Consultations de Saint-Denis: Macron écrit aux chefs de parti

Emmanuel Macron va adresser "dans les prochaines heures" aux chefs de partis une lettre résumant les échanges qu'ils ont eus à Saint-Denis (Photo d'illustration, AFP).
Emmanuel Macron va adresser "dans les prochaines heures" aux chefs de partis une lettre résumant les échanges qu'ils ont eus à Saint-Denis (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Jeudi 07 septembre 2023

Consultations de Saint-Denis: Macron écrit aux chefs de parti

  • Ce courrier «veut résumer fidèlement» la rencontre du 30 août, a expliqué mercredi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran
  • Si aucune date n'est avancée dans l'immédiat pour une prochaine réunion, le chef de l'Etat l'«appelle de ses voeux»

PARIS: "Battre le fer pendant qu'il est encore chaud" : Emmanuel Macron va adresser "dans les prochaines heures" aux chefs de partis une lettre résumant les échanges qu'ils ont eus à Saint-Denis afin de tenter d'avancer dans la recherche de compromis, avec une possible conférence sociale dès octobre.

Ce courrier "veut résumer fidèlement" la rencontre du 30 août, a expliqué mercredi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran à l'issue d'un séminaire gouvernemental de rentrée. Les forces politiques pourront "proposer des mesures de correction avant d'envisager de prochaines rencontres".

La lettre n'était pas parvenue mercredi soir dans les QG des partis sondés par l'AFP et l'Elysée n'a pas fourni plus de précisions sur les modalités de l'envoi.

Si aucune date n'est avancée dans l'immédiat pour une prochaine réunion, le chef de l'Etat l'"appelle de ses voeux", a assuré Olivier Véran. "Il est extrêmement motivé pour avancer", "bâtir le consensus le plus large possible avec beaucoup d'audace".

"Je reviendrai à une condition: s’il y a un ordre du jour qui soit strict", a réagi le patron des socialistes Olivier Faure sur franceinfo.

"Si c’est simplement pour faire le café du commerce, je peux le faire ailleurs, je n’ai pas besoin de participer à une mise en scène inutile", a-t-il raillé, assurant n'avoir "toujours pas compris" l'objectif poursuivi par le chef de l'État.

En attendant, la conférence sociale sur les salaires "au-dessous du SMIC" et sur les "conditions de travail", convenue durant la réunion de Saint-Denis, pourrait se tenir dès octobre. Elle doit porter principalement sur les branches professionnelles qui ont, pour près de la moitié d'entre elles, des minima salariaux inférieurs au Smic.

Le président, jamais avare de nouveaux formats de consultation, a réuni les chefs des partis afin de tenter de surmonter les blocages à l'Assemblée, en l'absence de majorité absolue.

Il s'agit d'"améliorer la cohérence de la Nation" après les émeutes et de "renforcer les mécanismes démocratiques" face à une défiance croissante envers la politique, a expliqué Olivier Véran.

Epée de Damoclès
Une démarche qui pourrait notamment passer par le recours au référendum, un "travail sur la décentralisation". Avec quatre priorités:éducation, santé, planification écologique et "ordre républicain".

Le séminaire gouvernemental, qui s'est tenu dans la foulée du Conseil des ministres, a aussi été l'occasion de dérouler la feuille de route de la majorité présidentielle pour l'automne.

Avec en ligne de mire une possible motion de censure contre le gouvernement d'Elisabeth Borne lors du vote sur le projet de loi de Finances 2024 à l'Assemblée.

Une épée de Damoclès qui pourrait bouleverser le cours d'un quinquennat déjà largement contrarié pour Emmanuel Macron, avec à la clé un risque de dissolution de l'Assemblée.

La feuille de route de la planification écologique, plusieurs fois reportée, sera présentée par Elisabeth Borne "dans la semaine du 18 septembre", a annoncé Olivier Véran.

Elle la présentera aux forces politiques dans la foulée des consultations de Saint-Denis, mais le président restera en première ligne, a précisé l'Elysée.

Enfin, le très controversé projet de loi immigration pourrait être débattu "début novembre au Sénat".

«Long cours»
Autre rendez-vous de cette rentrée politique tous azimuts pour le chef de l'Etat, il présidera jeudi matin à l'Elysée la troisième édition plénière du Conseil national de la refondation (CNR), notamment consacrée à l'éducation.

Mais cet outil macronien - destiné à "bâtir des consensus" en réunissant forces politiques, partenaires sociaux, représentants des entreprises et associations - sera de nouveau boycotté par les oppositions et une partie des syndicats, dont la CGT, Force ouvrière et CFE-CGC.

Méconnu des citoyens, le CNR peine à s'ancrer dans le paysage politique, au point de susciter des interrogations sur son avenir.

