Russie: Repli des forces de Wagner, le camp Poutine miné par les «divisions» selon l'Occident

Un combattant du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023 (Photo, Reuters).
Un combattant du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023 (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 26 juin 2023

Russie: Repli des forces de Wagner, le camp Poutine miné par les «divisions» selon l'Occident

  • Critique féroce de la stratégie militaire russe en Ukraine, Evguéni Prigojine, le chef de Wagner, échappera à toute poursuite et pourra rejoindre le Bélarus
  • Confronté à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir fin 1999, le président Poutine a dénoncé une «trahison» et mis en garde contre une «guerre civile»

MOSCOU: Les forces du groupe paramilitaire Wagner se sont repliées dimanche en Russie, mettant un terme à la rébellion lancée par leur chef Evguéni Prigojine qui a fait trembler le Kremlin et révélé, aux yeux des Occidentaux, "fissures" et "divisions" dans le camp de Vladimir Poutine.

Critique féroce de la stratégie militaire russe en Ukraine, Evguéni Prigojine échappera à toute poursuite judiciaire et pourra rejoindre le Bélarus, a promis le Kremlin, sans qu'on sache dimanche quand ce départ aux allures d'exil est prévu, ni où se trouve le tempétueux patron de Wagner.

Lors d'une équipée de 24 heures qui a mené ses milices à moins de 400 km de Moscou, voire 200 selon lui, il a frontalement défié le maître du Kremlin, avant d'ordonner à ses hommes de regagner leurs bases, au terme, selon la version officielle, d'une médiation du dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko, seul allié européen du Kremlin.

Signe que l'urgence de la crise était passée, les combattants de Wagner ont quitté dimanche les régions de Voronej et de Lipetsk, au sud de Moscou, selon les autorités locales.

La veille, ils avaient quitté le QG militaire dont ils s'étaient emparés à Rostov (sud-ouest), centre névralgique des opérations russes en Ukraine, entamant leur retrait pour éviter de faire couler du "sang russe", selon les mots d'Evguéni Prigojine.

Pour autant, dans la capitale russe comme dans sa région, le "régime d'opération antiterroriste" reste en vigueur. D'importantes patrouilles de police étaient déployées le long de la route menant à la sortie de Moscou dans le sud de la capitale et lundi sera journée chômée à Moscou.

"C'est une situation normale", relativise Andreï, un avocat moscovite de 34 ans. "On vit en Russie, on est donc habitués à être stressés. Rien de plus".

Russie: Quand la «créature» Prigojine échappe à Vladimir Poutine

Vladimir Poutine a longtemps profité des actions du groupe paramilitaire Wagner, mais la mutinerie lancée par son chef Evguéni Prigojine place le président russe face à une épreuve qui devrait laisser des traces profondes, selon des analystes.

En près d'une décennie d'existence, les opérations de Wagner en Afrique, en Syrie et dans l'est de l'Ukraine ont servi les intérêts de l'homme fort du Kremlin.

Mais avec le coup de force tenté ces dernières 24h00 contre l'état-major russe, la milice, qui était l'un des fers de lance de la guerre de Moscou en Ukraine, s'est retournée contre le dirigeant russe qui lui a longtemps laissé les coudées franches.

Divisions
En lançant sa mutinerie, le chef de Wagner avait promis de "libérer le peuple russe", ciblant notamment ses deux ennemis jurés, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d'état-major Valéri Guérassimov, qu'il accuse d'avoir sacrifié des milliers d'hommes en Ukraine.

Mais il avait surtout contesté l'autorité du maître du Kremlin au pouvoir depuis fin 1999, qui a semblé pris de court et agité le spectre d'une "guerre civile".

Scrutée dans toutes les chancelleries, cette crise "révèle des fissures réelles" au plus haut niveau de l'Etat russe, a estimé le secrétaire d'Etat américain dimanche. "Le fait que vous ayez quelqu'un de l'intérieur remettant en cause l'autorité de Poutine et questionnant directement les raisons pour lesquelles il a lancé cette agression de l'Ukraine, c'est en soi quelque chose de très puissant", a ajouté Antony Blinken.

