Israël-Hamas: Macron promet de «tout» faire pour sauver les otages et invoque l'unité

Un manifestant (à gauche) tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Libérez les otages" lors d'un rassemblement de soutien au peuple d'Israël sur la Côte d'Azur, à Nice, le 9 octobre 2023. (Photo Valery Hache AFP)
Un manifestant (à gauche) tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Libérez les otages" lors d'un rassemblement de soutien au peuple d'Israël sur la Côte d'Azur, à Nice, le 9 octobre 2023. (Photo Valery Hache AFP)
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Publié le Vendredi 13 octobre 2023

Israël-Hamas: Macron promet de «tout» faire pour sauver les otages et invoque l'unité

  • «Israël a connu samedi l'attaque terroriste la plus tragique de son histoire», a relevé le chef de l'Etat
  • Un premier vol spécial d'Air France pour rapatrier d'Israël 377 Français, les plus «vulnérables», est arrivé dans la soirée à Paris depuis Tel Aviv

PARIS: Emmanuel Macron s'est engagé jeudi dans une allocution solennelle à "tout mettre en oeuvre" pour sauver les otages français, dont les familles l'ont "supplié" d'intervenir, invoquant l'unité de la Nation face aux tensions politiques et risque d'importation du conflit.

"Israël a connu samedi l'attaque terroriste la plus tragique de son histoire", a relevé le chef de l'Etat dans cette adresse télévisée aux Français. "Des centaines de nourrissons, d'enfants, de femmes et d'hommes ont été pourchassés, enlevés, assassinés, pris en otage. Des massacres de kibboutz. Des villages entiers décimés", a-t-il énuméré, le ton grave.

L'attaque du mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza a fait plus de 1.200 morts, dont 13 Français selon un nouveau bilan. Dix-sept autres Français sont toujours "portés disparus", voire "retenus en otages", a précisé le président, qui a précisé à plusieurs interlocuteurs que quatre enfants faisaient partie des disparus et que des "canaux de négociations" avaient été instaurés par la France pour oeuvrer à la libération.

A Tel-Aviv, des familles françaises d'otages venaient de témoigner de leur détresse.

"Je supplie Emmanuel Macron de nous aider, c'est entre vos mains. Je veux récupérer ma sœur (...)", avait lancé Meitav Journo, probablement enlevée.

"La France met tout en œuvre aux côtés des autorités israéliennes et avec nos partenaires pour les faire revenir sains et saufs", leur a répondu le président.

Un premier vol spécial d'Air France pour rapatrier d'Israël 377 Français, les plus "vulnérables", est arrivé dans la soirée à Paris depuis Tel Aviv, avant d'autres prévus vendredi et samedi. La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna est allée les accueillir à l'aéroport de Roissy, où elle a annoncé qu'elle se rendrait dimanche en Israël.

"C'est le soulagement de rentrer, mais quand on voit la montée des actes antisémites en France, on a une petite appréhension", a déclaré à la sortie de l'avion Olivia, enceinte de quatre mois et accompagnée de deux enfants en bas âge.

"En Israël, on avait l'armée pour nous protéger, j'espère qu'on pourra se sentir en sécurité" en France, a-t-elle ajouté.

Enquête antiterroriste en France sur les victimes françaises

Le parquet national antiterroriste français a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête préliminaire, notamment pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste.

Les investigations ont aussi été ouvertes pour enlèvements et séquestrations de personnes, dont des mineurs, en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste.

Dix-sept Français, dont quatre enfants, étaient également portés disparus avant l'annonce d'un 13e mort par le président Emmanuel Macron jeudi soir.

L'enquête dite "miroir", menée en parallèle des investigations israéliennes, permettra notamment aux victimes françaises - mortes, blessées ou disparues - ou à leurs proches d'être auditionnées et informées de l'évolution des investigations par Israël.

«Voix singulière»

Emmanuel Macron avait reçu à midi les chefs de parti à l'Elysée.

"Je fais confiance (...) aux autorités françaises pour mettre tout en œuvre pour que tous les otages soient libérés", a dit le président des Républicains Eric Ciotti à sa sortie. "Je suis convaincue que la France fera tout ce qui est possible", a fait écho la cheffe des écologiste Marine Tondelier, dans un rare esprit d'union nationale.

