La guerre des drones en Ukraine pousse les autres armées à l'adaptation

 Un militaire ukrainien pilote un drone à la périphérie de Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine, le 30 décembre 2022. (AFP).
Un militaire ukrainien pilote un drone à la périphérie de Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine, le 30 décembre 2022. (AFP).
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Publié le Vendredi 13 janvier 2023

La guerre des drones en Ukraine pousse les autres armées à l'adaptation

  • Le rôle sans précédent joué en Ukraine par les drones montre selon des experts la nécessité d'adaptation des armées modernes
  • Les forces ukrainiennes ont ainsi frappé les soldats russes à l'aide de drones Bayraktar de fabrication turque lorsqu'ils ont tenté sans succès de prendre le contrôle de Kiev

WASHINGTON: Le rôle sans précédent joué en Ukraine par les drones, devenus des acteurs déterminants du conflit, montre selon des experts la nécessité d'adaptation des armées modernes pour s'en servir comme pour s'en protéger.

Il y a eu "d'autres conflits où les drones ont été beaucoup utilisés", comme en Syrie contre le groupe Etat islamique ou en Libye, dit à l'AFP Samuel Bendett, du centre de réflexion américain CNA. Mais "le nombre de drones et l'ampleur de leur utilisation en Ukraine l'emportent sur tous les autres conflits", ajoute-t-il.

Ce spécialiste des armements autonomes souligne "l'usage absolument sans précédent des drones commerciaux" pour les opérations de surveillance et de reconnaissance, mais aussi de combat, en Ukraine.

Pour lui, la guerre a montré que des petits drones "sont absolument essentiels à toutes les unités, à tous les niveaux", du peloton à la compagnie. "Parce qu'ils sont sacrifiables, peu durables, il faut en équiper les forces en très grande quantité", ajoute-t-il.

« Disponibles et bon marché »

Les drones jouent un rôle clé en Ukraine depuis le début du conflit. Les forces ukrainiennes ont ainsi frappé les soldats russes à l'aide de drones Bayraktar de fabrication turque lorsqu'ils ont tenté sans succès de prendre le contrôle de Kiev.

Les deux armées ont largement utilisé des petits drones pour localiser et suivre les mouvements de l'ennemi ainsi que pour diriger les tirs d'artillerie. Les deux pays utilisent aussi des drones kamikazes, des avions autonomes chargés d'explosifs qui se déclenchent lors de l'impact.

Pour Lauren Kahn, du Council on Foreign Relations, un centre de réflexion américain, la guerre en Ukraine se produit au moment où "beaucoup de ces technologies parviennent à maturité" et sont "disponibles et bon marché", ce qui a permis davantage d'expérimentations.

"Ils sont tellement abordables qu'on les utilise comme des armes moins précieuses", ajoute Mme Kahn, spécialiste de l'impact des technologies émergentes sur la sécurité internationale.

Le problème pour un pays attaqué, c'est quand il revient plus cher d'abattre un drone que de l'utiliser, souligne-t-elle, citant l'exemple des frappes russes contre les infrastructures électriques ukrainiennes à l'aide de drones iraniens.

"La façon de contrer plus de drones et de façon plus efficace, c'est à mon avis la prochaine phase de développement", ajoute l'experte, notant qu'il faudra trouver une solution "plus économique" qui corresponde au "prix très bas de la technologie offensive".

Défense électronique

La guerre en Ukraine a permis de tester des technologies anti-drones, notamment pour les Etats-Unis, qui ont fourni à Kiev tout un éventail d'options, de la mitraillette aux systèmes antiaériens.

Et la défense électronique joue un rôle important pour les deux belligérants, ajoute Samuel Bendett.

"Aussi bien les Russes que les Ukrainiens disent maintenant publiquement qu'il y a des zones du front où leurs drones militaires ne peuvent pas opérer et où leurs drones du commerce peuvent être brouillés et neutralisés", dit-il.

