émission hebdomadaire d'Arab News « Frankly Speaking », Al-Ansari a également évoqué les raisons qui poussent le Royaume à établir des liens plus étroits avec les économies d'Asie centrale, d'Asie du Sud-Est et d'Extrême-Orient, et a expliqué comment les relations saoudiennes en plein essor avec la Chine et la Russie devraient être perçues par Washington, son allié traditionnel.

''
Salman Al-Ansari, analyste géopolitique saoudien, s'entretient avec Katie Jensen, animatrice de Frankly Speaking. (Photo AN)

Mercredi, l'Arabie saoudite est devenue le 51e pays à signer le Traité d'Amitié et de Coopération avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est lors de la visite du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, à Djakarta.

Le TAC est un accord de paix signé en 1976 visant à établir un ensemble de lignes directrices régissant les relations interétatiques dans la région sur la base du respect mutuel de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des uns et des autres.

Outre les dix États membres de l'ANASE, dont les membres influents que sont l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines et Singapour, des pays non situés en Asie du Sud-Est ont également adhéré à l'accord.

''
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhane ( à gauche), la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi ( à droite) et le secrétaire général de l'ANASE Kao Kim Hourn lors de la cérémonie de signature de l'adhésion de l'Arabie saoudite au Traité d'amitié et de coopération en Asie du Sud-Est (TAC) à Jakarta, le 12 juillet 2023. (AFP) 

La Chine et l'Inde ont été les premières à y adhérer en 2003, et les États-Unis et l'Union européenne l'ont rejoint en 2009. « Cet accord renforcera certainement les relations bilatérales du Royaume avec tous les membres de l'ANASE », a précisé Al-Ansari. « C'est pourquoi je l'appelle le tournant saoudo-asiatique ».

Un autre fait diplomatique marquant du mois dernier a été la tournée officielle au Moyen-Orient du Premier ministre japonais, Fumio Kishida, la première depuis son entrée en fonction en 2020. Entre le 16 et le 19 juillet, Kishida s'est rendu en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar.

Bien que la sécurité énergétique ait été l'une des priorités de la tournée de Kishida, les initiatives en matière de technologies vertes et la coopération dans le domaine des technologies et des infrastructures ont également occupé une place prépondérante.

« C'était une visite très importante », a dit Al-Ansari à l'animatrice de l'émission « Frankly Speaking », Katie Jensen. « Plus de 26 accords ont été signés entre le Japon et l'Arabie saoudite dans de nombreux domaines. Notamment, l'eau, les industries de pointe, les technologies, le secteur de la santé et le secteur financier.

« Les relations entre l'Arabie saoudite et l'Asie sont donc très dynamiques. Il ne faut pas oublier non plus que la réunion Asie centrale-CCG s'est tenue il y a quelques jours et que, pour la première fois, les deux blocs ont commencé à consolider leurs relations. »

''
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane ( à droite) rencontre le Premier ministre japonais Fumio Kishida (2e à gauche) au palais Al-Salam à Djeddah, le 16 juillet 2023. (SPA) 

Le 19 juillet, le sommet entre le Conseil de coopération du Golfe et les pays d'Asie centrale (CCG-C5) s'est déroulé dans la ville saoudienne de Djeddah, et a de nouveau renforcé les liens entre les deux blocs régionaux.

« Les pays d'Asie centrale n'ont jamais autant été dans le champ de vision saoudien qu'aujourd'hui », a déclaré Al-Ansari en faisant référence au C5, qui comprend le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizstan et le Turkménistan.

« Ces cinq nations font partie des pays considérés comme très importants au sein de l'OPEP+. Le royaume d'Arabie saoudite, notamment par l'intermédiaire d'ACWA Power Company, gère d'énormes projets d'énergie solaire et d'électricité, en particulier en Ouzbékistan. »

« Ce sommet des cinq pays d'Asie centrale et des six pays du CCG préparera le terrain pour une coopération gagnant-gagnant plus poussée et renforcera sans aucun doute les intérêts stratégiques et économiques des deux blocs. »

« C'est le tournant saoudo-asiatique ».

''
Photo de famille des dirigeants de l'Arabie saoudite, du Bahreïn, du Koweït, d'Oman, du Qatar, des Émirats arabes unis, du Kazakhstan, du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan, du Kirghizistan et du Turkménistan lors du sommet du Conseil de coopération du Golfe et des pays d'Asie centrale (CCG-C5) à Djeddah, le 19 juillet 2023. (SPA) 

L’intérêt du Royaume pour l’Orient est en partie motivé par la montée en puissance de la Chine en sa qualité de grand importateur d'énergie et de puissance mondiale en matière d'industrie manufacturière et de technologie.

