Russie: le dissident Orlov à son tour condamné à la prison

Oleg Orlov, militant des droits de l'homme de 70 ans et coprésident du groupe Memorial, lauréat du prix Nobel, accusé de "discréditer" l'armée russe, comparaît devant le tribunal de Moscou le 26 février 2024 (Photo, AFP).
Oleg Orlov, militant des droits de l'homme de 70 ans et coprésident du groupe Memorial, lauréat du prix Nobel, accusé de "discréditer" l'armée russe, comparaît devant le tribunal de Moscou le 26 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 27 février 2024

Russie: le dissident Orlov à son tour condamné à la prison

  • «Le tribunal a déclaré Orlov coupable et de lui inflige une peine de deux ans et six mois dans (...) une colonie pénitentiaire», a énoncé le juge dans son verdict
  • Orlov avait dénoncé dans sa dernière prise de parole lundi «l'étranglement de la liberté» en Russie et «l'entrée des troupes russes en Ukraine»

MOSCOU: Un tribunal russe a condamné mardi le dissident Oleg Orlov, une figure de proue de la défense des droits humains, à deux ans et demi de prison, poursuivant l'implacable répression qui a déjà conduit la quasi-totalité des opposants derrière les barreaux ou à l'exil.

Vétéran de Memorial, l'ONG colauréate du prix Nobel de la Paix 2022 et dissoute par la justice russe, cet homme de 70 ans avait fait le choix, contrairement à de nombreux autres détracteurs du Kremlin, de rester en Russie pour "continuer le combat".

Il a été condamné pour des dénonciations répétées de l'offensive militaire déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine il y a deux ans. Une opinion qu'il a réitérée lundi, devant le tribunal moscovite de Golovinski, à l'occasion de sa dernière prise de parole.

Au moment de la lecture du jugement, M. Orlov, portant un pull et de fines lunettes, a fait un clin d'oeil à sa femme Tatiana Kassatkina et lui a ensuite lancé : "Tania, tu m'as promis !", semblant lui demander de ne pas pleurer.

Plusieurs dizaines de ses soutiens étaient présents au tribunal pour soutenir M. Orlov, selon une journaliste de l'AFP à l'audience. En sortant de la salle, menotté et entouré de policiers, il a été applaudi aux cris de "Nous vous aimons !"

"Nous sommes revenus au régime soviétique, où ceux qui ne sont pas du côté du pouvoir sont accusés de mensonges", a estimé auprès de l'AFP Ian Ratchinski, un autre défenseur des droits humains.

Svetlana Gannouchkina, qui milite pour la même cause, a regretté un procès qui "n'a rien à voir avec la loi". "Être jugé pour des déclarations appelant à la paix et critiquant les autorités, c'est absurde. Mais chaque tyran a besoin d'ennemis", a-t-elle lâché.

«Ne perdez pas courage!»

La veille du verdict, M. Orlov s'était une nouvelle fois insurgé contre "l'étranglement de la liberté" en Russie et "l'entrée des troupes russes en Ukraine". "Je ne me repens de rien et ne regrette rien", avait-il ajouté.

Il avait en outre qualifié de "meurtre" la mort le 16 février de l'opposant Alexeï Navalny dans sa prison de l'Arctique et appelé les partisans de l'opposition russe à "ne pas perdre courage et optimisme".

Pour sa femme, Tatiana Kassatkina, également sa collègue au sein de Memorial, "l'essentiel sera de continuer à travailler".

"Il est très important d'avoir une qui voix se porte depuis ici (...). Nous n'aurions pas pu vivre ailleurs, rester en Russie a été notre décision commune", a-t-elle confié à l'AFP à l'issue du procès.

L'ambassadrice américaine Lynne Tracy s'est dite mardi "alarmée" par la condamnation d'Oleg Orlov, soulignant qu'il se bat "pour les droits des Russes depuis plus de 45 ans" et accusant le Kremlin de "replonger le pays dans une période d'obscurantisme".

Ce dissident a "clairement fait l'objet d'un acharnement judiciaire au cours de son procès", a commenté le ministère français des Affaires étrangères, appelant à "libérer tous les prisonniers politiques, immédiatement et sans conditions, notamment Vladimir Kara-Mourza, dont l'état de santé est très préoccupant".

Opposant de longue date, cet homme de 42 ans a été condamné en avril 2023 à 25 ans de prison pour avoir diffusé de "fausses informations" sur l'armée russe et purge sa peine en Sibérie.

"On doit continuer à travailler et à penser comme on le faisait avant, Oleg ne voudrait surtout pas qu'on pleure", a réagi Sofia, une archiviste de 22 ans interviewée par l'AFP près du tribunal.

Pour Alexeï, un entraîneur d'échecs de 61 ans, qui connaît l'opposant depuis 1989, "on a perdu une nouvelle pièce importante dans notre camp". "Et nous continuerons à en perdre tant que ce pouvoir restera en place".

«Forces les plus sombres»

Au terme d'un premier procès, Oleg Orlov avait été jugé coupable en octobre 2023 d'avoir "discrédité" l'armée et condamné à une faible amende, un jugement très clément dans une Russie qui a pris l'habitude d'emprisonner les détracteurs du pouvoir.

Cette peine avait été requise par le parquet mais celui-ci avait ensuite changé d'avis et fait appel, puis un nouveau procès avait été ordonné.

Dans les faits, Oleg Orlov se voit reprocher d'avoir manifesté contre l'assaut russe en Ukraine et d'avoir signé une tribune au vitriol contre les autorités russes parue dans le média français Mediapart.

Il y accusait les troupes russes du meurtres de "masse" de civils ukrainiens et déplorait la "victoire" en Russie des "forces les plus sombres", celles qui "rêvaient d'une revanche totale" après la dislocation de l'URSS en 1991.

