Emeutes: Indignation unanime après l'attaque du domicile d'un maire, appel au calme de la grand-mère de Nahel

Des policiers municipaux devant le domicile endommagé du maire de l'Hay-les-Roses Vincent Jeanbrun, à l'Hay-les-Roses, en banlieue parisienne, le 2 juillet 2023 (Photo, AFP).
Des policiers municipaux devant le domicile endommagé du maire de l'Hay-les-Roses Vincent Jeanbrun, à l'Hay-les-Roses, en banlieue parisienne, le 2 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 juillet 2023

Emeutes: Indignation unanime après l'attaque du domicile d'un maire, appel au calme de la grand-mère de Nahel

  • Au cours de cette cinquième nuit de violences urbaines, des émeutiers ont défoncé le portail du domicile de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ les Roses, dans la périphérie sud de Paris, à l'aide d'une voiture préalablement incendiée
  • La femme de cet élu de droite lui-même absent, et l'un de ses deux jeunes enfants ont été blessés en fuyant la maison, a-t-il lui-même rapporté

NANTERRE: La violente attaque à la voiture-bélier qui a visé le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a provoqué dimanche une indignation unanime en France, alors que la grand-mère du jeune Nahel, dont la mort a suscité cinq nuits consécutives d'émeutes, a appelé au calme.

Le choc causé par l'agression visant l'élu de cette commune d'ordinaire tranquille de 30.000 habitants de la banlieue sud de Paris a fait passer au second plan la décrue des violences constatées dans la nuit de samedi à dimanche dans de nombreuses villes de France et qui semblait se confirmer dimanche en début de soirée.

A 23h30, les forces de l'ordre avaient procédé à 49 interpellations sur tout le territoire national, selon le ministère de l'Intérieur.

"Nous ne laisserons rien passer, nous serons aux côtés des maires", a promis la Première ministre Elisabeth Borne en venant apporter son soutien au maire Vincent Jeanbrun (LR) dans sa ville.

Emmanuel Macron, qui a réuni plusieurs membres du gouvernement pour un "point de situation" à l'Elysée en soirée, doit recevoir les présidents des deux chambres lundi, avant les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences mardi. Il a aussi demandé à sa Première ministre de rencontrer les présidents des groupes parlementaires lundi.

Le président de la République souhaite en outre "débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", selon l'Elysée.

Dans un contexte de recrudescence des attaques visant les élus, le président de l'Association des maires de France David Lisnard (LR) a invité la population à se rassembler lundi à midi devant toutes les mairies. Selon lui, "150 mairies ou bâtiments municipaux (ont été) attaqués depuis mardi, une première dans l'histoire du pays".

L'agression qui a visé le premier magistrat de L'Haÿ-les-Roses s'est déroulée vers 01H30 du matin, lorsqu'une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans l'enceinte de son domicile alors qu'il se trouvait dans sa mairie.

«Tentative d'assassinat»

Le procureur de la République de Créteil, Stéphane Hardouin, a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "tentative d'assassinat".

En prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants, l'épouse de M. Jeanbrun, Mélanie Nowak, conseillère départementale et adjointe au maire déléguée à la vie associative, s'est fracturé le tibia et a été hospitalisée pour être opérée.

"Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison" et, quand "ils ont compris qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, loin d'arrêter au contraire ils ont déclenché une salve de tirs de mortiers d'artifice qui était complètement folle", a témoigné sur TF1 Vincent Jeanbrun.

"Jamais je n'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort", s'est-il indigné, appelant à "un sursaut républicain".

Dimanche soir, la mairie de la petite commune de Charly (Rhône), au sud de Lyon, a aussi révélé qu'un dispositif destiné "sans ambiguïté" à provoquer un feu avait été retrouvé le matin au domicile du maire.

«Qu'ils ne cassent pas !»

Après cinq nuits de violences, la grand-mère de Nahel a elle lancé un appel au calme aux jeunes émeutiers. "Qu'ils ne cassent pas les vitrines, qu'ils ne cassent pas les écoles, pas les bus", a exhorté Nadia sur BFMTV.

