Tunisie: Difficultés et risques du «tout sauf le FMI»

Une électrice montre son doigt taché d'encre après avoir voté dans un bureau de vote lors des élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (AFP).
Une électrice montre son doigt taché d'encre après avoir voté dans un bureau de vote lors des élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (AFP).
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Publié le Mercredi 03 janvier 2024

Tunisie: Difficultés et risques du «tout sauf le FMI»

  • Des discussions entamées au début de l’année 2022 en vue de l’octroi à la Tunisie d’un prêt d’1,9 milliard de dollars sur quatre ans avaient abouti en octobre de la même année à un accord préliminaire
  • Pour pouvoir compter sur soi, la condition indispensable est de mettre en œuvre des réformes structurelles dont les autorités et le président Saïed ne veulent pas entendre parler, en raison de leur coût social

TUNIS: Le président tunisien, Kaïs Saïed, est déterminé à se passer du grand argentier du monde pour le financement du budget de l’État. «Compter sur soi». C’est le mot d’ordre que M. Saïed a lancé en avril 2023 et qu’il ne cesse de répéter comme un mantra. Pour le président tunisien, compter sur soi signifie ne pas se soumettre «au diktat» du Fonds monétaire international (FMI).

Des discussions entamées au début de l’année 2022 en vue de l’octroi à la Tunisie d’un prêt d’1,9 milliard de dollars (1 dollar = 0,91 euro) sur quatre ans avaient abouti en octobre de la même année à un accord préliminaire. Mais alors qu’on s’attendait à sa confirmation et sa signature et donc, au déblocage de la première tranche du prêt, l’accord tombe à l’eau lorsque le président Saïed opère un virage à 180 degrés en refusant l’application des réformes structurelles pourtant proposées par son gouvernement.

Un an plus tard, la situation est au point mort. Pire, le malaise semble s’être installé durablement. En effet, une délégation du FMI devait se rendre en Tunisie, du 5 au 17 décembre 2023, pour procéder, conformément à l’article 4 des statuts de cette organisation, aux consultations annuelles portant sur les politiques économiques et financières du pays. La visite a été reportée le jour même de l’arrivée de l’équipe du FMI, le 5 décembre, à la demande de la Tunisie. C’est la première fois que ce rendez-vous annuel est différé, rappelle à Arab News en français l’économiste Aram Belhaj.

Une délégation du FMI devait se rendre en Tunisie, du 5 au 17 décembre 2023, pour procéder, conformément à l’article 4 des statuts de cette organisation, aux consultations annuelles portant sur les politiques économiques et financières du pays; la visite a été reportée le jour même de l’arrivée de l’équipe du FMI, le 5 décembre, à la demande de la Tunisie.

Un certain nombre de médias tunisiens ont expliqué ce report à une date indéterminée par la guerre à Gaza et en Ukraine, ou par la nécessité d’attendre que la loi de finances 2024 soit votée par le Parlement – elle l’a été le 10 décembre. Mais selon un expert financier, qui veut garder l’anonymat, les autorités tunisiennes auraient demandé le report parce qu’elles craignent que le rapport émis par le FMI à la fin de chaque mission de ce genre ne lui soit trop défavorable.

La Tunisie est-elle en mesure de traduire dans les faits le slogan «compter sur soi»? Même s’il ne l’exclut pas, M. Belhaj explique la difficulté de l’exercice, les conditions de sa réussite et le temps que cela peut prendre.

Pour pouvoir compter sur soi, la condition indispensable, selon notre interlocuteur, est de mettre en œuvre des réformes structurelles – parmi lesquelles celles de la gouvernance des entreprises publiques, qui doivent aussi être restructurées, de la fiscalité –, dont les autorités et le président Saïed en premier ne veulent pas entendre parler, en raison de leur coût social. Et à supposer que le chef de l’État change d’avis, le retour sur investissement d’éventuelles réformes n’aura pas lieu avant quatre ou cinq ans, note Aram Belhaj. Donc, «on ne peut pas faire rentrer de l’argent rapidement par ce biais».

Or, la Tunisie a des besoins de financement pressants. Le budget de l'État pour 2024 prévoit un endettement de 28,2 milliards de dinars (1 dinar tunisien = 0,29 euro), dont 16,4 milliards de dinars de l'extérieur. L’endettement intérieur de près de 12 milliards de dinars se fera en partie auprès des banques tunisiennes, ce qui va les mettre encore plus en danger. L’alternative serait de revenir à la table des négociations avec le FMI pour conclure avec lui l’accord sans lequel les autres bailleurs de fonds internationaux ne verseront aucune aide financière à la Tunisie.


