Biden et Sissi annoncent l'ouverture du passage de Rafah pour laisser passer l'aide aux Palestiniens

Israël a déclaré mercredi qu'il autoriserait l'aide humanitaire à entrer dans la bande de Gaza depuis l'Égypte voisine  (Photo, Reuters).
Israël a déclaré mercredi qu'il autoriserait l'aide humanitaire à entrer dans la bande de Gaza depuis l'Égypte voisine (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 19 octobre 2023

Biden et Sissi annoncent l'ouverture du passage de Rafah pour laisser passer l'aide aux Palestiniens

  • Joe Biden a affirmé mercredi qu'Abdel Fattah al-Sissi avait accepté de «laisser jusqu'à 20 camions traverser la frontière» pour acheminer de l'aide humanitaire
  • Israël a toutefois mis une condition, cette aide ne transitera pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas palestinien ne seront pas libérés

L'aide humanitaire attendue par les Palestiniens de la bande de Gaza va pouvoir commencer à transiter par le passage de Rafah, à partir de l'Egypte voisine de l'enclave en état de siège depuis l'attaque du Hamas contre Israël, ont annoncé les présidents américain et égyptien.

Cette déclaration intervient après une visite de Joe Biden mercredi en Israël, qui a renouvelé son soutien à son allié et l'a mis hors de cause concernant la frappe meurtrière sur l'hôpital Ahli Arab de Gaza qui a soulevé un vent de colère au Proche-Orient.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak lui succèdera jeudi dans la région, en Israël et dans plusieurs autres capitales pour appeler à éviter une escalade de la guerre.

A Pékin, le président chinois Xi Jinping a déclaré au Premier ministre égyptien que son pays souhaitait "travailler avec l'Egypte afin d'apporter plus de certitude et de stabilité à la région et au monde".

"Sur la base des informations que nous avons eues jusqu'à maintenant, il semble que (la frappe contre l'hôpital Ahli Arab) soit le résultat d'une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza", a déclaré Joe Biden, qui assure avoir des éléments probants venant du Pentagone.

Le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, a accusé Israël d'être l'auteur de cette frappe.

Pas avant vendredi 

M. Biden, venu aussi dans la région pour obtenir que l'aide internationale puisse accéder à Gaza, où menace une catastrophe humanitaire selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a affirmé avoir obtenu du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de "laisser jusqu'à 20 camions traverser" au passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël.

Toutefois, cette aide ne pourra vraisemblablement pas arriver avant vendredi en raison de travaux à faire sur la route, détruite par les bombardements israéliens.

Dans la foulée, le porte-parole de la présidence égyptienne a confirmé que MM. Sissi et Biden, qui se sont entretenus au téléphone mercredi soir, s'étaient mis d'accord "sur l'acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza via le terminal de Rafah, de manière durable".

Auparavant, M. Biden avait assuré qu'Israël avait donné son feu vert.

"Israël n'empêchera pas l'aide humanitaire depuis l'Egypte tant qu'il s'agit de nourriture, d'eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza", avait confirmé le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Israël a cependant mis une condition. Cette aide ne transitera pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas ne seront pas libérés. Le mouvement palestinien affirme détenir entre 200 et 250 otages, au moins 199, selon Israël.

Veto à l'Onu 

Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils, le jour de l'attaque du Hamas le 7 octobre, la plus meurtrière ayant visé Israël depuis sa création en 1948.

En représailles, Israël bombarde sans relâche Gaza, où au moins 3.478 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon les autorités locales, qui ne précisent pas si ce bilan prend aussi en compte celui des victimes de l'hôpital Ahli Arab de Gaza. Plus d'un million d'habitants ont par ailleurs fui vers le sud de l'enclave, sous la menace d'une offensive terrestre israélienne dans le nord.

Les Etats-Unis ont mis leur veto mercredi à une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu qui appelait à une "pause humanitaire", Washington reprochant au texte de ne pas mentionner le "droit d'Israël à se défendre".

