Au Sommet africain sur le climat, de premiers milliards de dollars pour les énergies vertes

Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, prononce son discours lors du Sommet africain sur le climat 2023 au Kenyatta International Convention Centre (KICC) à Nairobi, le 5 septembre 2023. (AFP).
Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, prononce son discours lors du Sommet africain sur le climat 2023 au Kenyatta International Convention Centre (KICC) à Nairobi, le 5 septembre 2023. (AFP).
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Publié le Mardi 05 septembre 2023

Au Sommet africain sur le climat, de premiers milliards de dollars pour les énergies vertes

  • En ouverture du sommet lundi, le président kényan William Ruto a estimé que l'Afrique avait une "opportunité sans équivalent" de se développer tout en participant à la lutte contre le réchauffement climatique
  • Les Emirats arabes unis, qui accueilleront la prochaine conférence de l'ONU sur le climat (COP28) à Dubaï en fin d'année, ont annoncé mardi le premier engagement financier du sommet

NAIROBI: Les Emirats arabes unis ont promis mardi 4,5 milliards de dollars d'investissements pour les énergies propres en Afrique, lors d'un premier sommet sur le climat visant à promouvoir le potentiel du continent en tant que puissance verte.

En ouverture du sommet lundi, le président kényan William Ruto a estimé que l'Afrique avait une "opportunité sans équivalent" de se développer tout en participant à la lutte contre le réchauffement climatique, si elle parvient à attirer les financements.

Les Emirats arabes unis, qui accueilleront la prochaine conférence de l'ONU sur le climat (COP28) à Dubaï en fin d'année, ont annoncé mardi le premier engagement financier du sommet.

Sultan Al Jaber, qui dirige la compagnie pétrolière nationale des Emirats arabes unis ADNOC et la société gouvernementale d'énergies renouvelables Masdar, a déclaré que cet investissement "libérerait la capacité de l'Afrique à parvenir à une prospérité durable".

Un consortium comprenant Masdar aidera à développer 15 gigawatts d'énergie propre d'ici 2030, a précisé Sultan Al Jaber, qui présidera également les discussions de la prochaine COP28.

La capacité de production d'énergie renouvelable du continent était de 56 gigawatts en 2022, selon l'Agence internationale des énergies renouvelables.

Chefs d'Etat, dirigeants de gouvernement et dirigeants économiques du continent et d'ailleurs sont réunis dans la capitale kényane Nairobi à l'occasion de ce sommet historique.

Malgré sa richesse en ressources naturelles, seulement 3% des investissements énergétiques dans le monde sont réalisés sur le continent africain.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi le monde à faire de l'Afrique "une superpuissance des énergies renouvelables".

"Les énergies renouvelables pourraient être le miracle africain", a-t-il a-t-il lancé dans un discours.

Il a également les dirigeants du G20, qui se réunissent ce week-end en Inde à "assumer (leurs) responsabilités" dans la lutte contre le changement climatique.

Fardeau de la dette

Une transition énergétique propre dans les pays en développement est cruciale pour tenter de maintenir l'objectif de l’Accord de Paris consistant à limiter le réchauffement climatique "bien en-dessous" de deux degrés Celsius depuis l'époque préindustrielle, et de 1,5 °C si possible.

Pour y parvenir, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) affirme que les investissements devront atteindre 2.000 milliards de dollars (1.852 milliards d'euros) par an d'ici une décennie, soit une multiplication par huit.

Les intervenants du sommet ont également appelé à réformer les structures financières mondiales pour les aligner sur les objectifs climatiques.

Sultan Al Jaber a notamment appelé à mener une "intervention chirurgicale sur l’architecture financière mondiale construite pour une époque différente", exhortant notamment les institutions internationale à réduire le fardeau de la dette qui paralyse de nombreux pays.