"Fatiguée", "dévastée", elle a demandé que le policier auteur du tir mortel paye pour son geste "comme tout le monde", en assurant avoir "confiace en la justice".

En écho, le maire de Nanterre Patrick Jarry a demandé "à tous les Nanterriens de porter l'appel de la famille de Nahel à mettre fin aux violences et d'agir là où ils sont pour qu'il soit respecté".

Dispositif reconduit 

La nuit de samedi à dimanche a été plus calme que la précédente, aussi bien en région parisienne qu'à Marseille et Lyon, les deux agglomérations les plus touchées la veille par les heurts, les destructions et saccages de bâtiments publics et les pillages de commerces.

Gérald Darmanin a toutefois reconduit dimanche soir un dispositif de 45.000 policiers et gendarmes sur tout le territoire.

En cinq nuits de violences urbaines jusqu'à dimanche matin, la place Beauvau a comptabilisé quelque 5.000 véhicules incendiés, 10.000 feux de poubelles, près de 1.000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries...

Plus de 700 membres des forces de l'ordre ont été blessés. Deux policiers ont ainsi été touchés à Paris "par ce qui pourrait s'apparenter à des tirs de plomb", selon une source policière, et un de leur collègues, visé à Nîmes par un tir d'arme à feu, a été protégé par son gilet pare-balles.

Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard et la mort de Nahel mardi dernier lors d'un contrôle routier à Nanterre ont choqué jusqu'au sommet de l'Etat, embrasé le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises.

Plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne, ont mis à jour leurs conseils aux voyageurs en leur recommandant de ne pas se rendre dans les zones concernées par les violences. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit dimanche "préoccupé" par les émeutes en France.

Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre la police ou l'Etat ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.

Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre la police ou l'Etat ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.


Après une attaque au couteau par un Algérien en France, Paris met la pression sur Alger

La police scientifique française recueille des preuves sur le site d'une attaque à l'arme blanche où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et blessé deux agents de la police municipale à Mulhouse, dans l'est de la France, le 23 février 2025. (AFP)
La police scientifique française recueille des preuves sur le site d'une attaque à l'arme blanche où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et blessé deux agents de la police municipale à Mulhouse, dans l'est de la France, le 23 février 2025. (AFP)
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  • Deux jours après une attaque au couteau par un Algérien en France, le Premier ministre François Bayrou a jugé "inacceptable" le refus de l'Algérie de reprendre l'assaillant et promis de montrer la "détermination" de Paris
  • Le Premier ministre a promis de montrer la "détermination" de Paris, qui pourrait engager des mesures de rétorsion dès cette semaine, notamment sur les visas

PARIS: Deux jours après une attaque au couteau par un Algérien en France, le Premier ministre François Bayrou a jugé "inacceptable" le refus de l'Algérie de reprendre l'assaillant et promis de montrer la "détermination" de Paris, qui pourrait engager des mesures de rétorsion dès cette semaine, notamment sur les visas.

Les semaines se suivent et les tensions entre l’Algérie et la France ne cessent de s'aggraver.

Lundi, le ton est encore monté d'un cran: le chef du gouvernement français a jugé "inacceptable" le refus d'Alger de reprendre son ressortissant, avant qu'il ne tue un homme et en blesse cinq autres samedi soir à Mulhouse, dans l'Est du pays.

"Il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d'origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois, la réponse a été non", a dénoncé François Bayrou.

Pourtant le suspect, interpellé en plein passage à l'acte, n'était pas à son premier fait d'arme: "arrivé illégalement" en France en 2014 selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, cet homme de 37 ans avait récemment purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme.

L'heure est maintenant à "préparer (et) prendre les décisions pour que le gouvernement et les pouvoirs publics algériens comprennent quelle est la détermination de la France", a-t-il ajouté.

Allusion au conseil interministériel de contrôle de l'immigration prévu mercredi. Une réunion programmée avant l'attentat, où l'Algérie devrait désormais s'imposer comme le sujet central.

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a évoqué certaines des mesures de rétorsion envisagées: "On n'est pas obligé d'avoir des visas en quantité aussi importante", a-t-elle estimé sur la radio RTL, suggérant aussi de "cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans les relations (franco-algériennes) et ne plus leur donner de visas".