Actif depuis les années 1970, Oleg Orlov est devenu l'un des piliers de Memorial, la principale organisation luttant en Russie pour préserver la mémoire des répressions soviétiques et documentant celles actuellement en cours.


Trump dit que Washington et Téhéran «se rapprochent» d'un accord sur le nucléaire iranien

Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi à Doha que Washington et Téhéran "se rapproch(ai)ent" d'un accord sur le dossier du nucléaire iranien, exprimant son optimisme quant à la possibilité d'éviter des frappes militaires sur les sites iraniens. (AFP)
Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi à Doha que Washington et Téhéran "se rapproch(ai)ent" d'un accord sur le dossier du nucléaire iranien, exprimant son optimisme quant à la possibilité d'éviter des frappes militaires sur les sites iraniens. (AFP)
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  • "On ne va pas faire de poussière nucléaire en Iran", a affirmé Donald Trump depuis le Qatar, deuxième étape, après Ryad, d'une tournée dans le Golfe qu'il devrait conclure aux Emirats arabes unis.
  • Les prix du pétrole ont immédiatement chuté après les déclarations de Donald Trump, qui a dit fonder son optimisme sur de nouvelles déclarations en provenance d'Iran.

DOHA: Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi à Doha que Washington et Téhéran "se rapproch(ai)ent" d'un accord sur le dossier du nucléaire iranien, exprimant son optimisme quant à la possibilité d'éviter des frappes militaires sur les sites iraniens.

"On ne va pas faire de poussière nucléaire en Iran", a affirmé Donald Trump depuis le Qatar, deuxième étape, après Ryad, d'une tournée dans le Golfe qu'il devrait conclure aux Emirats arabes unis.  "Je pense qu'on se rapproche de la conclusion d'un accord", a-t-il ajouté.

Les prix du pétrole ont immédiatement chuté après les déclarations de Donald Trump, qui a dit fonder son optimisme sur de nouvelles déclarations en provenance d'Iran. "Vous avez probablement lu aujourd'hui l'article concernant l'Iran. Ils ont en quelque sorte accepté les conditions", a déclaré Trump.

Le président de la première puissance mondiale n'a pas précisé à quel article il faisait référence.

Mercredi, Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, a toutefois déclaré à la chaîne américaine NBC News que l'Iran était prêt à accepter un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, en échange d'une levée immédiate des sanctions.

Selon le site de NBC News, Ali Shamkhani a affirmé que l'Iran s'engagerait à ne jamais fabriquer d'armes nucléaires, à se débarrasser de ses stocks d'uranium hautement enrichi, à n'enrichir l'uranium qu'aux niveaux nécessaires à un usage civil et à autoriser des inspecteurs internationaux à superviser le processus en échange de la levée immédiate de toutes les sanctions économiques à l'encontre de la République islamique.

L'Iran devrait "dire un grand merci" à l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, qui a exhorté le président américain à éviter une action militaire contre le grand voisin de son pays, a ajouté M. Trump.

"L'Iran a beaucoup de chance d’avoir l’émir, car il se bat réellement pour eux. Il ne veut pas que nous infligions un coup violent à l'Iran", a affirmé le président américain.

Donald Trump a opté pour la voie diplomatique avec l'Iran, dans un contexte de menaces israéliennes de frapper des sites nucléaires en Iran, son ennemi juré.


Trump appelle à l'application des sanctions contre l'Iran en pleine négociations sur le nucléaire

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  • "J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale
  • Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens

RIYAD: Le président américain Donald Trump a appelé mercredi à une application stricte des sanctions américaines visant l'Iran, tout en affirmant espérer parvenir à un accord sur le dossier du nucléaire iranien, dans un contexte d'opposition croissante des Etats-Unis à l'enrichissement de l'uranium par Téhéran.

"Je veux conclure un accord avec l'Iran. Je veux faire quelque chose, si c'est possible", a déclaré Donald Trump pendant un sommet réunissant les six pays du Conseil de Coopération du Golfe à Ryad.

"J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale.

Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens.

Pendant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis se sont retirés en 2018 de l'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales, le rendant caduc.

Il avait également instauré des sanctions drastiques contre tout pays important du pétrole iranien.

Trump a affirmé que ces sanctions secondaires "sont à certains égards encore plus dévastatrices" que les sanctions directes visant l'Iran.

L'administration Trump a déjà tenu quatre rounds de discussions avec l'Iran, alors que le président tente d'éviter une attaque militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

Lancés le 12 avril, ces pourparlers visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne.

Les deux pays ont déclaré que les discussions s'étaient déroulées dans une "atmosphère positive", mais elles ne semblent pas avoir abordé en profondeur les aspects techniques d'un éventuel accord.

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord nucléaire de 2015, alors qu'un taux de 90% est nécessaire pour un usage militaire. Ses stocks de matière fissile inquiètent les puissances occidentales.

L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'arme nucléaire, a indiqué qu'il comptait également poursuivre les négociations avec le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne vendredi en Turquie.


Le pape appelle les chrétiens d'Orient à ne pas «abandonner» leurs terres

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  • Le pape Léon XIV a appelé mercredi les chrétiens d'Orient à ne pas "abandonner" leurs terres, demandant pour eux "tous les droits nécessaires à une existence sûre"
  • "Je voudrais remercier (...) les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d'abandonner ces terres"

CITE DU VATICAN: Le pape Léon XIV a appelé mercredi les chrétiens d'Orient à ne pas "abandonner" leurs terres, demandant pour eux "tous les droits nécessaires à une existence sûre".

"Je voudrais remercier (...) les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d'abandonner ces terres", a-t-il affirmé lors d'une audience au Vatican aux participants au jubilé des Eglises d'Orient.