Des sénateurs de tous bords en visite en Israël et dans les Territoires palestiniens

Le président de la chambre haute, Gérard Larcher, sera accompagné de six présidents de groupes parlementaires allant des communistes aux Républicains pour cette visite parlementaire. (Photo de Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP).
Le président de la chambre haute, Gérard Larcher, sera accompagné de six présidents de groupes parlementaires allant des communistes aux Républicains pour cette visite parlementaire. (Photo de Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP).
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Publié le Mardi 19 décembre 2023

Des sénateurs de tous bords en visite en Israël et dans les Territoires palestiniens

  • Plusieurs parlementaires français se sont déjà rendus en Israël depuis le début de la guerre, notamment la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet
  • La délégation sénatoriale doit s'envoler pour Israël mardi dans la soirée, pour un retour prévu vendredi avec deux jours sur place

PARIS: Une délégation sénatoriale de toutes les sensibilités politiques voyage mercredi et jeudi en Israël et dans les Territoires palestiniens et rencontrera notamment le président d'Israël, Isaac Herzog, et celui de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, selon le programme de la visite publié par le Sénat.

Le président de la chambre haute, Gérard Larcher, sera accompagné de six présidents de groupes parlementaires allant des communistes aux Républicains pour cette visite parlementaire.

Parmi eux, le chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, qui a néanmoins prévenu qu'il ne s'y rendrait pas si les débats sur le projet de loi immigration venaient à s'étirer encore très tard mardi.

La délégation sénatoriale doit s'envoler pour Israël mardi dans la soirée, pour un retour prévu vendredi avec deux jours sur place. Le socialiste Patrick Kanner est aussi du voyage, tout comme le chef de file des sénateurs macronistes, François Patriat.

Le programme publié par le Sénat intègre de multiples rendez-vous, à commencer par un entretien mercredi avec le président de la Knesset, Amir Ohana.

Ils doivent également se déplacer au kibboutz de Kfar Aza, l'un des lieux de l'attaque sans précédent des combattants du Hamas le 7 octobre, et rencontrer des familles d'otages. Une conférence de presse clôturera le voyage, jeudi, à Tel Aviv.

Plusieurs parlementaires français se sont déjà rendus en Israël depuis le début de la guerre, notamment la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, reçue les 21 et 22 octobre, quelques jours avant une visite du président Emmanuel Macron.

Mme Braun-Pivet, accompagnée à l'époque du patron des Républicains, Eric Ciotti, du député des Français de l'étranger Meyer Habib (apparenté LR), et de Mathieu Lefèvre (Renaissance), président du groupe d'amitié France-Israël, ne s'était en revanche pas rendue dans les Territoires palestiniens.

Le Parti socialiste et le Parti communiste, conviés par la présidente, avaient décliné l'invitation.

La guerre entre Israël et le Hamas, entrée mardi dans son 74e jour, a débuté le 7 octobre avec l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien, qui a fait environ 1 140 morts selon un décompte de l'AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens disponibles.

Israël a répliqué en pilonnant Gaza sans relâche: le ministère de la Santé du Hamas a fait état mardi de 19 667 morts dans les bombardements israéliens.


L'Arabie saoudite annonce des investissements de 5 milliards de dollars en Syrie

Le ministre de l'investissement Khalid Al-Falih arrive à Damas. (AN)
Le ministre de l'investissement Khalid Al-Falih arrive à Damas. (AN)
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  • La visite de la délégation saoudienne souligne le soutien croissant du Royaume aux efforts de redressement économique et de reconstruction de la Syrie
  • Dans le cadre de cette visite, M. Al-Falih et le ministre syrien de l'économie, Mohammed Nidal Al-Shaar, ont inauguré l'usine de ciment blanc Fayhaa dans la zone industrielle d'Adra, la première de ce type en Syrie

RIYADH : Une délégation saoudienne en visite à Damas a annoncé mercredi des accords d'investissement et de partenariat d'une valeur de 5 milliards de dollars pour aider à reconstruire la Syrie ravagée par la guerre.

La délégation, composée de quelque 150 investisseurs et représentants des secteurs public et privé saoudiens et conduite par le ministre de l'investissement Khalid Al-Falih, a participé à un forum à Damas.

"Les investissements annoncés, d'une valeur de 19 milliards de SR (environ 5 milliards de dollars), couvrent des secteurs vitaux et stratégiques, notamment l'immobilier, les infrastructures, les communications et l'informatique, le transport et la logistique, l'industrie, le tourisme, l'énergie, le commerce" et plus encore, a rapporté l'AFP citant un communiqué du ministère de l'investissement.


Le ministre de l'investissement, Khalid Al-Falih, aux côtés du ministre syrien de l'économie, Mohammad Nidal Al-Shaar.
Mardi, le ministère avait déclaré que le forum de Damas visait à "explorer les possibilités de coopération et à signer des accords qui renforcent le développement durable et servent les intérêts des deux peuples frères".

