En Ukraine, la fête de l'Indépendance sous le signe d'une contre-offensive ardue

Des policiers se tiennent à côté de véhicules militaires blindés russes détruits exposés dans la rue Khreshchatyk, au centre de Kiev, le 22 août 2023 (AFP).
Des policiers se tiennent à côté de véhicules militaires blindés russes détruits exposés dans la rue Khreshchatyk, au centre de Kiev, le 22 août 2023 (AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 23 août 2023

En Ukraine, la fête de l'Indépendance sous le signe d'une contre-offensive ardue

  • Après des mois à constituer des stocks d'armements occidentaux, l'armée ukrainienne a lancé en juin une vaste opération militaire dans le sud et l'est pour reconquérir ses terres occupées
  • Des médias américains ont commencé à rapporter que Washington, moteur de l'aide militaire à l'Ukraine, se montre de plus en plus circonspect quant à la capacité de Kiev à reprendre une partie significative de son territoire

KIEV: Des carcasses de blindés exposées sur l'avenue centrale de Kiev pour la fête de l'Indépendance illustrent l'ampleur des pertes russes, mais ces épaves ne dissimulent pas pour autant les difficultés de la récente contre-offensive ukrainienne.

Après des mois à constituer des stocks d'armements occidentaux, l'armée ukrainienne a lancé en juin une vaste opération militaire dans le sud et l'est pour reconquérir ses terres occupées.

Ce délai, la Russie l'a mis à profit pour constituer des lignes de défenses faites notamment de redoutables champs de mines, si bien que les avancées, en dépit de combats acharnés, sont limitées à une poignée de villages.

Des médias américains ont commencé à rapporter que Washington, moteur de l'aide militaire à l'Ukraine, se montre de plus en plus circonspect quant à la capacité de Kiev à reprendre une partie significative de son territoire.

D'autant que les pertes s’accumulent, avec 70 000 militaires ukrainiens tués en 18 mois selon les sources américaines du New York Times. Le bilan russe serait bien plus lourd, avec 120 000 morts, mais les réserves russes sont nettement plus importantes, un avantage dans la durée.

Sur l'avenue Khrechtchatyk, à quelques jours de la fête de l'indépendance jeudi, certains badauds ne cachent pas leur agacement face à ceux qui, en Occident, réclament des succès éclairs.

"Peut-être qu'à l'Ouest, il y a des gens mal informés qui pensent qu'on est dans une émission de téléréalité", s'agace Anna, 35 ans, reprenant une critique courante en Ukraine.

Les hauts responsables ukrainiens martèlent avoir toujours su que la bataille serait longue et difficile. Et que ce sont les attentes qui étaient irréalistes.

Le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a affirmé à l'AFP que la détermination du pays restait intacte, "peu importe le temps qu'il faudra" pour gagner.

En Russie, Vladimir Poutine a déjà proclamé que la contre-offensive était un échec. Des experts relèvent que Moscou dispose toujours d'une supériorité en hommes, en équipements et en munitions.

"Cette idée selon laquelle nous pouvons démanteler les défenses russes sans supériorité en puissance de feu est mal placée", juge Mykola Bielieskov, chercheur à l'Institut des études stratégiques à Kiev.

"Je ne comprends pas comment certains pouvaient s'attendre à ça", poursuit-il.

Vitali, en permission à Kiev et qui comme tous les soldats ne peut donner son nom de famille, admet volontiers que l'armée, confrontée à un front de quelque mille kilomètres, était trop étirée.

"Je suis d'accord, ça traîne", dit le militaire de 21 ans, "il me semble qu'on n'a pas assez d'hommes et d'équipements".

L'annonce, lors d'un déplacement du président Volodymyr Zelensky au Danemark et aux Pays-Bas, de la livraison prochaine de 61 avions de combats F-16 est à ce titre une victoire, d'autant que Kiev les réclame depuis des mois.

«Trop peu, trop tard»

Mais il est peu probable que ces appareils soient bientôt déployés sur le champ de bataille pour apporter aux troupes engagées dans la contre-offensive l'appui aérien dont elles ont besoin.

Certains partisans de l'Ukraine ne cachent donc leur rancœur à l'égard des Occidentaux qui n'ont pas immédiatement ouvert tous leurs entrepôts militaires, laissant le temps aux Russes de se retrancher.

"L'annonce (concernant les F-16) est aussi bienvenue qu'exaspérante", note Edward Lucas dans une analyse intitulée "Trop peu et trop tard" pour le Center for European Policy Analysis, basé à Washington.

"Les formations vont prendre des mois et la décision aurait pu être prise il y a 18 mois, voire même avant" l'invasion russe, poursuit-il.

D'autant que l'Ukraine a encore et toujours besoin d'obus pour pilonner les premières lignes comme de missiles longue-portée pour frapper les arrières.

En outre, Kiev doit faire face à une offensive russe au nord-est, près de Koupiansk, zone pourtant libérée en septembre dernier.

Enfin, les missiles et drones explosifs continuent de s'abattre sur les villes ukrainiennes, faisant leur lot de victimes civiles.

Confronté à ce danger, le maire de Kiev, Vitali Klitchko a donc banni tout événement d'ampleur à l'occasion de la fête de l'Indépendance, appelant à la prudence et à "ne pas ignorer les alertes de la défense anti-aérienne".


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Short Url
  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Short Url
  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com