Nagorny Karabakh: les séparatistes négocient le retrait de leurs troupes et rendent les armes

Cette photographie prise du côté arménien de la frontière, près de la ville de Kornidzor, le 23 septembre 2023, montre une vue générale du couloir de Lachin et du pont Hakari. (ALAIN JOCARD / AFP)
Cette photographie prise du côté arménien de la frontière, près de la ville de Kornidzor, le 23 septembre 2023, montre une vue générale du couloir de Lachin et du pont Hakari. (ALAIN JOCARD / AFP)
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Publié le Samedi 23 septembre 2023

Nagorny Karabakh: les séparatistes négocient le retrait de leurs troupes et rendent les armes

  • Des milliers de civils restent confrontés à une situation d'urgence humanitaire au Nagorny Karabakh disent les autorités locales, encerclée par les soldats azerbaïdjanais
  • L'opération militaire azerbaïdjanaise, qui s'est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d'après les séparatistes arméniens

KORNIDZOR: Les séparatistes du Nagorny Karabakh négocient samedi avec l'Azerbaïdjan qui vient de leur infliger une lourde défaite militaire le retour à la paix dans cette région dont la population en majorité arménienne s'angoisse pour son avenir.

Après leur capitulation et le cessez-le-feu conclu mercredi à l'issue d'une offensive éclair déclenchée un jour auparavant par Bakou, ils doivent notamment évoquer le retrait de leurs troupes, tout en continuant de déposer leurs armes.

Cette enclave montagneuse, qui avait été rattachée en 1921 par le pouvoir soviétique au territoire azerbaïdjanais, avait été par le passé le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6 500 morts).

"Conformément aux accords de cessation des hostilités, les formations armées du Karabakh ont commencé à remettre" leurs armes "sous le contrôle des forces russes de maintien de la paix", a fait savoir vendredi le ministère russe de la Défense.

Six blindés, plus de 800 armes légères et environ 5.000 munitions ont pour l'instant été rendus, a précisé le contingent de la paix russe.

Les pourparlers des autorités du Nagorny Karabakh avec la partie azerbaïdjanaise entamés jeudi "sous les auspices des soldats de maintien de la paix russes" doivent permettre d'"organiser le processus de retrait des troupes et assurer le retour dans leurs foyers des citoyens déplacés par l'agression militaire", selon les séparatistes.

Les parties discutent également de "la procédure d'entrée et de sortie des citoyens" de cette région, ont-ils ajouté.

Le tout à un moment où des milliers de civils restent confrontés à une situation d'urgence humanitaire au Nagorny Karabakh, dont la "capitale" Stepanakert est, disent les autorités locales, encerclée par les soldats azerbaïdjanais.

Les grandes dates du Nagorny Karabakh depuis la fin de l'URSS

Peuplé principalement d'Arméniens, mais reconnu comme partie de l'Azerbaïdjan, le petit territoire montagneux du Nagorny Karabakh a été le théâtre de décennies de violences entre Erevan et Bakou.

Voici les principales dates de son histoire récente:

 

- 1988, violences interethniques -

En février 1988, en pleine perestroïka, de premières manifestations ont lieu en faveur du rattachement à l'Arménie du Nagorny Karabakh, enclave du Caucase rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par Staline avec, à partir de 1923, un statut d'autonomie.

Des violences interethniques éclatent, une trentaine de personnes, essentiellement arméniennes, sont tuées dans la ville azerbaïdjanaise de Soumgaït.

Alors que l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont encore dans l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev refuse tout changement de frontière. Les violences entre communautés azérie et arménienne se multiplient.

 

- 1991, indépendance non reconnue -

A la dislocation de l'URSS en 1991, le Nagorny Karabakh organise un référendum boycotté par la communauté azerbaïdjanaise et proclame le 2 septembre son indépendance de Bakou avec le soutien d'Erevan. Cette indépendance n'a été reconnue par aucun Etat membre de l'ONU.

 

-1994, victoire de l'Arménie -

Le départ de l'armée soviétique de la région laisse place à une escalade des violences et à une guerre ouverte jusqu'à un cessez-le-feu négocié par Moscou, le 17 mai 1994. Ces années de conflit ont fait 30.000 morts et poussé des centaines de milliers de réfugiés à fuir l'un ou l'autre pays. La défaite de Bakou permet à Erevan de contrôler la région et des zones azerbaïdjanaises proches.

