Journalistes tués à Gaza: Al Jazeera rejette les accusations israéliennes «fausses et trompeuses»

Wael Al-Dahdouh, correspondant vétéran d'Al-Jazeera, reçoit des soins médicaux après avoir été blessé alors qu'il couvrait les combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas à Gaza, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 décembre 2023 (Photo, AFP).
Wael Al-Dahdouh, correspondant vétéran d'Al-Jazeera, reçoit des soins médicaux après avoir été blessé alors qu'il couvrait les combats en cours entre Israël et le groupe palestinien Hamas à Gaza, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 décembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 12 janvier 2024

Journalistes tués à Gaza: Al Jazeera rejette les accusations israéliennes «fausses et trompeuses»

  • Al Jazeera a rejeté jeudi les accusations de l'armée israélienne décrivant les deux journalistes de la chaîne de télévision tués dimanche dans la bande de Gaza comme «des agents terroristes»
  • Hamza Dahdouh et Moustafa Thuraya ont été tués dans une frappe sur leur voiture dans le sud du territoire palestinien, alors qu'ils étaient en mission pour la chaîne qatarie

DOHA: Al Jazeera a rejeté jeudi les accusations de l'armée israélienne décrivant les deux journalistes de la chaîne de télévision tués dimanche dans la bande de Gaza comme "des agents terroristes".

Al Jazeera "condamne fermement et rejette totalement - et exprime même sa très grande surprise - les tentatives fausses et trompeuses de l'armée israélienne de justifier le meurtre de notre collègue Hamza Wael Al-Dahdouh et d'autres journalistes", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Celui-ci "faisait partie d'un groupe de journalistes de différents médias, incluant aussi Moustafa Thuraya, qui couvraient les bombardements dévastateurs de l'armée israélienne (...). Lui, comme beaucoup de journalistes avant lui, a été tué simplement pour avoir fait son travail", a ajouté le média basé au Qatar.

Hamza Dahdouh et Moustafa Thuraya ont été tués dans une frappe sur leur voiture dans le sud du territoire palestinien, alors qu'ils étaient en mission pour la chaîne qatarie.

Mercredi soir, l'armée israélienne avait affirmé que "les deux pilotaient des drones qui présentaient une menace imminente pour les troupes israéliennes" et les avait décrits comme des "agents terroristes", membres du Hamas en ce qui concerne Moustafa Thuraya, et du groupe armé Jihad islamique en ce qui concerne Hamza Dahdouh.

Interrogée mercredi par l'AFP sur le type de drones pilotés et sur la nature de la menace invoquée, l'armée a répondu jeudi n'"avoir rien à ajouter".

"Ce sont des inventions", a aussi  réagi auprès de l'AFP Wael Dahdouh, chef du bureau d' Al Jazeera à Gaza et père de l'un des deux défunts, Hamza Dahdouh, qui avait "des années d'expérience dans le journalisme".

"Il est clair" que les autorités israéliennes "essaient de se défendre, de justifier ce qu'il s'est passé et de détourner l'attention", a ajouté M. Dahdouh, qui avait déjà perdu son épouse et deux de ses enfants fin octobre dans une frappe israélienne.

Ce sont "purement de fausses accusations", a également réagi auprès de l'AFP Mohammed Thuraya, le cousin de l'autre reporter tué, Moustafa Thuraya, qui collaborait avec différents médias internationaux dont l'AFP.

"Il travaillait depuis plusieurs années dans le journalisme, comme caméraman et photographe" et était "connu pour son professionnalisme", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué dans la nuit de mercredi à jeudi, le Hamas avait qualifié de "creuses" et "fausses" les accusations "contre ces deux journalistes".

La guerre à Gaza a été déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre, qui ont fait quelque 1.140 morts sur le sol israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir du bilan israélien.

La guerre à Gaza engagée en représailles par Israël a depuis fait près de 23.500 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza.


L'Irak demande le départ de la mission de l'ONU d'ici fin 2025

Photo d'archives du Premier ministre irakien Mohamed Shia al-Sudani s'adressant à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 22 septembre 2023. (AFP)
Photo d'archives du Premier ministre irakien Mohamed Shia al-Sudani s'adressant à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 22 septembre 2023. (AFP)
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  • «Après 20 ans de transition démocratique et de défis variés surmontés, les raisons de la présence d'une mission politique en Irak n'existent plus», a écrit le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani dans une lettre adressée au Conseil de sécurité
  • Le mandat de la mission créée par le Conseil de sécurité en 2003 à la demande du gouvernement irakien, inclut le soutien du gouvernement pour un dialogue politique inclusif

NATIONS UNIES : Le gouvernement irakien a demandé à l'ONU de mettre un terme d'ici fin 2025 à sa mission politique présente dans le pays depuis plus de 20 ans, estimant qu'elle n'était plus nécessaire, selon une lettre vue vendredi par l'AFP.

