France: L'exécutif sur une ligne de crête face à la fronde des policiers

Les policiers ont entamé un mouvement de protestation contre l'incarcération d'un agent de la BAC écroué dans le cadre d'une enquête pour violences policières (Photo, AFP).
Les policiers ont entamé un mouvement de protestation contre l'incarcération d'un agent de la BAC écroué dans le cadre d'une enquête pour violences policières (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 26 juillet 2023

France: L'exécutif sur une ligne de crête face à la fronde des policiers

  • Présent aux côtés d'Emmanuel Macron dans le Pacifique, Gérald Darmanin a refusé toute sollicitation de la presse
  • Gilets jaunes, crise des retraites, émeutes: la police est «une béquille sur laquelle les gouvernements s’appuient de plus en plus»

PARIS: Rappeler la loi, sans s'aliéner les forces de l'ordre: l'exécutif marche sur une périlleuse ligne de crête depuis que le patron de la police s'est dit opposé à la détention provisoire des policiers, des propos qui ont indigné la gauche et le monde judiciaire.

La "dénonciation ferme" espérée par les magistrats, au nom de la séparation des pouvoirs, n’a pas eu lieu: depuis dimanche soir, Emmanuel Macron et ses ministres répètent le même numéro d'équilibriste, en deux temps.

D'un côté, il faut "entendre l'émotion" des forces de l'ordre, mises à rude épreuve lors des émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué par un agent lors d'un contrôle routier.

"Soyons attentifs à la difficulté de la mission des policiers", a encore répété mardi depuis Le Havre Elisabeth Borne, jugeant "important de leur rendre hommage pour le travail, l'engagement exceptionnel qu'ils ont montrés à l'occasion des violences urbaines".

"On peut partager l’émotion, l’exaspération, la fatigue, l’accablement d’une partie de la police", a renchéri le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

De l'autre, il s'agit de ne pas donner l'impression d'une rupture d'égalité alors que Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, s'est prononcé, dans Le Parisien, contre la détention provisoire des policiers, même en cas de "fautes ou d'erreurs graves". Un point de vue immédiatement "partagé" par le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez.

"Nul en République n'est au-dessus de la loi", a fini par lâcher lundi Emmanuel Macron en déplacement dans le Pacifique, après avoir, dans un premier temps, refusé de "commenter les propos" du patron de la police.

Le chef de l'Etat "a navigué comme il pouvait sur une ligne de crête", résume Sébastien Roché, politologue spécialisé en criminologie. "Il ne peut pas faire comme s'il n'y avait aucune violence policière. Il ne peut pas non plus dire que l'indépendance de la justice, ce n'est pas important".

«Faiblesse politique»

Ce service présidentiel minimum est aussi la preuve de "la faiblesse politique" d'un président qui ne dispose pas de majorité à l'Assemblée et reste "dépendant de ses ministres de droite", au premier rang desquels l'ambitieux patron de Beauvau, Gérald Darmanin.

Ce dernier reste d'ailleurs mutique, son cabinet, qui a relu l'interview de Frédéric Veaux, se contentant de faire savoir que ce dernier a "toute la confiance du ministre".

Présent aux côtés d'Emmanuel Macron dans le Pacifique, Gérald Darmanin a refusé toute sollicitation de la presse.

Et, alors que la polémique enfle, son cabinet a fait savoir à l'AFP que "rien n'est acté" concernant une éventuelle prise de parole. "On suit la situation de très près".

Cette volonté de l'exécutif de ménager chèvre et chou suscite le mécontentement des deux côtés de l'échiquier politique.

"Les policiers ne peuvent se contenter du ‘en même temps’. C’est grâce à eux que la République a tenu face aux barbares", a taclé le patron des LR Eric Ciotti.

La gauche accuse, elle, l'exécutif d'apporter son soutien aux forces de l'ordre "factieuses" alors que se poursuit à Marseille le mouvement de protestation des policiers contre l'incarcération d'un agent de la BAC écroué dans le cadre d'une enquête pour violences policières.

"La peur est mauvaise conseillère", a lancé le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler qu'en 1983, François Mitterrand n'avait pas tremblé pour renvoyer le directeur général de la police, après une manifestation d'agents, dont certains avec leurs armes de service, réclamant la démission du ministre de la Justice.