La Chine est le premier partenaire commercial de l'Arabie saoudite, tandis que le Royaume est le premier partenaire commercial de la Chine au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, avec des échanges bilatéraux dans le domaine de l'énergie et une large gamme de produits industriels.

Mais Pékin joue également un rôle de plus en plus important dans le domaine de la diplomatie au Moyen-Orient.

L'accord conclu en mars entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qui a ouvert la voie à la normalisation des relations, a été négocié par la Chine. Est-ce le début d'un rôle plus large pour la Chine dans la région ?

« Il y a quelques années, je me souviens qu'un de mes amis, un diplomate du CCG, se trouvait à Pékin, en Chine, et je lui ai demandé pourquoi nous ne poussions pas les Chinois à faire quelque chose par rapport à l'Iran, » a poursuivi Al-Ansari.

« Il m'a dit qu'ils soulevaient toujours cette question {avec leurs} homologues chinois, et qu'ils ne parlaient jamais que de commerce. »

« C'est donc une phase très importante pour le gouvernement chinois, qui ne se concentre plus seulement sur le commerce, mais aussi sur les accords de sécurité et le parrainage politique ».

« Je pense que c'est un grand pas pour la Chine, pour l'Iran, pour les pays du CCG et l'Arabie saoudite, c'est certain ».

L'engagement plus profond de l'Arabie saoudite auprès des puissances non occidentales a suscité des spéculations de la part de politiciens et de commentateurs à Washington, selon lesquels Riyad a choisi de se ranger du côté de la Chine et de la Russie plutôt que du côté de ses alliés traditionnels américains et occidentaux.

Selon Al-Ansari, il est tout à fait naturel que l'Arabie saoudite, en tant que nation souveraine, diversifie ses relations diplomatiques et commerciales, mais cela ne signifie pas que le Royaume ait renoncé à son partenariat stratégique avec les États-Unis, qui est d'une importance vitale.

Dans le même temps, a-t-il ajouté, Washington ne devrait pas essayer de s'immiscer dans les relations de nations souveraines, ni imposer une politique de deux poids deux mesures, selon laquelle il est permis d'entretenir des relations commerciales avec la Chine tout en empêchant d'autres pays de le faire.

« Les États-Unis sont le principal partenaire commercial de la Chine.  Dicter à d'autres pays la manière dont ils doivent mener leurs affaires et avec qui ils doivent le faire n'est pas la voie à suivre », a souligné Al-Ansari.

« Il y a trente ans, la Chine était le principal partenaire commercial de vingt pays. Aujourd'hui, ce nombre s'élève à plus de 130 pays. C'est donc une réalité sur le terrain. C'est l'usine du monde. Travaillons avec la Chine. »

« La Chine n'est pas, comme on le pense, un pays maléfique. Nous ne voulons pas de cette politique de deux poids, deux mesures, ni de cette approche à somme nulle de la part des États-Unis.

Nous voulons que le monde vive en harmonie et, en même temps, nous voulons un accord gagnant-gagnant avec tout le monde, que ce soit avec la Chine, la Russie, nos amis européens ou les États-Unis, et c'est le rôle que l'Arabie saoudite veut jouer, être un égalisateur, se situer au milieu et faire des affaires avec tout le monde. »

Selon Al-Ansari, l'importance que l'Arabie saoudite accorde à l'idée de souveraineté n'est pas nouvelle et les États-Unis n'ont rien à craindre des tractations diplomatiques unilatérales de Riyad.

« Les Saoudiens ont toujours eu cette idée que la souveraineté est essentielle pour l'Arabie saoudite et pour tous les pays qui souhaitent être amis avec l'Arabie saoudite », a-t-il déclaré. « Les Saoudiens n'ont pas changé de cap en ce qui concerne le passage d'un allié à un autre. Ce n'est ni la pratique ni le style du Royaume. Les Saoudiens suivent leurs intérêts depuis leur création. Ainsi, dès le début, les Saoudiens ont travaillé avec les Américains pour faire face aux principaux conflits et adversaires dans le monde. »

Les Saoudiens et les Américains ont combattu le communisme et le terrorisme ensemble, et ils ont stabilisé l'énergie et l'économie mondiales ensemble. Et les Saoudiens sont réellement engagés dans cette relation très stratégique et importante.