Des dizaines de camions remplis d'aide internationale attendent en Egypte depuis des jours de rentrer à Gaza.

L'aide devra être "conséquente", de l'ordre de 100 camions par jour, et devra être sécurisée, a déclaré mercredi Martin Griffiths, le chef des situations humanitaires d'urgence aux Nations unies.

L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d'habitants de Gaza, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre à l'enclave, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

La frappe mardi soir sur l'hôpital Ahli Arab a fait au moins 471 morts parmi des déplacés du conflit qui s'abritaient dans l'enceinte de l'établissement, assure le ministère de la Santé du territoire palestinien. Probablement beaucoup moins, a toutefois affirmé un haut responsable européen du renseignement, évoquant sous couvert de l'anonymat un maximum de 50 morts.

Les photos et vidéos montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures.

«Pas de cratère»

Israël a affirmé avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique dans la frappe sur l'hôpital.

Photos à l’appui, un porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Conricus a répété que "ce n’est pas une bombe israélienne car il n’y a pas de cratère sur les photos" lors d’un point de presse dans la nuit de mercredi à jeudi.

Selon le Jihad islamique, un groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, c'est une bombe larguée par un avion de l'armée israélienne qui a causé la tragédie.

Dans une vidéo authentifiée par l'AFP, on voit des flammes s'élever dans la nuit de ce qui semble être la cour d'un bâtiment.

"J'ai vu une énorme boule de feu, l'endroit entier était en feu, des cadavres étaient projetés partout, des enfants, des femmes et des personnes âgées", raconte Adnan al-Nagah, 37 ans, qui s'était abrité avec sa famille dans l'hôpital.

Des milliers de personnes ont manifesté mercredi en soutien aux Palestiniens au Caire, à Istanbul, près de l'ambassade d'Israël à Amman ou encore à Tunis devant l'ambassade de France.

Des Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, aux cris de "Libérez, libérez la Palestine".

La tension est forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, ainsi qu'en Cisjordanie où 64 Palestiniens, dont 18 enfants, ont été tués depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan de l'ONU.


Macron appelle à éviter une « escalade incontrôlée » au Moyen-Orient

Macron a également appelé Netanyahu à s'abstenir de toute « nouvelle opération » à Gaza, près de Rafah ou Khan Yunis. (AFP)
Macron a également appelé Netanyahu à s'abstenir de toute « nouvelle opération » à Gaza, près de Rafah ou Khan Yunis. (AFP)
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  • « Aucune réponse strictement militaire ne peut produire les effets recherchés », a-t-il déclaré, ajoutant que « la reprise de discussions diplomatiques et techniques est le seul moyen d'obtenir l'objectif que nous recherchons tous

PARIS : Emmanuel Macron a appelé dimanche soir à éviter une « escalade incontrôlée » au Moyen-Orient après les frappes américaines contre le programme nucléaire iranien, lors de l'ouverture d'un nouveau conseil de défense et de sécurité.

« Aucune réponse strictement militaire ne peut produire les effets recherchés », a-t-il déclaré, ajoutant que « la reprise de discussions diplomatiques et techniques est le seul moyen d'obtenir l'objectif que nous recherchons tous : que l'Iran ne puisse pas se doter de l'arme nucléaire, mais également éviter une escalade incontrôlée dans la région ».

Il a évoqué un « moment grave pour la paix et la stabilité au Proche et Moyen-Orient, avec des impacts très clairs aussi pour notre sécurité collective », après les frappes américaines qui, selon lui, ouvrent « une nouvelle phase qui impose évidemment la vigilance et une action résolue de notre part ». 


