Le gouvernement français se prépare à une nouvelle nuit de violences

Un homme détenu et interrogé par des policiers lors d'une manifestation contre la police à Marseille, dans le sud de la France, le 1er juillet 2023 (Photo CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Un homme détenu et interrogé par des policiers lors d'une manifestation contre la police à Marseille, dans le sud de la France, le 1er juillet 2023 (Photo CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Short Url
Publié le Samedi 01 juillet 2023

Le gouvernement français se prépare à une nouvelle nuit de violences

  • Le ministre Gérald Darmanin a annoncé que les 45.000 policiers et gendarmes déjà mobilisés la nuit dernière seraient à nouveau sur le pont samedi soir, dont 7.000 à Paris et en proche banlieue
  • La Première ministre Elisabeth Borne devait se rendre samedi soir tard dans la salle de commandement de la police nationale au ministère de l'Intérieur, puis dans celle de la préfecture de police de Paris pour y suivre les opérations

NANTERRE, France : Le gouvernement a reconduit samedi son dispositif de sécurité en prévision d'une cinquième nuit consécutive d'émeutes urbaines après la mort mardi de Nahel, 17 ans, tué par un policier et inhumé loin des caméras dans sa ville de Nanterre.

En déplacement au commissariat de Dreux (Eure-et-Loir), le ministre Gérald Darmanin a annoncé que les 45.000 policiers et gendarmes déjà mobilisés la nuit dernière seraient à nouveau sur le pont samedi soir, dont 7.000 à Paris et en proche banlieue.

Une partie de ces effectifs ont été déplacés à Marseille et Lyon, les principales agglomérations touchées vendredi soir.

Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard et la mort mardi de l'adolescent lors d'un contrôle routier à Nanterre ont choqué jusqu'au sommet de l'Etat, embrasé tout le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises et notamment en Algérie, le pays d'origine de sa famille.

Face à cette situation, Emmanuel Macron a informé samedi son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier de sa décision de reporter sa visite d'Etat prévue dans son pays de dimanche soir à mardi. Le chef de l'Etat a passé samedi après-midi une série d'appels téléphoniques à des maires du pays, inquiets de la spirale de violences qui secoue le pays.

Dans la nuit de vendredi à samedi, les forces de l'ordre ont procédé à plus de 1.300 interpellations, un chiffre record depuis mardi, même si M. Darmanin a constaté une baisse d'intensité des violences avec notamment «50% de feux de véhicules en moins».

Samedi en début de soirée, des petits groupes de jeunes étaient déjà réunis sur la Canebière et ont été rapidement dispersés, ont constaté des journalistes de l'AFP. A 20h00, la situation était globalement sous contrôle dans la cité phocéenne, où une source policière a rapporté sept interpellations pour vol dans un centre commercial dans le nord de la ville.

- Borne sur le pont -

En région parisienne, le centre commercial de Créteil-Soleil (Val-de-Marne) a été fermé plus tôt, à 16h00, de manière préventive, en raison de messages sur les réseaux sociaux.

De nombreuses communes ont instauré un couvre-feu et les réseaux de transport en commun ont été fermés plus tôt que prévu, notamment celui des  les bus et tramways d'Ile-de-France à partir de 21h00.

La Première ministre Elisabeth Borne devait se rendre samedi soir tard dans la salle de commandement de la police nationale au ministère de l'Intérieur, puis dans celle de la préfecture de police de Paris pour y suivre les opérations de maintien de l'ordre, a appris l’AFP de source gouvernementale.

Samedi, Nahel a été inhumé en fin d'après-midi au cimetière du Mont-Valérien à Nanterre en présence de sa mère, de sa grand-mère et de plusieurs centaines de personnes lors d'une cérémonie «très calme, dans le recueillement et sans débordement», a rapporté un témoin à l'AFP.

Dans la matinée, l'ambiance était très tendue devant le funérarium entre des groupes de jeunes et la presse, dont la présence n'était pas souhaitée par la famille, ont constaté des journalistes de l'AFP.

«Paix à son âme, que justice soit faite», a lancé sous couvert d'anonymat à l'AFP une Nanterrienne en sortant du funérarium. «Je suis venue soutenir la maman, elle n'avait que lui, la pauvre».

- Incendies et pillages -

Les scènes de destruction et de pillages de commerces qui secouent de nombreuses villes de France ont suscité la stupeur et la colère de leurs habitants.