Dans cette lettre adressée au Conseil de sécurité, le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani décrit «les développements positifs et les succès» des gouvernements successifs et l'accomplissement du mandat de la mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (Manui), présente depuis 2003.

Dans ces circonstances, «après 20 ans de transition démocratique et de défis variés surmontés, les raisons de la présence d'une mission politique en Irak n'existent plus», poursuit-il.

Ainsi, «nous appelons à la fin du mandat de la mission (...) de façon permanente le 31 décembre 2025». A condition que la Manui se concentre d'ici là sur les dossiers liés à la réforme économique, à la lutte contre le changement climatique et aux questions de développement.

Le mandat de la mission créée par le Conseil de sécurité en 2003 à la demande du gouvernement irakien, renforcé en 2007, et renouvelé chaque année, inclut aussi le soutien du gouvernement pour un dialogue politique inclusif et la réconciliation nationale, l'organisation des élections ou la réforme du secteur de la sécurité.

Lors du dernier renouvellement du mandat en mai 2023, le Conseil, qui doit débattre de cette question la semaine prochaine, avait demandé au secrétaire général de lancer un examen stratégique de la mission, confié au diplomate allemand Volker Perthes.

Dans ses conclusions remises en mars, il notait que «compte tenu des menaces et défis actuels pour la paix et la sécurité de l'Irak», les «fonctions politiques de base de la Manui (...) restent pertinentes».

Toutefois, la mission, qui comptait fin 2023 plus de 700 personnes, «dans sa forme actuelle, semble trop importante», estimait-il, appelant à commencer à transférer ses tâches aux autorités nationales compétentes et à d'autres entités de l'ONU sur place «de manière responsable, ordonnée, graduelle».

Il concluait que «la période de deux ans identifiée par le gouvernement pour le retrait de la mission pourrait être un laps de temps suffisant pour faire plus de progrès et rassurer les plus sceptiques dans le paysage politique et sociétal irakien» sur le fait que cette transition «ne provoquera pas un recul des avancées démocratiques ou ne menacera pas la paix et la sécurité».


L'émir du Koweit dissout le Parlement dans une nouvelle crise politique

L'émir du Koweït, le cheikh Meshal Al-Ahmad Al-Sabah, a dissous le Parlement et suspendu certains articles de la Constitution pour une durée maximale de quatre ans. (AFP/File Photo)
L'émir du Koweït, le cheikh Meshal Al-Ahmad Al-Sabah, a dissous le Parlement et suspendu certains articles de la Constitution pour une durée maximale de quatre ans. (AFP/File Photo)
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  • Le Cheikh Meshal al-Ahmad al-Sabah, et le conseil des ministres «assument les pouvoirs accordés à l'Assemblée nationale» pour mettre fin à un blocage institutionnel
  • Le Parlement, élu début avril, devait se réunir pour la première fois lundi. Mais plusieurs députés ont refusé de participer au gouvernement

KOWEÏT : L'émir du Koweït a dissous le Parlement vendredi et a assumé certaines fonctions gouvernementales à peine six semaines après les élections dans ce pays du Golfe riche en pétrole qui connaît des crises politiques à répétition, ont rapporté les médias d'État.

«Un ordre de l'émir a été émis pour dissoudre l'Assemblée nationale et suspendre certains articles de la Constitution pour une période n'excédant pas quatre ans», a affirmé l'agence de presse koweïtienne Kuna.

Elle a ajouté que l'émir, le Cheikh Meshal al-Ahmad al-Sabah, et le conseil des ministres «assumaient les pouvoirs accordés à l'Assemblée nationale» pour mettre fin à un blocage institutionnel.

«Nous avons été confrontés à des difficultés et à des obstacles qui ne peuvent être tolérés», a déclaré le chef de l'Etat dans un discours diffusé à la télévision officielle, accusant certains députés de chercher à «interférer» avec ses pouvoirs régaliens.

Le Parlement, élu début avril, devait se réunir pour la première fois lundi. Mais plusieurs députés ont refusé de participer au gouvernement.

La constitution du Koweït exige qu'au moins un député détienne un portefeuille ministériel jusqu'à ce que la formation du gouvernement soit achevée. Mais le Premier ministre désigné n'est pas parvenu à convaincre un seul député de participer.

Le cheikh Meshal al-Ahmad al-Sabah a estimé que l'incapacité à former un gouvernement était le résultat des «diktats et des conditions de certains» députés.

Contrairement aux autres monarchies de la région, le Koweït, membre de l'Opep, est doté d'un Parlement influent, même si les clés du pouvoir restent essentiellement aux mains de la famille régnante al-Sabah.

Les députés, élus pour quatre ans, disposent d'importantes prérogatives. Leurs querelles permanentes avec l'exécutif ont abouti à une valse de gouvernements et à la dissolution de l'Assemblée à plus de dix reprises depuis l'adoption du système parlementaire en 1962.

Le Koweït, frontalier de l'Arabie saoudite et de l'Irak, renferme 7% des réserves mondiales de brut. Il possède l'un des fonds souverains les plus puissants au monde.