- Couac et surenchère -

Abondant dans le même sens, le député du parti présidentiel David Amiel a estimé sur la radio Franceinfo que "la priorité absolue à court terme" était de "remettre en cause l'accord de 2007 qui prévoit que les dignitaires algériens peuvent se rendre en France sans visa".

Il s'agit de "faire pression sur le régime" en ciblant "la nomenklatura algérienne, pas les citoyens ordinaires", a-t-il ajouté.

Mais dans ce domaine, l'exécutif doit aussi composer avec la surenchère du Rassemblement national (RN), le parti d'extrême droite de Marine Le Pen, qui réclame la fin des visas ou du suivi médical de dirigeants algériens en France, ainsi que la révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie - réclamée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Le président du RN, Jordan Bardella, a lui aussi réclamé "un bras de fer diplomatique avec Alger", déplorant "une humiliation" de la France.

Le président Emmanuel Macron ne s'est pour l'heure pas exprimé sur le sujet.

Les relations entre Paris et Alger se sont détériorées depuis l'été 2024 avec l'annonce de l'appui de la France au plan d'autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental.

Et les rapports se sont encore tendus ces dernières semaines avec la détention en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l'arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pour apologie de la violence.

"Qui en France peut soutenir que la dureté n'est pas du côté du régime algérien ?", s'est interrogé lundi soir le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, pointant du doigt le cas de Boualem Sansal. "Moi, je n'admets pas que la France soit humiliée", a ajouté le ministre.

"Il y a un homme (Boualem Sansal) dont la vie est en danger et un pays qui méconnaît le droit international", a-t-il insisté.

L'influenceur algérien Youcef A., alias "Zazou Youssef", a été condamné lundi en France à 18 mois de prison ferme pour "provocation directe à un acte de terrorisme" pour des propos tenus sur TikTok.

Et le même jour, six mois de prison avec sursis ont été requis en France à l'encontre de Boualem Naman, influenceur algérien connu sous le pseudo "Doualemn", jugé pour "provocation non suivie d'effet à commettre un crime ou un délit" après la diffusion d'une vidéo litigieuse.

Cet agent d'entretien de 59 ans aux 138.000 abonnés sur TikTok est notamment accusé d'avoir appelé sur les réseaux sociaux à "tuer" et "à faire souffrir" un manifestant opposé au gouvernement d'Alger.

Et le déplacement mardi du président du Sénat, Gérard Larcher, au Sahara occidental ne devrait pas arranger les relations franco-algériennes.


Attaque au couteau en France: la porte-parole du gouvernement veut durcir le ton avec l'Algérie

La porte-parole du gouvernement français Sophie Primas a évoqué lundi diverses mesures de rétorsion contre l'Algérie, deux jours après une attaque mortelle au couteau à Mulhouse dans l'est de la France. (AFP)
La porte-parole du gouvernement français Sophie Primas a évoqué lundi diverses mesures de rétorsion contre l'Algérie, deux jours après une attaque mortelle au couteau à Mulhouse dans l'est de la France. (AFP)
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  • L'Algérien de 37 ans a été interpellé samedi peu après l'attaque au couteau qui a tué un passant, un Portugais de 69 ans, et blessé au moins trois policiers municipaux, aux cris de "Allah Akbar"
  • "On n'est pas obligé d'avoir des visas en quantité aussi importante", a estimé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur la radio RTL

PARIS: La porte-parole du gouvernement français Sophie Primas a évoqué lundi diverses mesures de rétorsion contre l'Algérie, deux jours après une attaque mortelle au couteau à Mulhouse dans l'est de la France.

Le principal suspect, né en Algérie et en situation irrégulière en France, est sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), mais l'Algérie a "refusé à dix reprises" de le reprendre sur son territoire, selon le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau.

L'Algérien de 37 ans a été interpellé samedi peu après l'attaque au couteau qui a tué un passant, un Portugais de 69 ans, et blessé au moins trois policiers municipaux, aux cris de "Allah Akbar".

"On n'est pas obligé d'avoir des visas en quantité aussi importante", a estimé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur la radio RTL, suggérant aussi de "cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans les relations (franco-algériennes) et ne plus leur donner de visas".

