Frappes russes meurtrières en Ukraine, une centrale nucléaire affectée

Un ouvrier répare une ligne électrique à la suite d'une grève russe dans le village de Velyka Vilshanytsia, à environ 50 km de Lviv, le 9 mars 2023. (AFP)
Un ouvrier répare une ligne électrique à la suite d'une grève russe dans le village de Velyka Vilshanytsia, à environ 50 km de Lviv, le 9 mars 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 10 mars 2023

Frappes russes meurtrières en Ukraine, une centrale nucléaire affectée

  • Quelques heures après les frappes de missiles, l'opérateur électrique ukrainien Ukrenergo a annoncé le rétablissement de l'alimentation de cette centrale occupée, écartant le risque d'un incident nucléaire
  • La Russie a elle annoncé la tenue lundi d'une réunion à Genève avec l'ONU sur l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars

KIEV: Des frappes russes massives de missiles et de drones en Ukraine, les plus importantes depuis des semaines, ont fait au moins six morts jeudi et privé de courant une partie de la population, ainsi que, temporairement, la centrale nucléaire de Zaporijjia.

Quelques heures après les frappes de missiles, l'opérateur électrique ukrainien Ukrenergo a annoncé le rétablissement de l'alimentation de cette centrale occupée, écartant le risque d'un incident nucléaire.

La Russie a qualifié ces frappes, qu'elle a effectuées notamment à l'aide de nouveaux missiles hypersoniques Kinjal, de "représailles" à une incursion sur son territoire le 2 mars de "saboteurs" ukrainiens.

Parallèlement, de nouvelles tensions sont apparues autour de la Moldavie, Kiev dénonçant une "provocation" russe après que les autorités prorusses de Transdniestrie, un territoire séparatiste moldave frontalier de l'Ukraine, ont affirmé avoir déjoué un attentat contre ses dirigeants.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé jeudi soir, dans son message quotidien sur internet, "une nouvelle tentative par l'Etat terroriste de combattre la civilisation, qui a temporairement coupé le courant, le chauffage et l'eau dans certaines de nos régions et de nos villes".

"Les missiles russes ont tué six Ukrainiens aujourd'hui", a-t-il ajouté.

A Washington, une porte-parole de la Maison Blanche a déclaré : il est "accablant de voir ces attaques brutales, injustifiées, sur des infrastructures civiles à travers l'Ukraine".

Selon l'armée ukrainienne, la défense antiaérienne a abattu 34 des 81 missiles lancés par Moscou, et quatre drones explosifs Shahed de fabrication iranienne. Aucun des six missiles Kinjal utilisés par les Russes pour cette attaque n'a pu être abattu, selon Kiev.

La Russie a régulièrement bombardé les installations énergétiques ukrainiennes, plongeant des millions de personnes dans le noir et le froid, mais ces attaques étaient devenues moins nombreuses ces derniers temps.

«Ils tirent au hasard»

Dans la région de Lviv (ouest), un tir sur un quartier résidentiel a tué au moins cinq personnes, a rapporté le gouverneur, tandis que celui de la région de Dnipro (centre-est) a indiqué qu'un homme de 34 ans avait été tué.

Oksana Ostapenko, habitante du village de Velyka Vilchanytsia dans la région de Lviv, a perdu sa soeur et deux beaux-frères qui se trouvaient dans une maison détruite. Deux leurs voisins ont aussi été tués.

"Ils ont fait la fête (après un anniversaire), puis ils se sont endormis. Et voilà ce qui est arrivé", raconte Mme Ostapenko. "Nous pensions être en sécurité ici", près de la frontière polonaise, poursuit-elle.

Les frappes ont coupé l'électricité, l'eau et le chauffage à Kharkiv, grande ville du nord-est, et privé de chauffage 40% des usagers à Kiev, selon les autorités respectives.

"La Russie essaye de détruire complètement les infrastructures civiles de l'Ukraine, voilà pourquoi il faut (lui) fournir de quoi se défendre", a réagi le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, depuis Stockholm.