«Ils sont venus spécialement pour casser, voler et repartir», a déploré à Marseille un commerçant du centre commercial du Merlan, Youcef Bettahar. «Moi j'étais là jusqu’à 05h00 du matin, de très très jeunes filles et garçons repartaient avec des sacs remplis, on est vraiment dégoûté de ce qu'il se passe».

Dans la nuit de vendredi à samedi, 1.350 véhicules ont été incendiés, 266 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 26 mairies et 24 écoles, et 2.560 feux comptabilisés sur la voie publique, selon le ministère de l'Intérieur, des chiffres en net recul par rapport à ceux de la nuit précédente.

Des bâtiments de la police et de la gendarmerie ont été la cible d'attaque, 79 policiers et gendarmes ont été blessés. «La prochaine personne qui touche un policier ou un gendarme doit savoir qu'elle sera retrouvée», a averti Gérald Darmanin samedi soir.

La question de l'état d'urgence reste posée et surveillée à l'étranger, d'autant plus que la France accueille à l'automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l'été 2024.

Les joueurs de l'équipe de France de football ont envoyé vendredi soir un «appel à l'apaisement».

Cette spirale de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.

Le policier de 38 ans auteur du coup de feu qui a tué Nahel a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire jeudi après-midi.


Une trentaine de pays s'engagent pour un « océan silencieux »

Le président français Emmanuel Macron (au centre), Munipoese Muli’aka’aka (au centre à gauche), président de l'Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna, et Moetai Charles Brotherson (au centre à droite), président de la Polynésie française, posent pour une photo de famille avec les participants lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (au centre), Munipoese Muli’aka’aka (au centre à gauche), président de l'Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna, et Moetai Charles Brotherson (au centre à droite), président de la Polynésie française, posent pour une photo de famille avec les participants lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
Short Url
  • Baleines, dauphins, poissons... de nombreuses espèces sont affectées par cette pollution, qui interfère avec leur capacité à se diriger, à communiquer, à chasser, à se reproduire et à éviter les prédateurs.
  • Les membres de la coalition « Océan silencieux » ont signé une déclaration dans laquelle ils s'engagent à faire progresser la conception et l'exploitation de navires plus silencieux au sein de l'Organisation maritime internationale (OMI).

NICE, FRANCE : Une coalition de 37 pays menée par le Panama et le Canada s'est engagée lundi à combattre une menace majeure mais invisible : la pollution sonore du transport maritime, qui nuit à de nombreuses espèces sous-marines.

Baleines, dauphins, poissons... de nombreuses espèces sont affectées par cette pollution, qui interfère avec leur capacité à se diriger, à communiquer, à chasser, à se reproduire et à éviter les prédateurs.

Les membres de la coalition « Océan silencieux » (dont la France, la Grèce ou le Portugal) ont signé une déclaration dans laquelle ils s'engagent à faire progresser la conception et l'exploitation de navires plus silencieux au sein de l'Organisation maritime internationale (OMI).

« L'océan est un monde acoustique où le son est synonyme de survie et où la vie marine en dépend pour communiquer, naviguer et trouver de la nourriture. La pollution sonore d'origine humaine étouffe ces sons vitaux, mais la solution est à notre portée », a souligné Carlos Bravo, expert chez l'ONG OceanCare.

Les membres de la coalition s'engagent également à intégrer les mesures de réduction du bruit dans la création et la gestion de leurs aires marines protégées, et à mettre en œuvre des solutions pour réduire le bruit des navires afin de protéger la vie marine.

« Trop souvent, la question du bruit des océans a été mise de côté dans le discours environnemental mondial. Avec cette coalition, nous nous engageons à agir de manière décisive pour protéger la biodiversité marine de cette menace invisible mais puissante », a déclaré Juan Carlos Navarro, ministre de l'Environnement du Panama, cité dans un communiqué.

Selon le WWF, le bruit des hélices des navires, l’exploration pétrolière, les sonars militaires ou la construction d’éoliennes en mer peuvent parcourir de grandes distances sous l'eau. 

Les bélugas peuvent détecter les sons émis par les navires brise-glace jusqu'à une distance de 85 kilomètres, ce qui provoque leur panique et leur fuite. D'autres mammifères marins modifient leur comportement en cas de stress acoustique. La pollution sonore océanique touche également les poissons, les calamars et les tortues marines.  