Si les drones kamikazes ont attiré davantage l'attention, l'impact des capacités de surveillance des drones s'est révélé plus important: il est devenu plus difficile de dissimuler des troupes des yeux de l'ennemi.

Le conflit a montré qu'il est "absolument primordial d'avoir des systèmes, des technologies et une formation" à la défense anti-drone, déclare l'expert de CNA.

"Les militaires doivent s'adapter", conclut-il. "Ils doivent s'adapter au fait que tout belligérant aujourd'hui, et toute force à laquelle les Etats-Unis et leurs alliés pourraient être confrontés à l'avenir, pourront être équipés de drones du type de ceux que nous voyons en Ukraine".


Israël a exporté pour 14,7 milliards de dollars d'armes en 2024, un record

L'administration Biden poursuit son projet de vente d'armes à Israël pour un montant de 680 millions de dollars, a déclaré mercredi un responsable américain proche du dossier, alors même qu'un cessez-le-feu négocié par les États-Unis entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur au Liban. (Reuters/Archive)
L'administration Biden poursuit son projet de vente d'armes à Israël pour un montant de 680 millions de dollars, a déclaré mercredi un responsable américain proche du dossier, alors même qu'un cessez-le-feu négocié par les États-Unis entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur au Liban. (Reuters/Archive)
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  • « Israël a de nouveau atteint un sommet historique pour les exportations dans le domaine de la défense en 2024 », a déclaré le ministère de la Défense.
  • La majorité des contrats signés (56,8 %) étaient des « méga-contrats » d'une valeur d'au moins 100 millions de dollars chacun, a détaillé le ministère.

JERUSALEM : Les exportations d'armes d'Israël ont atteint 14,7 milliards de dollars en 2024, un niveau record selon le ministère de la Défense, malgré les critiques internationales concernant la guerre menée par le pays à Gaza depuis près de vingt mois.

« Israël a de nouveau atteint un sommet historique pour les exportations dans le domaine de la défense en 2024 », a déclaré le ministère de la Défense, qui supervise et approuve les exportations des industries d'armement israéliennes, dans un communiqué publié mercredi.

La majorité des contrats signés (56,8 %) étaient des « méga-contrats » d'une valeur d'au moins 100 millions de dollars chacun, a détaillé le ministère, ajoutant que les « résultats opérationnels » dans la guerre contre le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza avaient stimulé la demande. 

Depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, le ministère a déclaré qu'il fonctionnait en « mode d'urgence », se mobilisant pour l'effort de guerre avec une production de Tsahal 24 heures sur 24, tout en maintenant la fabrication pour les clients étrangers.

« Les résultats opérationnels de la guerre et les performances avérées des systèmes israéliens sur le champ de bataille ont suscité une forte demande internationale pour la technologie de défense israélienne, permettant ainsi de conclure l'année 2024 sur une note remarquablement élevée avec des contrats d'exportation record », a-t-il souligné.

Selon le ministère, la demande de missiles, de roquettes et de systèmes de défense aérienne a « atteint un nouveau seuil important » et représente environ 48 % du volume total des exportations, contre 36 % en 2023. 

En outre, « les exportations de satellites et de systèmes spatiaux ont connu une croissance substantielle, représentant 8 % des transactions en 2024 contre 2 % en 2023 », selon la même source.

La répartition des régions vers lesquelles les armes ont été exportées montre que les pays européens représentent plus de la moitié des exportations.

Les ventes aux pays ayant conclu des accords de normalisation avec Israël (accords d'Abraham) — Émirats arabes unis, Bahreïn et Maroc — semblent avoir fortement augmenté, passant de 3 % en 2023 à 12 % l'année suivante.

« C'est précisément au cours d'une année de guerre difficile et complexe que Israël a battu un record historique en matière d'exportations de matériel de défense », a commenté le ministre de la Défense, Israël Katz, dans le communiqué.

