En Côte d'Ivoire, la cuisine locale revisitée au menu des restaurants huppés

Le chef français Mathieu Gasnier sert un apéritif foutou à la banane avec une sauce riche, au restaurant Maison Palmer, à Abidjan, le 30 octobre 2023 (Photo, AFP).
Le chef français Mathieu Gasnier sert un apéritif foutou à la banane avec une sauce riche, au restaurant Maison Palmer, à Abidjan, le 30 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 28 décembre 2023

En Côte d'Ivoire, la cuisine locale revisitée au menu des restaurants huppés

  • L'un de ses plats phare: une interprétation de la sauce gouagouassou, emblématique de la Côte d'Ivoire
  • Un lapin mijote dans une marmite entouré d'aubergines africaines, d'huile rouge, de poudre d'akpi - une amande - et de fèfè - un poivre

ABIDJAN: Dans les cuisines de son restaurant abidjanais, le chef ivoirien Charlie Koffi harmonise des produits du pays avec un savoir-faire français: comme lui, ses confrères parfois formés à l'étranger sont de plus en plus nombreux à revisiter les spécialités locales.

L'un de ses plats phare: une interprétation de la sauce gouagouassou, emblématique de la Côte d'Ivoire.

Un lapin mijote dans une marmite entouré d'aubergines africaines, d'huile rouge, de poudre d'akpi - une amande - et de fèfè - un poivre.

C'est une des "recettes que j'ai tellement apprécié durant mon enfance", confie Charlie Koffi à l'AFP. "Les revisiter était presque une obligation en tant que chef", livre t-il.

Cet amoureux des mets de la Côte d'Ivoire, son pays natal, s'est formé en France avant d'ouvrir à Abidjan son établissement, la Villa Alfira, en 2017.

Dans une salle lumineuse du restaurant, dont la vue donne sur un bassin où nagent les poissons au menu entre de petites plantes grasses, Eric Guei goûte le gouagouassou en cassolette qu'il a commandé.

"Je retrouve les saveurs" et "de l'audace", dans un plat qui "mélange savoir-faire occidental" et "saveurs du terroir", explique ce client.

Il partage ce repas copieux à la présentation soignée avec son amie, Yasmine Doumbia. "Le gouagouassou c'est un plat traditionnel ivoirien", le "voir dans un restaurant pareil, franchement c'est un plaisir", s'émerveille-t-elle.

Le lieu tranche avec les maquis, restaurants typiques informels et très animés où se mangent avec les mains poulets et poissons braisés, sauces traditionnelles, attiéké (semoule de manioc) et alloco (bananes plantain frites).

«Beaux produits» locaux 

Quelques kilomètres plus loin, une cheffe de partie du restaurant huppé "La Maison Palmier" dresse sa nouvelle création: un amuse-bouche inspiré du placali, plat typique ivoirien composé d'une sauce gluante au gombo, de morceaux de viande et de poisson séché accompagnés d'une pâte de manioc fermenté.

Entre les mains d'Hermence Kadio, une Ivoirienne formée à Abidjan, le placali devient léger. Le gombo est grillé, le manioc soufflé et transformé en chips.

Le chef cuisinier de ce restaurant au décor épuré, le Français Matthieu Gasnier, propose des amuse-bouches de ce type chaque semaine, avec l'idée de "réveiller un souvenir chez les personnes qui connaissent parfaitement ces plats".

La moitié de sa clientèle est ivoirienne, indique-t-il.

"Même si notre cuisine se veut être internationale parce que c'est un hôtel cinq étoiles, je pense que c'est un non sens de ne pas faire un clin d'oeil à tous les beaux produits qui nous entourent", affirme-t-il.

Dans les savanes du nord du pays, où le climat est chaud et sec, "on va avoir beaucoup de céréales" comme le "fonio" ou le "sorgho", détaille Charlie Koffi tandis que dans la zone forestière du sud poussent "des feuilles d'épinard", de "taro" et "des produits typiquement tropicaux" comme les bananes ou l'igname.

«Alimentation saine»

Selon le chef cuisinier N'Cho Yapi, fondateur de l'Association des chefs créateurs d'émotions culinaires de Côte d'Ivoire, de plus en plus de ses confrères revisitent des plats locaux. Une tendance commencée au milieu des années 2000.

Les chefs de restaurants huppés "avaient l'habitude de faire des plats occidentaux" avec des produits importés, raconte-t-il.

Mais "le coût la vie est devenu un peu cher", ils se sont donc tournés vers des produits aux prix moins élevés "qu'ils avaient sous la main", poursuit-il.