"L'Afrique détient la clé pour accélérer la décarbonation de l'économie mondiale. Nous ne sommes pas seulement un continent riche en ressources. Nous sommes une puissance au potentiel inexploité, désireux de s'engager et d'être compétitifs équitablement sur les marchés mondiaux", avait déclaré William Ruto lundi.

Vision commune

L'accent mis par le sommet sur les questions de financements suscite toutefois l'opposition de certains défenseurs de l'environnement.

Lundi, des centaines de personnes ont manifesté à proximité du lieu du sommet pour dénoncer son "agenda profondément corrompu" se concentrant sur les intérêts des pays riches.

Des organisations de la société civile ont notamment demandé au président William Ruto de ne pas intégrer au sommet des mécanismes comme les marchés de crédits carbone.

Le sommet de Nairobi vise également à dégager une vision africaine commune sur le développement et le climat en vue de prochaines négociations sur le climat, avec notamment une bataille sur la fin des énergies fossiles à la COP28 à Dubaï.

L'objectif d'une telle position commune s'annonce ambitieux pour un continent abritant 1,4 milliard d'habitants - parmi les plus vulnérables au changement climatique - dans 54 pays politiquement et économiquement divers.


Prêt-à-porter: Naf Naf placé en redressement judiciaire, 600 emplois menacés

Il s'agit de la troisième procédure de la sorte pour l'entreprise française, mais sa direction turque a déclaré vouloir "continuer à faire exister la marque et présenter un plan de redressement", selon la décision du tribunal de commerce dont l'AFP a eu connaissance. (AFP)
Il s'agit de la troisième procédure de la sorte pour l'entreprise française, mais sa direction turque a déclaré vouloir "continuer à faire exister la marque et présenter un plan de redressement", selon la décision du tribunal de commerce dont l'AFP a eu connaissance. (AFP)
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  • L'entreprise emploie en France 588 salariés - 650 dans les 6 derniers mois, a noté le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis)
  • La justice a motivé le placement en redressement judiciaire en arguant "que la société est confrontée à des difficultés de trésorerie qu’elle n’est pas en mesure de surmonter"

PARIS: L'enseigne de prêt-à-porter féminin Naf Naf, qui emploie près de 600 personnes, a été placée vendredi en redressement judiciaire, confrontée à "des difficultés de trésorerie", a appris l'AFP de sources proches du dossier.

Il s'agit de la troisième procédure de la sorte pour l'entreprise française, mais sa direction turque a déclaré vouloir "continuer à faire exister la marque et présenter un plan de redressement", selon la décision du tribunal de commerce dont l'AFP a eu connaissance.

L'entreprise emploie en France 588 salariés - 650 dans les 6 derniers mois, a noté le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

La justice a motivé le placement en redressement judiciaire en arguant "que la société est confrontée à des difficultés de trésorerie qu’elle n’est pas en mesure de surmonter" et qu'elle "est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible".

En effet, son passif s'élève à 44 millions d'euros quand son chiffre d'affaires en 2024 a atteint 47 millions d'euros.

Mais le tribunal a estimé que "sur les déclarations du débiteur et la présentation de son prévisionnel d’activité ainsi que du montant de la trésorerie disponible, il existe des perspectives de redressement".

La société bénéficie donc d'une période d'observation de six mois et sa situation sera rééxaminée lors d'une audience fixée au 23 juillet.

En juin 2024, le repreneur turc Migiboy Tekstil s'était engagé à sauver 90% des emplois et conserver une centaine de boutiques en propre. A l'époque, la société a offert plus de 1,5 million d'euros pour reprendre l'enseigne française.

Ce faisant, l'entreprise turque avait sauvé 521 emplois sur 586 et une centaine de boutiques en France, et repris les filiales en Espagne, en Italie et en Belgique.

"Si ce jugement écarte pour l'instant la liquidation immédiate de l'entreprise, il ouvre une grande période d'incertitude", s'est émue la CFDT dans un communiqué transmis à l'AFP.