« Le monde voit la force d'Israël et cherche à devenir son partenaire », a-t-il ajouté.


L'Iran estime que la proposition américaine sur le nucléaire va à l'encontre de ses intérêts

"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini. (AFP)
"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini. (AFP)
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  • "La proposition (sur le nucléaire iranien) présentée par les Américains est 100% à l'encontre du slogan +nous pouvons+", a déclaré lors d'un discours à Téhéran l'ayatollah Khamenei
  • Cette formulation fait référence aux piliers de la Révolution islamique de 1979 sur l'indépendance du pays, et les progrès réalisés depuis par l'Iran notamment sur le plan technologique

TEHERAN: Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a estimé mercredi que la proposition américaine faite à son pays en vue d'un accord sur le nucléaire allait à l'encontre des intérêts nationaux, sur fond de divergences liées à l'enrichissement d'uranium.

L'Iran et les Etats-Unis ont débuté en avril, sous la médiation du sultanat d'Oman, de délicates discussions sur l'épineux dossier du nucléaire iranien.

Après cinq cycles de pourparlers, les deux pays, ennemis depuis quatre décennies, se sont quittés le 23 avril à Rome sans avancée notable.

Samedi, l'Iran avait affirmé avoir reçu des "éléments" sur une proposition américaine en vue d'un potentiel accord.

"La proposition (sur le nucléaire iranien) présentée par les Américains est 100% à l'encontre du slogan +nous pouvons+", a déclaré lors d'un discours à Téhéran l'ayatollah Khamenei.

Cette formulation fait référence aux piliers de la Révolution islamique de 1979 sur l'indépendance du pays, et les progrès réalisés depuis par l'Iran notamment sur le plan technologique.

"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini.

L'enrichissement d'uranium demeure l'un des principaux points de blocage entre les deux pays.

"Ligne rouge" 

Washington s'oppose à tout enrichissement d'uranium par l'Iran, tandis que ce dernier considère cette demande comme une "ligne rouge", en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.

Les Etats-Unis n'ont "pas" leur "mot à dire" sur l'enrichissement d'uranium, a ajouté Ali Khamenei.

L'Iran est soupçonné par les pays occidentaux et par Israël de vouloir se doter de la bombe atomique, ce dont il se défend.

Mais Téhéran souligne son droit à poursuivre un programme nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

"Si nous avons 100 centrales nucléaires mais que nous ne pouvons enrichir (l'uranium) cela ne nous sera d'aucune utilité" car "les centrales nucléaires ont besoin de combustible" pour fonctionner, a argué Ali Khamenei.

"Si nous ne pouvons pas produire ce combustible localement, nous devrons nous tourner vers les Etats-Unis, qui pourraient poser des dizaines de conditions" pour le faire, a poursuivi le dirigeant iranien, au pouvoir depuis 1989.

Le président américain Donald Trump a affirmé lundi que les Etats-Unis n'autoriseraient "aucun enrichissement d'uranium dans le cadre d'un potentiel accord" avec l'Iran.

Interdire à l'Iran d'enrichir son uranium constitue une "ligne rouge", a rétorqué mardi le principal négociateur iranien, le chef de la diplomatie Abbas Araghchi.

Réunion au sommet 

Il a estimé que la proposition américaine, dont le contenu n'a pas été dévoilé, comportait "de nombreuses ambiguïtés".

Ces déclarations surviennent après la divulgation d'un rapport consulté samedi par l'AFP de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon lequel Téhéran a accéléré sa production d'uranium hautement enrichi.

L'AIEA a appelé l'Iran à davantage de transparence sur son programme nucléaire. Téhéran a dénoncé des conclusions jugées "politiques".

Le gendarme onusien du nucléaire doit tenir du 9 au 13 juin un Conseil des gouverneurs, une importante réunion trimestrielle à Vienne durant laquelle seront notamment passées en revue les activités nucléaires de l'Iran.