Outre l'aspect financier, N'Cho Yapi note chez ces chefs une volonté de donner "l'accès" à la cuisine locale aux "grands restaurants de luxe" qui fleurissent ces dernières années à Abidjan.

De son côté, Valérie Rollainth, cheffe ivoirienne formée en France, à l'Institut Paul Bocuse, estime que la cuisine de son pays natal doit être réinventée car elle n'est plus adaptée au mode de vie sédentaire des Abidjanais.

"Les légumes sont inexistants", les plats sont "trop cuits" et font perdre les nutriments des aliments, explique-t-elle lors d'ateliers qu'elle propose autour de la nutrition, "choquée de la quantité d'huile" parfois utilisée.

Selon elle, les produits locaux devraient être consommés différemment, comme le gombo, "très bien pour le diabète" s'il est mangé cru.

Certaines "maladies sont liées à l’alimentation", affirme-t-elle. Et en Côte d'Ivoire, "tout le monde n’a pas accès aux soins mais tout le monde peut avoir accès à une alimentation saine", assure-t-elle.


Jean Paul Gaultier nomme Ameni Esseibi première ambassadrice régionale de sa gamme de parfums

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo,  fournie)
Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo, fournie)
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  • «Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué
  • Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris

DUBAÏ: La marque de luxe française Jean Paul Gaultier a annoncé que la mannequin tunisienne Ameni Esseibi a été nommée pour la première fois ambassadrice régionale de la gamme de parfums de la marque.

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient, a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne, en portant divers ensembles.

Parmi ces ensembles figurait une robe bleue moulante ornée de motifs floraux roses. Sur un autre cliché, elle est vêtue d’une combinaison de la même couleur, avec des imprimés géométriques jaunes, orange, violets et roses.

Elle a également revêtu une robe noire ainsi qu’une robetransparente beige et or superposée sur une simple base noire.

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Ameni Esseibi a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne. (Photo fournie)

«Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué. «C’est un peu comme une famille. Son identité incarne tout ce que je représente: la rébellion, la force, l’audace, l’intrépidité, la sensualité et une touche de scandale.»

«En grandissant, le parfum préféré de ma mère était de la marque Jean Paul Gaultier, ce qui en fait un élément précieux de ma vie. Je suis très honorée d’entrer dans l’Histoire en tant que première ambassadrice arabe dans la région et cette marque fera toujours partie intégrante de ma carrière», ajoute-t-elle.

Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris.

Elle a ensuite travaillé avec plusieurs marques réputées, dont H&M, et elle a figuré dans les pages de nombreuses publications.

En 2022, l’Arab Fashion Council, une organisation à but non lucratif représentant l’industrie de la mode au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a nommé la mannequin basée à Dubaï comme ambassadrice.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le film Everybody Loves Touda, présenté à Cannes, est un brillant exemple du travail de Nabil Ayouch

Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
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  • La projection du film s’est terminée par une standing ovation
  • Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur

CANNES: Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire, Touda (Nisrin Erradi), qui estime que «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir».

Dans la petite ville dans laquelle elle habite, elle apporte de la musique et de la gaieté, et ses danses répandent la bonne humeur parmi son public. Cependant, elle fait bientôt l'objet d'une attention non désirée.

La projection du film s’est terminée par une standing ovation et la quatrième participation de M. Ayouch au festival a semblé susciter bien plus d'intérêt de la part du public que les années précédentes. En 2012, son drame Les Chevaux de Dieu, acclamé par la critique, a été présenté dans la section «Un certain regard», deuxième en importance après la compétition principale et largement considérée comme une plate-forme pour le cinéma expérimental. Mais Nabil Ayouch a également présenté un film dans la section «En compétition» pour la très convoitée Palme d’or : sorti en 2021, son long-métrage Haut et Fort, le premier film marocain depuis 1962 à concourir pour cette distinction, a fait sensation.

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Maryam Touzani et Nabil Ayouch lors de la séance photo du film Everybody Loves Touda au 77e festival de Cannes. (Getty Images)

Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur. Bien que M. Ayouch ait écrit le scénario avec Maryam Touzani (Le Bleu du caftan), afin probablement d’adoucir son histoire, Touda se caractérise par une détermination exceptionnelle. Cherchant à s’installer à Casablanca, où son fils sourd aurait une meilleure scolarité et où elle pourrait elle-même trouver de meilleures opportunités, Touda se met à chanter dans les boîtes de nuit des villages, supportant avec un sourire le regard lubrique des hommes ivres d’illusion.

Ce n’est pas la première fois que Nabil Ayouch dépeint les femmes dans des situations aussi précaires. Son film Whatever Lola Wants, sorti en 2008, raconte les épreuves d’une employée des postes à New York qui rêve de devenir danseuse orientale en Égypte. Quant à Much Loved (qui a été présenté dans la section «La Quinzaine des cinéastes»), il a déclenché un tollé en raison de son exploration de la prostitution au Maroc.