 

- 2016, quatre jours d'hostilités -

Début avril 2016, d'intenses combats opposent forces azerbaïdjanaises et arméniennes pendant quatre jours. Ces affrontements, les pires depuis 1994, se soldent par la mort d'au moins 110 personnes, civils et militaires des deux côtés.

 

- 2020, deuxième guerre -

Le 27 septembre 2020, l'Azerbaïdjan lance une opération militaire contre les séparatistes arméniens et bombarde la capitale du Nagorny Karabakh, Stepanakert.

Ce nouveau conflit se solde cette fois par une écrasante défaite de l'Arménie, contrainte de céder à l'Azerbaïdjan d'importants territoires dans et autour du Nagorny Karabakh. Parrain du cessez-le-feu signé le 10 novembre, Moscou déploie un contingent de maintien de la paix, mais les quelques milliers de soldats russes déployés n'empêchent pas la multiplication des accrochages dans l'enclave séparatiste.

 

- 2022, blocus -

Fin 2022, l'Azerbaïdjan installe des points de contrôle avant de bloquer la circulation sur le corridor de Latchine, la seule route reliant le Nagorny Karabakh à l'Arménie, entraînant de graves pénuries de nourriture et de médicaments dans l'enclave.

 

- 2023, offensive éclair de Bakou -

Le 19 septembre, l'Azerbaïdjan annonce lancer des "opérations antiterroristes" au Nagorny Karabakh, après la mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l’explosion de mines posées, selon Bakou, par des "saboteurs" arméniens.

Dès le lendemain, les autorités du territoire sécessionniste, lâchées par Erevan, capitulent, et un cessez-le-feu est conclu. Au moins 200 personnes sont mortes et 400 blessées, selon les séparatistes arméniens, et le Nagorny Karabakh est confronté à une situation d'urgence humanitaire. Des négociations sur la "réintégration" de l’enclave à l’Azerbaïdjan s’ouvrent.

«On espère des évacuations pour bientôt»

Originaire de cette ville, Yana Avanessian, une enseignante en droit âgée de 29 ans assure, comme bien d'autres Arméniens réussissant tant bien que mal à contacter leurs proches, que la situation sur place est "horrible".

"On espère des évacuations pour bientôt, notamment des gens dont les habitations ont été détruites", confie à l'AFP la jeune femme, au milieu d'un petit groupe de personnes comme elle rongées par l'inquiétude présentes au poste de contrôle arménien de Kornidzor tout proche du Nagorny Karabakh.

"Ça fait trois jours et trois nuits que j'attends. Je dors dans la voiture", raconte à cet égard Garik Zakarian, qui habitait jusqu'en décembre dernier dans le village d'Eghtsahog, presque à portée de main, de l'autre côté de la vallée, et où des amis, sa belle-mère et son beau-frère vivent toujours.

"Je n'ai pas d'espoir (de les voir rapidement évacués) mais je ne pouvais pas ne rien faire. Juste être là, voir la base russe à un kilomètre, je me sens mieux physiquement", déclare encore cet homme de 28 ans.

Et chacun s'écarte docilement quand passent des voitures remplies de soldats arméniens ou des convois de la force russe d’interposition, les seuls autorisés à poursuivre leur route.

Petite lueur d'espoir 

Un correspondant de l'AFP a pour sa part constaté que Stepanakert était privée d'électricité et de carburant. Ses habitants, qui ne peuvent pas retrouver leurs proches disparus faute de listes des morts et des blessés, manquent par ailleurs de nourriture et de médicaments.

Les troupes azerbaïdjanaises "sont partout autour de Stepanakert, elles sont à la périphérie", a quant à elle affirmé à l'AFP une porte-parole des autorités locales, Armine Hayrapetian, disant que des gens se terraient "dans les caves".

Petite lueur d'espoir, d'après un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, l'Azerbaïdjan a promis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'envoyer de l'aide et de prendre en charge les soldats séparatistes blessés, avec des ambulances autorisées à se rendre à partir de l'Arménie au Nagorny Karabakh.