Cette crise inédite a été évoquée par le président américain Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un échange téléphonique, ont annoncé Kiev et Washington.

Le président français Emmanuel Macron a lui aussi estimé que la rébellion de Wagner montrait "les divisions" dans le camp russe et "la fragilité à la fois de ses armées et de ses forces auxiliaires".

Pour un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, "Prigojine a humilié Poutine/l'Etat et a montré qu'il n'y a plus de monopole de la violence".

Scène extraordinaire samedi soir à Rostov en Russie, des dizaines d'habitants ont affiché leur soutien aux insurgés, scandant "Wagner, Wagner!" peu avant leur départ. Dans la ville dimanche dominait toutefois un profond soulagement.

"J'ai suivi les informations toute la journée et j'étais vraiment inquiète. Alors je suis contente que tout se soit bien terminé", a déclaré à l'AFP Tatiana, une retraitée de 76 ans.

Rébellion avortée de Wagner: 19 maisons endommagées et de la chaussée abîmée

Une quinzaine de maisons et plus de 10.000 m2 de chaussée ont été endommagées lors de la rébellion armée du groupe Wagner en Russie, ont annoncé dimanche les autorités locales, donnant là un premier bilan partiel de ces événements qui ont ébranlé le pouvoir russe.

Entre vendredi soir et samedi soir, le chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes combattent en Ukraine, a mené une spectaculaire rébellion armée sur le sol russe qui avait pour but de renverser le commandement militaire avec qui il est en conflit ouvert depuis plusieurs mois.

Graves faiblesses
Affaibli aux yeux de Occidentaux, le régime russe a toutefois pu compter dimanche sur le soutien de Pékin. "En tant que voisin amical et partenaire stratégique, la Chine soutient la Russie dans ses efforts pour protéger la stabilité du pays", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, qualifiant la mutinerie "d'affaire intérieure".

Moscou s'est également efforcé de dissiper l'idée que cette crise affectera son offensive en Ukraine.

L'armée russe a affirmé dimanche avoir "repoussé avec succès" des attaques menées par les forces de Kiev dans quatre zones du front ukrainien.

Dans l'Est, autour de Bakhmout, ville prise en mai par les troupes de Wagner, les soldats ukrainiens ne constataient aucun changement majeur au lendemain du putsch avorté.

"La plupart des troupes comprennent qu'il s'agit d'un cirque, que les Russes ne sont pas partis", a résumé auprès de l'AFP l'un deux, Nazar, âgé de 26 ans.

Lors de sa conversation avec Joe Biden, le président ukrainien a indiqué avoir "discuté de la poursuite de l'approfondissement de la coopération en matière de défense" pour soutenir la contre-offensive engagée par Kiev.

La Russie recommande un jour de congés aux journalistes après un week-end «tendu»

Face à la situation inédite dans l'histoire de la Russie ces dernières années, les autorités de Moscou, la capitale russe, avaient introduit des mesures "antiterroristes", puis annoncé que la journée de lundi était décrétée chômée.

Et malgré la fin de la révolte éphémère samedi soir à la suite d'un accord entre M. Prigojine et le Kremlin, la mairie de Moscou avait assuré que lundi restait chômé.

Jeu dangereux
Selon les experts, la mutinerie en Russie pourrait toutefois avoir un impact, au moins psychologique, sur le cours de la guerre dans laquelle les miliciens de Wagner ont pris une part active.

"La rage de Prigojine contre l'élite pourrait se répandre au sein de l'armée russe", a estimé Lucian Kim, du Centre de réflexion américain Wilson.

Le Kremlin a cherché à éviter ce scénario en promettant également l'impunité aux mercenaires de Wagner ayant participé à la rébellion, faisant preuve d'une très inhabituelle mansuétude.

Si les termes du compromis entre le Kremlin et le chef de Wagner restent sujet à spéculations, le président bélarusse a joué un rôle-clé.

Il a ainsi remporté une victoire de prestige mais pourrait en regretter le prix en voyant arriver chez lui l'encombrant chef de Wagner, selon des analystes.

