Ecole, port, numérique: Macron esquisse une nouvelle ambition pour Marseille

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion publique avec des habitants du quartier de La Busserine lors d'une visite à Marseille, dans le sud-est de France, le 26 juin 2023. (Photo LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion publique avec des habitants du quartier de La Busserine lors d'une visite à Marseille, dans le sud-est de France, le 26 juin 2023. (Photo LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)
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Publié le Mercredi 28 juin 2023

Ecole, port, numérique: Macron esquisse une nouvelle ambition pour Marseille

  • Mercredi, au dernier jour de sa visite,M.Macron reviendra sur les défis en matière de logements
  • Emmanuel Macron a aussi plaidé pour un développement de l'«Hinterland»

MARSEILLE: Ecoles innovantes, port décarboné, capitale du numérique: Emmanuel Macron a esquissé mardi une nouvelle ambition pour Marseille, l'appelant à regarder vers "le large" et renouer pleinement avec son "destin méditerranéen".

"Ce destin méditerranéen nous pouvons le ressaisir (..) C'est une chance pour la ville, pour la région, pour le pays", a lancé le chef de l'Etat, au deuxième jour de sa visite, dans le décor à couper le souffle du fort Saint-Jean avec la mer, le port et l'arrière-pays à l'horizon.

Poursuivant une série d'annonces égrenées depuis lundi dans le cadre du plan "Marseille en grand", il a promis de "faire de Marseille un port exemplaire en matière de décarbonation du transport maritime", avec une décarbonation plus rapide des flottes pour faire face à la concurrence d'autres comptoirs en Méditerranée.

Emmanuel Macron a aussi plaidé pour un développement de l'"Hinterland" (arrière-pays) du port en allant "beaucoup plus vite et fort sur le ferroviaire et le fluvial. Il avait lancé fin 2022 un projet de "grand port" reliant Marseille à Lyon, le long du sillon rhodanien, pour le transport de marchandises et d'énergie. Ce couloir pourrait être irrigué par "une dizaine de ports et aller se connecter jusqu'à la Bavière" en Allemagne, a-t-il précisé mardi soir.

Marseille doit aussi devenir une "capitale du numérique européen", avec data centers et rayonnement dans le cyber, a-t-il poursuivi.

«Nouvelle école»

Une école de "l’économie bleue" va aussi être installée sur le site du port, à l'Estaque, pour former des "milliers de jeunes" venant des quartiers déshérités du Nord de Marseille, a-t-il dit.

Le président a aussi annoncé le lancement d'une Saison Méditerranée pour 2026, afin de faire émerger des projets de "toutes les rives de la Méditerranée". Enfin il a appelé à inventer une "nouvelle Cité radieuse" dans les quartiers Nord, pour y réintroduire du beau, en référence au bâtiment de Le Corbusier au coeur de la ville.

Dans l'après-midi, Emmanuel Macron avait annoncé doubler l'enveloppe de l'Etat pour les hôpitaux publics de la deuxième ville de France --à hauteur de 479 millions d'euros--, avec en prime la reconstruction de l'Hôpital d'instruction des armées sur un nouveau site.

Plus tôt dans la matinée, depuis une école en rénovation des quartiers Nord de la ville, le président avait salué les innovations pédagogiques lancées dans quelque 80 établissements marseillais du premier degré. "On a inventé une nouvelle école (..) Au début, si on se parle franchement, il y avait beaucoup de réticences, ça vient complètement bousculer les idéologies de base", a concédé Emmanuel Macron, qui souhaite voir ce laboratoire des "écoles du futur" étendu partout en France.

Mais les résistances restent vives, une grande majorité des 470 écoles de Marseille n'ayant pas souhaité à ce stade s'engager dans ce dispositif.

Réticences 

Nouvel argument pour le rejoindre: les écoles qui y participent pourront utiliser le pass culture, réservé pour l'instant aux collèges-lycées.

Avec l'expérimentation pédagogique, "le danger c'est qu'on n'ait plus affaire à une école de la République mais à des écoles complètement différentes en fonction des territoires", conduisant à une "véritable rupture d'égalité des chances", s'inquiète de son côté Virginie Akliouat, secrétaire départementale de la FSU-SNUipp (premier degré).

Le chef de l'Etat, qui imagine la deuxième ville de France comme le laboratoire de ses politiques publiques, veut également "rouvrir" le débat concernant le temps scolaire sur l'année, car "quand on a des vacances de trois mois, l'inégalité revient", a-t-il insisté.

Lundi, il avait déjà annoncé vouloir dédoubler les classes dès la moyenne section de maternelle, élargir progressivement les horaires au collège jusqu'à 18h00, et offrir la possibilité d'entrer à l'école dès deux ans.

Le maire divers-gauche de Marseille, Benoît Payan, s'est en tout cas félicité des investissements sans "équivalent dans le pays depuis 1945 pour les écoles": "on aura terminé d'ici 2026 la rénovation et la reconstruction de 60 écoles", a-t-il promis, dont celle en surplomb de la cité de la Castellane, où a grandi Zinedine Zidane.

