Macron se donne 100 jours pour relancer son quinquennat

Le président français Emmanuel Macron lors d'un discours télévisé à la nation, prononcé depuis l'Elysée, après avoir promulgué une loi sur la réforme des retraites, le 17 avril 2023 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron lors d'un discours télévisé à la nation, prononcé depuis l'Elysée, après avoir promulgué une loi sur la réforme des retraites, le 17 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 18 avril 2023

Macron se donne 100 jours pour relancer son quinquennat

  • Dès les prochains jours, le président devrait ressortir de l'Élysée pour «échanger avec les Français», selon son entourage
  • Un ou deux déplacements sont prévus en province dès mercredi ou jeudi pour parler notamment d'éducation

PARIS: Emmanuel Macron s'est donné lundi "cent jours" pour agir "au service de la France", et relancer ainsi son second quinquennat englué dans la crise provoquée par sa réforme des retraites, lors d'une allocution télévisée conspuée par des concerts de casseroles à travers le pays.

Depuis l'Élysée, où il a vécu en retrait pendant ces trois mois de conflit social et politique, le chef de l'État s'est adressé pendant 13 minutes aux Français qui rejettent massivement la retraite à 64 ans.

Désormais inscrite dans une loi malgré les protestations des syndicats, la réforme était "nécessaire", a-t-il plaidé, tout en disant "regretter" qu'elle n'ait pas été "acceptée".

Assis à son bureau devant une fenêtre donnant sur les jardins, il a aussi assuré entendre la "colère" des Français, sur les retraites mais aussi les "prix qui montent". "Personne ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique", a-t-il affirmé, alors que le passage en force de l'exécutif avec le 49.3 a attisé le malaise.

Au moment même de cette allocution sans contradicteurs, des concerts de casseroles rassemblaient des milliers de personnes devant de nombreuses mairies et préfectures.

"En réponse au fait qu’il ne nous écoute pas, on fait du bruit", a résumé Adrien Bodin, un autoentrepreneur de 26 ans, présent à Paris où des tensions ont ensuite éclaté entre manifestants et forces de l'ordre.

«Feuille de route»

Le président, déterminé à reprendre l'initiative, a surtout esquissé une "feuille de route" que sa Première ministre détaillera "la semaine prochaine". Alors qu'elle apparaissait menacée, Elisabeth Borne obtient ainsi un sursis de trois mois, et aucun remaniement n'est prévu dans l'immédiat.

"Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France", a clamé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous "le 14 juillet" pour "un premier bilan".

Pendant cette période, il a fixé trois chantiers, à commencer par la construction, avec les partenaires sociaux, d'un "nouveau pacte de la vie au travail" pour "améliorer les revenus des salariés" ou combattre "l'usure professionnelle".

En parallèle, il veut engager la réforme du lycée professionnel, "ramener vers le travail" les bénéficiaires du RSA, et dévoiler "d'ici l'été" la planification écologique.

Mais le dialogue social s'annonce semé d'embûches.

Le patronat doit se rendre mardi à 11h00 à une rencontre avec le chef de l'État.

"Nous sommes prêts à négocier sur certains des sujets évoqués par Emmanuel Macron, mais pas en 100 jours. Le dialogue social ça prend du temps", a d'ores et déjà réagi sur Twitter le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.

Quant à l'intersyndicale, elle a décliné l'invitation.

"La porte sera toujours ouverte", a lancé Emmanuel Macron aux syndicats, promettant des négociations "sans aucune limite" ni "aucun tabou".

"Rien de concret", a regretté, après l'allocution, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, tout en concédant que le syndicat réformiste irait discuter "un jour ou l'autre", après un délai de "décence".

Dans l'immédiat, l'intersyndicale mise sur une démonstration de force lors du 1er-Mai.

Le deuxième chantier porte sur la justice et "l'ordre républicain", avec "des annonces fortes" en mai contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales. Emmanuel Macron a aussi promis de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale", semblant relancer ce projet qui semblait mis sur pause.

Enfin, troisième chantier : "le progrès pour mieux vivre".

Au menu, l'éducation, qui doit "renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe", et la santé, avec l'engagement de "désengorger" tous les services d'urgence d'ici fin 2024.

«Hors de la réalité»

Dès les prochains jours, le président devrait ressortir de l'Élysée pour "échanger avec les Français", selon son entourage. Un ou deux déplacements sont prévus en province dès mercredi ou jeudi pour parler notamment d'éducation.

Le chef de l'État s'est largement tenu à l'écart des bains de foule depuis le début de l'année. Pourra-t-il renouer ce contact, alors que ses derniers déplacements ont été chahutés par des manifestants ?

Brigitte Macron, en déplacement dans le Val-d'Oise, a assuré que le couple présidentiel, malgré les contestations et une "période compliquée pour les Français", n'était pas "isolé". Mais un député de son propre parti Renaissance soupire : "il y a beaucoup d'animosité à son égard".