Depuis le passage de Nicolas Sarkozy place Beauvau, l'exécutif veut "systématiquement incarner l'ordre. Cela rend compliqué la prise de distance avec l'institution policière", souligne le chercheur Mathieu Zagrodzki, spécialiste des questions de sécurité.

Gilets jaunes, crise des retraites, émeutes: la police est "une béquille sur laquelle les gouvernements s’appuient de plus en plus", abonde Jean-Michel Schlosser, docteur en sociologie. L'exécutif n'a d'autre choix que de protéger cette institution qui est très syndiquée.

Il semble en tout cas délicat pour le pensionnaire de Beauvau d'afficher publiquement une distance avec ses troupes, à l'heure où Emmanuel Macron répète comme un mantra qu'il faut "de l'ordre, de l'ordre, de l'ordre".


Une trentaine de pays s'engagent pour un « océan silencieux »

Le président français Emmanuel Macron (au centre), Munipoese Muli’aka’aka (au centre à gauche), président de l'Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna, et Moetai Charles Brotherson (au centre à droite), président de la Polynésie française, posent pour une photo de famille avec les participants lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (au centre), Munipoese Muli’aka’aka (au centre à gauche), président de l'Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna, et Moetai Charles Brotherson (au centre à droite), président de la Polynésie française, posent pour une photo de famille avec les participants lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
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  • Baleines, dauphins, poissons... de nombreuses espèces sont affectées par cette pollution, qui interfère avec leur capacité à se diriger, à communiquer, à chasser, à se reproduire et à éviter les prédateurs.
  • Les membres de la coalition « Océan silencieux » ont signé une déclaration dans laquelle ils s'engagent à faire progresser la conception et l'exploitation de navires plus silencieux au sein de l'Organisation maritime internationale (OMI).

NICE, FRANCE : Une coalition de 37 pays menée par le Panama et le Canada s'est engagée lundi à combattre une menace majeure mais invisible : la pollution sonore du transport maritime, qui nuit à de nombreuses espèces sous-marines.

Baleines, dauphins, poissons... de nombreuses espèces sont affectées par cette pollution, qui interfère avec leur capacité à se diriger, à communiquer, à chasser, à se reproduire et à éviter les prédateurs.

Les membres de la coalition « Océan silencieux » (dont la France, la Grèce ou le Portugal) ont signé une déclaration dans laquelle ils s'engagent à faire progresser la conception et l'exploitation de navires plus silencieux au sein de l'Organisation maritime internationale (OMI).

« L'océan est un monde acoustique où le son est synonyme de survie et où la vie marine en dépend pour communiquer, naviguer et trouver de la nourriture. La pollution sonore d'origine humaine étouffe ces sons vitaux, mais la solution est à notre portée », a souligné Carlos Bravo, expert chez l'ONG OceanCare.

Les membres de la coalition s'engagent également à intégrer les mesures de réduction du bruit dans la création et la gestion de leurs aires marines protégées, et à mettre en œuvre des solutions pour réduire le bruit des navires afin de protéger la vie marine.

« Trop souvent, la question du bruit des océans a été mise de côté dans le discours environnemental mondial. Avec cette coalition, nous nous engageons à agir de manière décisive pour protéger la biodiversité marine de cette menace invisible mais puissante », a déclaré Juan Carlos Navarro, ministre de l'Environnement du Panama, cité dans un communiqué.

Selon le WWF, le bruit des hélices des navires, l’exploration pétrolière, les sonars militaires ou la construction d’éoliennes en mer peuvent parcourir de grandes distances sous l'eau. 

Les bélugas peuvent détecter les sons émis par les navires brise-glace jusqu'à une distance de 85 kilomètres, ce qui provoque leur panique et leur fuite. D'autres mammifères marins modifient leur comportement en cas de stress acoustique. La pollution sonore océanique touche également les poissons, les calamars et les tortues marines.  


Nouvelle-Calédonie : Macron promet un « projet nouveau », sans reproduire les « erreurs » des référendums

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) prononce un discours aux côtés du président de la Polynésie française Moetai Brotherson pour ouvrir le Sommet France-Pacifique lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3),  le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) prononce un discours aux côtés du président de la Polynésie française Moetai Brotherson pour ouvrir le Sommet France-Pacifique lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
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  • Le chef de l'État a voulu rassurer les dirigeants de la région qui ont pu être préoccupés par les événements qui ont déstabilisé la Nouvelle-Calédonie il y a un an, lors de violences insurrectionnelles.
  • Début mai, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a mené des négociations dans l'archipel pour tenter d'obtenir un accord entre indépendantistes et non-indépendantistes sur un nouveau statut, mais ses efforts ont échoué.