La visite de la délégation saoudienne souligne le soutien croissant du Royaume aux efforts de redressement économique et de reconstruction de la Syrie.

Dans le cadre de cette visite, M. Al-Falih et le ministre syrien de l'économie, Mohammed Nidal Al-Shaar, ont inauguré l'usine de ciment blanc Fayhaa dans la zone industrielle d'Adra, la première de ce type en Syrie.

Renforcer les relations

Al-Falih (Arabie saoudite) et Al-Shaar (Syrie) lors de l'inauguration de l'usine de ciment blanc de Fayhaa. SANA
Soutenue par un investissement de 20 millions de dollars de la Northern Region Cement Co. d'Arabie saoudite, l'usine devrait produire du ciment blanc de haute qualité tout en créant 130 emplois directs et plus de 1 000 emplois indirects.

"Le lancement de ce projet reflète notre engagement en faveur de la reconstruction de la Syrie et de l'ouverture de nouvelles voies pour l'investissement régional", a déclaré Obaid Al-Sobiei, PDG de Northern Region Cement.

Le Royaume financera également la construction de la tour Al-Jawhara, un gratte-ciel de 32 étages situé dans le centre de la capitale syrienne, Damas.

D'une superficie de 25 000 mètres carrés et d'un coût estimé à plus de 100 millions de dollars, ce projet constitue l'un des plus importants investissements saoudiens en Syrie.

Obaid Al-Sobiei, PDG de la Northern Region Cement Co du Royaume, s'exprimant lors du lancement. SANA
En avril, l'Arabie saoudite et le Qatar ont annoncé une initiative conjointe pour régler la dette de 15 millions de dollars de la Syrie envers la Banque mondiale, dans le cadre d'efforts plus larges visant à soutenir le redressement financier du pays déchiré par la guerre.

Le mois dernier, M. Al-Falih a tenu une réunion virtuelle avec le ministre syrien de l'économie, Mohammad Al-Shaar, et a discuté des possibilités de collaboration dans les secteurs public et privé.

Ce mois-ci, le gouvernement syrien a également modifié la loi sur l'investissement, ce qui devrait favoriser l'augmentation des investissements nationaux et étrangers.

Lors d'une visite d'une délégation saoudienne la semaine dernière, M. Al-Shaar a déclaré que la nouvelle loi offrait un environnement juridique attrayant qui favorisait l'entrée de capitaux, a rapporté SANA.

La loi soutiendra le processus d'investissement et renforcera le rôle du secteur privé dans la reconstruction et le développement économique, a ajouté le ministre.

L'augmentation des échanges commerciaux entre l'Arabie saoudite et la Syrie est le signe d'un renouveau des liens.

Selon les données officielles de l'Autorité générale des statistiques d'Arabie saoudite, la Syrie était la 53e destination des exportations du Royaume en avril, les exportations non pétrolières ayant augmenté de 153,3 % en glissement annuel pour atteindre 81,9 millions de SR.

Ces exportations se composent principalement de produits en plastique et en caoutchouc (33 %), de produits végétaux (26 %) et de produits alimentaires préparés, de boissons et de tabac (14 %).

Le reste des exportations comprend une variété de produits chimiques, d'articles en pierre, en ciment, en céramique et en verre, reflétant la diversité croissante des flux commerciaux.

Du côté des importations, la Syrie se classe au 60e rang des pays fournisseurs de biens à l'Arabie saoudite, avec des importations totalisant 78,5 millions de SR en avril, ce qui représente une forte augmentation de 149,7 pour cent en glissement annuel.

La majeure partie de ces expéditions se compose de produits animaux et végétaux, d'huiles et de graisses comestibles, de produits alimentaires transformés et de boissons, ce qui témoigne de l'importance croissante du secteur agricole et agroalimentaire syrien pour le marché saoudien.

Cette croissance récente des volumes commerciaux suit l'évolution rapide de la dynamique politique entre Riyad et Damas. En mai 2024, le Royaume a officiellement rouvert son ambassade en Syrie après une rupture de 12 ans suite au déclenchement du conflit syrien en 2011.

L'Arabie saoudite n'exporte pas de pétrole vers le pays, principalement en raison du régime de sanctions complet imposé au gouvernement syrien après le déclenchement de la guerre civile en 2011.

Bien que la Syrie ait autrefois produit et exporté des quantités substantielles de pétrole, la guerre et les sanctions ont effectivement éliminé sa capacité d'exportation après la fin de 2011.

Aujourd'hui, la production reste limitée et la Syrie dépend fortement des importations, en particulier de l'Iran, pour répondre à sa demande intérieure.