"Ce n’est pas la fin du CNR", assure pourtant l'Elysée. "Arrêtons d’être dans ce rythme un peu effréné où on cherche à enterrer les choses trois ou six mois après", s'agace le palais présidentiel.

"Le CNR continue au niveau territorial", où les résultats sont jugés plus probants car moins exposés à "l'instrumentalisation" politiques, poursuit-on, laissant ainsi entendre qu'il pourrait cesser dans son format plénier.

Selon l'Elysée, plus de 19.000 établissements scolaires se sont déjà engagés dans la démarche et plus de 450 réunions CNR santé se sont tenues, dont 239 projets territoriaux labellisés et financés.

En marge du CNR, le chef de l'Etat doit s'entretenir avec la secrétaire général de la CFDT Marylise Léon et avec le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.


Un homme armé tentant de mettre le feu à une synagogue à Rouen tué par la police

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
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  • Les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", a indiqué une source policière
  • "L'homme était armé d'un couteau et d'une barre de fer, il s'est approché des policiers qui ont tiré, l'individu est décédé", a précisé à l'AFP une source proche du dossier

PARIS: Un homme armé qui tentait vendredi matin de mettre le feu à une synagogue à Rouen, dans le nord-ouest de la France, a été tué par la police, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", a indiqué une source policière.

"L'homme était armé d'un couteau et d'une barre de fer, il s'est approché des policiers qui ont tiré, l'individu est décédé", a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X.


Des Français musulmans s'exilent à l'étranger, fuyant la « morosité ambiante »

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
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  • Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ
  • Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre

PARIS: Après avoir échoué à 50 entretiens d'embauche pour un job de consultant, en dépit de ses qualifications et diplômes, Adam, Français de confession musulmane, a fait ses valises pour commencer une nouvelle vie à Dubaï.

"Je me sens beaucoup mieux ici qu'en France", estime désormais ce trentenaire d'origine nord-africaine.

"Ici on est tous égaux. On peut avoir comme patron une personne indienne, une personne arabe, un Français", témoigne-t-il à l'AFP, ajoutant que sa religion est "plus acceptée".

Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ dans des villes telles que Londres, New York, Montréal ou Dubaï.

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes".

En France, "vous devez faire deux fois plus d'efforts quand vous venez de certaines minorités", reprend Adam, qui ne donne pas son nom de famille, comme tous ceux interrogés par l'AFP.

Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre.

'Plafond de verre'

La France, ancienne puissance coloniale et pays d'immigration, compte une importante population d'origine maghrébine et africaine.

Les enfants d'immigrés venus chercher une vie meilleure ou appelés à constituer une main d'oeuvre bon marché dans les années 60 sont Français. Mais nombre d'entre eux se sentent étrangers dans leur propre pays, considérés comme des "citoyens de seconde zone". En particulier depuis les attentats jihadistes de 2015 en France.

"Le climat en France s’est largement dégradé. En tant que musulman on est pointé du doigt", estime sous couvert de l'anonymat un banquier franco-algérien de trente ans, qui s'apprête à quitter son pays en juin, direction Dubaï.

Il évoque notamment certaines chaînes d'info et éditorialistes assimilant tous les musulmans à des extrémistes religieux ou des fauteurs de troubles.

Ce fils d'une femme de ménage algérienne, titulaire de deux masters, estime en outre s'être heurté à un "plafond de verre" dans son parcours professionnel en France.

En France, les statistiques ethniques et religieuses sont interdites. Mais de nombreuses enquêtes documentent depuis des années les discriminations frappant les personnes d'origine immigrée dans la recherche d'emploi, de logement, les contrôles policiers...

Un candidat au nom français a près de 50% de chances supplémentaires d’être rappelé par un employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin, rappelle ainsi l'Observatoire des inégalités dans son rapport 2023.

'Morosité'

Le rapport très particulier de la France à la laïcité, les polémiques récurrentes sur le voile musulman, provoquent aussi le malaise chez certains.

"Il y a une vraie spécificité française sur cette question. Dans notre pays, une femme qui porte le voile est reléguée à la marge de la société et il lui est notamment très difficile de trouver un emploi. Des femmes portant le hidjab qui veulent travailler sont donc assez logiquement amenées à quitter la France", explique Olivier Esteves, l'un des auteurs de l'étude, au Monde.

"On étouffe en France", raconte à l'AFP un Français de 33 ans d'origine marocaine, qui s'apprête à émigrer en Asie du sud-est avec sa femme enceinte, "pour vivre dans une société plus apaisée et où les communautés savent vivre ensemble".

Cet employé dans la tech veut fuir "la morosité ambiante" et les "humiliations" du quotidien liées à son patronyme et ses origines.

"On me demande encore aujourd’hui ce que je fais dans ma résidence", où il vit depuis plusieurs années. "Et c’est pareil pour ma mère quand elle me visite. Mais ma femme qui est blanche de peau n’a jamais eu cette question", raconte-t-il.