La musique du film, composée par Flemming Nordkrog, est très entraînante, mais Touda chante aussi des chansons folkloriques sur la libération et sur d’autres formes de droits de la femme. La performance captivante de l’actrice fait briller le récit: Nisrin Erradi a une présence remarquable à l’écran, ce qui rend le film particulièrement agréable à regarder.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’art saoudien s’épanouit dans les sculptures florales

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  • La nature est synonyme de créativité, d’inspiration et de pouvoir magique, déclare l’artiste lors d’un entretien accordé à Arab News
  • «Tous deux (l’art et la nature) sont des moyens d’explorer les aspects les plus profonds de l’existence humaine

RIYAD: Les sculptures florales raffinées de l’artiste saoudienne Sara Abdallah s’inspirent des nuances et de l’harmonie entre l’humanité et la nature.

La nature est synonyme de créativité, d’inspiration et depouvoir magique, déclare l’artiste lors d’un entretien accordé à Arab News.

«Tous deux (l’art et la nature) sont des moyens d’explorer les aspects les plus profonds de l’existence humaine. En tant qu’artistes, nous pouvons saisir et exprimer les aspects immatériels de nos vies qui vont au-delà des simples descriptions verbales», précise-t-elle.

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Chacune des deux collections d’art de Sara Abdallah, Alstroemeria (2024) et Anémone (2023), est dédiée à la fleur mise en évidence. (Photo fournie)

Abdallah doit son talent artistique à son modèle, son père, qui l’a initiée très jeune au monde de l’art aux multiples facettes.

«Mon histoire ressemble à celle de mon père: nous avons commencé par peindre des personnages et des autoportraits, mais nous sommes finalement passés à la création d’œuvres d’art en lien avec la nature», rapporte-t-elle.

«L’amour incommensurable de mon père pour l’art et sa tentative de transmettre son message artistique au monde me poussent à vouloir creuser davantage le sens profond entre l’art et la nature et à transformer mes idées en une œuvre d’art précieuse qui porte un message capable de toucher les gens.»

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Chacune des deux collections d’art de Sara Abdallah, Alstroemeria (2024) et Anémone (2023), est dédiée à la fleur mise en évidence. (Photo fournie)

Chacune des deux collections d’art de Sara Abdallah, Alstroemeria (2024) et Anémone (2023), est dédiée à la fleur mise en évidence.

Dans la collection Alstroemeria, elle entame ses sculptures par la conception de la base en bois, courbée pour refléter la sensation de retenue et de soutien.

Elle fabrique à la main des morceaux de fleur aux bords torsadés et reliés entre eux, représentant les pétales depuis le début de leur vie jusqu’à leur floraison.

«La pérennité au sein des fleurs renforce le sens véritable de l’œuvre: la connexion, la stabilité, l’amour, l’amitié... les sentiments et les liens qui s’établissent après une longue période de relation», explique l’artiste.

Le message de l’œuvre d’art représente «les liens étroits et la profondeur des sentiments entre les gens et la capacité de se soutenir au fil des expériences de la vie».

Abdallah décrit sa collection Anémone comme «la nature incarnée dans des sculptures abstraites… une danse harmonieuse entre la lumière et l’ombre».

La fleur sauvage inspire depuis longtemps les artistes et les conteurs, apparaissant dans diverses œuvres de la littérature arabe, notamment dans des poèmes, des histoires et des contes populaires.

Les anémones sont généralement ouvertes et amples, avec un centre sombre.

À travers cette collection d’œuvres sculpturales, Abdallah incarne le sentiment de joie accompagné de danses. «Quand vous êtes témoin d’un heureux événement, vous commencez à danser et vous sentez que vous vous ouvrez au monde grâce à ce sentiment de bonheur. Cette comparaison se reflète lorsquele vent froid et léger souffle sur les fleurs. Elles se balancentlégèrement les unes contre les autres», explique-t-elle.

«Lorsque je me prépare à créer une collection d’art, j'essaie toujours de choisir des couleurs pastel tendres et agréables à regarder comme des couleurs naturelles, en plus d’utiliser des matériaux pour mettre en valeur certaines courbes dans la peinture, ce qui ajoute une touche tridimensionnelle à l’œuvre d’art.»

Abdallah a également décrit sa vision de la vie: «Essayez d’aborder la vie comme si vous étiez cette fleur qui pousse… Qu’importe la façon dont le vent souffle, elle refleuriramagnifiquement. Soyez toujours comme cette fleur qui s’épanouit.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com