Retisser le lien sera donc difficile, tant la popularité présidentielle est au plus bas depuis la crise des "gilets jaunes" fin 2018.

Et relancer la machine sera d'autant plus complexe que l'exécutif ressort affaibli de la séquence et n'a pas réussi, comme Emmanuel Macron l'avait demandé à Elisabeth Borne, à élargir sa majorité, qui reste relative à l'Assemblée nationale.

Lundi soir, le président a éludé la question, évoquant des "coalitions et alliances nouvelles" au "plus près du terrain", mais sans en définir les contours. En écho à une "méthode nouvelle" maintes fois annoncée mais jamais concrétisée, il a assuré vouloir "mieux" associer élus, partis et syndicats.

Devant ses troupes réunies dans l'après-midi à l'Élysée, le chef de l'État avait mis en garde contre "le risque de l'impuissance". "Si on ne fait pas immigration et travail" avant le 14 juillet, "ça veut dire qu'on ne le fera pas", avait-il martelé selon deux participants.

Sans surprise, les oppositions ont critiqué le discours présidentiel.

À l'extrême droite, Marine Le Pen a dénoncé une "pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir". "Complètement hors de la réalité", a aussi estimé à gauche Jean-Luc Mélenchon, tandis que le patron du parti Les Républicains Eric Ciotti a déploré un "catalogue de vœux pieux".


Dans le tumulte ambiant, la voix de la France mérite une plus grande écoute

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
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  • L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable
  • À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières

PARIS: Alors que le monde est en proie aux fracas des armes, aux lignes de fracture idéologiques et à la tentation de la force brute, la France fait entendre sa propre voix, celle de la raison, du droit et de la diplomatie. 

Bien que cette position semble de plus en plus marginalisée, notamment les États-Unis et Israël, elle demeure essentielle, car dans l’effondrement progressif de l’ordre international, il faut encore croire à la possibilité d’un chemin pacifique. 

Cette possibilité est aujourd’hui incarnée par la France alors que les Américains et les Israéliens avancent dans une logique d’affrontement militaire.

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington, qui cherche depuis plusieurs semaines à imposer un nouvel ordre régional à coups de missiles. 

L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable, mais au lieu de s’aligner, la France s’est élevée contre cette spirale.

À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières.

Évoquant les erreurs passées, de l’intervention militaire américaine en Irak en 2003 à la campagne franco-britannique en Libye, Macron rappelle un principe fondamental, « on ne sauve pas un peuple contre lui-même ».

La position française prend plus de relief, dans un contexte où l’Union européenne elle-même peine à parler d’une seule voix,

Tandis que certains dirigeants européens, comme le chancelier allemand Friedrich Merz, saluent le « courage » d’Israël face au « terrorisme iranien », Paris se montre plus mesuré. 

La chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, tente bien de préserver une ligne commune en réunissant les Vingt-Sept, mais les divisions internes sont profondes. 

Quinze États membres ont exprimé leur soutien à Israël, tandis que d’autres s’indignent des initiatives unilatérales de la Commission européenne, notamment les prises de position très partiales de sa présidente d’Ursula von der Leyen.

La France, elle, refuse cette polarisation brutale, fidèle à son engagement historique dans le dossier nucléaire iranien, elle prône une solution diplomatique, forte d’une expertise construite au fil de plus de dix ans de négociations.

Elle rappelle l’urgence d’encadrer non seulement le programme nucléaire, mais aussi le programme balistique iranien. 

Les efforts français ne se limitent pas à des déclarations, depuis les frappes du 13 juin, Macron et ses ministres ont multiplié les contacts avec les dirigeants régionaux : Arabie saoudite, Émirats, Qatar, Oman. 

Des messages de retenue ont été adressés aussi bien à Téhéran qu’à Tel-Aviv, et même à Washington.

 À deux reprises, Macron s’est entretenu avec le président iranien pour éviter toute escalade, il a également eu des échanges directs avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, mettant en garde contre toute velléité de régime par la force, rappelant que cela ne pourrait qu’aboutir à un plus grand chaos.

La France plaide pour une relance des négociations, et pousse également à une reprise du dialogue sur une éventuelle zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, proposition ancienne mais toujours d’actualité, même si Israël refuse de reconnaître son propre arsenal nucléaire.

Face à la gravité de la situation, la France tente de maintenir un cap, alors que l’unité européenne est de plus en plus vacillante, en raison de la poursuite injustifiée de la guerre à Gaza.

L’Irlande, l’Espagne et, plus récemment, les Pays-Bas ont demandé à revoir les accords commerciaux avec l’État hébreu, même une voix aussi conservatrice que celle du chancelier allemand admet ne « plus comprendre » les opérations militaires israéliennes.

Pourtant, en l’absence de consensus clair, aucune sanction n’est encore envisageable, la présidente de la Commission européenne ne peut aller plus loin sans mandat des États membres. 

