Hijab dans le foot: le Conseil d'Etat rend sa décision, sous haute surveillance politique

Des femmes se désignant comme les "Hijabeuse" jouent au football dans le jardin du Luxembourg, face au Sénat français, à Paris, le 26 janvier 2022, en signe de protestation après que les sénateurs ont voté la semaine passée en faveur de l'interdiction du port de symboles religieux lors de manifestations et de compétitions organisées par les fédérations sportives. (Photo, AFP)
Des femmes se désignant comme les "Hijabeuse" jouent au football dans le jardin du Luxembourg, face au Sénat français, à Paris, le 26 janvier 2022, en signe de protestation après que les sénateurs ont voté la semaine passée en faveur de l'interdiction du port de symboles religieux lors de manifestations et de compétitions organisées par les fédérations sportives. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 29 juin 2023

Hijab dans le foot: le Conseil d'Etat rend sa décision, sous haute surveillance politique

  • Ce collectif conteste devant la justice administrative l'article 1 du règlement de la FFF, qui prohibe depuis 2016 «tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale»
  • Lors de l'audience, lundi, le rapporteur public, qui dit le droit et dont l'avis est généralement suivi, a proposé l'annulation de cet article 1, demandant à ce que la Fédération modifie son règlement

PARIS: Une décision sous haute surveillance politique: le Conseil d'Etat doit dire jeudi s'il autorise le port du hijab dans le football féminin, une perspective qui a déjà déclenché une avalanche de réactions et de critiques, et l'assurance du gouvernement d'être "mobilisé" pour la laïcité.

La plus haute juridiction administrative se prononce trois jours après l'examen d'un recours du collectif de femmes musulmanes "Les Hijabeuses" contre la Fédération française de football (FFF), qui leur interdit de jouer voilées lors des compétitions.

Ce collectif conteste devant la justice administrative l'article 1 du règlement de la FFF, qui prohibe depuis 2016 "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale".

Lors de l'audience, lundi, le rapporteur public, qui dit le droit et dont l'avis est généralement suivi, a proposé l'annulation de cet article 1, demandant à ce que la Fédération modifie son règlement.

Il n'y a ni "prosélytisme", ni "provocation" dans le seul port du hijab, et aucune "exigence de neutralité" pour les joueuses licenciées de la FFF, a-t-il estimé, émettant toutefois un bémol pour les joueuses de l'équipe de France, qui représentent "la Nation" et effectuent "une mission de service public".

Le rapporteur public a insisté sur la "distinction fondamentale" entre agents du service public, auxquels le principe de "neutralité" s'applique, et les usagers, "libres" de manifester leurs convictions tant qu'ils ne troublent pas l'ordre public.

Le sujet est "important", et la décision du Conseil d'Etat sera suivie de près, avait-il également lancé, mettant en garde contre le "risque" que certains tentent par la suite d'"étendre" l'interdiction du voile à d'autres espaces publics.

Appels à légiférer

La préconisation du rapporteur public a déclenché une vague de commentaires politiques.

Gérald Darmanin a été le premier à dégainer mardi, se disant "très opposé" à ce que le port du hijab soit autorisé pendant les matches de foot. "Le Conseil d'État est une instance extrêmement sage. J'espère profondément pour la République qu'ils garderont la neutralité sur les terrains de sport", a appuyé le ministre de l'Intérieur.

La droite et l'extrême droite de l'échiquier politique ont appelé de leur côté le gouvernement à légiférer pour interdire les signes religieux dans le sport.

"Le hijab dans le sport, c'est non ! Et nous ferons une loi pour faire respecter ça", a tweeté la cheffe des députés RN à l'Assemblée, Marine Le Pen.

Le président de LR, Éric Ciotti, a annoncé le dépôt d'une proposition de loi si le Conseil d'État devait aller dans le sens du rapporteur public.

Le gouvernement est "pleinement mobilisé" pour le "respect strict de nos principes républicains dans le sport", avait sobrement déclaré la Première ministre Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale mardi.

La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, est elle allée un peu plus loin. "Nous n'excluons rien", y compris une "évolution du droit", a-t-elle déclaré. "On voit qu'il y a un besoin de clarification".

Dans une rare mise au point mercredi, à la veille de sa décision, le Conseil d'Etat a dénoncé "avec la plus grande fermeté les attaques ayant visé la juridiction administrative et tout particulièrement le rapporteur public".

Le rôle de ce dernier "est d'exposer publiquement, et en toute indépendance, son analyse des questions soulevées par l'affaire examinée, et de proposer une solution juridique, afin d'éclairer la formation de jugement, qui seule statue sur le litige", a rappelé la haute juridiction dans un communiqué.