"La direction et l'actionnaire devront prouver que Naf Naf peut continuer à fonctionner au moins temporairement, ce qui suppose d'approvisionner les magasins (...) et de trouver une nouvelle organisation logistique, le tout avec des marges de manœuvre financières très contraintes", s'est encore inquiété le syndicat.

Les magasins "vont être approvisionnés car il y a 800.000 articles en stock et la société écoule 140.000 articles par mois", a argumenté la direction devant le tribunal.

Mais même si ce plan de redressement aboutit, "une réorganisation drastique avec des fermetures de magasins et une nouvelle réduction du siège sont très probables", a jugé la CFDT. Sans compter le scénario catastrophe: "A l'inverse, si ces conditions ne sont pas remplies, se profilera une liquidation avec vente au plus offrant des magasins, des stocks et de la marque, avec un impact social désastreux".


EDF confirme une nouvelle usine d'ici 2028 pour l'après-charbon

Une photo montre la centrale à charbon EDF de Cordemais, dans l'ouest de la France, le 25 septembre 2024. (AFP)
Une photo montre la centrale à charbon EDF de Cordemais, dans l'ouest de la France, le 25 septembre 2024. (AFP)
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  • L'électricien français EDF a confirmé mercredi son projet de créer une usine de tuyauteries nucléaires d'ici à la "fin 2028" à Cordemais (Loire-Atlantique)
  • La décision de créer cette usine fait suite à l'annonce par EDF en septembre 2024 de l'abandon du projet Ecocombust qui visait à convertir la centrale à la biomasse

PARIS: L'électricien français EDF a confirmé mercredi son projet de créer une usine de tuyauteries nucléaires d'ici à la "fin 2028" à Cordemais (Loire-Atlantique), après la fermeture des deux dernières unités de sa centrale à charbon.

Framatome, filiale du groupe EDF spécialisée dans l'équipement nucléaire, a entamé "les études en vue de la construction sur place d'une usine de tuyauteries nucléaires", qui "emploiera à terme jusqu'à 200 salariés", selon le communiqué du groupe.

EDF "confirme sa volonté de maintenir sur le site stratégique de Cordemais une activité industrielle", souligne-t-il.

La décision de créer cette usine fait suite à l'annonce par EDF en septembre 2024 de l'abandon du projet Ecocombust qui visait à convertir la centrale à la biomasse, "les conditions technico-économiques de réalisation du projet Ecocombust n'étant pas réunies".

La centrale thermique de Cordemais, la seule restant en France avec celle de Saint-Avold (Moselle), tournera la page du charbon à compter du 31 mars 2027 avec la fermeture des deux dernières unités, 4 et 5.

EDF souligne qu'elle "met ainsi fin à sa production d'électricité à partir de charbon en France conformément aux dispositions prévues par la loi énergie-climat" de 2019, le texte qui inscrit l'objectif de la France d'atteindre la neutralité carbone en 2050 pour lutter contre le réchauffement climatique.

Le groupe EDF assure qu'"il conduira avec responsabilité cette fermeture auprès de ses salariés qui seront accompagnés individuellement pour construire la suite de leur parcours professionnel".

La fédération syndicale de la branche de l'énergie, la FNME-CGT, a toutefois dénoncé mercredi "un choix irresponsable, un mépris total des territoires et des travailleurs".

"Aucune perspective sérieuse de reclassement en local n'est avancée. Ce sont des dizaines de travailleurs qui voient leur avenir brisé, des familles entières plongées dans l'incertitude, et un territoire fragilisé économiquement", déplore le syndicat.

La CGT critique en outre la décision d'EDF de "se priver d'un outil de production pilotable stratégique, au mépris des besoins de sécurité d'approvisionnement", estimant que "le Grand Ouest, déjà particulièrement vulnérable — avec un triste record de coupures d'électricité – verrait sa situation se détériorer encore davantage".