Mercredi, au dernier jour de sa visite, Emmanuel Macron reviendra sur les défis en matière de logements, avec 40.000 taudis à rénover, et sur les enjeux du port. Avec potentiellement d'autres manifestations de colère contre la politique de son gouvernement.

Sur le Vieux-Port, mardi en fin d'après-midi, environ 250 manifestants ont ainsi protesté contre la dissolution du mouvement écologiste Soulèvements de la Terre (SLT). "C'est pas ton laboratoire, c'est Marseille BB", proclamait une banderole. "Ils vont plus attiser le feu plus qu'autre chose" en ayant dissout les SLT, a estimé Steven Jia, un doctorant venu protester.


La maire LR de La Seyne-sur-Mer condamnée à cinq ans d'inéligibilité immédiate

Mme Bicais est la deuxième maire d'une grande ville du Var à être démise de ses fonctions pour des questions de probité, après Hubert Falco, ex-maire de Toulon et ex-baron de la politique locale, condamné en 2023 à une peine d'inéligibilité immédiate pour des repas et des frais de pressing payés par le Conseil départemental du Var qu'il ne présidait pourtant plus. (AFP)
Mme Bicais est la deuxième maire d'une grande ville du Var à être démise de ses fonctions pour des questions de probité, après Hubert Falco, ex-maire de Toulon et ex-baron de la politique locale, condamné en 2023 à une peine d'inéligibilité immédiate pour des repas et des frais de pressing payés par le Conseil départemental du Var qu'il ne présidait pourtant plus. (AFP)
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  • L'élue LR était jugée pour prise illégale d’intérêts avec deux de ses proches pour un permis de construire obtenu pour sa maison personnelle et pour l'emploi d'un proche à un poste de la mairie sans appel à candidature
  • Elle a manqué "à la probité, qualité indispensable attendue d'une élue", avec "aucune remise en question" de sa part à l'audience: pire, "elle banalise les infractions", ce qui pose un "risque de réitération", a détaillé la présidente

TOULON: Accusée d'avoir manqué à son devoir de "probité, qualité indispensable pour une élue", Nathalie Bicais, maire LR de La Seyne-sur-Mer, deuxième ville du Var, a été condamnée pour prise illégale d'intérêt vendredi, avec une peine d'inéligibilité immédiate de cinq ans.

Une peine de 18 mois de prison avec sursis, assortie d'une inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, d'une interdiction d'exercer toute fonction publique de deux ans et d'une amende de 20.000 euros a été prononcée par la présidente du tribunal correctionnel de Toulon, qui a regretté l'absence de l'élue à la lecture du jugement.

"Elle ne s'intéresse pas à la justice", "elle n'est pas là, c'est dommage", a commencé Marie-Laure Arnouil, avant de motiver sa décision.

Mme Bicais, élue en 2020 dans cette ville limitrophe de Toulon, devrait donc être démise de ses mandats très prochainement par le préfet du Var, la peine d'inéligibilité s'appliquant tout de suite, bien qu'elle fasse appel de sa condamnation comme l'a annoncé son avocat, Me Gilles Gauer.

Elle a manqué "à la probité, qualité indispensable attendue d'une élue", avec "aucune remise en question" de sa part à l'audience: pire, "elle banalise les infractions", ce qui pose un "risque de réitération", a détaillé la présidente.

L'élue LR était jugée pour prise illégale d’intérêts avec deux de ses proches pour un permis de construire obtenu pour sa maison personnelle et pour l'emploi d'un proche à un poste de la mairie sans appel à candidature.

Mme Bicais est la deuxième maire d'une grande ville du Var à être démise de ses fonctions pour des questions de probité, après Hubert Falco, ex-maire de Toulon et ex-baron de la politique locale, condamné en 2023 à une peine d'inéligibilité immédiate pour des repas et des frais de pressing payés par le Conseil départemental du Var qu'il ne présidait pourtant plus.

Ex-LR aujourd'hui rallié à Emmanuel Macron, l'ex-élu toulonnais a contesté cette peine d'inéligibilité de cinq ans devant la Cour de cassation, qui doit rendre sa décision le 28 mai.


Ressortissants détenus: la France dépose plainte contre l'Iran devant la CIJ, annonce Barrot

Le ministre des Affaires étrangères français avait déjà indiqué début avril que Paris s'apprêtait à saisir la CIJ faute d'avancée. Cette annonce avait été saluée comme un "tournant majeur" par la soeur de Cécile Kohler. (AFP)
Le ministre des Affaires étrangères français avait déjà indiqué début avril que Paris s'apprêtait à saisir la CIJ faute d'avancée. Cette annonce avait été saluée comme un "tournant majeur" par la soeur de Cécile Kohler. (AFP)
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  • La plainte devant la CIJ intervient alors que des négociateurs iraniens rencontrent vendredi en Turquie retrouvent leurs homologues du Royaume-Uni, de France et d'Allemagne pour des pourparlers sur le nucléaire iranien
  • Cécile Kohler, enseignante, et son compagnon, Jacques Paris, que Paris qualifie d'"otages d'Etat", ont été arrêtés en mai 2022 pour "espionnage" et sont emprisonnés depuis dans des conditions extrêmement dures, à l'isolement, dans la prison d'Evine

PARIS: La France dépose plainte vendredi contre l'Iran devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour "violation de son obligation de donner droit à la protection consulaire" concernant ses deux ressortissants français encore détenus dans ce pays, a annoncé le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot.