"Mettre en cause le fonctionnement" de la justice administrative, "c'est attenter à une institution essentielle pour la démocratie", a également souligné le Conseil d'Etat, qui en conséquence "se réserve le droit d'engager des poursuites en cas d'injure, de diffamation, d'incitation à la haine, ou de menace".


La canicule s'étend dans le sud de l'Europe

Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025.  (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
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  • L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.
  • Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

MARSEILLE, FRANCE : L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.

Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

En France, dimanche et lundi, le mercure devrait atteindre au moins 35 °C sur les deux tiers du pays, ce qui promet des nuits « très désagréables » durant lesquelles le thermomètre ne devrait pas descendre en dessous de 20 degrés, selon Tristan Amm, prévisionniste chez Météo-France.

Le phénomène touche le sud du pays pour la deuxième journée consécutive samedi, avant de s'étendre vers le nord, entraînant notamment des risques d'incendies multipliés. Il devrait durer au moins jusqu'à mardi.

Météo-France s'attend à ce que les températures atteignent 34 à 38 °C samedi après-midi sur les départements concernés par la vigilance orange, et qu'elles approchent « ponctuellement les 40 °C près de la Méditerranée ».

En France, ce pic est dû à un « dôme de chaleur », un anticyclone puissant qui forme une couvercle bloquant l'air en basses couches et le réchauffant progressivement, empêchant ainsi l'entrée de perturbations.

À Marseille (sud), la mairie a annoncé que les piscines municipales seraient gratuites et a publié une cartographie des lieux publics disposant de la climatisation.

La ville de Nice (sud) assure pour sa part que près de 250 ventilateurs portables « ont été livrés ces deux dernières semaines » aux écoles et qu'une distribution de ventilateurs aux personnes âgées isolées a été mise en place.

En Italie, 17 villes sont placées en alerte rouge (niveau 3) samedi, aussi bien dans le nord, comme à Milan, Bologne et Turin, que dans le sud, notamment à Naples et Palerme, avec des pics de température attendus à 39 °C. 

La vague de chaleur frappera encore plus fort dimanche, 21 villes étant placées en alerte rouge.

Certaines régions, comme la Ligurie et la Sicile, ont émis des arrêtés interdisant le travail en extérieur pendant les heures les plus chaudes de la journée et les syndicats se mobilisent pour étendre cette mesure à d’autres régions.

Selon l'agence Ansa, la chaleur a provoqué une augmentation du nombre d'appels aux secours au cours de la dernière semaine.

À Rome, le thermomètre affichait déjà 30 °C à 10 h 00 (8 h 00 GMT) et les températures devraient atteindre 37 °C, selon les prévisions.

Samedi, les nombreux touristes visitant la Cité éternelle tentaient tant bien que mal de se protéger de la chaleur, avec chapeaux, masques et crème solaire ou en se désaltérant dans l'une des fontaines publiques.

« J'essaie de ne pas y penser, mais je bois beaucoup d'eau et je ne reste jamais immobile, car c'est à ce moment-là qu'on attrape une insolation », a confié vendredi à l'AFPTV Siane Minà, étudiante italienne, à l’AFPTV. 

En Espagne, plusieurs régions sont en alerte orange samedi en raison de la première vague de chaleur de l'été, qui pourrait atteindre 42 °C dans certaines zones, selon l'Agence météorologique de l'État espagnol (Aemet).

Le pic de l'épisode est attendu pour dimanche et, avec une marge d'erreur plus importante, pour lundi, lorsque les thermomètres pourraient dépasser les 40 °C dans le sud-ouest du pays et dans certaines zones du nord-est.

« On s'attend à ce que les températures dépassent 42 °C dans la zone du Guadalquivir, du Guadiana et du Tage, sans exclure l'Èbre », a indiqué l'Aemet.

La forte sensation de chaleur contribue également au fait que les eaux maritimes de la péninsule et des îles Baléares dépassent les 26 °C : un chiffre record pour ces dates, typique de la mi-août, a souligné l'Aemet sur X.

Les trois dernières années ont déjà été les plus chaudes de l'histoire de l'Espagne.

Au Portugal, les deux tiers du pays seront en alerte orange dimanche, avec des températures de 42 °C prévues à Lisbonne et un risque maximal d'incendie.


Le Pen exhorte ses troupes à se préparer à tout, y compris à une dissolution

French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
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  • « Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale »
  • La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central »

PARIS : « Ne procrastinez pas ! » : Marine Le Pen a appelé samedi les parlementaires RN à se préparer aux prochaines batailles électorales, y compris à la possibilité d'une dissolution de l'Assemblée nationale en réponse à « l'affaissement parlementaire » du gouvernement.

« Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale », réunissant des parlementaires nationaux et européens de l'alliance RN-UDR, presque un an jour pour jour après le premier tour des dernières élections législatives.