Dans un courrier adressé au Premier ministre François Bayrou mercredi, huit parlementaires de gauche élus en Loire-Atlantique ont dénoncé un "faux 'plan de conversion'" puisque la centrale n'est pas convertie en site de production d'énergie utilisant "des combustibles moins émetteurs en dioxyde de carbone".

Ils demandent "la réouverture du dialogue avec les élus du territoire et organisations syndicales" à "la lumière des enjeux de décarbonation, d'électrification et de sécurité d'approvisionnement du Grand Ouest de la France".


L'économie française a débuté l'année faiblement, confirme l'Insee

Le ministre français de l'Economie et des Finances Eric Lombard visite le siège de l'entreprise de deep tech Wandercraft, qui développe des exosquelettes médicaux pour la marche, à Paris, le 13 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
Le ministre français de l'Economie et des Finances Eric Lombard visite le siège de l'entreprise de deep tech Wandercraft, qui développe des exosquelettes médicaux pour la marche, à Paris, le 13 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
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  • La France évite ainsi la récession, mais la croissance sera sans éclat en 2025.
  • Le gouvernement mise encore sur 0,7 % cette année, mais la Commission européenne a revu sa prévision à 0,6 %.

PARIS : Les résultats n'apportent pas de bonnes surprises : la croissance française a été faible au premier trimestre, avec une hausse du PIB de 0,1 %, après un recul équivalent au dernier trimestre 2024. 

La France évite ainsi la récession, mais la croissance sera sans éclat en 2025. Le gouvernement mise encore sur 0,7 % cette année, mais la Commission européenne a revu sa prévision à 0,6 %.

C'est un nouveau défi pour le gouvernement, qui doit faire 40 milliards d'euros d'efforts pour 2026, et contenter les partis politiques pour éviter une nouvelle censure.

La Commission européenne prévoit que la France sera au dernier rang de la zone euro avec un déficit public de 5,6 % à 5,7 % du PIB en 2025 et 2026, alors que le gouvernement espère encore réaliser 5,4 % et 4,6 %, et revenir sous 3 % en 2029. La croissance du premier trimestre est inquiétante.

- Évacuer les stocks -

Elle est marquée par un recul de la consommation des ménages, après une hausse, notamment en raison de la chute des achats d'automobiles. L'investissement total reste stable. Ainsi, la demande intérieure hors stocks contribue négativement à la croissance du PIB ce trimestre.

De même pour le commerce extérieur, marqué par un recul des exportations et une nouvelle augmentation des importations. Ce sont donc les stocks qui tirent la croissance.

Les stocks représentent les biens produits mais pas encore vendus.
Une hausse des stocks peut signifier qu'on fabrique en prévision d'une hausse de la demande. Mais plutôt, ici, que les produits fabriqués n'ont pas trouvé preneur.

Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, souligne le risque qu'il faille à présent « arrêter de produire pour évacuer ces stocks » et « n'exclut pas un prochain trimestre de croissance négative ».

Pour elle, on est ainsi « dans une phase proche de la stagnation, et qui va durer », et au total « une année 2025 beaucoup plus difficile que 2024 ». Elle anticipe une croissance de 0,4 %. 

« Court de moteur »

Les économistes de BNP Paribas Stéphane Colliac et Guillaume Derrien constatent une demande qui se raffermit en zone euro. Une amélioration qui vient « principalement d'Allemagne » où la croissance du premier trimestre a été révisée à la hausse à 0,4 %.

Pourtant, le pouvoir d'achat des ménages augmente. Au premier trimestre, le pouvoir d'achat a augmenté de 0,1 % et le RDB de 0,8 %. Cela se traduit par un regain de consommation, d'autant que l'inflation a vertigineusement chuté et que le taux d'épargne est élevé. Au contraire, le taux d'épargne est remonté à 18,8 % du revenu disponible, après 18,5 %.
« La prudence » règne chez les Français. La morosité ambiante se traduit enfin par une baisse du taux de marge des entreprises, à 31,8 %.