Gaza: Netanyahu affirme qu'Israël a tué Mohammed Sinouar, chef présumé du Hamas à Gaza

 Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé mercredi qu'Israël avait tué Mohammed Sinouar, considéré comme le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza. (AFP)
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé mercredi qu'Israël avait tué Mohammed Sinouar, considéré comme le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza. (AFP)
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  • L'armée israélienne avait annoncé avoir frappé le 13 mai "un centre de commandement et de contrôle du Hamas situé dans une infrastructure souterraine terroriste, sous l'hôpital européen de Khan Younès", dans le sud de la bande de Gaza
  • Selon des médias israéliens, cette frappe visait en fait Mohammed Sinouar, frère de Yahya Sinouar, ex-chef suprême du Hamas tué par l'armée israélienne en octobre 2024 à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé mercredi qu'Israël avait tué Mohammed Sinouar, considéré comme le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

"Nous avons chassé les terroristes de notre territoire, pénétré de force dans la bande de Gaza, éliminé des dizaines de milliers de terroristes, éliminé (...) Mohammed Sinouar", a-t-il déclaré lors d'une session au Parlement.

L'armée israélienne avait annoncé avoir frappé le 13 mai "un centre de commandement et de contrôle du Hamas situé dans une infrastructure souterraine terroriste, sous l'hôpital européen de Khan Younès", dans le sud de la bande de Gaza.

Selon des médias israéliens, cette frappe visait en fait Mohammed Sinouar, frère de Yahya Sinouar, ex-chef suprême du Hamas tué par l'armée israélienne en octobre 2024 à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Yahya Sinouar est considéré comme le principal architecte de l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.

Selon les experts du mouvement islamiste, Mohammed Sinouar dirigeait la branche armée du Hamas, les Brigades al-Qassam, considérées, au même titre que leur mouvement politique, comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.

Après la mort de plusieurs dirigeants du Hamas ces 19 derniers mois, Mohammed Sinouar aurait été, selon ces experts, au coeur des décisions sur les négociations indirectes avec Israël, la question des otages israéliens et la gestion de la branche militaire.

Le Hamas n'a pas réagi à l'annonce de M. Netanyahu.


Piers Morgan exhorte Israël de laisser entrer les journalistes internationaux à Gaza

Le journaliste britannique Piers Morgan a exhorté le gouvernement israélien, lors du Sommet des médias arabes, mercredi, à laisser entrer les journalistes internationaux dans la bande de Gaza. (AFP)
Le journaliste britannique Piers Morgan a exhorté le gouvernement israélien, lors du Sommet des médias arabes, mercredi, à laisser entrer les journalistes internationaux dans la bande de Gaza. (AFP)
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  •  Morgan a déclaré qu'il est très difficile pour les journalistes d'obtenir les faits concernant ce qui se passe à Gaza, car Israël refuse l'entrée à ces entités médiatiques.
  • "Youssef m'a donné une leçon d'histoire sur ce conflit qui dure depuis 75 ans. Le monde arabe m'a reproché d'être pro-israélien. Mais j'ai toujours eu plus d'invités palestiniens que n'importe quelle autre émission dans le monde"

DUBAI: Le journaliste britannique Piers Morgan a exhorté le gouvernement israélien, lors du Sommet des médias arabes, mercredi, à laisser entrer les journalistes internationaux dans la bande de Gaza.

"Il est ridicule qu'Israël ait la capacité d'empêcher les journalistes internationaux de rapporter que les informations et les faits fournis par le gouvernement israélien ne sont pas exacts", a-t-il déclaré.

M. Morgan a déclaré qu'il était très difficile pour les journalistes d'obtenir des informations sur ce qui se passait à Gaza parce qu'Israël refusait l'entrée à ces entités médiatiques.

"Laissez entrer les journalistes, et nous pourrons alors déterminer si ce que dit Israël est juste. Le fait qu'ils ne les laissent pas entrer est très révélateur", a-t-il ajouté.

Morgan a interviewé l'humoriste égyptien Bassem Youssef en octobre 2023, au moment où Israël a lancé son attaque militaire contre Gaza.

"Youssef m'a donné une leçon d'histoire sur ce conflit qui dure depuis 75 ans. Le monde arabe m'a reproché d'être pro-israélien. Mais j'ai toujours eu plus d'invités palestiniens que n'importe quelle autre émission dans le monde, et je l'ai fait délibérément", a-t-il ajouté.