Abbas Araghchi a condamné les "pressions exercées" selon lui sur l'AIEA par "certains pays européens" et les a menacés de représailles s'ils utilisaient ce rapport à des fins politiques durant cette réunion.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont avec la Russie et la Chine membres d'un accord pour encadrer le programme nucléaire iranien conclu en 2015. Les Etats-Unis s'en sont retirés unilatéralement trois ans plus tard durant le premier mandat de Donald Trump.

Paris, Londres et Berlin ont menacé ces dernières semaines d'enclencher un mécanisme prévu dans l'accord de 2015 qui permet le rétablissement de sanctions onusiennes si l'Iran ne respecte pas ses engagements.

Selon l'AIEA, ce pays est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord de 2015.

 


ONU: Les actions d'Israël «comprennent des éléments des crimes les plus graves au regard du droit international»

Des Palestiniens transportent des sacs remplis de nourriture et d'aide humanitaire fournis par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation soutenue par les États-Unis et approuvée par Israël, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, mardi. (AP)
Des Palestiniens transportent des sacs remplis de nourriture et d'aide humanitaire fournis par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation soutenue par les États-Unis et approuvée par Israël, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, mardi. (AP)
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  • Volker Turk : Les attaques meurtrières contre les civils qui tentent d'accéder à des "quantités dérisoires" d'aide alimentaire sont "inadmissibles"
  • Le système destiné à contourner le mécanisme de l'ONU "met en danger des vies et viole les normes internationales en matière de distribution de l'aide"

NEW YORK : Les actions d'Israël à Gaza "comprennent des éléments des crimes les plus graves en vertu du droit international", a averti mardi le chef des droits de l'homme de l'ONU.

"L'entrave délibérée à l'accès à la nourriture et à d'autres fournitures de secours vitales pour les civils peut constituer un crime de guerre", a déclaré Volker Turk.

"La menace de famine, associée à 20 mois de meurtres de civils et de destructions massives, de déplacements forcés répétés, de rhétorique intolérable et déshumanisante et de menaces des dirigeants israéliens de vider la bande de Gaza de sa population, constituent également des éléments des crimes les plus graves au regard du droit international."

Au cours des trois derniers jours, des dizaines de Palestiniens affamés ont été tués par des tirs israéliens alors qu'ils tentaient de se procurer de la nourriture à un point d'aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation controversée soutenue par les États-Unis.

Les attaques meurtrières contre des civils affolés qui tentaient d'accéder aux "quantités dérisoires" d'aide alimentaire à Gaza sont "inadmissibles", a déclaré M. Turk, qui a demandé qu'une enquête "rapide et impartiale" soit menée sur chacune de ces attaques et que les auteurs soient tenus de rendre compte de leurs actes.

"Les attaques dirigées contre des civils constituent une grave violation du droit international et un crime de guerre", a-t-il déclaré, ajoutant que les Palestiniens ont été placés devant "le choix le plus sinistre : mourir de faim ou risquer d'être tués en essayant d'accéder à la maigre nourriture mise à disposition par le mécanisme d'aide humanitaire militarisé d'Israël".

Ce système militarisé de distribution de l'aide, qui vise à contourner le mécanisme de l'ONU à Gaza, "met des vies en danger et viole les normes internationales en matière de distribution de l'aide", a-t-il ajouté.

M. Turk a rappelé qu'en 2024, la Cour internationale de justice "a ordonné à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires et efficaces pour assurer sans délai, en pleine coopération avec les Nations unies, la fourniture sans entrave et à grande échelle, par toutes les parties concernées, des services de base et de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent, notamment la nourriture, l'eau, l'électricité, le carburant, les abris, les vêtements, l'hygiène et l'assainissement, ainsi que les fournitures médicales et les soins médicaux dans l'ensemble de la bande de Gaza. Rien ne justifie le non-respect de ces obligations".

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com