Cependant, les crises à répétition entre le Parlement et le gouvernement ont empêché l'adoption des réformes pour diversifier son économie.


Washington juge vraisemblable qu'Israël ait violé le droit à Gaza, sans suspendre l'envoi d'armes

Israël a lancé une vaste campagne militaire contre le Hamas après l'attaque la plus meurtrière jamais menée par les militants contre le pays le 7 octobre. (File/AFP)
Israël a lancé une vaste campagne militaire contre le Hamas après l'attaque la plus meurtrière jamais menée par les militants contre le pays le 7 octobre. (File/AFP)
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  • Le rapport, très attendu et rendu public vendredi, indique qu'il est «raisonnable d'estimer» qu'Israël a utilisé des armes d'une manière incompatible avec le droit humanitaire international et donc la loi américaine
  • Le rapport indique cependant que « que les Etats-Unis n'ont pas pu parvenir à ce stade à des «conclusions» définitives, faute d'informations suffisantes »

WASHINGTON : Les Etats-Unis jugent vraisemblable qu'Israël ait violé le droit humanitaire international à Gaza sans pouvoir toutefois le conclure de manière définitive, et continueront à livrer des armes à ce pays, selon un rapport du département d'Etat.

Le rapport, très attendu et rendu public vendredi, indique qu'il est «raisonnable d'estimer» qu'Israël a utilisé des armes d'une manière incompatible avec le droit humanitaire international et donc la loi américaine, mais que les Etats-Unis n'ont pas pu parvenir à ce stade à des «conclusions» définitives, faute d'informations suffisantes.

Dans le cas contraire, les Etats-Unis auraient été contraints de cesser la livraison d'armes à Israël pour sa guerre contre le Hamas, lancée en représailles à l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre, et qui a fait des dizaines de milliers de victimes palestiniennes.

Ce rapport avait été mandaté par le président Joe Biden sous pression d'élus démocrates dénonçant l'emploi d'armes fournies par l'administration Biden, au risque de voir les Etats-Unis devenir «complices».

Il intervient peu après que le président américain a publiquement menacé de suspendre la livraison de certaines catégories d'armes à Israël, notamment des obus d'artillerie, si Israël lançait une offensive majeure dans la ville surpeuplée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à laquelle il s'oppose.

Cette évaluation ne remet pas toutefois en cause la décision des Etats-Unis de suspendre la livraison la semaine dernière d'une cargaison de munitions et de bombes destinées à Israël, par crainte qu'elles ne servent dans l'offensive à Rafah.

- Garanties -

Le président américain avait lui-même mandaté le département d'Etat en février dernier pour examiner si l'emploi par des pays engagés dans un conflit actif et bénéficiant de l'aide militaire américaine, dont Israël, respectaient la loi américaine.

«La nature du conflit à Gaza fait qu'il est difficile d'évaluer ou de tirer des conclusions sur des incidents individuels», constate le rapport qui a été transmis au Congrès.

«Néanmoins, étant donné la dépendance significative d'Israël à l'égard des articles de défense fabriqués aux Etats-Unis, il est raisonnable d'estimer que les articles de défense (...) ont été utilisés par les forces de sécurité israéliennes depuis le 7 octobre dans des cas incompatibles avec ses obligations en matière de droit international humanitaire», poursuit le rapport.

Toutefois, en dépit de certaines «sérieuses préoccupations», les pays recevant une aide militaire américaine ont donné des «garanties suffisamment crédibles et fiables pour permettre la poursuite de la fourniture» d'armes, conclut le rapport.

Outre Israël, le rapport traite de six autres pays bénéficiaires de l'aide militaire américaine: la Colombie, l'Irak, le Kenya, le Nigeria, la Somalie et l'Ukraine.

Un haut responsable américain a expliqué sous couvert d'anonymat que cela ne préjugeait pas d'évaluations futures et que le département d'Etat continuerait de surveiller comment les armes américaines sont utilisées sur le champ de bataille.

Le rapport indique également que si les forces de défense israéliennes disposent «des connaissances, de l'expérience et des outils» nécessaires pour minimiser les dommages aux civils, «les résultats sur le terrain, notamment le nombre élevé de victimes civiles, soulèvent des questions importantes quant à l'efficacité avec laquelle les forces de défense israéliennes les utilisent».

Un deuxième volet porte sur l'aide humanitaire pour la bande de Gaza, au bord de la famine après sept mois de guerre.

Là aussi, le rapport indique que si les Etats-Unis estiment qu'Israël par «ses actes ou inaction» a contribué au désastre humanitaire en cours, ils ne concluent pas que les autorités israéliennes aient délibérément «interdit ou restreint» l'acheminement et le transport de cette aide.

«Il est difficile de croire que l'administration voit ce qui se passe à Gaza sans conclure qu'Israël a violé les conditions d'utilisation des armes américaines», a dénoncé dans un communiqué Patrick Gaspard, du Center for American Progress, un centre de recherche.