"Cette humiliation constante est d’autant plus frustrante que je contribue net à cette société en faisant partie des hauts revenus qui paient plein pot", s'insurge-t-il.

Paradoxalement, la société française est pourtant "plus ouverte qu'il y a vingt ans" et "le racisme recule", souligne le dernier rapport annuel de l'Observatoire des inégalités, notant que 60% des Français déclarent n'être "pas du tout racistes", soit deux fois plus qu'il y a 20 ans.

Et la part de ceux qui pensent qu’il y a des "races supérieures à d’autres" a été divisée par trois, de 14% à 5%.


Les députés érigent l'agriculture en « intérêt général majeur »

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  • "La protection, la valorisation et le développement de l'agriculture et de la pêche sont d'intérêt général majeur en tant qu'ils garantissent la souveraineté agricole et alimentaire de la Nation, qui contribue à la défense de ses intérêts fondamentaux"
  • L'engagement avait été pris par Emmanuel Macron au salon de l'Agriculture, alors que la colère des agriculteurs battait son plein

PARIS: Les députés ont approuvé jeudi un article du projet de loi agricole qui prévoit de conférer à l'agriculture un caractère "d'intérêt général majeur", une innovation juridique censée répondre à une demande des agriculteurs, mais dont les oppositions contestent la portée.

"La protection, la valorisation et le développement de l'agriculture et de la pêche sont d'intérêt général majeur en tant qu'ils garantissent la souveraineté agricole et alimentaire de la Nation, qui contribue à la défense de ses intérêts fondamentaux", énonce cet article-clé du projet de loi.

L'engagement avait été pris par Emmanuel Macron au salon de l'Agriculture, alors que la colère des agriculteurs battait son plein. "Sur le plan juridique, ça positionne l'agriculture en équilibre avec l'environnement", avait approuvé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, premier syndicat agricole.

"Cela va venir produire, sur le long terme, des effets dans la manière dont vont pouvoir être pondérés différents objectifs de politiques publiques, et dans la manière dont, sur le terrain, des projets agricoles pourront être évalués, réalisés et développés", a affirmé le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.

Plusieurs députés -- à l'instar de juristes --, doutent cependant de sa portée.

La mesure "crée le fantasme d'une remise en cause de la charte de l'environnement" et "donne l'illusion au monde paysan qu'on a répondu de façon démagogique à toutes ces attentes d'être au-dessus du reste des normes, du droit", a fustigé Dominique Potier (PS).

Nicole Le Peih, rapporteure Renaissance, a admis qu'il s'agissait d'une "innovation juridique" qui ne "modifie pas la hiérarchie des normes".

"Il n'y a pas de remise en cause du principe constitutionnel de la protection de l'environnement" mais "lorsque plusieurs dispositions législatives seront en présence, voire seront contradictoires, l'agriculture fera désormais l'objet d'une attention spécifique", a-t-elle soutenu.

« Intentions »

L'article propose également une longue définition de la souveraineté alimentaire et agricole de la France, reposant notamment sur sa capacité à "produire, transformer et distribuer" les produits nécessaires à "une alimentation suffisante, saine (et) sûre".

Il pose aussi le principe "d'ici au 1er juillet 2025 puis tous les dix ans d'une programmation pluriannuelle de l'agriculture".

Le reste consiste surtout en une longue liste de bonnes pratiques que les politiques publiques sont censées suivre pour assurer cette "souveraineté alimentaire".

L'article a surtout permis à chaque groupe de faire valoir sa vision de l'agriculture, et au camp présidentiel de jouer la carte de la co-construction.

Il a intégré certains objectifs proposés par Les Républicains (justifier et évaluer les surtranspositions avant de les mettre en place, valoriser les agricultrices) ou la gauche (améliorer les conditions de travail des agriculteurs, développer la prévention sanitaire).

Mais l'article "n'a aucune valeur normative" et n'apporte "aucune contrainte", a déploré Sébastien Jumel (PCF). Aurélie Trouvé (LFI), a dénoncé l'absence de mesures pour des "prix planchers".

"C'est caricatural", a rétorqué Henri Alfandari (Horizons), estimant que les agriculteurs demandaient aussi de la clarté sur leurs missions. L'article pose des "intentions qui encouragent", pour Julien Dive (LR).

Les députés RN ont eux fustigé le manque de soutien à leurs amendements.

Les règles de la procédure parlementaire ont aussi donné lieu à une fin de séance kafkaïenne, les députés passant près d'une heure et demie à voter ou rejeter près de 560 amendements, dont certains avaient été débattus de nombreuses heures auparavant.

"C'était complètement dingue", soupirait une députée en sortant, mi-amusée, mi-fatiguée.