Mais ils ont aussi affiché quelques divergences.

A droite et à l'extrême droite, Les Républicains et le Rassemblement national ont demandé en vain que la France suspende son aide au développement destinée aux Palestiniens.

A gauche, les dirigeants ont réclamé que Paris fasse entendre sa "voix singulière" en faveur de la paix, sans s'aligner totalement sur Israël qui mène une riposte très dure contre Gaza qui a déjà fait plus de 1.300 morts selon les autorités du Hamas.

Emmanuel Macron, qui avait martelé jusqu'ici son soutien à Israël, a estimé dans son discours que sa réponse devait être "forte et juste, forte parce que juste". Il a évoqué son droit à "éliminer" le Hamas mais "par des actions ciblées", "en préservant les populations civiles".

"Approuver une riposte 'forte et juste' sans préciser la nécessité de se conformer au droit international est la porte ouverte à l'escalade et l'asphyxie de Gaza", a déploré dans la foulée le patron des socialiste Olivier Faure.

Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a même jugé "inacceptable" que le président n'ait pas condamné "clairement" la riposte militaire israélienne contre Gaza qui est selon lui "contraire au droit international".

LFI est toutefois isolée, accusée de toutes parts, y compris par ses alliés de gauche, de ne pas qualifier clairement le Hamas d'organisation "terroriste".

Pas de «oui, mais»

Face au terrorisme, "il ne peut jamais y avoir de 'oui, mais'", a affirmé le chef de l'Etat. Pour lui, "ceux qui confondent la cause palestinienne et la justification du terrorisme commettent une faute morale, politique et stratégique".

Il appelé les Français à rester "unis", et a promis d'être "impitoyable avec tous les porteurs de haine", au moment où l'exécutif redoute une importation du conflit en France.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé jeudi avoir recensé "plus d'une centaine d'actes antisémites" depuis samedi.

Il a ordonné l'interdiction des "manifestations pro-palestiniennes parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public", et promis l'interpellation de leurs "organisateurs" et des "fauteurs de trouble".

Plusieurs centaines de personnes ont néanmoins manifesté dans la soirée place de la République à Paris en scandant "terroriste Israël" et "libérez la Palestine", selon des journalistes de l'AFP.


Mobilisations propalestiniennes: 86 personnes placées en garde à vue

Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'un rassemblement convoqué par plusieurs organisations françaises en soutien au peuple palestinien, place de la République à Paris, le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens réagissent à côté d'une banderole indiquant en français : "A Gaza, cette université aurait été bombardée" (Photo, AFP).
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  • Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens
  • Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires

PARIS: L'évacuation de militants propalestiniens de l'université de la Sorbonne à Paris mardi soir a donné lieu au placement en garde à vue de 86 personnes, a indiqué le parquet de Paris mercredi.

Le ministère public doit faire mercredi un nouveau bilan sur ces mesures en cours qui concernent toutes des personnes majeures.

Ces gardes à vue peuvent durer 24 heures avant une première décision sur une prolongation de 24 heures supplémentaires.

"Les infractions principalement visées sont les suivantes : dégradations volontaires, participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction/dégradation de biens, rébellion, violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ou intrusion dans l'enceinte d'un établissement d'enseignement scolaire en réunion dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l'établissement", a ajouté le parquet.

Intervention des forces de l’ordre 

Les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues mardi dans l'université de la Sorbonne et devant Sciences Po Paris pour mettre fin à des rassemblements et des actions de blocage de militants propalestiniens, en écho aux messages répétés de fermeté du gouvernement.

Moins de 24 heures après que le Premier ministre Gabriel Attal a rappelé lundi soir qu'il n'y aurait "jamais de droit au blocage" dans les universités françaises, les forces de l'ordre ont pénétré mardi soir dans la Sorbonne pour évacuer des manifestants propalestiniens qui occupaient depuis environ deux heures un amphithéâtre, en "solidarité" avec Gaza, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les militants, qui étaient une centaine environ à l'intérieur, selon des sources concordantes, ont été sortis au compte-gouttes dans une rue latérale de l'université, parfois portés à bout de bras par des agents.