« En ce qui concerne les États-Unis, ils sont actuellement considérés comme le deuxième partenaire commercial du Royaume d'Arabie saoudite et également comme le principal partenaire stratégique du Royaume en matière de sécurité, etc. Mais il y a certainement des différences, comme dans toute relation ».

Washington ne devrait pas non plus s'inquiéter de l'engagement de l'Arabie saoudite avec la Russie sur le pétrole, a indiqué Al-Ansari - une démarche qui vise uniquement à aider à stabiliser les marchés mondiaux de l'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales visant les hydrocarbures russes.

« En ce moment, les Américains sont peut-être contrariés par le fait que nous travaillons avec les Russes dans le cadre de l'OPEP+, mais je ne pense pas qu'ils devraient s’en inquiéter, car nous ne sommes pas là pour aider un pays spécifique contre un autre », a expliqué Al-Ansari.

« Nous sommes là pour stabiliser le marché de l'énergie. Et le seul et unique moyen d'y parvenir est de nous engager et de disposer d'un mécanisme unifié qui nous permette de travailler sur l'offre et la demande. »

Rejetant l'idée d'un alignement géopolitique contre les États-Unis, il a précisé : « Je pense que personne ne croit à l'idée que l'Arabie saoudite se range du côté de la Russie au travers de ses décisions au sein de l'OPEP. Il s'agit simplement d'une information dépassée qui a été lancée par l'administration américaine dans un moment de colère. Et les médias n'ont pas arrêté d'en parler ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Abbas attendu le 21 mai au Liban pour discuter des camps des réfugiés palestiniens

Des Palestiniens célèbrent la déclaration de cessez-le-feu à Gaza dans le camp de réfugiés d'Ain el-Helweh, à la périphérie du port de Sidon, dans le sud du Liban, le 15 janvier 2025. (AFP)
Des Palestiniens célèbrent la déclaration de cessez-le-feu à Gaza dans le camp de réfugiés d'Ain el-Helweh, à la périphérie du port de Sidon, dans le sud du Liban, le 15 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le président palestinien Mahmoud Abbas est attendu le 21 mai à Beyrouth pour discuter de "l'extension de l'autorité" du pouvoir libanais aux camps des réfugiés palestiniens échappant à son contrôle
  • Quelque 250.000 réfugiés palestiniens vivent au Liban dans ces camps surpeuplés

BEYROUTH: Le président palestinien Mahmoud Abbas est attendu le 21 mai à Beyrouth pour discuter de "l'extension de l'autorité" du pouvoir libanais aux camps des réfugiés palestiniens échappant à son contrôle, a indiqué mardi à l'AFP un responsable gouvernemental.

Quelque 250.000 réfugiés palestiniens vivent au Liban dans ces camps surpeuplés où sont présents le Fatah de Mahmoud Abbas mais également le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens.

Dans une interview le 30 avril, le président libanais Joseph Aoun avait indiqué que les autorités œuvraient "pour retirer les armes lourdes et moyennes de l'ensemble du territoire libanais" et qu'il devrait évoquer le désarmement des camps palestiniens avec Mahmoud Abbas.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, avait de son côté souligné "la nécessité de remettre les armes illégales (à l'Etat) et de ne pas permettre au Hamas ou à d'autres factions de compromettre la stabilité" du pays.

Le bureau du président palestinien a confirmé la visite de Mahmoud Abbas au Liban le 21 mai, après que les autorités libanaises avaient arrêté des membres du Hamas accusés de tirs de roquettes vers Israël malgré le cessez-le-feu en vigueur.

Selon le responsable gouvernemental libanais qui a requis l'anonymat, Mahmoud Abbas va évoquer avec les dirigeants libanais "les modalités de l'extension de l'autorité de l'Etat à l'ensemble du territoire libanais, dont les camps palestiniens".

En vertu d'un accord de longue date, la sécurité dans les camps de réfugiés palestiniens est assurée par des factions palestiniennes, et l'armée libanaise n'y pénètre pas.

Le Hamas est l'allié du Hezbollah pro-iranien au Liban, qu'un conflit meurtrier a opposé à l'armée israélienne dans le sillage de la guerre entre le mouvement palestinien et Israël à Gaza.

Pendant la guerre au Liban, à laquelle un cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre, le Hamas avait revendiqué des tirs de roquettes sur Israël depuis ce pays.

A la suite de nouveaux tirs non revendiqués à deux reprises fin mars, plusieurs membres du Hamas soupçonnés d'être impliqués dans ces attaques ont été arrêtés par l'armée libanaise ou ont été remis par le mouvement palestinien aux autorités libanaises.