Cécile Kohler et Jacques Paris "sont retenus otages depuis trois ans en Iran, détenus dans des conditions indignes qui sont assimilables à de la torture et qui sont privés de ce qu'on appelle les visites consulaires", a dénoncé M. Barrot sur la chaîne de télévision France 2.

Le ministre des Affaires étrangères français avait déjà indiqué début avril que Paris s'apprêtait à saisir la CIJ faute d'avancée. Cette annonce avait été saluée comme un "tournant majeur" par la soeur de Cécile Kohler.

La plainte devant la CIJ intervient alors que des négociateurs iraniens rencontrent vendredi en Turquie retrouvent leurs homologues du Royaume-Uni, de France et d'Allemagne pour des pourparlers sur le nucléaire iranien.

Cécile Kohler, enseignante, et son compagnon, Jacques Paris, que Paris qualifie d'"otages d'Etat", ont été arrêtés en mai 2022 pour "espionnage" et sont emprisonnés depuis dans des conditions extrêmement dures, à l'isolement, dans la prison d'Evine de Téhéran.

Ils sont officiellement les deux derniers Français détenus en Iran. Olivier Grondeau, qui était détenu depuis octobre 2022, a été libéré en mars.

Une vingtaine d'Occidentaux sont détenus en Iran, le pays étant accusé par les chancelleries européennes et des ONG de pratiquer une "diplomatie des otages".

 


Macron aux investisseurs: «mon job pour les deux ans, c'est la stabilité»

La France a besoin de "stabilité" avec un "rapprochement des familles politiques" et "ce sera mon job" pour les deux dernières années du quinquennat, a affirmé jeudi Emmanuel Macron devant un parterre d'investisseurs internationaux à Paris. (AFP)
La France a besoin de "stabilité" avec un "rapprochement des familles politiques" et "ce sera mon job" pour les deux dernières années du quinquennat, a affirmé jeudi Emmanuel Macron devant un parterre d'investisseurs internationaux à Paris. (AFP)
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  • "En France, nous avons besoin de stabilité. C'est le job pour les deux ans à venir. Car si l'on rapproche différentes familles politiques qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, cela fonctionnera et c'est mon objectif et c'est mon job"
  • "Mon objectif, c'est la stabilité et la durabilité parce que les résultats sont là en terme de création d'emplois et d'attractivité économique"

PARIS: La France a besoin de "stabilité" avec un "rapprochement des familles politiques" et "ce sera mon job" pour les deux dernières années du quinquennat, a affirmé jeudi Emmanuel Macron devant un parterre d'investisseurs internationaux à Paris.

"En France, nous avons besoin de stabilité. C'est le job pour les deux ans à venir. Car si l'on rapproche différentes familles politiques qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, cela fonctionnera et c'est mon objectif et c'est mon job", a plaidé M. Macron dans un discours en anglais.

"Si l'on regarde l'Allemagne et d'autres pays en Europe, c'est exactement ce qui se passe. Le chancelier allemand dispose d'une excellente coalition avec les socialistes et la droite. Et c'est ce qu'il faut faire en France pour consolider ce que nous avons fait", a-t-il ajouté.

"Mon objectif, c'est la stabilité et la durabilité parce que les résultats sont là en terme de création d'emplois et d'attractivité économique", a insisté le chef de l'Etat à qui l'on a beaucoup reproché d'avoir créé de l'instabilité par sa dissolution de l'Assemblée nationale il y a bientôt un an.

Emmanuel Macron s'exprimait au 20ème anniversaire de la "Global Markets Conference" qui rassemble des investisseurs internationaux à l'invitation de Jamie Dimon, directeur général de la banque américaine JP Morgan Chase. Celle-ci en a profité pour annoncer une extension de ses locaux dans le centre de Paris pour accueillir plus confortablement son millier d'employés.

Cette conférence se tenait en amont du sommet Choose France, organisé lundi par l'Elysée au château de Versailles et à l'occasion duquel de nombreuses entreprises étrangères doivent annoncer de nouveaux projets d'investissements.

Jugeant qu'il y a "trop de domaines dans lesquels nous avons encore 27 systèmes de réglementation" dans l'UE, M. Macron a plaidé pour la mise en oeuvre "rapide" des réformes décidées pour améliorer la compétitivité européenne, insistant particulièrement sur celle du marché unique de capitaux.

"Lorsque vous regardez le panorama, c'est totalement fou. L'Union européenne est le premier lieu en termes d'épargne. Mais nous n'utilisons pas cette épargne pour investir dans notre innovation rapidement. Un tiers de cette épargne part vers les Etats-Unis parce que les marchés sont beaucoup plus efficaces et parfois pour financer les obligations américaines. Je suis super content pour les Etats-Unis, mais je pense que ce n'est pas le meilleur usage de notre propre épargne", a-t-il ainsi déploré.