Pendant ce temps, le fracas des armes continue, rendant la voix française d’autant plus isolée mais aussi d’autant plus précieuse.

L’annonce par le président Trump d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran est saluée par Paris comme une « ouverture à saisir ». 

La France appelle dans un communiqué publié par le ministère des affaires étrangères, toutes les parties à respecter l’arrêt des hostilités et à s’engager sur le seul chemin viable, celui de la diplomatie. 

Elle réaffirme que l’Iran ne doit jamais détenir l’arme nucléaire, mais que les inquiétudes sur ses activités doivent trouver des réponses par la négociation, non par la guerre.

Cette voix, aussi minoritaire soit-elle aujourd’hui, porte en elle une vision du monde, elle repose sur le respect du droit international, sur la conviction et les principes.

En tenant cette ligne, la France ne défend pas seulement ses intérêts ou ses citoyens, elle défend aussi une certaine idée de la communauté internationale, de l’équilibre des puissances et de la paix. 

Si le cessez-le-feu tient bon, sauvant provisoirement le régime iranien et confirmant qu'Israël et les États-Unis n’hésitent plus à employer la force sans limite, les efforts de la France pour promouvoir une solution diplomatique pourraient enfin trouver un écho.


Gaza: des ONG , dont MSF mettent en garde la Fondation GHF contre une complicité de crimes de guerres

Figurent parmi les signataires la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre palestinien pour les droits humains, le Centre américain pour les droits constitutionnels ou encore la Commission internationale des juristes. (Source Médecins sans Frontières)
Figurent parmi les signataires la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre palestinien pour les droits humains, le Centre américain pour les droits constitutionnels ou encore la Commission internationale des juristes. (Source Médecins sans Frontières)
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  • La pénurie orchestrée par les autorités israéliennes prive les Palestiniens d’eau et de soins, et les met en danger immédiat, alors que des blessés affluent par centaines dans les structures médicales.
  • Plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé lundi la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont les distributions d'aide donnent lieu à des scènes chaotiques et meurtrières, à cesser ses opérations

NATIONS-UNIES: Plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé lundi la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont les distributions d'aide donnent lieu à des scènes chaotiques et meurtrières, à cesser ses opérations, mettant en garde contre des risques de complicité de "crimes de guerre".

"Ce nouveau modèle de distribution d'aide privatisée, militarisée, représente un changement radical et dangereux par rapport aux opérations humanitaires internationales établies", écrivent ces 15 organisations dans une lettre ouverte, dénonçant un système "déshumanisant et meurtrier".

"Nous appelons la GHF et toutes les organisations et individus qui ont soutenu ou soutiennent le travail de la GHF et les sociétés militaires privées" opérant dans ses centres de distribution "à cesser leurs opérations".

"Ne pas le faire pourrait exposer ces organisations et leurs responsables, représentants et agents à des responsabilités criminelles et civiles pour complicité de crimes en vertu du droit international, y compris crimes de guerre, crimes contre l'humanité, ou génocide, en violation du droit international, du droit américain et d'autres juridictions nationales", mettent en garde ces organisations.


France: la surveillante tuée reçoit la Légion d'honneur à titre posthume

La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel. (AFP)
La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel. (AFP)
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  • La semaine dernière, le ministère de l'Education avait indiqué qu'elle recevrait aussi le titre de commandeur des Palmes académiques, la plus ancienne distinction décernée à titre civil
  • Les obsèques de la jeune femme de 31 ans ont eu lieu le 17 juin dans une stricte intimité familiale à Sarcey, un petit village du nord-ouest où elle vivait

PARIS: La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel.

La semaine dernière, le ministère de l'Education avait indiqué qu'elle recevrait aussi le titre de commandeur des Palmes académiques, la plus ancienne distinction décernée à titre civil. La qualité de pupille de la Nation, qui offre une protection matérielle et morale particulière aux enfants de victimes d'actes de terrorisme, sera attribuée à son fils.

Les obsèques de la jeune femme de 31 ans ont eu lieu le 17 juin dans une stricte intimité familiale à Sarcey, un petit village du nord-ouest où elle vivait.

Le collégien de 14 ans interpellé immédiatement après les faits a été inculpé pour meurtre aggravé par la circonstance que sa victime était chargée d'une mission de service public, et placé en détention provisoire.

Du fait de sa minorité, il encourt une peine de 20 ans de prison.

Le meurtre a eu lieu à l'entrée du collège, alors que des gendarmes procédaient à un contrôle inopiné des sacs des élèves, pour saisir d'éventuelles armes blanches. Un gendarme a été blessé à la main lors des faits.

Durant sa garde à vue, le suspect a confié aux enquêteurs avoir voulu tuer une surveillante, "n'importe laquelle".

Ce nouveau drame en milieu scolaire a eu un grand retentissement en France, dans les sphères politique et éducative en particulier.