Ces deux mesures seront "sur la table" d'un conseil interministériel de contrôle de l'immigration prévu mercredi, qui concernera également "d'autres pays avec lesquels on a des problèmes de retour" pour les étrangers en instance d'expulsion du territoire.

Abondant dans le même sens, le député du parti présidentiel de Macron, David Amiel, a estimé que "la priorité absolue à court terme" était de "remettre en cause l'accord de 2007 qui prévoit que les dignitaires algériens peuvent se rendre en France sans visa", afin de "faire pression sur le régime" en ciblant "la nomenklatura algérienne, pas les citoyens ordinaires".

Le vice-président du Rassemblement national (extrême droite), Sébastien Chenu, a pour sa part jugé que "le nombre de visas est excessivement important" et qu'on "pourrait aller jusqu'à (ce) qu'il n'y ait plus aucun visa".

Il a ensuite énuméré d'autres leviers dont "les transferts de fonds, le fait de soigner des dirigeants algériens dans notre pays", ainsi que la révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie - réclamée par le président Abdelmadjid Tebboune.

"Il y a de quoi pouvoir faire pression" et "nous disons au gouvernement: +vous ne pouvez pas manquer ce coche+", a souligné M. Chenu.

Sophie Primas a par ailleurs plaidé pour un durcissement de la loi sur la "rétention de sûreté", toujours en lien avec l'attentat de Mulhouse dont le suspect avait récemment purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme.


Attentat de la basilique de Nice: l'accusé tunisien reconnaît les faits

Le jeune homme, très maigre, a justifié son acte en expliquant que "tous les jours il y a des musulmans qui meurent". "Tous les jours, vous tuez des musulmans et cela vous est égal. Vous n'avez aucune empathie pour ces gens", a-t-il ajouté. (AFP)
Le jeune homme, très maigre, a justifié son acte en expliquant que "tous les jours il y a des musulmans qui meurent". "Tous les jours, vous tuez des musulmans et cela vous est égal. Vous n'avez aucune empathie pour ces gens", a-t-il ajouté. (AFP)
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  • L'interrogatoire de Brahim Aouissaoui, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, est prévu toute la journée
  • "Je ne suis pas un terroriste, je suis un musulman", a dit l'accusé qui s'exprime en arabe et dont les propos sont traduits par un interprète

PARIS: Brahim Aouissaoui, accusé d'avoir assassiné trois personnes dans la basilique de Nice (sud de la France) le 29 octobre 2020, a finalement reconnu les faits lundi lors de son procès à Paris, en expliquant qu'il avait agi pour "venger les musulmans" tués par les Occidentaux.

"Oui, je reconnais les faits", a déclaré l'accusé, jugé par la cour d'assises spéciale de Paris pour assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste.

C'est la première fois depuis son interpellation juste après les faits que le Tunisien de 25 ans reconnaît être l'auteur des assassinats, avec un couteau de cuisine, de la paroissienne Nadine Devillers, 60 ans, du sacristain Vincent Loquès, 54 ans, et de la mère de famille Simone Barreto Silva, 44 ans.

"Je ne suis pas un terroriste, je suis un musulman", a dit l'accusé qui s'exprime en arabe et dont les propos sont traduits par un interprète.

Le jeune homme, très maigre, a justifié son acte en expliquant que "tous les jours il y a des musulmans qui meurent". "Tous les jours, vous tuez des musulmans et cela vous est égal. Vous n'avez aucune empathie pour ces gens", a-t-il ajouté.

"L'Occident tue aveuglément" les musulmans "innocents" et "se venger" est "un droit et une vérité", a-t-il asséné.

Le choix de ses victimes, les tuer dans une église, relèvent du "hasard", a affirmé Brahim Aouissaoui.

"C'est le droit et la vérité d'aller tuer des gens au hasard ?", l'interroge le président de la cour Christophe Petiteau.

- "Oui", répond catégoriquement l'accusé. "Je n'avais rien préparé" mais les assassinats étaient "légitimes", estime-t-il.

L'interrogatoire de Brahim Aouissaoui, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, est prévu toute la journée.

Son procès doit s'achever mercredi.