Le président lituanien Gitanas Nauseda a réagi dimanche en affirmant que l'Otan devra "renforcer" son flanc Est si Evguéni Prigojine faisait bien son arrivée au Bélarus.

De façon insolite, les autorités russes ont par ailleurs recommandé aux médias de donner un jour de congés à leurs employés après une journée de samedi "prenante émotionnellement et tendue".


Un fonctionnaire de l'ONU appelle à « augmenter et accélérer » l'aide en cas de catastrophe humanitaire

Jorge Moreira da Silva, sous-secrétaire général et directeur exécutif du Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets. (Photo fournie)
Jorge Moreira da Silva, sous-secrétaire général et directeur exécutif du Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets. (Photo fournie)
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  • Jorge Moreira da Silva a déclaré : « À ce moment critique, nous ne devons pas seulement augmenter l'aide, nous devons l'accélérer et la fournir de manière plus efficace et plus rapide. »
  • Il ajoute : « J'ai été impressionné par la capacité de KSRelief à mobiliser autant de personnes à travers le monde pour discuter de l'aide humanitaire à ce moment critique ».

RIYAD : Selon l'appel d'urgence pour la santé 2025 de l'Organisation mondiale de la santé, plus de 1,6 milliard de personnes vivent actuellement dans des situations de conflit ou de déplacement.

« En ce moment critique, nous devons non seulement augmenter l'aide, mais aussi l'accélérer et la rendre plus efficace et plus rapide », a déclaré Jorge Moreira da Silva, sous-secrétaire général et directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets, à Arab News lors du quatrième Forum humanitaire international de Riyad.

« Je pense que lorsqu'une urgence survient, qu'il s'agisse d'une catastrophe naturelle ou d'un conflit, nous n'avons pas le même temps pour planifier que lorsque nous parlons de développement, et c'est pourquoi la capacité de recherche et la réponse rapide sont fondamentales », a-t-il déclaré.

Interrogé sur les moyens d'y parvenir, le sous-secrétaire général des Nations unies a insisté sur la nécessité d'une plus grande collaboration.

« L'intensification et l'accélération de l'aide nécessitent une plus grande collaboration entre les agences des Nations unies, une plus grande collaboration entre les Nations unies et les gouvernements, mais aussi entre les sociétés civiles et le secteur privé », a-t-il déclaré.

Il a appelé à l'unité dans les situations d'urgence telles que les conflits, les déplacements, les épidémies et les catastrophes climatiques, en déclarant : « Nous ne pouvons pas réagir rapidement si nous réagissons de manière silencieuse et fragmentée. »

M. Da Silva a également souligné l'importance d'« augmenter le niveau de responsabilité et de réponse ».

Lors de son entretien avec Arab News, il a félicité le King Salman Humanitarian Aid and Relief Center d'avoir accueilli le quatrième Forum humanitaire international de Riyad.

« J'ai été impressionné par la capacité du KSRelief à mobiliser un si grand nombre de personnes à travers le monde pour discuter de l'aide humanitaire à ce moment critique », a-t-il déclaré, ajoutant que 25 % de la population mondiale vit dans un contexte de conflit.

"Humanitarian aid has been a life-saving effort, a critical life-saving effort for billions of people around the world, and I was glad to be part of today's conversation, not only about raising the ambition, but also ... accelerating the delivery."

He was speaking during a panel session on the first day of the Humanitarian Forum entitled "Resilient, Innovative and Localised: The future of humanitarian supply chains".

Da Silva reiterated the importance of collaboration, adding that "UNOPS is an organisation that is totally rooted in partnership and collaboration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Ukraine: Macron pense qu'une "trêve" est possible dans les "semaines à venir"

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec le président américain Donald Trump dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, DC, le 24 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec le président américain Donald Trump dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, DC, le 24 février 2025. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron, en visite à Washington, a déclaré lundi qu'une "trêve" en Ukraine pourrait être conclue "dans les semaines à venir", trois ans jour pour jour après le début de la guerre
  • Emmanuel Macron a par ailleurs appelé les Etats-Unis à se montrer solidaires des Européens en cas de fin des combats en Ukraine

WASHINGTON: Le président français Emmanuel Macron, en visite à Washington, a déclaré lundi qu'une "trêve" en Ukraine pourrait être conclue "dans les semaines à venir", trois ans jour pour jour après le début de la guerre en Ukraine déclenchée par l'invasion russe.