Les chiffres commerciaux rapportés par GASTAT, bien que modestes par rapport au profil commercial plus large du Royaume, sont significatifs au vu de la situation des relations bilatérales il y a seulement deux ans.

Le triplement des volumes commerciaux d'une année sur l'autre, tant pour les exportations que pour les importations en provenance de Syrie, illustre la rapidité avec laquelle l'engagement économique peut rebondir lorsqu'il est soutenu par une volonté politique.

Avant que le conflit syrien n'éclate en 2011, le pays entretenait des liens commerciaux étroits avec l'Arabie saoudite, le commerce bilatéral atteignant un sommet d'environ 1,3 milliard de dollars en 2010, ce qui fait du Royaume l'un des principaux partenaires commerciaux de la Syrie avant le début de la guerre, selon un article paru en 2023 dans le Christian Science Monitor.

Les données de la Banque mondiale issues de la Solution mondiale intégrée pour le commerce confirment que la Syrie a exporté des marchandises d'une valeur de 543 millions de dollars vers l'Arabie saoudite en 2010, ce qui souligne l'importance de leurs liens commerciaux à cette époque.

Les exportations saoudiennes vers la Syrie comprenaient principalement des dérivés du pétrole, des produits pétrochimiques, des huiles végétales et des dattes, tandis que la Syrie exportait des fruits, des légumes, du bétail, des textiles et des meubles vers le Royaume.

Les deux pays étaient des membres fondateurs de la Grande zone arabe de libre-échange, ce qui a facilité la réduction des droits de douane et le commerce transfrontalier.

À la fin des années 1990, les investisseurs saoudiens détenaient plus de 700 millions de dollars dans des projets conjoints en Syrie. Ces liens se sont effondrés à la suite de la guerre, des sanctions et des ruptures diplomatiques. Grâce à une normalisation récente et à des visites de haut niveau, les deux pays relancent aujourd'hui leurs relations économiques sur la base de ce partenariat autrefois solide.


Le chef de l'OMS affirme qu'une «grande proportion» de la population à Gaza meurent de faim

Mardi, un hôpital de Gaza avait affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures dans le territoire assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre, déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. (AFP)
Mardi, un hôpital de Gaza avait affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures dans le territoire assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre, déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. (AFP)
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  • Israël fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique de Gaza. Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars à l'enclave palestinienne, qui a entraîné de très graves pénuries
  • "Le taux de malnutrition aiguë globale dépasse 10%, et plus de 20% des femmes enceintes et allaitantes ayant fait l'objet d'un dépistage souffrent de malnutrition, souvent sévère", a détaillé le chef de l'OMS

GENEVE: Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé mercredi qu'une "grande proportion" de la population à Gaza mourrait de faim.

"Je ne sais pas comment on pourrait appeler cela autrement que des gens mourant de faim en masse, et c'est créé par l'homme. C'est très clair, et c'est à cause du blocus", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse à Genève.

"Les 2,1 millions de personnes piégées dans la zone de guerre qu'est Gaza sont confrontées à un autre tueur, en plus des bombes et des balles : ils meurent de faim. Nous assistons aujourd'hui à une hausse fatale des décès liés à la malnutrition", a-t-il indiqué.

Israël fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique de Gaza. Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars à l'enclave palestinienne, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.

"Le taux de malnutrition aiguë globale dépasse 10%, et plus de 20% des femmes enceintes et allaitantes ayant fait l'objet d'un dépistage souffrent de malnutrition, souvent sévère", a détaillé le chef de l'OMS.

"Nous demandons un accès total et un cessez-le-feu, et nous demandons une solution politique (...), une solution durable, et nous exigeons également la libération des otages comme nous l'avons toujours dit", a-t-il dit.

L'OMS a pu recenser depuis le début de l'année 21 décès d'enfants de moins de cinq ans liés à la malnutrition, mais l'organisation souligne que ce chiffre est en dessous de la réalité.

Mardi, un hôpital de Gaza avait affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures dans le territoire assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre, déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

"Depuis le 17 juillet, les centres de malnutrition aiguë sévère sont pleins" et manquent d'aliments thérapeutiques, a indiqué M. Tedros.

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a accusé l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza depuis fin mai plus de 1.000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation soutenue par les Etats-Unis et Israël au financement opaque.

Israël accuse de son côté le mouvement islamiste Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide. La GHF fait elle aussi porter la responsabilité de la situation humanitaire sur le Hamas.

Les autorités israéliennes affirment régulièrement laisser passer des quantités importantes d'aide, mais les ONG dénoncent de nombreuses restrictions.


