Gaza: L'ONU appelle à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat»

Une photo prise depuis la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, le 23 octobre 2023, montre de la fumée s'élevant au-dessus du nord de la bande de Gaza à la suite d'une frappe israélienne, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas (Photo, AFP).
Une photo prise depuis la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, le 23 octobre 2023, montre de la fumée s'élevant au-dessus du nord de la bande de Gaza à la suite d'une frappe israélienne, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 24 octobre 2023

Gaza: L'ONU appelle à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat»

  • «La première étape doit être un cessez-le-feu humanitaire immédiat, sauvant la vie des civils grâce à l'acheminement d'une aide humanitaire rapide et efficace, à Gaza»
  • «L'humanité doit primer», a insisté Volker Türk, «beaucoup trop de civils, dont de nombreux enfants, ont déjà perdu la vie – dans les deux camps»

GENÈVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé lundi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, appelant les dirigeants à faire des "choix courageux".

"La première étape doit être un cessez-le-feu humanitaire immédiat, sauvant la vie des civils grâce à l'acheminement d'une aide humanitaire rapide et efficace, à Gaza", a affirmé Volker Türk dans un communiqué.

"L'humanité doit primer", a-t-il insisté, soulignant que "beaucoup trop de civils, dont de nombreux enfants, ont déjà perdu la vie - dans les deux camps".

Dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, l'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis samedi via l'Egypte, en quantité très insuffisante selon l'ONU.

"Si davantage d'aide pour les habitants de Gaza, y compris du carburant, des médicaments, de la nourriture et de l'eau, n'arrive pas dans les jours ou même les heures à venir, beaucoup plus de personnes à Gaza vont mourir, de faim, de soif et de manque de soins médicaux", a prévenu M. Türk, se disant "profondément préoccupé" pour la survie des habitants de Gaza, y compris de "nombreux membres" de son personnel et d'autres employés de l'ONU.

Six employés de l'agence de l'ONU pour les réfugiés tués en 24 heures

Six employés de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) ont été tués à Gaza en l'espace de 24 heures, a annoncé lundi soir le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

Cela porte à 35 le nombre de membres du personnel de l'UNRWA morts depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre.

"Les mots nous manquent", a déclaré l'agence sur le réseau social X (ex-Twitter).

"Nous rendons hommage à nos 35 collègues qui ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre. Nous pleurons et nous nous souvenons. Ce ne sont pas que des chiffres. Ce sont nos amis et nos collègues. Beaucoup étaient des enseignants dans nos écoles. L'UNRWA pleure cette énorme perte", a ajouté l'UNRWA.

Toujours sur X, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a déploré ces morts et dit se tenir "aux côtés de nos collègues qui font tout ce qu'ils peuvent pour aider ceux qui sont dans le besoin".

«Punition collective»

Plus de 1.400 personnes ont été tuées sur le territoire israélien par les hommes du Hamas depuis le 7 octobre, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l’attaque des combattants du mouvement islamiste palestinien menée à partir de Gaza, selon les autorités israéliennes.

Le Hamas a en outre enlevé 222 otages, israéliens et étrangers, selon l'armée israélienne. Selon la même source, environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive ayant permis à Israël de reprendre le contrôle des zones attaquées.

Dans la bande de Gaza, plus de 5.000 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza.

Le Haut-Commissaire appelle les parties à redoubler d'efforts pour garantir le respect du droit international, rappelant que les guerres ont également des lois afin notamment de protéger les civils et que ceux violent ces lois devront répondre de leurs actes.

"Tous les civils capturés et détenus par des groupes armés palestiniens doivent être libérés immédiatement et sans condition. La prise d'otages et leur détention sont interdites par le droit international", a indiqué M. Türk.

Il souligne par ailleurs que les mesures prises par Israël "pour empêcher les civils d'avoir accès aux biens et services essentiels" constitue une "forme de punition collective" et sont donc contraires au droit international.

"Les groupes armés palestiniens doivent cesser de tirer des roquettes à l'aveugle et les IDF (Forces de Défense d'Israël, ndlr) doivent éviter d'utiliser des armes explosives à large spectre dans des zones densément peuplées", a demandé M. Türk.


