Canaries: la chaleur et le vent compliquent la lutte contre le gigantesque incendie

Une photo prise dans la nuit du 19 août 2023 montre les fronts de l'incendie de forêt sur les collines au-dessus des maisons, dans la vallée de Guimar sur l'île canarienne de Tenerife. (Photo Desiree Martin / AFP)
Une photo prise dans la nuit du 19 août 2023 montre les fronts de l'incendie de forêt sur les collines au-dessus des maisons, dans la vallée de Guimar sur l'île canarienne de Tenerife. (Photo Desiree Martin / AFP)
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Publié le Dimanche 20 août 2023

Canaries: la chaleur et le vent compliquent la lutte contre le gigantesque incendie

  • L'incendie, d'un périmètre de 70 km, a ravagé jusqu'à présent 8 400 hectares, soit plus de 4% de la surface totale de Tenerife
  • L'incendie a généré un important nuage de fumée de huit kilomètres de haut, visible sur les images satellites, qui a dépassé le sommet du Teide, volcan surplombant l'île et point culminant de l'Espagne

LA OROTAVA : Les vents violents et les hautes températures rendent à nouveau très difficile dimanche à l'aube la tâche des pompiers sur l'île touristique de Tenerife, dans l'archipel espagnol des Canaries, confrontés au pire incendie forêt de l'histoire de la région.

"C'est un feu dévastateur, un feu d'une échelle complètement différente, une échelle que les Iles Canaries n'avaient jamais connue avant", s'est désolée la cheffe du gouvernement de Tenerife, Rosa Davila.

L'incendie, d'un périmètre de 70 km, a ravagé jusqu'à présent 8 400 hectares, soit plus de 4% de la surface totale de Tenerife.

Samedi soir, le président du gouvernement régional des Canaries, Fernando Clavijo, a indiqué qu'"un total de 12 279 personnes" ont été évacuées jusqu'à présent, en citant des chiffres de la Guardia Civil.

Quelques heures auparavant, les services de secours avaient fait état sur le réseau social X (ex-Twitter) d'"estimations provisoires suggérant que plus de 26 000 personnes ont été évacuées". Les autorités régionales, qui avaient relayé ce chiffre, ont expliqué qu'il était "basé sur les chiffres du recensement" des zones soumises à des ordres d'évacuation.

"La nuit dernière a été très compliquée et cette nuit le sera probablement tout autant, voire pire", a déclaré M. Clavijo samedi soir.

De fortes rafales de vent et des températures plus élevées qu'attendu avaient déjà facilité durant la nuit de vendredi à samedi la propagation du feu qui s'est déclaré mardi soir dans une partie montagneuse du nord-est de l'île.

«Travail difficile mais vital»

"Cette nuit le travail sera très difficile, mais vital pour contenir l'incendie", a-t-il affirmé.

Dans la ville septentrionale de La Matanza de Acentejo, Candelaria Bencomo Betancor, une agricultrice septuagénaire, regarde avec angoisse la fumée venant des montagnes.

"Le feu est proche de notre ferme, nous avons des chariots, des camionnettes, des poules, tout ça.... c'est une affaire qui marche bien mais si le feu arrive, nous serons totalement ruinés", confie-t-elle, au bord des larmes, à l'AFPTV. "Il faut qu'ils fassent quelque chose parce que le feu est juste là".

Une autre habitante, Maria del Pilar Rodriguez Padron, dort dans sa voiture près de sa maison. "Ils nous ont offert un endroit où aller mais nous préférons rester dans la voiture pour surveiller la maison et voir si elle brûle ou pas. En étant ailleurs, nous ne pourrions tout simplement pas dormir".

Le feu a jusqu'ici touché onze municipalités sur l'île de Tenerife, la plus grande des Canaries, qui s'étend au total sur 203 400 hectares.

L'île a vécu des incendies plus importants en termes de surface brûlée, notamment en 2007, mais les conditions météorologiques et la topographie de celui-ci ont fait dire jeudi à M. Clavijo que l'archipel faisait face à son incendie "le plus compliqué" depuis 40 ans.

Le chef des services forestiers, Pedro Martinez, a évoqué samedi un brasier "se comportant comme un feu de forêt de sixième génération", en référence à sa taille.

"L'incendie dépasse notre capacité à l'éteindre, peut-être pas dans tous les secteurs, mais dans une grande partie d'entre eux", a poursuivi M. Martinez.

«Urgence très grave»

Avant la venue lundi à Tenerife du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska s'est rendu sur place samedi et a assuré que toutes les ressources de l'Etat étaient mobilisées pour l'île afin de maîtriser "cette urgence très grave".

L'incendie a généré un important nuage de fumée de huit kilomètres de haut, visible sur les images satellites, qui a dépassé le sommet du Teide, volcan surplombant l'île et point culminant de l'Espagne avec ses 3 715 mètres d'altitude.

Ce feu survient entre deux vagues de chaleur sur l'île qui compte de nombreuses zones asséchées, ce qui augmente le risque d'incendies.

Selon les experts, les phénomènes météorologiques extrêmes se sont intensifiés en raison du réchauffement de la planète. Les canicules risquent ainsi d'être plus fréquentes et plus intenses, et leur impact plus étendu.

En 2022, 300 000 hectares ont été détruits par plus de 500 incendies en Espagne, un record en Europe, selon le Système européen d'Information sur les Feux de Forêt (Effis). Près de 76 000 hectares ont déjà brûlé en 2023 dans ce pays, en première ligne face au réchauffement climatique.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.