L'opération militaire azerbaïdjanaise, qui s'est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d'après les séparatistes arméniens.

Et la victoire remportée par Bakou nourrit les craintes d'un départ de nombre des 120.000 habitants du Nagorny Karabakh, même si l'Arménie a promis qu'aucune évacuation de masse n'était prévue. Elle s'est néanmoins dit prête à accueillir "40.000 familles" de réfugiés.

Kornidzor, dernier arrêt avant le Nagorny Karabakh coupé du monde

La route qui serpente et les villages accrochés à flanc de montagne, de l'autre côté de la vallée, c'est déjà le Nagorny Karabakh. Tout proche mais inaccessible. Tenu par une poignée de soldats, le poste de contrôle arménien de Kornidzor empêche les civils rongés par l'inquiétude d'aller plus loin.

Fumant cigarette sur cigarette, enchaînant les cafés dont les gobelets en carton s'empilent sur le bas-côté, quelques dizaines d'hommes attendent là, certains depuis des jours, une hypothétique ouverture. Ce qui permettrait le retour de leurs proches bloqués dans ce territoire sécessionniste en majorité peuplé d'Arméniens repris par les troupes azerbaïdjanaises à l'issue de l'offensive éclair qu'elles ont déclenchée mardi .

Aucune tension palpable. Quelques bergers prennent des chemins de traverse par les prairies à l'herbe jaunie. Indolents, les militaires arméniens partagent leurs impressions. Tout le monde s'écarte docilement quand passent des voitures remplies de soldats arméniens ou des convois de la force russe d’interposition, les seuls autorisés à poursuivre leur route.

Plus loin, caché dans la vallée, c'est un ultime poste arménien et le corridor de Latchine : sa fermeture par les autorités azerbaïdjanaises, en décembre 2022, a coupé le Nagorny Karabakh de l'Arménie et posé les jalons des 24 heures de bombardements et de combats au début de la semaine.

Ici, chacun a une histoire à raconter sur la fermeture du corridor et sur des proches qu'il n'a pas vus depuis plus de neuf mois.

«Pas d'espoir»

A l'aide d'une longue vue empruntée aux soldats, un homme tente de d'identifier les dégâts dans le village d'Eghtsahog, presque à portée de main, de l'autre côté de la vallée. "Il y avait une église avant à cet endroit. Je ne vois plus le clocher : elle a été détruite", grommelle-t-il avant de s'éloigner.

Garik Zakarian, plus loquace, habitait jusqu'en décembre dernier dans cette localité. Pressentant le danger, il a déménagé avec sa famille trois jours avant le blocus mais des amis, sa belle-mère et son beau-frère y vivent toujours.

Mardi, Eghtsahog a été bombardé. Par chance, personne n'a été tué et les 150 habitants ont trouvé refuge autour d'un camp de l'armée russe. Mais ils sont désormais coincés. Jeudi, deux jeunes ont tenté de retourner dans ce village récupérer des victuailles : ils en sont repartis ventre à terre après que des soldats azerbaïdjanais ont tiré sur eux.

C'est Garik qui raconte. Il le tient des amis qu'il a réussi à joindre. "Ça fait trois jours et trois nuits que j'attends. Je dors dans la voiture", confie cet homme de 28 ans.

"Je n'ai pas d'espoir (de les voir rapidement évacués) mais je ne pouvais pas ne rien faire. Juste être là, voir la base russe à un kilomètre, je me sens mieux physiquement".

A l'automne 2020, la "guerre de 44 jours", comme beaucoup l'appellent en Arménie, s'était soldée par la victoire sans appel de l'Azerbaïdjan, qui avait récupéré d'importantes portions de territoires.

Si un cessez-le-feu sous médiation russe avait été signé, la plupart des Arméniens se doutaient que Bakou voudrait récupérer l'intégralité du Nagorny Karabakh.

C'est chose faite depuis mercredi, quand les autorités du territoire séparatiste ont capitulé sous un déluge de feu ennemi. Mais ses 120.000 habitants, qui subissaient déjà le blocus et manquaient d'électricité, d'eau et de nourriture, sont piégés et terrorisés.