Les notables de Gaza disent «sécuriser» l'aide que Netanyahu dit pillée par le Hamas

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  • Tard mercredi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait commandé à son armée un plan "pour empêcher le Hamas de s'emparer de l'aide"
  • "Des affirmations mensongères", selon la commission réunissant les notables de Gaza --non affiliée au Hamas--, qui réclame à l'ONU l'envoi d'observateurs pour "vérifier" ses affirmations

GAZA: La coalition des familles influentes de Gaza, affirmant être impliquée dans la distribution de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé et affamé par plus de 20 mois de guerre, a rejeté jeudi l'accusation israélienne selon laquelle cette aide serait détournée par le Hamas.

"L'aide est sécurisée dans sa totalité sous la supervision directe de la Haute commission aux affaires tribales de Gaza et elle n'est distribuée que via les agences internationales", affirme dans un communiqué ce regroupement de notables locaux.

Tard mercredi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait commandé à son armée un plan "pour empêcher le Hamas de s'emparer de l'aide", accusant le mouvement islamiste palestinien d'avoir "repris le contrôle de l'aide humanitaire entrant dans le nord de la bande de Gaza".

"Des affirmations mensongères", selon la commission réunissant les notables de Gaza --non affiliée au Hamas--, qui réclame à l'ONU l'envoi d'observateurs pour "vérifier" ses affirmations.

"Les mouvements palestiniens n'ont aucun lien" avec l'aide, poursuit le texte.

Fin mai, les autorités israéliennes avaient mis en place un mécanisme de distribution d'aide piloté dans Gaza par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), un organisme au financement opaque soutenu par Israël et les Etats-Unis mais avec lequel l'ONU et les ONG humanitaires refusent de travailler émettant des doutes sur sa neutralité.

Des centaines de Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens près des centres de distribution de la GHF.

Des journalistes de l'AFP ont cependant vu jeudi une distribution de sacs de farine estampillés "Programme alimentaire mondial" (PAM) dans la ville de Gaza.

Mercredi, ils avaient constaté l'arrivée d'un convoi de camions transportant de gros sacs, ressemblant à des chargements d'aide humanitaire, par un point d'entrée dans le nord de la bande de Gaza.

Des hommes masqués et armés de fusils ou de bâtons, juchés sur les cargaisons de cinq de ces camions, ont assuré protéger ce convoi d'éventuels pillages.

"Le Hamas prend le contrôle de la nourriture et des biens", a écrit sur Telegram le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, en partageant une vidéo de ces camions.

Le ministre d'extrême-droite a appelé M. Netanyahu à interdire l'aide humanitaire à Gaza --dont tous les points d'entrée sont tenus par Israël.

 


Liban: deux morts dans des frappes israéliennes sur le sud

Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah. (AFP)
Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah. (AFP)
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  • Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah
  • En vertu de l'accord de trêve, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, seules l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies devant être déployées

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes visant le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, l’armée israélienne affirmant avoir ciblé des membres du Hezbollah pro-iranien.

Selon le ministère, deux hommes sont morts à l'hôpital: l'un touché "dans une frappe de drone de l'ennemi israélien visant son bulldozer" près de Baraachit, l'autre dans une frappe sur une moto à Beit Lif.

L’armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "éliminé… un commandant de la Force Radwan du Hezbollah" dans la zone de Baraachit, en référence à l’unité d’élite du mouvement pro-iranien, ainsi qu’un membre de " la force d’observation" du mouvement chiite à Beit Lif.

Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah.

En vertu de l'accord de trêve, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, seules l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies devant être déployées dans le secteur.

Israël, qui devait de son côté retirer complètement ses troupes, les maintient toutefois dans cinq positions du sud du Liban qu’il juge stratégiques.

Mardi, le ministère de la Santé avait annoncé la mort de trois personnes dans une frappe israélienne ayant visé un véhicule dans le district de Nabatiyé, dans le sud du Liban.

L’armée israélienne avait alors affirmé avoir tué le directeur d’une société de change accusé de transférer des fonds pour le Hezbollah.


