LONDRES : La reconnaissance de l'Etat de Palestine est une "nécessité stratégique" qui marquerait le début de la paix au Moyen-Orient, a déclaré l'Arabie saoudite lors d'une réunion de l'ONU vendredi.
Ces commentaires interviennent alors que le Royaume et la France se préparent à coprésider une conférence mondiale le mois prochain, destinée à accélérer la mise en œuvre d'une solution à deux États pour mettre fin à des décennies de conflit entre Israël et les Palestiniens.
Cet effort a bénéficié d'un soutien accru cette semaine, le bilan dévastateur de la reprise de l'assaut israélien sur Gaza ayant suscité la colère de la communauté internationale.
S'exprimant lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations unies préparatoire à la conférence, la coprésidente Manal Radwan, conseillère au ministère saoudien des Affaires étrangères, a déclaré qu'une solution juste à la question palestinienne n'était pas seulement un impératif moral et juridique, mais aussi "la pierre angulaire d'un nouvel ordre régional fondé sur la reconnaissance mutuelle et la coexistence".
« La paix régionale commence par la reconnaissance de l'État de Palestine, non pas comme un geste symbolique, mais comme une nécessité stratégique », a-t-elle déclaré.
« C'est le seul moyen d'éliminer l'espace exploité par les acteurs non étatiques et de remplacer le désespoir par un horizon politique, fondé sur les droits et la souveraineté, garantissant la sécurité et la dignité pour tous », a-t-elle souligné.
La conférence de haut niveau doit débuter le 17 juin au siège des Nations unies à New York et vise à adopter d'urgence des mesures concrètes pour la mise en œuvre de la solution à deux États.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré cette semaine que la conférence avait pour but de rallier le monde à la reconnaissance d'un État palestinien.
La Palestine est officiellement reconnue par 147 des 193 États membres de l'ONU et a le statut d'observateur à l'ONU, mais n'est pas membre à part entière.
Plus de 53 000 Palestiniens ont été tués depuis qu'Israël a déclenché son opération militaire à Gaza, après que l'attaque menée par le Hamas en octobre 2023 a tué 1 200 personnes.
Face à l'augmentation du nombre de morts et des souffrances à Gaza, de plus en plus de pays ont décidé de reconnaître la Palestine, notamment l'Irlande, la Norvège et l'Espagne l'année dernière.
Le président Emmanuel Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement la Palestine lors de la conférence de juin, et le Royaume-Uni est en train de discuter d'une mesure similaire.
Cette semaine, la France, la Grande-Bretagne et le Canada ont appelé Israël à mettre fin à son offensive militaire sur Gaza et à lever ses restrictions sur l'aide humanitaire.
Israël a récemment lancé une opération élargie à Gaza, visant à prendre le contrôle total du territoire et à couper toute aide pendant plusieurs mois.
Radwan a déclaré que la réunion sur l'avenir de la Palestine se tenait à un moment "d'urgence historique", alors que Gaza "endure des souffrances inimaginables" et que les civils continuent de payer le prix d'une guerre "qui doit cesser immédiatement".
"Le désespoir s'accentue de jour en jour, et pourtant, c'est précisément la raison pour laquelle nous devons parler non seulement de la fin de la guerre, mais aussi de la fin d'un conflit qui dure depuis près de huit décennies", a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que l'Arabie saoudite était honorée de se tenir aux côtés d'autres nations engagées dans l'effort diplomatique pour apporter "un changement réel, irréversible et transformateur, afin d'assurer, une fois pour toutes, le règlement pacifique de la question de la Palestine".
"Le seul moyen d'empêcher la réapparition de la violence, du terrorisme et des atrocités est de mettre en œuvre la solution des deux États, notamment en soutenant un cadre multilatéral solide", a-t-elle indiqué.
Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a déclaré qu'il était urgent de trouver une solution politique au conflit.
"La conférence de juin doit marquer une étape décisive pour la mise en œuvre effective de la solution à deux États", a-t-elle confirmé.
"Nous devons passer de la fin de la guerre à Gaza à la fin du conflit. Face aux faits sur le terrain, la perspective d'un État palestinien doit être maintenue," a-t-elle conclu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com