La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central » réunissant les groupes de l'ancienne majorité (Renaissance-MoDem-UDR) et LR, qui « ne semble plus obéir à aucune direction » selon elle.

Eric Ciotti, patron de l'UDR, a lui lancé un appel aux électeurs et aux militants de son ancien parti LR : « Rejoignez-nous, l'espoir est là, le courage est là ». 

Brandissant « l'affaissement parlementaire » du binôme exécutif Emmanuel Macron-François Bayrou, la présidente du Rassemblement national a estimé que « le bloc central (...) ne pouvait pas laisser ce phénomène de délitement se prolonger indéfiniment ».

« Alors Emmanuel Macron peut être tenté de dissoudre », a ajouté Mme Le Pen, qui ne pourrait pas concourir aux législatives en attendant son procès en appel dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN.

À l'approche de la date du 8 juillet, à laquelle Emmanuel Macron récupérera son pouvoir de dissolution, elle a évoqué une « possibilité, pas une probabilité », ajoutant que « l'histoire ne repassera pas les plats : s'il y a une dissolution, nous devons l'emporter ».

« Nous sommes tous d'accord pour dire que ce gouvernement ne restera pas en place très longtemps, car il est frappé du sceau de l'impuissance », a ajouté Jordan Bardella, président du RN, avant l'ouverture de cette convention, à la fois anniversaire de l'alliance RN-UDR et journée de conférences avec des invités.

Selon une source au sein du groupe, les parlementaires devraient échanger notamment avec André Merlin, ingénieur et industriel, ancien patron de RTE, François Ecalle, haut fonctionnaire à Bercy spécialiste des finances publiques, ou encore le haut fonctionnaire Christophe Eoche-Duval, sur le thème de la simplification.


La France interdit de fumer sur les plages, dans les parcs et dans les abribus

Cette photographie montre un paquet de cigarettes sur une plage à Saint-Nic, dans l'ouest de la France, le 24 juin 2025. À partir du 1er juillet 2025. (Photo de Fred TANNEAU / AFP)
Cette photographie montre un paquet de cigarettes sur une plage à Saint-Nic, dans l'ouest de la France, le 24 juin 2025. À partir du 1er juillet 2025. (Photo de Fred TANNEAU / AFP)
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  • Cette interdiction, qui vise principalement à protéger les enfants du tabagisme passif, ne concerne pas les terrasses des cafés, des restaurants et des autres établissements similaires, et ne mentionne pas les cigarettes électroniques, selon ce texte.
  • Cette mesure avait été promise par le gouvernement à la fin de l'année 2023, puis confirmée par Catherine Vautrin fin mai, pour une entrée en vigueur initialement fixée au 1er juillet dans toute la France.

PARIS : Le décret étendant l'interdiction de fumer aux abribus, parcs et jardins publics, plages ainsi qu'aux abords des bibliothèques, piscines ou écoles a été publié samedi matin au Journal officiel, avec application dès dimanche.

Cette interdiction, qui vise principalement à protéger les enfants du tabagisme passif, ne concerne pas les terrasses des cafés, des restaurants et des autres établissements similaires, et ne mentionne pas les cigarettes électroniques, selon ce texte.

Un arrêté du ministre chargé de la Santé doit encore être publié pour définir les périmètres précis où il ne sera plus possible de fumer aux abords des écoles, bibliothèques, équipements sportifs et établissements destinés à l'accueil, à la formation ou à l'hébergement des mineurs. 

Cette mesure avait été promise par le gouvernement à la fin de l'année 2023, puis confirmée par Catherine Vautrin fin mai, pour une entrée en vigueur initialement fixée au 1er juillet dans toute la France.

Le non-respect de cette interdiction pourrait à terme être sanctionné par une contravention de quatrième classe, soit 135 euros, mais le ministère de la Santé avait évoqué fin mai devant la presse une période de « pédagogie ». Le décret paru samedi matin n'évoque toutefois pas de contravention en cas d'infraction.

« Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître », a déclaré fin mai Catherine Vautrin, plaidant que la liberté de fumer « s'arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air pur ».

L'élargissement des espaces sans tabac faisait partie des mesures prévues par le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027, présenté par Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé, avec l'ambition de « relever le défi d'une génération débarrassée du tabac dès 2032 ». 

Désireuses d'agir, 1 600 communes volontaires ont déjà élargi l'interdiction de fumer dans les lieux publics à des parcs, plages, pistes de ski, abords d'écoles, etc., soit 7 000 espaces sans tabac, dans le cadre d'expérimentations locales accompagnées par la Ligue contre le cancer.

Le décret paru samedi renforce par ailleurs les sanctions en cas de vente de produits du tabac et du vapotage aux mineurs, qui constitue désormais une contravention de cinquième classe (200 euros).