Centrale rebranchée

La gigantesque centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l'armée russe dans le sud de l'Ukraine, a également été brièvement coupée jeudi du réseau électrique ukrainien, a affirmé l'opérateur nucléaire ukrainien Energoatom.

Des générateurs diesel de secours ont été enclenchés pour assurer une alimentation minimale des systèmes de sécurité, selon Energoatom, qui avait mis en garde contre le risque d'un accident nucléaire.

"On joue avec le feu", a prévenu depuis Vienne le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi.

"C'est une violation grave de la sécurité nucléaire, provoquée par la Russie", a abondé le haut représentant de l'Union européenne Josep Borell.

Dans l'après-midi, l'opérateur d'électricité Ukrenergo a indiqué avoir "rétabli l'alimentation électrique à la centrale".

A Kiev, des explosions ont touché des quartiers sud et ouest, selon le maire. Trois personnes ont été blessées, a indiqué la police.

Sur Prospekt Peremoguy, dans l'ouest de la capitale, trois voitures garées près d'un haut immeuble d'habitation ont été carbonisées, a constaté un correspondant de l'AFP, et plusieurs autres abîmées.

"Il y a eu une très forte explosion", témoigne Igor Iéjov, 60 ans, qui a évacué l'immeuble avec son épouse. "Quand cela arrive tout près, chez toi, c'est vraiment un sentiment de peur."

Tensions en Transdniestrie

En Moldavie, les séparatistes prorusses de Transdniestrie ont assuré jeudi que l'Ukraine avait voulu commettre un attentat dans le centre de leur capitale, Tiraspol, pour "éliminer" leurs dirigeants et faire "un grand nombre de victimes".

"J'ai déjà donné l'ordre au ministre des Affaires étrangères de préparer des déclarations à tous les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. (...) Nous (les) appellerons pour examiner cette situation et assurer notre sécurité", a déclaré en russe le chef des séparatistes, Vadim Krasnoselskiï, dans une allocution télévisée.

Le Premier ministre moldave, Dorin Recean a dit "ne pas avoir confirmation" de ces allégations, et les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont dénoncé une "provocation orchestrée par le Kremlin".

La Moldavie et les Occidentaux accusent régulièrement Moscou d'utiliser la Transdniestrie pour déstabiliser encore davantage l'Ukraine voisine.

La Russie a annoncé la tenue lundi d'une réunion à Genève avec l'ONU sur l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars, un document vital pour l'approvisionnement alimentaire mondial.

Par ailleurs, dans l'est de l'Ukraine, la bataille pour la ville-symbole de Bakhmout continue de faire rage.

Après avoir annoncé la veille la prise de la partie orientale de la cité, le patron de l'organisation paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé jeudi que ses combattants avaient conquis le petit village de Doubovo-Vassylivka, au nord de Bakhmout.

Bakhmout pourrait tomber "dans les prochains jours", a averti mercredi le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

A Vilnius, le chef des renseignements militaires lituaniens a pour sa part estimé que Moscou disposait de suffisamment de ressources pour poursuivre son offensive en Ukraine au rythme actuel pendant deux ans.


Gaza: le Hamas «ne voulait pas d'accord», veut «mourir», dit Trump

Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail". (AFP)
Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail". (AFP)
Short Url
  • "Le Hamas ne voulait pas vraiment conclure un accord. Je pense qu'ils veulent mourir. Et c'est très, très grave", a déclaré le président américain à la presse à la Maison Blanche peu avant son départ pour l'Ecosse
  • Le président américain Donald Trump a minimisé vendredi les déclarations de son homologue français Emmanuel Macron sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, disant qu'elles n'avaient guère "de poids" et "ne changeront rien"

WASHINGTON: Donald Trump a déclaré vendredi que le Hamas "ne voulait pas d'accord" après l'échec des négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et voulait "mourir", disant s'attendre à ce qu'Israël "finisse le travail".

"Le Hamas ne voulait pas vraiment conclure un accord. Je pense qu'ils veulent mourir. Et c'est très, très grave", a déclaré le président américain à la presse à la Maison Blanche peu avant son départ pour l'Ecosse.