L’interview avec Youssef a connu un énorme succès, cumulant plus de 23 millions de vues.

Morgan a déclaré que sa compréhension initiale et son point de vue sur l'histoire de la Palestine avaient changé après son entretien avec Youssef.  

"Mon point de vue initial était qu'Israël avait le droit fondamental et le devoir de se défendre à la suite de l'attaque du 7 octobre. Mais depuis le début, ma question a toujours été : "Qu'est-ce qu'une réponse proportionnée ? Pour moi, ce qui s'est passé ces derniers mois, en particulier depuis le blocus et les bombardements, a dépassé les bornes", a-t-il indiqué.

"Ma position a changé, mais je ne suis pas trop sur la défensive par rapport à la position initiale que j'ai prise au début. J'essaie toujours d'être ferme et juste et d'offrir aux deux parties une plateforme pour essayer de trouver une solution", a-t-il ajouté.

« Ce n’est pas mon rôle de prendre parti dans ce genre d’affaires. Mon travail, c’est d’être journaliste : interroger toutes les parties, chercher la vérité et établir les faits », a-t-il conclu.
 


Nucléaire: l'Iran pourrait autoriser des inspecteurs américains en cas d'accord avec Washington

Les véhicules des délégations quittent l'ambassade d'Oman après le cinquième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, à Rome, le 23 mai 2025. (AFP)
Les véhicules des délégations quittent l'ambassade d'Oman après le cinquième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, à Rome, le 23 mai 2025. (AFP)
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  • Téhéran et Washington, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979, ont entamé le 12 avril, grâce à une médiation du sultanat d'Oman, des discussions sur l'épineux dossier du programme nucléaire iranien
  • Les deux pays ont affiché publiquement leur désaccord sur la question sensible de l'enrichissement d'uranium

TEHERAN: L'Iran, engagé dans de délicats pourparlers sur le nucléaire avec les Etats-Unis, a affirmé mercredi qu'il pourrait autoriser une visite d'inspecteurs américains de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en cas d'accord avec Washington.

"Si des questions sont soulevées, qu'un accord est conclu et que les demandes de l'Iran sont prises en compte, alors nous reconsidérerons la possibilité d'accepter des inspecteurs américains" de l'AIEA, a déclaré Mohammad Eslami, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).

Téhéran et Washington, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979, ont entamé le 12 avril, grâce à une médiation du sultanat d'Oman, des discussions sur l'épineux dossier du programme nucléaire iranien.

Les deux pays ont affiché publiquement leur désaccord sur la question sensible de l'enrichissement d'uranium.

Cette annonce survient au moment où le président iranien Massoud Pezeshkian est en visite à Oman et qu'un responsable de l'AIEA doit se rendre dans les prochains jours en Iran.

Durant son premier mandat (2017-2021), le président américain Donald Trump avait retiré unilatéralement son pays d'un accord international sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015 et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de Téhéran.

Depuis, "nous avons toujours refusé les inspecteurs de pays hostiles (envers l'Iran) et qui se sont comportés sans principes", a souligné Mohammad Eslami, se disant prêt à revoir cette position.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de l'Iran et considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

L'Iran se défend d'avoir de telles ambitions militaires.

"Ligne rouge" 

Selon l'AIEA, le pays enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% autorisée par l'accord de 2015 conclu avec les grandes puissances.

Téhéran dit s'être affranchi de ses engagements en représailles au retrait américain.

Les experts estiment qu'à partir de 20% l'uranium enrichi peut avoir des applications militaires potentielles. Pour fabriquer une bombe, l'enrichissement doit être poussé jusqu'à 90%.

Iran et Etats-Unis, qui ont tenu vendredi à Rome un cinquième cycle de pourparlers, se sont quittés sans avancée notable mais se disent prêts à de nouvelles discussions. Aucune date n'a pour le moment été fixée.

Les discussions ont été qualifiées de "très, très bonnes" par Donald Trump, qui a menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

Le principal contentieux concerne l'enrichissement d'uranium.

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui mène les discussions pour Washington, a estimé que les Etats-Unis "ne pouvaient autoriser ne serait-ce qu'un pour cent de capacité d'enrichissement" à l'Iran.

Téhéran, qui défend un droit au nucléaire civil notamment pour l'énergie, considère cette exigence comme une "ligne rouge", contraire aux dispositions du Traité de non-prolifération (TNP) dont l'Iran est signataire.