La Banque mondiale approuve des financements pour le Liban et la Syrie

Le président du Conseil libanais pour le développement et la reconstruction, Mohammad Kabbani, le ministre des Travaux publics, Fayez Rasamni, le vice-Premier ministre, Tarek Mitri, le Premier ministre, Nawaf Salam, le ministre des Finances, Yassin Jaber, et le directeur national de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Jean Christophe Carret, participent à une table ronde sur le projet d'aide d'urgence au Liban (LEAP) au siège du Premier ministre à Beyrouth, le 10 juin 2025. (Photo : Anwar AMRO / AFP)
Le président du Conseil libanais pour le développement et la reconstruction, Mohammad Kabbani, le ministre des Travaux publics, Fayez Rasamni, le vice-Premier ministre, Tarek Mitri, le Premier ministre, Nawaf Salam, le ministre des Finances, Yassin Jaber, et le directeur national de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Jean Christophe Carret, participent à une table ronde sur le projet d'aide d'urgence au Liban (LEAP) au siège du Premier ministre à Beyrouth, le 10 juin 2025. (Photo : Anwar AMRO / AFP)
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  • En mars, la BM avait estimé le coût de la reconstruction et du redressement au Liban à 11 milliards de dollars, après une guerre entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, qui a détruit des pans entiers du pays en 2024.
  • Dans un autre communiqué, la BM a annoncé qu'elle recevait un don de 146 millions de dollars de la part de l'Association internationale de développement (IDA). Ce don servira à « aider la Syrie à rétablir un approvisionnement en électricité.

BEYROUTH : La Banque mondiale a annoncé qu'elle avait approuvé mercredi  un financement de 250 millions de dollars pour soutenir la reconstruction au Liban et un don de 146 millions au secteur de l'électricité en Syrie voisine.

En mars, la BM avait estimé le coût de la reconstruction et du redressement au Liban à 11 milliards de dollars, après une guerre entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, qui a détruit des pans entiers du pays en 2024.

Dans un communiqué, la BM a indiqué avoir approuvé « un financement de 250 millions de dollars en faveur du Liban pour soutenir les réparations et la reconstruction urgentes des infrastructures publiques critiques endommagées, ainsi que la gestion durable des décombres dans les zones touchées par le conflit ». 

Intitulé « Lebanon Emergency Assistance Project » (LEAP), ce projet a été conçu pour soutenir la restauration des infrastructures publiques et des bâtiments, condition préalable au redressement économique et social », ajoute la BM.

« Compte tenu de l’ampleur des besoins en matière de reconstruction, ce projet a été conçu comme un cadre évolutif pouvant atteindre un milliard de dollars », a déclaré Jean-Christophe Carret, le directeur régional de la BM pour le Moyen-Orient.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a « salué (..) une étape clé de la reconstruction », estimant que le projet « vise à remédier aux dommages causés aux infrastructures et aux services essentiels dans les zones touchées par la guerre ».

« Ce soutien vient renforcer les efforts de redressement dans le cadre d’un dispositif exécutif dirigé par l’État, et permet d’attirer les financements supplémentaires dont nous avons cruellement besoin », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Créé en février, le nouveau gouvernement du Liban, plongé dans une crise économique depuis 2019, a constitué un fonds pour la reconstruction et compte sur une aide financière étrangère. 

– Don pour la Syrie –

Dans un autre communiqué, la BM a annoncé qu'elle recevait un don de 146 millions de dollars de la part de l'Association internationale de développement (IDA). Ce don servira à « aider la Syrie à rétablir un approvisionnement en électricité fiable et abordable et à soutenir la reprise économique du pays », quatorze ans après le début d'une guerre civile dévastatrice.

Le don financera notamment la réhabilitation de lignes de transmission à haute tension.

« Parmi les besoins urgents de reconstruction en Syrie, la réhabilitation du secteur de l’électricité est apparue comme un investissement essentiel pour améliorer les conditions de vie du peuple syrien (…), a déclaré M. Carret, « sur la voie du redressement ». 

Le conflit a gravement endommagé les infrastructures essentielles, en particulier dans le secteur de l’électricité, les coupures de courant dépassant les 20 heures par jour.

En mai, la BM avait annoncé la relance de ses programmes d'aide en Syrie après le paiement par Riyad et Doha d'un reliquat de dette du pays, d'un montant de 15,5 millions de dollars, qui était dû à l'institution.

Avec la levée des sanctions économiques occidentales, les autorités syriennes cherchent à relancer l'économie afin d'amorcer la reconstruction, dont le coût est estimé par l’ONU à plus de 400 milliards de dollars.