"On en est arrivé à un point où il va falloir finir le travail", a-t-il dit, soulignant que le mouvement islamiste palestinien ne souhaitait pas conclure un accord car "ils savent ce qui se passe après qu'on a récupéré les derniers otages".

"Je vous l'ai dit (...), il sera très difficile pour le Hamas de conclure un accord, car il perdra son bouclier, sa couverture", a poursuivi le président américain, disant s'attendre à ce qu'ils soient "traqués".

 


Berlin «n'envisage pas de reconnaître un Etat palestinien à court terme»

Berlin insiste sur la nécessité "d'une perspective politique viable pour Gaza afin qu'un cessez-le-feu temporaire puisse déboucher sur une paix durable". (AFP)
Berlin insiste sur la nécessité "d'une perspective politique viable pour Gaza afin qu'un cessez-le-feu temporaire puisse déboucher sur une paix durable". (AFP)
Short Url
  • Dans son communiqué, le gouvernement allemand appelle à un cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas
  • Berlin insiste sur la nécessité "d'une perspective politique viable pour Gaza afin qu'un cessez-le-feu temporaire puisse déboucher sur une paix durable"

BERLIN: Le gouvernement allemand "n'envisage pas de reconnaître un Etat palestinien à court terme", a-il indiqué vendredi, un jour après l'annonce du président français Emmanuel Macron de le faire en septembre à l'ONU.

Berlin "continue de considérer la reconnaissance d'un État palestinien comme l'une des dernières étapes vers la solution à deux États", a précisé dans un communiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Stefan Kornelius, rappelant que la sécurité d'Israël "revêt une importance primordiale" pour l'Allemagne.

En raison du passé nazi, l’Allemagne est, avec les Etats-Unis, l’un des plus fervents soutiens d’Israël, et a même fait de la sécurité de ce pays "une raison d'Etat" depuis 2008.

Dans son communiqué, le gouvernement allemand appelle à un cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas.

Il exhorte aussi Israël à "améliorer immédiatement (...) la situation humanitaire catastrophique à Gaza".

Berlin insiste sur la nécessité "d'une perspective politique viable pour Gaza afin qu'un cessez-le-feu temporaire puisse déboucher sur une paix durable".

Et enfin, le gouvernement allemand prévient Israël qu'"il ne doit y avoir aucune nouvelle mesure en vue d'une annexion de la Cisjordanie".

Soulignant être en contact permanent avec le gouvernement israélien et les partenaires internationaux, il se dit prêt à "augmenter la pression si aucun progrès (sur les points précités, ndlr) n'est fait".

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé jeudi "un entretien d'urgence" sur Gaza vendredi avec ses homologues français et allemand pour voir comment "arrêter les massacres et fournir à la population la nourriture dont elle a désespérément besoin".

Le gouvernement allemand n’a pas signé l’appel de 28 pays, dont le Royaume-Uni et la France, à mettre fin "immédiatement" à la guerre dans la bande de Gaza assiégée par Israël, ce qui a suscité de nombreuses critiques dans le pays, notamment de la part des sociaux-démocrates qui participent à la coalition du chancelier conservateur Friedrich Merz.

Cette déclaration commune d’abord signée à 25 lundi, a été étoffée de trois nouveaux pays signataires et de la Commission européenne mardi.


Ukraine : des négociations russo-ukrainiennes sont attendues à Istanbul

Cette combinaison d'images d'archives créées le 13 février 2023 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président russe Vladimir Poutine (Photo de Brendan SMIALOWSKI et Mikhail METZEL / diverses sources / AFP)
Cette combinaison d'images d'archives créées le 13 février 2023 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président russe Vladimir Poutine (Photo de Brendan SMIALOWSKI et Mikhail METZEL / diverses sources / AFP)
Short Url
  • Des négociations de paix entre Russes et Ukrainiens, qui ne devraient pas aboutir rapidement, sont attendues mercredi soir en Turquie,
  • Kiev et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des exigences maximalistes.

ISTANBUL, TURQUIE : Des négociations de paix entre Russes et Ukrainiens, qui ne devraient pas aboutir rapidement, sont attendues mercredi soir en Turquie, dans l'espoir de trouver une issue diplomatique au conflit qui oppose les deux pays depuis plus de trois ans.