Le directeur de l'AIEA annonce une « réunion d'urgence » lundi après les frappes américaines

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Grossi, devrait se rendre en Iran pour participer à une conférence sur le nucléaire du 6 au 8 mai et rencontrer des responsables iraniens, a annoncé mardi l'agence de presse iranienne Mehr. (AFP/Archives)
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Grossi, devrait se rendre en Iran pour participer à une conférence sur le nucléaire du 6 au 8 mai et rencontrer des responsables iraniens, a annoncé mardi l'agence de presse iranienne Mehr. (AFP/Archives)
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  • « Compte tenu de la situation en Iran, je convoque une réunion d'urgence du Conseil des gouverneurs pour demain », a posté Rafael Grossi dimanche sur X.
  • « Il existe des indications claires d'impacts », a déclaré M. Grossi sur la chaîne américaine CNN, se basant sur des images satellitaires et « la connaissance approfondie » du site de Fordo.

VIENNE, AUTRICHE : Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a annoncé une « réunion d'urgence » lundi, après les frappes américaines contre trois sites nucléaires iraniens. Il estime pour l'instant impossible d'évaluer l'étendue des dégâts.

« Compte tenu de la situation en Iran, je convoque une réunion d'urgence du Conseil des gouverneurs pour demain », a posté Rafael Grossi dimanche sur X.

Cette rencontre débutera à 10 heures (8 heures GMT) au siège de l'instance onusienne à Vienne, en Autriche.

Les États-Unis ont pris pour cible trois sites nucléaires, dont Fordo, une usine d'enrichissement d'uranium enfouie à 90 mètres sous une montagne, avec pour objectif affiché d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, ce que Téhéran nie farouchement.

« Il existe des indications claires d'impacts », a déclaré M. Grossi sur la chaîne américaine CNN, se basant sur des images satellitaires et « la connaissance approfondie » du site de Fordo, régulièrement inspecté par le personnel de l'Agence. 

« Mais en ce qui concerne l'évaluation de l'ampleur des dégâts souterrains, nous ne pouvons nous prononcer : ceux-ci peuvent être importants, voire considérables. Mais personne, ni nous ni quiconque d'autre, n'est en mesure de vous dire leur étendue », a-t-il ajouté, espérant que ses inspecteurs « pourront retourner sur place dès que possible ».

Extrêmement « protégé », Fordo dispose en outre « de sources d'approvisionnement électriques indépendantes, et peut-être même de générateurs de secours ». « On ne peut donc pas affirmer automatiquement que l'absence d'alimentation électrique externe a pu endommager » les centrifugeuses présentes, ces machines volumineuses et coûteuses utilisées pour enrichir l'uranium, selon le chef de l'AIEA. 

La situation est différente à Natanz, autre site visé par les frappes israéliennes et américaines, dont la partie en surface a été « clairement » détruite.

Quant aux installations souterraines, où se trouvent les centrifugeuses, elles ont beaucoup souffert en raison de l'effet combiné de l'absence d'alimentation électrique externe due aux attaques et de l'impact des frappes elles-mêmes.

La situation est similaire à Ispahan, où plusieurs bâtiments ont été endommagés et où des attaques se poursuivent depuis plusieurs jours.

Dans un communiqué, l'AIEA a toutefois réaffirmé ne pas « s'attendre à des conséquences des frappes, sur la santé de la population ou de l'environnement », les niveaux de radiation n'ayant pas augmenté en dehors des sites.


Paris, Berlin et Londres demandent à l'Iran "de ne pas entreprendre d'autres actions susceptibles de déstabiliser la région"

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  • Les dirigeants de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni ont demandé dimanche à l'Iran "de ne pas entreprendre d'autres actions susceptibles de déstabiliser la région"

LONDRES : Les dirigeants de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni ont demandé dimanche à l'Iran "de ne pas entreprendre d'autres actions susceptibles de déstabiliser la région" en réponse aux frappes américaines ayant visé ses sites nuclétaires.

"Nous appelons l'Iran à s'engager dans des négociations conduisant à un accord qui réponde à toutes les préoccupations liées à son programme nucléaire. Nous sommes prêts à contribuer à cet objectif en coordination avec toutes les parties", ajoutent les trois dirigeants dans une déclarations conjointe.