Communauté politique européenne: une nouvelle entité indispensable ou symbolique?

L'expérience de l'UE dans le vieux continent est reconnue des organisations gouvernementales régionales, notamment en termes de prospérité économique et de stabilité. (Photo, AFP)
L'expérience de l'UE dans le vieux continent est reconnue des organisations gouvernementales régionales, notamment en termes de prospérité économique et de stabilité. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 octobre 2022

Communauté politique européenne: une nouvelle entité indispensable ou symbolique?

  • Emmanuel Macron, alors qu’il était président en exercice de l’UE, a lancé en mai dernier l'idée de mettre en place une instance consultative européenne
  • Cette entité émerge au milieu du conflit ukrainien d'Ukraine, un événement qui a ramené la guerre au cœur de l'Europe et qui a rendu urgente la création de cette entité

PARIS: Le Vieux Continent est doté de plusieurs organisations gouvernementales interrégionales, comme l’incontournable Union européenne (UE). Cette situation institutionnelle rend légitime l’interrogation sur le bien-fondé du lancement d’une nouvelle instance plus large au niveau de tout le continent: la Communauté politique européenne (CPE), née le 6 octobre à Prague.

Genèse de la CPE

L'expérience de l'UE dans le vieux continent est reconnue des organisations gouvernementales régionales, notamment en termes de prospérité économique et de stabilité. Cette union, qui regroupe aujourd'hui vingt-sept pays – après le retrait britannique –, demeure un élément d'attraction pour les autres pays du continent qui n’en font pas partie, comme l'Ukraine et la Turquie. 

Si Emmanuel Macron, alors qu’il était président en exercice de l’UE, a lancé en mai dernier l'idée de mettre en place une instance consultative européenne – c’est-à-dire un groupe politique sous la forme d'un organe semi-officiel qui réunit des États européens selon des frontières géographiques qui s’étendent du Caucase à l'Islande –, c’est vraisemblablement pour éviter l'entrée de nouveaux membres qui compliqueraient la situation de cette institution. Concrètement, ce serait un lieu de discussion et de concertation.

Avec le transfert de la présidence tournante de l’UE à la République tchèque, les travaux destinés à faire naître cette nouvelle entité se sont poursuivis. Ainsi, Prague a accueilli le 6 octobre le premier sommet de la Communauté politique européenne.

Quarante-quatre pays européens forment la CPE: les pays membres de l'Union européenne, auxquels s’ajoutent dix-sept pays invités: la Grande-Bretagne, la Turquie, les six pays des Balkans occidentaux, la Suisse, la Norvège, l'Islande, le Liechtenstein, l'Ukraine, la Géorgie, la Moldavie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. De fait, tous les pays du continent sont présents, à l’exception de la Russie et de la Biélorussie.

Cette instance émerge au milieu du conflit ukrainien d'Ukraine, un événement qui a ramené la guerre au cœur de l'Europe et qui a rendu urgente la création de cette entité.

Raisons d’être et validité

La précipitation avec laquelle cette organisation a été mise sur place incite à s'interroger sur sa faisabilité, son efficacité et sa viabilité au regard de l'existence des pôles historiques que représentent l'UE et le Conseil de l'Europe, deux organisations régionales actives et omniprésentes. Dès lors, il est également logique de s'interroger sur la légitimité de cette entité qui apparaît comme hybride à beaucoup d’observateurs et de spécialistes. La CPE constitue une couverture pratique de concertation et de travail commun avec des pays qui se sont retirés de l'UE, comme la Grande-Bretagne, ou des pays dont l'entrée dans le club européen a été refusée ou retardée, comme la Turquie et l'Ukraine.

Lors de sa première réunion, la CPE s'est concentrée sur les domaines de la sécurité et de l'énergie, et l'Ukraine s'est taillé la part du lion: les pays membres ont décidé de continuer d’aider ce pays à travers la mise en place d'un fonds spécial de 100 millions d'euros.

C’est en dépit des objections exprimées au sujet de la création de cette nouvelle entité que le sommet de Prague a vu naître la CPE. Sa genèse s’accomplit alors que d’importantes mutations géopolitiques mondiales sont à l’œuvre.

L’avenir de l’Europe dans l’actuel jeu international

La naissance de la CPE signifie paradoxalement que l'UE demeure avant tout une structure enviée; beaucoup aimeraient la voir se marginaliser ou disparaître. Si la Russie et la Chine souhaitent la désintégration de l'Union européenne, pôle rival et noyau principal de l'alliance occidentale, les États-Unis ont toujours apprécié et soutenu un marché européen commun, mais ils n'ont jamais soutenu l’avènement d’une Europe politique ou l'indépendance stratégique européenne.

En réalité, la place de l’Europe dans un système international en gestation dépend des suites de la guerre de l’Ukraine et de la résilience de l’Union européenne.

Sur un plan plus global, la stratégie américaine consiste à sauvegarder les États-Unis comme la seule hyperpuissance face à la montée de la Chine et au choc frontal avec la Russie. Dans ce contexte, l’UE risque de perdre sa place au sein des équilibres internationaux face au trio américain-chinois-russe. Les grands acteurs européens ne doivent pas se contenter d’annonces et de créations d’autres entités; il faut qu’ils s’entendent sur une vision stratégique européenne adaptée à notre époque.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.