L'attente

S'ils devaient être évacués, le plus logique serait qu'ils passent par le corridor de Latchine et que la première localité arménienne qu'ils traversent soit Kornidzor.

En bordure de ce village déshérité, sans chemin asphalté, un centre d'accueil a été monté par le ministère arménien des Affaires étrangères et la fondation Tufenkian, une ONG locale.

Yana Avanessian, 29 ans, en a la charge. Enseignante en droit à l'université de Stepanakert, la "capitale" du Nagorny Karabakh, elle avait reçu une bourse d'un an pour aller aux Etats-Unis en août 2022. Comme tant d'autres, le blocus l'a piégée. Elle ne reverra pas sa ville natale.

Selon elle et les nombreux Arméniens réussissant, quand les appels téléphoniques passent, à contacter leurs proches dans cette région, la situation sur place est "horrible".

"On espère des évacuations pour bientôt, notamment des gens dont les habitations ont été détruites", confie la jeune femme.

"Ce ne sera pas facile de les héberger, l'Arménie est un petit pays. Mais les habitants du Nagorny Karabakh ont beaucoup de proches ici et ils attendent d'eux qu'ils les aident".

Dans le centre, les ordinateurs qui permettront d'enregistrer les futurs réfugiés sont déjà allumés, prêts à l'emploi. Mais rien n'indique leur arrivée prochaine.

Pachinian sous pression 

Accusé de passivité face à l'Azerbaïdjan, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu vendredi que "la situation" restait "tendue" au Nagorny Karabakh où "la crise humanitaire se poursuit".

Mais "il y a un espoir de dynamique positive", a ajouté le chef du gouvernement, pour qui le cessez-le-feu est "globalement" respecté.

Des personnes hostiles à M. Pachinian manifestent tous les jours à Erevan, la capitale de l'Arménie, pour protester contre la gestion de la crise par l'exécutif.

Plusieurs dirigeants de l'opposition ont de leur côté fait connaître leur intention d'ouvrir au Parlement une procédure de destitution à l'encontre du chef du gouvernement.

Selon la police arménienne, 98 manifestants ont été arrêtés vendredi, tandis que M. Pachinian appelle au calme et à emprunter "le chemin" de la paix, bien que ce soit "pas facile".


Alzheimer : la vente d'un traitement pour certains patients est autorisée par Bruxelles

Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
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  • L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA
  • Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle avait formellement autorisé un traitement destiné à réduire le déclin cognitif chez certaines personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments.

L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA « qui a conclu que les bénéfices de ce médicament étaient supérieurs aux risques », a souligné la Commission dans un communiqué.

Fin 2024, le régulateur européen avait recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (lécanemab) pour « le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce) ».

Elle avait précisé que ce feu vert était valable uniquement pour les patients présentant un risque plus faible d'hémorragie cérébrale potentielle, c'est-à-dire ceux qui n'ont « qu'une ou aucune copie du gène ApoE4 », un type de gène connu pour être un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis pour les patients n'ayant pas atteint un stade avancé de la maladie. Il est également commercialisé au Japon et en Chine.

Malgré des décennies de recherche, les scientifiques n'ont pas encore réussi à faire une véritable percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde. 


Un enfant meurt chaque jour en tentant de franchir la Méditerranée centrale, selon l'Unicef

Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
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  • Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.
  • Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages.

ROME : Selon un rapport publié mardi par l'Unicef, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.

L'Unicef se fonde sur le fait que parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire, un sur six est un enfant, pour estimer ce chiffre.

Ce chiffre pourrait être sous-estimé, car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.

Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l'agence onusienne chargée des enfants.

« Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté », indique le rapport, précisant que « plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré ». 

« Les gouvernements doivent protéger les droits et l'intérêt supérieur des enfants (...). Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages : ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent », a déclaré Regina De Dominicis, haut responsable de l'Unicef, citée dans le rapport.

L'agence onusienne rappelle que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 « peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l'intérêt supérieur de l’enfant ».

L'Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. 

« À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d'une représentation juridique ainsi que de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais entraîner la détention d'un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi », conclut l'Unicef. 


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes.