Bolsonaro parti, Lula de retour, la France et le Brésil renouent

La ministre française de l'Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Brasilia, le 8 février 2023 (Photo, AFP).
La ministre française de l'Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Brasilia, le 8 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 09 février 2023

Bolsonaro parti, Lula de retour, la France et le Brésil renouent

  • La cheffe de la diplomatie française a eu un entretien avec le président de gauche Lula
  • Bolsonaro et deux de ses ministres avaient insulté Emmanuel Macron et son épouse Brigitte

BRASILIA: Jair Bolsonaro parti, Lula de retour, la France et le Brésil se sont félicités de leurs retrouvailles mercredi à la faveur de la visite à Brasilia de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna.

La cheffe de la diplomatie française a eu un entretien avec le président de gauche Lula qui a ensuite, dans plusieurs tweets, évoqué "le renforcement des liens et du partenariat entre le Brésil et la France dans la culture, l'économie et la défense".

Mme Colonna avait auparavant rencontré son homologue Mauro Vieira. Elle est le premier responsable de ce niveau à être reçue au Brésil depuis 2019, année où les relations politiques avec le président d'extrême droite Jair Bolsonaro avait connu une crise aiguë dont elles ne se sont pas remises sous son mandat, achevé en décembre.

Exaspéré par les critiques sur les gigantesques incendies en Amazonie, Bolsonaro et deux de ses ministres avaient insulté Emmanuel Macron et son épouse Brigitte en août 2019, après avoir annulé un mois plus tôt une rencontre avec le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, préférant aller... chez le coiffeur.

S'exprimant lors d'une conférence de presse avec Mme Colonna, M. Vieira a assuré que le gouvernement Lula, en fonction depuis le 1er janvier, souhaitait "tourner la page des dernières années" (2019-2022), pour "remettre (les)relations au niveau le plus élevé".

Cette visite "marque le début d'une relance de ce partenariat politique particulier qui nous lie au Brésil depuis 15 ans (...), auquel nous allons donner une nouvelle ambition", a déclaré elle aussi Mme Colonna.

Son déplacement prépare une visite du président Macron au Brésil. Elle pourrait avoir lieu à l'occasion d'un Sommet sur l'Amazonie que Brasilia souhaite organiser d'ici à la fin du premier semestre, ont révélé les deux ministres.

"Le président Macron est désireux de venir, il nous reste à trouver la date et l'occasion", a dit Mme Colonna. Lula a annoncé sur Twitter avoir été invité à se rendre en France.

Les deux ministres ont convergé sur de nombreux sujets, notamment l'environnement, avec la question cruciale de la préservation de la forêt amazonienne, la sécurité, la lutte pour la démocratie et contre la désinformation.

Divergence sur l'Ukraine
Une divergence notable toutefois: l'Ukraine, Mme Colonna rappelant la "responsabilité de la Russie" en tant qu'"agresseur". Avant son élection, Luiz Inacio Lula da Silva s'était attiré des critiques en affirmant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était "autant responsable" du conflit que Vladimir Poutine.

"C'est la Russie qui a choisi de déclencher la guerre. On ne peut pas mettre les deux pays sur un pied d’égalité. Je suis persuadée que le Brésil aura à cœur de rappeler les faits, les responsabilités", a insisté la ministre française.

Mme Colonna a aussi rencontré la ministre de l'Environnement, Marina Silva, égérie de l'écologie au Brésil.

L'occasion d'afficher une "communauté d'ambition" sur l'action environnementale, un virage à 180 degrés après les années Bolsonaro marquées par une forte progression de la déforestation.

"Le réengagement du Brésil et notamment son objectif zéro déforestation en 2030 est une opportunité majeure pour avancer sur la protection de l'Amazonie", a tweeté Mme Colonna à l'issue de sa rencontre avec Mme Silva, illustrant son message d'une photo d'une franche accolade entre les deux femmes.

Le gouvernement Lula a déjà pris les choses en main en Amazonie, livrant la chasse à des milliers d'orpailleurs illégaux qui fuient actuellement les terres des indigènes yanomami.

Premier employeur étranger au Brésil
La cheffe de la diplomatie française a également exprimé l'appui de Paris à une entrée du Brésil dans l'OCDE, dossier bloqué sous Bolsonaro en raison des atteintes à l'environnement.

Autre dossier au point mort pour les mêmes raisons: la ratification de l'accord de libre-échange de 2019 entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).

"Nous y tenons (à cet accord). Nous sommes plus confiants désormais dans la capacité du Brésil d'accepter dans un futur accord le respect des principes sociaux et environnementaux", a dit Mme Colonna.

Mais "il y a encore beaucoup de travail technique à faire et nous attendons les propositions de la Commission européenne", a-t-elle ajouté, alors que M. Vieira avait souhaité voir l'accord ratifié avant la fin du premier semestre.

Mme Colonna est attendue jeudi à Sao Paulo, où elle rencontrera le gouverneur de cet Etat riche et peuplé du sud-est, moteur de l'économie brésilienne.

La France est le troisième investisseur étranger au Brésil, avec 32 milliards de dollars. C'est aussi le premier employeur étranger avec 500.000 salariés brésiliens dans 1.100 entreprises françaises.

La ministre doit également visiter un centre d'accueil de femmes, noires en majorité, victimes de violences, un fléau au Brésil.


Emeutes en Nouvelle-Calédonie: Macron convoque une réunion de crise

Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
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  • Les dirigeants des Républicains ont demandé que le Conseil des ministres instaure mercredi l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie pour mettre fin aux émeutes
  • Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie

PARIS: Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie, qui a fait deux morts et des centaines de blessés, ont annoncé ses services.


La mairie de Paris demande au préfet d'interdire les maraudes d'ultradroite «  discriminatoires  »

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
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  • Le reportage donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités
  • Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri

PARIS: Deux adjoints de la maire de Paris Anne Hidalgo ont demandé mardi au préfet de police Laurent Nunez d'interdire les maraudes "discriminatoires" dans la capitale, menées par des groupes d'ultradroite aux propos "ouvertement racistes", après un reportage de BFMTV.

Le reportage en question donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités, dans un courrier transmis à l'AFP.

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri.

"On ne donne qu'aux Blancs", dit ainsi une jeune femme. "Les noirs évidemment et les arabes, on ne leur donne pas."

Des propos "extrêmement choquants, ouvertement racistes et discriminatoires" pour les deux adjoints, "qui sont de nature, selon nous, à relever d'une qualification pénale et salissent en tout état de cause l'image de notre ville, tout en étant susceptibles de troubler l'ordre public".

Les deux élus de gauche rappellent qu'en 2007, le Conseil d'Etat avait interdit la distribution des "soupes au cochon", une "façon détournée des extrémistes de droite d'exclure les musulmans".

Le groupuscule suivi par BFMTV "va plus loin en revendiquant son racisme et justifiant ces pratiques discriminatoires", s'alarment-ils.

Les élus de la municipalité demandent à Laurent Nunez et au ministre de l'Intérieur de "prendre les mesures d'interdiction de ce genre de distributions alimentaires qui sont plus sûrement des opérations de promotion de la haine que de solidarité".

Samedi, plusieurs centaines de militants d'ultradroite ont défilé à Paris. La préfecture de police de Paris avait pourtant interdit cette manifestation annuelle en arguant d'un risque de troubles à l'ordre public, mais le tribunal administratif de Paris a suspendu cette mesure.


Nouvelle-Calédonie: un mort lors d'une nouvelle nuit d'émeutes, lés députés votent la révision constitutionnelle

Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville. (AFP).
Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville. (AFP).
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  • Plusieurs bâtiments publics de Nouméa ont brûlé dans la nuit, a constaté un correspondant de l'AFP
  • Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville

NOUMEA: Une personne a été tuée par balle dans la nuit de mardi à mercredi lors d'une deuxième nuit consécutive d'émeutes en Nouvelle-Calédonie, alors que les députés votaient à Paris la révision constitutionnelle du corps électoral à l'origine de la colère du camp indépendantiste.

Selon le représentant de l'Etat dans l'archipel français du Pacifique Sud, cette personne, touchée par des tirs avec deux autres personnes, est décédée des suites de ses blessures à l'hôpital de Nouméa.

Le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a précisé devant la presse que la victime n'avait pas été victime "d'un tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu'un qui a certainement voulu se défendre".

Malgré le couvre-feu mis en place dans la principale ville du territoire dès 18h00 locales mardi (9h00 à Paris), les graves violences qui ont débuté lundi dans l'archipel ont repris dès la nuit tombée, marquée par de nombreux incendies, pillages et  échanges de tirs, y compris contre les forces de l'ordre.

Plusieurs bâtiments publics de Nouméa ont brûlé dans la nuit, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville.

"On est dans une situation que je qualifierais d'insurrectionnelle", a déploré M. Le Franc, "L'heure doit être à l'apaisement (...) l'appel au calme est impératif", a-t-il insisté. "Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armés".