L'avion transportant la délégation russe devant participer aux pourparlers a décollé de Moscou à destination d'Istanbul, ont indiqué les agences de presse russes Ria Novosti et TASS, citant des sources anonymes.

L'équipe de négociateurs ukrainiens est également « en route », a indiqué un haut responsable ukrainien à l'AFP.

Une source anonyme au sein de la délégation russe, citée par TASS, a affirmé que les pourparlers devraient se dérouler mercredi soir, « dès l'arrivée » des négociateurs russes.

Cette troisième session d'échanges directs à Istanbul doit intervenir, une nouvelle fois, sous la pression du président américain Donald Trump, qui a donné à Moscou, mi-juillet, 50 jours pour parvenir à un accord avec Kiev, sous peine de sanctions sévères. 

Kiev et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des exigences maximalistes, tandis que l'armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, poursuit ses bombardements et ses attaques sur le front, où elle progresse toujours.

Mercredi, le ministère russe de la Défense a revendiqué la conquête d'un nouveau village, Varatchyné, dans la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine.

Dans ce contexte, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a jugé que le délai de 50 jours fixé par M. Trump était « très long » alors que des « civils innocents meurent tous les jours ». 

- Des positions « diamétralement opposées » -

La perspective d'avancées diplomatiques semble toujours très limitée, les positions des deux camps étant actuellement irréconciliables.

Les précédents pourparlers d'Istanbul, en mai et en juin, n'avaient débouché que sur des accords d'échange de prisonniers et de corps de soldats tués. Mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué s'attendre à discuter avec Moscou de nouveaux échanges et du rapatriement d'enfants ukrainiens emmenés en Russie.

Mardi, le Kremlin a de nouveau douché les espoirs d'une résolution rapide du conflit déclenché en février 2022 par l'invasion russe de l'Ukraine, qui a depuis fait, a minima, des dizaines de milliers de morts dans les deux camps.

« Il n'y a bien sûr aucune raison d'espérer des avancées miraculeuses, mais nous avons l'intention de défendre nos intérêts », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé la composition de la délégation ukrainienne, qui sera menée, comme les fois précédentes, par l'ex-ministre de la Défense Roustem Oumerov, réputé pour ses talents de diplomate.

La composition de l'équipe russe n'a pas été dévoilée. Elle était menée les fois précédentes par un responsable de second plan, au grand dam de Kiev : l'ex-ministre de la Culture et historien nationaliste Vladimir Medinski.

Lundi, Dmitri Peskov avait souligné que les positions des deux camps restaient « diamétralement opposées ». 

- Nouvelles frappes nocturnes -

Sur le terrain, les frappes et les combats se poursuivent.

Dans la nuit de mardi à mercredi, l'armée de l'air ukrainienne a annoncé que 71 drones russes avaient visé le pays, blessant deux enfants dans la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, où une femme a également été tuée par une frappe d'artillerie russe, d'après les autorités locales.

De son côté, l'armée russe a affirmé avoir neutralisé 33 drones ukrainiens lancés contre son territoire pendant la nuit.

La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées de l'est et du sud du pays, en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales ainsi qu'à toute adhésion à l'OTAN.

Des conditions inacceptables pour l'Ukraine, qui exige le retrait des troupes russes de son territoire et des garanties de sécurité occidentales, notamment la poursuite des livraisons d'armes et le déploiement d'un contingent européen, ce que Moscou refuse.

Kiev insiste également, avec ses alliés européens, sur la nécessité d'un cessez-le-feu de 30 jours, ce que refuse Moscou dont les forces ont l'avantage sur le terrain.

Depuis son retour au pouvoir, le président américain Donald Trump s'est rapproché de Moscou pour tenter de mettre fin à la guerre. En vain.

Ces dernières semaines, il a exprimé sa frustration à l'égard de Moscou. Il a également affirmé que des équipements militaires, payés par des pays européens membres de l'OTAN, seraient envoyés à l'Ukraine.