"Le schéma devrait être le suivant: des négociations entre les Etats-Unis et la Russie et entre les Etats-Unis et l'Ukraine", a affirmé M. Macron dans un entretien accordé à la chaîne Fox News, saluant l'annonce par Donald Trump de la possible visite prochaine du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche.

"Il faut d'abord une trêve. Je pense qu'elle pourrait être conclue dans les semaines à venir", a poursuivi, en anglais, le chef de l'Etat français, qui ces derniers jours a échangé avec la quasi-totalité des dirigeants européens.

"Si elle n'est pas respectée, ce sera la meilleure preuve que la Russie n'est pas sérieuse", a avancé Emmanuel Macron, en marge de sa rencontre avec son homologue américain Donald Trump à la Maison Blanche, largement consacrée à la guerre en Ukraine.

Emmanuel Macron a par ailleurs appelé les Etats-Unis à se montrer solidaires des Européens en cas de fin des combats en Ukraine. Il a affirmé avoir parlé à 30 dirigeants européens et leurs alliés, dont beaucoup se sont dits, selon lui, ouverts à un accord.

"Si nous étions attaqués, imaginons une seconde que la Russie puisse violer ce traité. Que va-t-il se passer? Ils ont besoin de ce message de solidarité de la part des Etats-Unis", a poursuivi Emmanuel Macron.

Malgré d'énormes divergences qui persistent sur le fond, le président français a déclaré être "convaincu qu'il y avait un chemin" avec Donald Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine.


La cheffe de la diplomatie de l'UE annonce se rendre aux États-Unis mardi

La Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, donne une conférence de presse lors du Conseil des affaires étrangères de l'UE au siège de l'UE à Bruxelles, le 24 février 2025. (Photo by JOHN THYS / AFP)
La Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, donne une conférence de presse lors du Conseil des affaires étrangères de l'UE au siège de l'UE à Bruxelles, le 24 février 2025. (Photo by JOHN THYS / AFP)
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  • Kaja Kallas, a annoncé lundi qu'elle rencontrerait le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, aux États-Unis en milieu de semaine.
  • « Je pense qu'il est important que nous ayons autant d'interactions que possible avec la nouvelle administration américaine », a-t-elle déclaré, en référence à la visite du président français Emmanuel Macron à Washington lundi.

BRUXELLES : La cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas, a annoncé lundi qu'elle rencontrerait le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, aux États-Unis en milieu de semaine.

« Je pense qu'il est important que nous ayons autant d'interactions que possible avec la nouvelle administration américaine », a-t-elle déclaré, en référence à la visite du président français Emmanuel Macron à Washington lundi.

Trois ans après le début de l'invasion russe en Ukraine, les Européens craignent que le président américain Donald Trump mette fin au conflit dans des conditions favorables à Moscou et sans garantir la sécurité de Kiev.

Ils réclament, pour l'instant en vain, une place à la table des négociations.

« Si l'on regarde les messages qui nous viennent des États-Unis, il est clair que le discours russe est très présent », a-t-elle alerté depuis Bruxelles. « Ces déclarations nous inquiètent tous », a-t-elle assuré.

« Il est clair que nous avons déjà eu des différends par le passé, mais nous avons toujours réussi à les régler, et nous espérons y parvenir cette fois-encore », a-t-elle ajouté.

La cheffe de la diplomatie de l'UE se rend aux États-Unis mardi pour la première fois depuis que Donald Trump a prêté serment.

Ce déplacement survient après des menaces répétées du président américain concernant le commerce et la défense. Ses réunions avec le chef de la diplomatie américaine et d'autres responsables auront lieu mercredi et jeudi, a-t-elle précisé.