NICE, FRANCE : Emmanuel Macron a déclaré  mardi vouloir un « projet nouveau » pour la Nouvelle-Calédonie, après l'échec de récentes négociations, et a invité à Paris tous les acteurs concernés, tout en promettant de ne pas reproduire les « erreurs » liées aux référendums, qu'il juge « inadaptés » aux cultures locales.

Lors d'un sommet entre la France et les pays du Pacifique à Nice, en marge de la Conférence de l'ONU sur les océans, le chef de l'État a voulu rassurer les dirigeants de la région qui ont pu être préoccupés par les événements qui ont déstabilisé la Nouvelle-Calédonie il y a un an, lors de violences insurrectionnelles.

Il leur a rappelé que trois référendums « prévus par les processus que nous avions pensés dans les années 80 et 90 » avaient « permis une expression de maintien dans la République française » du territoire ultramarin.

La Nouvelle-Calédonie a toutefois été frappée à partir de la mi-mai 2024 par des émeutes qui ont fait 14 morts et causé des milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise institutionnelle, économique et sociale aiguë.

Début mai, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a mené des négociations dans l'archipel pour tenter d'obtenir un accord entre indépendantistes et non-indépendantistes sur un nouveau statut, mais ses efforts ont échoué. Après cet échec, Emmanuel Macron a invité les parties prenantes à Paris « à partir de la mi-juin ».

« Nous tiendrons dans les prochaines semaines un sommet à Paris pour pouvoir rassembler toutes les parties prenantes et réussir à (...) avoir un projet nouveau », a-t-il déclaré mardi à Nice, sans annoncer de date précise.

Il a estimé que « ni la culture pacifique, ni la culture océanienne ou mélanésienne ne sont totalement faites pour les référendums ». « Ce sont des cultures de concertation où, je dirais, la circularité est plus adaptée qu'une réponse tranchée oui ou non », a-t-il ajouté.

« Mais nous avons hérité de ce processus qui prévoyait les trois référendums ; nous ne referons pas les mêmes erreurs pour la suite », a-t-il assuré. 

« Nous allons tout faire pour réussir, et je suis confiant. Nous le ferons dans le respect de toutes et tous, et pour toutes les Calédoniennes et tous les Calédoniens, mais aussi pour la paix dans la région », a insisté le président de la République. 


France: un collégien blesse grièvement une surveillante au couteau

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  • La ministre de l'Education, Elisabeth Borne, doit se rendre sur les lieux de l'agression afin d'exprimer son "soutien à l'ensemble de la communauté scolaire et des forces de l’ordre", a-t-elle annoncé sur X
  • Des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires ont été mis en place en France après une rixe en mars qui avait provoqué la mort d'un adolenscent de 17 ans devant un lycée du département de l'Essonne, en région parisienne

LILLE: Un élève a été arrêté mardi après avoir "blessé grièvement une assistante d'éducation" avec un couteau lors d'un contrôle des sacs par des gendarmes devant un collège à Nogent dans l'est de la France, selon la préfecture, précisant que la victime âgée de 31 ans était en "urgence absolue".

Le collégien a été placé en garde à vue, a ajouté la préfecture.

La ministre de l'Education, Elisabeth Borne, doit se rendre sur les lieux de l'agression afin d'exprimer son "soutien à l'ensemble de la communauté scolaire et des forces de l’ordre", a-t-elle annoncé sur X.

Des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires ont été mis en place en France après une rixe en mars qui avait provoqué la mort d'un adolenscent de 17 ans devant un lycée du département de l'Essonne, en région parisienne.

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, avait alors promis davantage de "dissuasion et de sanctions" aux abords des établissements scolaires après ce qu'il avait qualifié de "longue litanie" de rixes mortelles.

Fin avril, au lendemain d'une attaque mortelle dans un établissement à Nantes (ouest), Mme Borne Borne avait précisé que 958 contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires avaient permis la saisie de 94 armes blanches depuis mars.