La préfecture de police avait fait état de 88 interpellations lors de cette intervention achevée peu avant minuit, selon le rectorat et une source policière.

Plusieurs organisations politiques et syndicales, dont la France insoumise, Urgence Palestine, Solidaires ou l'Union étudiante, ont appelé à un rassemblement à 13H00 mercredi devant l'Hôtel de ville de Paris pour demander la remise en liberté des militants interpellés.

L'Unef, qui a appelé aussi à ce rassemblement, a réclamé dans un communiqué "l'arrêt immédiat de la répression des étudiant.e.s qui se mobilisent pour la paix". "La répression sur les lieux d’études est sans précédent" et les étudiants mobilisés "sont désormais considérés comme des +fauteurs de trouble+ voire des criminels", fustige le syndicat étudiant.


JO-2024: début de la parade maritime pour l'arrivée de la flamme olympique à Marseille

Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
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  • Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer
  • Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité

MARSEILLE: La grande parade maritime accompagnant l'arrivée de la flamme olympique en France a débuté mercredi à 11h00, avec un millier de bateaux escortant le trois-mâts Belem en rade de Marseille, sous un soleil éclatant, ont constaté des journalistes de l'AFP en mer.

Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer depuis la Grèce, à moins de trois mois des JO de Paris (26 juillet-11 août).

Sur La Belle Poule, deux-mâts historique de la Marine nationale qui suit directement le Belem, le son de la cornemuse a retenti sous les grandes voiles blanches, marquant le début de la parade qui durera jusqu'à 17h00, le long de la côte de la deuxième ville de France.

Accueil chaleureux 

Tout autour, en mer, de petits bateaux de plaisance, des canots, mais aussi de grands voiliers naviguent sur la Méditerranée, selon un journaliste de l'AFP.

A bord du Belem, où a pu monter un photographe de l'AFP, les jeunes équipiers saluent depuis le pont, sourire aux lèvres, l'armada de plaisanciers et la foule dense présente sur une plage au loin, sous le viaduc de Corbières, dans le quartier populaire de l'Estaque qui a inspiré de grands peintres comme Cézanne ou Braque.

Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité. Une quarantaine de bateaux des autorités françaises sont mobilisés pour veiller au bon déroulement de cette grande parade.


La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à la vigilance sur la discrimination des musulmans

Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
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  • Gabriel Attal avait promis une «fermeté exemplaire» face à l'antisémitisme et estimé que «l'islamisme est un péril grave pour notre République»
  • Pour la Grande mosquée, l'«appel à la vigilance» et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés «doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés»

PARIS: La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à condamner "sans équivoque" les discriminations visant les musulmans, estimant que la fermeté martelée lundi par Gabriel Attal au dîner du Crif devait "s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

"La Grande mosquée de Paris accueille favorablement" la déclaration du Premier ministre sur "les tensions intercommunautaires et la nécessité de ne pas laisser le cynisme politique diviser notre société", affirme dans un communiqué reçu mercredi le recteur de la mosquée Chems-eddine Hafiz.

"Nous partageons sa préoccupation quant à toute tentative d'instrumentalisation des identités religieuses à des fins partisanes", ajoute-t-il.

Pour la Grande mosquée, l'"appel à la vigilance" et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés "doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

Stigmatisés

Lundi soir au dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Gabriel Attal avait promis une "fermeté exemplaire" face à l'antisémitisme et estimé que "l'islamisme est un péril grave pour notre République et un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l'antisémitisme".

Le recteur de la Grande mosquée, qui rappelle avoir participé lundi matin au lancement des "assises de lutte contre l'antisémitisme" initiées par le gouvernement, s'inquiète aussi de "l’extension dans l'espace public du faux et +antinomique+ concept d'antisémitisme musulman, qui stigmatise injustement les musulmans français".

"Nous appelons le Premier ministre et son gouvernement à montrer l'exemple en condamnant explicitement et sans équivoque toute forme de discrimination et de stigmatisation à l'encontre des musulmans français", ajoute-t-il.