Israël avait riposté à ces tirs en bombardant la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah.

Début mai, le Haut conseil de défense, plus haute instance de sécurité au Liban, avait mis en garde le Hamas contre l'utilisation du territoire libanais pour bombarder Israël.

La dernière visite du président de l'Autorité palestinienne au Liban remonte à février 2017.


Une délégation de l'UNESCO visite le géoparc de Riyad Nord après son inscription au réseau mondial

La Sous-Directrice générale de l'UNESCO pour les sciences exactes et naturelles, Lidia Brito, lors de sa visite au Géoparc de Riyad Nord. (SPA)
La Sous-Directrice générale de l'UNESCO pour les sciences exactes et naturelles, Lidia Brito, lors de sa visite au Géoparc de Riyad Nord. (SPA)
Short Url
  • Selon un responsable de l'UNESCO, la destination met en valeur la diversité naturelle et culturelle du Royaume.
  • En avril, l'UNESCO a inscrit le géoparc de Riyad Nord et Salma à son réseau mondial de géoparcs.

RIYAD : Lidia Brito, la sous-directrice générale de l'UNESCO pour les sciences exactes et naturelles, a visité dimanche le Géoparc de Riyad Nord, faisant l'éloge de cette destination qui préserve à la fois la nature et l'histoire.

En avril, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a désigné le Géoparc de Riyad Nord dans le cadre de son Réseau mondial des géoparcs, qui vise à protéger les sites du patrimoine géologique et à promouvoir le développement durable.

Hussam Zuhair Al-Turki, directeur de l'Initiative saoudienne pour les géoparcs, et Hamoud Alnughaymishi, directeur du secteur des sciences à la Commission nationale saoudienne pour l'éducation, la culture et les sciences, ont accompagné Mme Brito lors de sa visite. 

Ils ont exploré les principales caractéristiques géologiques du géoparc de Riyad Nord, telles que la grotte d'Abu Shaddad et la falaise du bord du monde. Ils se sont également arrêtés pour explorer le village de Ghamra, connu pour ses parcours d'aventure dans la banlieue de Riyad.

M. Brito a déclaré que le géoparc de Riyad Nord mettait en valeur la diversité naturelle et culturelle de l'Arabie saoudite et qu'il renforcerait l'écotourisme dans le royaume, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

En avril, l'UNESCO a désigné le géoparc de Riyad Nord et le géoparc de Salma comme faisant partie de son réseau mondial de géoparcs. Le royaume espère inscrire 13 autres sites au réseau de l'UNESCO, a ajouté la SPA. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Gaza: le plan israélien de distribution d'aide «contraire aux principes humanitaires» selon une ONG norvégienne

Short Url
  • Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés
  • Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages

OSLO: Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré lundi à l'AFP le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

"Nous ne pouvons pas et ne voulons pas faire quelque chose qui est fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a dit Jan Egeland à l'AFP.

"Les agences des Nations unies et tous les autres groupes humanitaires internationaux ont dit non à cette idée émanant du cabinet israélien et de l'armée israélienne", a-t-il ajouté.

Le cabinet de sécurité israélien estime qu'il y a "actuellement suffisamment de nourriture" dans la bande de Gaza et a consenti à la "possibilité d'une distribution humanitaire" si cela venait à être "nécessaire", a indiqué lundi une source officielle israélienne.

Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages.

Selon le responsable de l'ONG norvégienne, le gouvernement israélien "veut militariser, manipuler et politiser l'aide en ne l'autorisant que dans quelques centres dans le sud, un système où les gens seront contrôlés et où il sera impossible d'agir".

Cela "obligera les gens à se déplacer pour obtenir de l'aide, ce qui prolongera la famine parmi la population civile. Nous ne prendrons donc pas part à cela", a ajouté M. Egeland.

"Si l'une des parties tente de contrôler, de manipuler et de rationner l'aide destinée aux civils de l'autre camp, cela va à l'encontre de toutes nos valeurs", a-t-il encore ajouté.

De son côté, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), a souligné que le "plan qui nous est présenté signifie que de vastes zones de Gaza (...) resteront privées d'approvisionnement".

Les organisations d'aide internationale, de même que les Palestiniens de Gaza, témoignent depuis des semaines d'une situation humanitaire dramatique, notamment en raisons des pénuries de biens de première nécessité.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a annoncé le 25 avril y avoir "épuisé tous ses stocks".