Retraites: La Nupes dégaine une motion de censure après l'échec de l'abrogation des 64 ans

Les députés de gauche ont fait le serment de ne jamais lâcher le combat contre la retraite à 64 ans selon l'une des responsables de la Nupes et présidente du groupe LFI Mathilde Panot (Photo d'illustration, AFP).
Les députés de gauche ont fait le serment de ne jamais lâcher le combat contre la retraite à 64 ans selon l'une des responsables de la Nupes et présidente du groupe LFI Mathilde Panot (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Vendredi 09 juin 2023

Retraites: La Nupes dégaine une motion de censure après l'échec de l'abrogation des 64 ans

  • La Nupes a riposté par une motion de censure après l'échec jeudi d'une tentative d'abrogation de la retraite à 64 ans à l'Assemblée nationale
  • Leur motion n'emballe pas le groupe Liot, dont une précédente motion avait échoué

PARIS: Dénonçant un "coup de force anti-démocratique", l'alliance de gauche Nupes a riposté par une motion de censure après l'échec jeudi d'une tentative d'abrogation de la retraite à 64 ans, qui n'a pas pu faire l'objet d'un vote à l'Assemblée nationale.

Cette proposition de loi, examinée lors d'une séance enfiévrée, avait entretenu la flamme de la contestation de la réforme des retraites, malgré sa promulgation mi-avril. Mais les oppositions n'ont pas réussi à obtenir un scrutin sur la mesure phare du texte porté par le groupe indépendant Liot.

"En responsabilité, nous avons décidé de retirer notre texte", s'est résigné le patron du groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) Bertrand Pancher, dénonçant "les attaques puissantes contre le Parlement".

"Nous n'allons pas nous ridiculiser à poursuivre le débat", a-t-il lâché, dépité, au terme de plus de deux heures d'échanges éruptifs mais sans le moindre vote. La mesure phare du texte avait été retoquée la veille par la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, au nom de son "irrecevabilité".

"Face au coup de force anti-démocratique" du camp présidentiel, l'alliance de gauche Nupes a annoncé dans la foulée le dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement Borne.

Les députés de gauche ont fait le "serment de ne jamais lâcher le combat contre la retraite à 64 ans", a ajouté la patronne du groupe LFI Mathilde Panot.

Leur motion, qui devrait être examinée par l'Assemblée en début de semaine prochaine, n'emballe pas le groupe Liot, dont une précédente motion avait échoué de peu en mars.

"Ils sont tout à fait légitimes à le faire et dans le groupe, sans doute il y aura des collègues qui la voteront et d'autres pas (...) mais moi je ne crois pas que cette motion de censure aboutira à ce stade", a estimé sur LCP le député Benjamin Saint-Huile, porte-parole de Liot.

Mise en garde des oppositions
Le groupe Rassemblement national réfléchit aussi, de son côté, au dépôt d'une telle motion. "Lorsqu'un gouvernement se permet d'attaquer à ce point le fonctionnement démocratique, il mérite la censure", selon sa cheffe Marine Le Pen.

Les oppositions ont longuement ciblé la présidente Braun-Pivet, qui a bloqué l'examen de la mesure d'abrogation, jugée inconstitutionnelle car elle crée une charge pour les finances publiques.

"De cet abaissement du Parlement ne peut ressortir que désintérêt pour nos institutions, et dans le pire des cas, colère et violence", a averti Charles de Courson (Liot).

"Vous abimez, vous écrabouillez la démocratie parlementaire", a tonné le patron des députés communistes André Chassaigne.

Mais, a rétorqué Eric Woerth dans le camp présidentiel, "le chahut constitutionnel voulu par Liot et LFI, c'est ça la véritable atteinte à la démocratie".

Depuis le perchoir, Mme Braun-Pivet, issue des rangs macronistes, s'est justifiée à plusieurs reprises: "la Constitution, rien que la Constitution, c'est mon rôle".

«Nihiliste» selon le gouvernement
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a de son côté pointé une proposition "presque nihiliste" et "vide" de Liot.

"Vous ne proposez rien d'autre que vous défausser car vous n'avez pas de projet alternatif commun", a-t-il lancé aux soutiens du texte, de la Nupes au RN en passant par certains LR.

La mesure pour un retour à l'âge légal de départ à 62 ans avait d'abord été torpillée en commission lors d'un vote serré, puis réintroduite via des amendements.

La gauche et Liot avaient bon espoir de renverser la vapeur dans l'hémicycle s'ils avaient pu faire l'objet d'un vote.

Même adoptée par l'Assemblée, la proposition d'abrogation n'aurait eu que de faibles chances d'aboutir au plan législatif, n'ont eu de cesse de faire valoir les macronistes. Tout en s'inquiétant du signal politique qu'aurait envoyé une victoire des oppositions.