Nouvelle-Calédonie : Macron promet un « projet nouveau », sans reproduire les « erreurs » des référendums

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) prononce un discours aux côtés du président de la Polynésie française Moetai Brotherson pour ouvrir le Sommet France-Pacifique lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3),  le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) prononce un discours aux côtés du président de la Polynésie française Moetai Brotherson pour ouvrir le Sommet France-Pacifique lors de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), le 10 juin 2025. (Photo de Christian Hartmann / POOL / AFP)
Short Url
  • Le chef de l'État a voulu rassurer les dirigeants de la région qui ont pu être préoccupés par les événements qui ont déstabilisé la Nouvelle-Calédonie il y a un an, lors de violences insurrectionnelles.
  • Début mai, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a mené des négociations dans l'archipel pour tenter d'obtenir un accord entre indépendantistes et non-indépendantistes sur un nouveau statut, mais ses efforts ont échoué.

NICE, FRANCE : Emmanuel Macron a déclaré  mardi vouloir un « projet nouveau » pour la Nouvelle-Calédonie, après l'échec de récentes négociations, et a invité à Paris tous les acteurs concernés, tout en promettant de ne pas reproduire les « erreurs » liées aux référendums, qu'il juge « inadaptés » aux cultures locales.

Lors d'un sommet entre la France et les pays du Pacifique à Nice, en marge de la Conférence de l'ONU sur les océans, le chef de l'État a voulu rassurer les dirigeants de la région qui ont pu être préoccupés par les événements qui ont déstabilisé la Nouvelle-Calédonie il y a un an, lors de violences insurrectionnelles.

Il leur a rappelé que trois référendums « prévus par les processus que nous avions pensés dans les années 80 et 90 » avaient « permis une expression de maintien dans la République française » du territoire ultramarin.

La Nouvelle-Calédonie a toutefois été frappée à partir de la mi-mai 2024 par des émeutes qui ont fait 14 morts et causé des milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise institutionnelle, économique et sociale aiguë.

Début mai, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a mené des négociations dans l'archipel pour tenter d'obtenir un accord entre indépendantistes et non-indépendantistes sur un nouveau statut, mais ses efforts ont échoué. Après cet échec, Emmanuel Macron a invité les parties prenantes à Paris « à partir de la mi-juin ».

« Nous tiendrons dans les prochaines semaines un sommet à Paris pour pouvoir rassembler toutes les parties prenantes et réussir à (...) avoir un projet nouveau », a-t-il déclaré mardi à Nice, sans annoncer de date précise.

Il a estimé que « ni la culture pacifique, ni la culture océanienne ou mélanésienne ne sont totalement faites pour les référendums ». « Ce sont des cultures de concertation où, je dirais, la circularité est plus adaptée qu'une réponse tranchée oui ou non », a-t-il ajouté.

« Mais nous avons hérité de ce processus qui prévoyait les trois référendums ; nous ne referons pas les mêmes erreurs pour la suite », a-t-il assuré. 

« Nous allons tout faire pour réussir, et je suis confiant. Nous le ferons dans le respect de toutes et tous, et pour toutes les Calédoniennes et tous les Calédoniens, mais aussi pour la paix dans la région », a insisté le président de la République. 


France: un collégien blesse grièvement une surveillante au couteau

Short Url
  • La ministre de l'Education, Elisabeth Borne, doit se rendre sur les lieux de l'agression afin d'exprimer son "soutien à l'ensemble de la communauté scolaire et des forces de l’ordre", a-t-elle annoncé sur X
  • Des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires ont été mis en place en France après une rixe en mars qui avait provoqué la mort d'un adolenscent de 17 ans devant un lycée du département de l'Essonne, en région parisienne

LILLE: Un élève a été arrêté mardi après avoir "blessé grièvement une assistante d'éducation" avec un couteau lors d'un contrôle des sacs par des gendarmes devant un collège à Nogent dans l'est de la France, selon la préfecture, précisant que la victime âgée de 31 ans était en "urgence absolue".

Le collégien a été placé en garde à vue, a ajouté la préfecture.

La ministre de l'Education, Elisabeth Borne, doit se rendre sur les lieux de l'agression afin d'exprimer son "soutien à l'ensemble de la communauté scolaire et des forces de l’ordre", a-t-elle annoncé sur X.

Des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires ont été mis en place en France après une rixe en mars qui avait provoqué la mort d'un adolenscent de 17 ans devant un lycée du département de l'Essonne, en région parisienne.

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, avait alors promis davantage de "dissuasion et de sanctions" aux abords des établissements scolaires après ce qu'il avait qualifié de "longue litanie" de rixes mortelles.

Fin avril, au lendemain d'une attaque mortelle dans un établissement à Nantes (ouest), Mme Borne Borne avait précisé que 958 contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires avaient permis la saisie de 94 armes blanches depuis mars.