Syrie: les récentes violences renforcent les craintes des minorités

Les récentes violences dans le sud de la Syrie, où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes, renforcent les inquiétudes des minorités, estiment des analystes, Damas affichant une volonté d'unifier le pays à tout prix. (AFP)
Les récentes violences dans le sud de la Syrie, où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes, renforcent les inquiétudes des minorités, estiment des analystes, Damas affichant une volonté d'unifier le pays à tout prix. (AFP)
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  • En une semaine, les affrontements dans la province à majorité druze de Soueida ont fait plus de 1.200 morts, soulevant de nouvelles interrogations sur la capacité des autorités à gérer les tensions communautaires
  • Pour l'analyste Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, le pouvoir "a ouvert la boîte de Pandore de la violence communautaire"

DAMAS: Les récentes violences dans le sud de la Syrie, où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes, renforcent les inquiétudes des minorités, estiment des analystes, Damas affichant une volonté d'unifier le pays à tout prix.

En une semaine, les affrontements dans la province à majorité druze de Soueida ont fait plus de 1.200 morts, soulevant de nouvelles interrogations sur la capacité des autorités à gérer les tensions communautaires, dans un pays morcelé par 14 ans de guerre civile .

Pour l'analyste Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, le pouvoir "a ouvert la boîte de Pandore de la violence communautaire".

Quelle issue pour les druzes de Soueida?

Les violences ont opposé des combattants druzes à des tribus sunnites, qui bénéficient du soutien des autorités selon des ONG, des témoins et des experts.

Pour l'analyste Jamal Mansour, Ahmad al-Chareh, l'ex-jihadiste devenu président, a fait "une énorme erreur" en "tentant de soumettre les druzes" et en utilisant à cette fin les tribus, qui font partie de sa base populaire dans un pays à majorité sunnite.

"Il est facile de mobiliser les tribus contre les druzes, mais ensuite comment les faire rentrer dans le rang?", s'interroge de son côté Fabrice Balanche, maître de conférences à l'Université de Lyon 2.

Israël est intervenu dans la mêlée. Ce pays abrite une minorité druze et affirme vouloir protéger cette communauté et imposer une zone démilitarisée à sa frontière dans le sud de la Syrie.

Son aviation a bombardé le palais présidentiel et le quartier général de l'armée à Damas pour forcer les troupes gouvernementales à se retirer de Soueida.

Un cessez-le-feu annoncé samedi par les Etats-Unis entre la Syrie et Israël a permis le retour des forces de la sécurité intérieure, pour le moment dans la province de Soueida, mais pas dans la ville éponyme.

Mais les forces gouvernementales ne sont pas parvenues à mater les différentes factions druzes, qui n'obéissent pas à une autorité politique ou religieuse unifiée et gardent le contrôle de la ville dévastée de Soueida.

La ville est désormais encerclée par des zones tenues par les forces gouvernementales et leurs alliés tribaux, dans la province où la situation reste tendue malgré le cessez-le-feu.

Les autorités menaient des négociations avec les groupes armés druzes pour les intégrer au sein de l'Etat. Mais les affrontements, marqués par de nombreuses exactions, pourraient les dissuader de déposer les armes.

Le président "a deux options: soit il continue obstinément de tenter de faire plier les druzes", soit il fait marche arrière, selon Jamal Mansour, analyste spécialisé dans les études syriennes et israéliennes à l'Université de Toronto.

De précédentes violences ?

Les violences du sud interviennent après des massacres sur le littoral, qui ont visé en mars des centaines de membres de la communauté alaouite dont est issu le président déchu Bachar al-Assad, qui se présentait comme le protecteur des minorités.

"C’est la réédition du même scénario: la volonté de soumettre les minorités, mais à la différence de la côte, les druzes sont bien armés et ils sont protégés par Israël", souligne Fabrice Balanche.

Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des jihadistes étrangers ont été mis en cause.

La minorité chrétienne, communauté pacifique ne disposant pas de groupe armé, vit pour sa part dans la peur depuis de nombreuses menaces la visant et un attentat revendiqué par des jihadistes en juin contre une église à Damas, qui a fait 25 morts.

Et les Kurdes?

Le plus gros défi pour les autorités, dans leur volonté affichée d'unifier le pays même par la force, reste le sort des Kurdes, qui contrôlent de vastes parties du nord et du nord-est du pays.

Leurs représentants sont en négociations avec les autorités centrales pour l'intégration de leurs institutions civiles et militaires au sein de l'Etat, y compris les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS, bras armé des Kurdes soutenues par Washington).

Mais après les violences de Soueida, un haut responsable kurde syrien a appelé le pouvoir central à "une révision complète et urgente de son approche" à l'égard des minorités.

Les violences dans le sud "ont déjà impacté les négociations avec les Kurdes", estime Jamal Mansour. Il explique que les Américains, qui parrainent les discussions, les avaient poussés avant les affrontements de Soueida à faire "des concessions".

"Maintenant, les Américains vont devoir écouter les Kurdes", dit-il.