Avec la fin de cette séquence parlementaire, deux jours après une 14e journée de mobilisation sociale dont la participation a été la plus faible enregistrée en cinq mois de manifestations, l'exécutif espère pouvoir tourner la page des retraites.

Seul moment de concorde jeudi : les députés ont observé une minute de silence, après l'attaque au couteau à Annecy qui a fait six blessés dont quatre enfants en bas âge.

La présidente des députés Renaissance Aurore Bergé a considéré que la "bataille de chiffonniers" dans l'hémicycle paraissait "en total décalage par rapport à l'effroi" dans le pays, s'attirant les foudres des oppositions.


LFI ne votera pas «une loi de confort» sur l'inéligibilité de Le Pen

La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité, son coordinateur Manuel Bompard estimant que Marine Le Pen n'avait plus de raison "de se plaindre" après avoir obtenu un appel rapidement. (AFP)
La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité, son coordinateur Manuel Bompard estimant que Marine Le Pen n'avait plus de raison "de se plaindre" après avoir obtenu un appel rapidement. (AFP)
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  • Jean-Luc Mélenchon avait semé le doute sur les intentions de LFI en disant son opposition aux mesures exécutoires et en estimant que "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple" après la condamnation choc de Marine Le Pen
  • La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité

PARIS: La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité, son coordinateur Manuel Bompard estimant que Marine Le Pen n'avait plus de raison "de se plaindre" après avoir obtenu un appel rapidement.

"C'est une loi de confort. Je n'ai certainement pas l'intention de voter pour une loi Marine Le Pen", a déclaré M. Bompard sur Franceinfo en allusion à la proposition de loi qu'Eric Ciotti entend déposer pour supprimer les peines d'inéligibilité immédiate, comme celle infligée à Marine Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon avait semé le doute sur les intentions de LFI en disant son opposition aux mesures exécutoires et en estimant que "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple" après la condamnation choc de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat.

"Nous avons dit +c'est une décision suffisamment lourde qui a des conséquences importantes pour la démocratie et donc on trouve légitime qu'elle puisse donner lieu à un appel, y compris du point de vue de la peine d'inéligibilité+", a expliqué M. Bompard.

"D'un certain point de vue, cette exigence est satisfaite aujourd'hui puisqu'il va y avoir un appel dans un an. Je ne comprends pas pourquoi Madame Le Pen continue à se plaindre sur ce sujet d'ailleurs", a-t-il ajouté.

Le RN est assez isolé sur ce sujet, a-t-il relevé. "La preuve, c'est quand même que le rassemblement d'hier qui devait être un élément de démonstration de force pour montrer que Madame Le Pen a eu un soutien populaire a été un gros flop", a-t-il estimé.

Selon le RN, quelque 10.000 sympathisants étaient présents place Vauban devant les Invalides mais selon une source policière ils étaient moins de 7.000 sur cette place qui était loin d'être remplie.

La contre-manifestation, appelée par LFI et les écologistes, n'a pas attiré les foules non plus.

"Ce n'est pas tout à fait la même chose pour une manifestation appelée depuis une semaine avec les bus du RN pour essayer de faire une grande démonstration de force et pour une réponse qui a été appelée en quelques jours", a-t-il répondu.

M. Bompard a donné rendez-vous au 1er mai pour "une réponse puissante avec des centaines de milliers de personnes dans la rue"


En France, un rassemblement en soutien à Marine Le Pen se tient dans un climat de tensions

Des représentants du parti, dont Franck Allisio (3eL), Emmanuel Fouquart (2eL), Romain Tonussi (5eL), tiennent une banderole lors d'un rassemblement de soutien à la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, après sa condamnation pour un système d'emplois fictifs au Parlement européen, à Marseille, le 5 avril 2025. (Photo Clement MAHOUDEAU / AFP)
Des représentants du parti, dont Franck Allisio (3eL), Emmanuel Fouquart (2eL), Romain Tonussi (5eL), tiennent une banderole lors d'un rassemblement de soutien à la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, après sa condamnation pour un système d'emplois fictifs au Parlement européen, à Marseille, le 5 avril 2025. (Photo Clement MAHOUDEAU / AFP)
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PARIS : Alors que la France s'approche à grands pas de l'élection présidentielle, l'extrême droite organise dimanche à Paris un rassemblement de soutien à sa cheffe de file, Marine Le Pen, condamnée à une peine d'inéligibilité, dans un climat de tensions avec des contre-manifestations attendues dans la capitale.

Dans un contexte international marqué par des crises - conflit russo-ukrainien, Proche-Orient, guerre commerciale lancée par Donald Trump -, et une crise politique latente en France, le pays a subi la semaine dernière une très forte secousse judiciaire et politique.

La lourde condamnation en première instance du premier parti de France, le Rassemblement national (RN), dans l'affaire des assistants parlementaires européens pour détournement de fonds publics, et l'hypothèse sérieuse de l'inéligibilité de Marine Le Pen, l'une des favorites pour la prochaine présidentielle, ont mis la classe politique en tension, alors que nous approchons de l'échéance prévue pour la succession d'Emmanuel Macron. 

D'ici là, à l'été 2026, la cour d'appel de Paris doit se prononcer sur le sort de la triple candidate à l'élection présidentielle, condamnée en première instance à quatre ans de prison dont deux ferme, ainsi qu'à cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire.

La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale ne compte pas pour autant renoncer d'emblée et passer le flambeau au président de son parti, Jordan Bardella.

Au contraire, le parti d'extrême droite est à l'offensive : il a dénoncé des « juges tyrans » à l'Assemblée nationale selon les mots du député RN Jean-Philippe Tanguy et appelle à un rassemblement de soutien à Mme Le Pen devant les Invalides, un monument emblématique de Paris qui abrite le tombeau de Napoléon, à 13 heures GMT. 

Dans le journal Le Parisien, le Premier ministre centriste François Bayrou a jugé qu'il n'était « ni sain ni souhaitable » d'organiser un rassemblement pour protester contre une décision de justice.

Même son de cloche à droite : Xavier Bertrand, le président de droite de la région des Hauts-de-France, terre d'élection de Mme Le Pen, redoute la perspective d'un « mauvais remake du Capitole », en référence à l'envahissement du Congrès de Washington par les partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021.

« Ce n'est pas une manifestation contre des juges, mais pour la démocratie, pour Marine Le Pen, pour la souveraineté populaire », a rétorqué Sébastien Chenu, vice-président du RN.

Le parti de gauche radicale La France Insoumise (LFI) ainsi que les écologistes organiseront au même moment un contre-rassemblement face au RN, place de la République à Paris, à environ 5 kilomètres des Invalides.

Un autre meeting, prévu depuis des mois, se tiendra à Saint-Denis, au nord de Paris, à l'appel de Renaissance, le parti centriste proche du camp présidentiel.

Gabriel Attal, l'ancien jeune Premier ministre qui dirige cette formation, a battu le rappel après l'annonce du rassemblement du RN, pour défendre « l’État de droit », « la démocratie et nos valeurs ».

« Est-ce que l'on veut que la France devienne l'Amérique de Trump ou pas ? », s'est interrogé un proche de M. Attal.


Droits de douane : le gouvernement prépare le public à des choix budgétaires difficiles

François Bayrou, Premier ministre français
François Bayrou, Premier ministre français
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  • La hausse des droits de douane décidée par Donald Trump pourrait avoir des conséquences importantes sur les finances publiques françaises.
  • François Bayrou précise qu'il partagera avec les Français le 15 avril « le cadre général » des choix à faire pour le budget de 2026.

PARIS : La hausse des droits de douane décidée par Donald Trump pourrait avoir des conséquences importantes sur les finances publiques françaises : le Premier ministre a prévenu samedi qu'elle pourrait coûter « plus de 0,5 % du PIB », tandis que Bercy va réunir un premier « Conseil des entreprises » pour préparer sa réponse.

Avec la hausse brutale des droits de douane décidée par le président américain, « le risque de pertes d’emplois est absolument majeur, comme celui d’un ralentissement économique, d’un arrêt des investissements », a jugé le Premier ministre dans un entretien au journal Le Parisien dimanche.

« La déstabilisation qu’il a provoquée fragilisera l'économie mondiale pour longtemps », ajoute le chef du gouvernement, dont la volonté est « de tenir l’objectif du retour aux 3 % de déficit public en 2029. Mais la crise peut tout changer », admet-il. 

François Bayrou précise qu'il partagera avec les Français le 15 avril « le cadre général » des choix à faire pour le budget de 2026.

« Il faut que les Français soient associés à deux nécessités : trouver les moyens de notre indépendance, de notre sécurité, de notre défense, mais aussi de notre capacité de production. Ensuite, il explique, par la nécessité de sortir de la malédiction de la dette.

« Ces choix ne seront pas faits sans eux », poursuit le chef du gouvernement, qui affirme qu'il partagera « avec eux toutes les données des choix que nous avons à faire » et qu'ils « connaîtront tout de la situation ».  

Le président américain Donald Trump a signé un décret généralisant des droits de douane de 10% minimum sur toutes les importations arrivant aux États-Unis et de 20% pour les produits arrivant de l'UE.

"Dans ces temps difficiles, nous devons faire équipe avec nos entreprises. C'est pourquoi je vais réunir un +Conseil des entreprises + – une instance de dialogue régulier avec les représentants du  Medef, de la  CPME, de l’U2P, du Meti et de l’Afep. L’idée, c’est de structurer notre travail sur tout sujet, national ou international, ayant un impact sur notre économie", a détaillé Eric Lombard.

"Les entreprises ont besoin d’écoute, de visibilité, d’être accompagnées et de prendre part aux décisions", selon lui.