Manouchian au Panthéon? Annonce imminente du président

Réfugié en France après le génocide arménien, Missak Manouchian a formé le "groupe Manouchian" (Photo, Twitter).
Réfugié en France après le génocide arménien, Missak Manouchian a formé le "groupe Manouchian" (Photo, Twitter).
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Publié le Dimanche 18 juin 2023

Manouchian au Panthéon? Annonce imminente du président

  • Réfugié en France après le génocide arménien, Missak Manouchian a formé le «groupe Manouchian»
  • Emmanuel Macron se rendra dans la Clairière des fusillés au Mont-Valérien dimanche

PARIS: Un rescapé du génocide arménien, apatride et communiste bientôt au Panthéon? Emmanuel Macron devrait annoncer dimanche l'entrée de Missak Manouchian, héros de la Résistance, dans le temple des personnalités qui ont marqué l'histoire de la nation française.

Le chef de l'Etat s'y est déclaré "extrêmement favorable" lors d'une rencontre vendredi avec les membres du comité qui a proposé la panthéonisation de Missak Manouchian, dont la petite-nièce du résistant, Katia Guiragossian.

Emmanuel Macron doit faire une "annonce" à l'occasion du 83e anniversaire de l'Appel du 18 Juin, qu'il commémore, comme chaque année, au Mont-Valérien, près de Paris, où il est attendu à 10H30.

Une entrée au Panthéon marquerait la "reconnaissance de la résistance des étrangers, d'un héros qui a manifesté tout au long de sa courte vie l'amour de la France et des idéaux républicains", relève le président du comité, Jean-Pierre Sakoun.

Chef militaire d'un groupe de résistants étrangers - des Francs-tireurs et partisans – Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) - en région parisienne, Missak Manouchian fut arrêté en novembre 1943 et fusillé par l'armée allemande, à 37 ans, le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Célébré par Aragon et Léo Ferré, il est aussi entré dans la mémoire collective à travers "l'Affiche rouge", placardée dans tout Paris par la propagande nazie durant son procès mais devenue depuis un symbole de courage et d'engagement.

Dix membres du réseau Manouchian, dont lui-même, y figurent, photo noir et blanc à l'appui, sur fond rouge sang, présentés comme "l'armée du crime" et accusés de dizaines d'attentats.

«Message d'intégration»

"L'Affiche rouge" est aussi le titre d'un film sorti en 1976 qui immortalise l'histoire du groupe de résistants à l'écran.

Missak Manouchian est également un héros national en Arménie, tout comme le chanteur Charles Aznavour, qu'il connut d'ailleurs enfant car il fut hébergé par ses parents à Paris.

S'il entrait au Panthéon, il deviendrait le neuvième membre de la Résistance à être ainsi honoré depuis le transfert des cendres de Jean Moulin en 1964. Mais il serait aussi le premier résistant étranger et communiste à y entrer.

"Pour nous, l'essentiel c'est que ce soit un étranger mort pour la France qui entre au Panthéon", souligne toutefois le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, dont le grand-père, Albert, fut le chef de Missak Manouchian dans la Résistance.

"Ca dit beaucoup de ce qu'est la Nation française, un projet politique collectif", c'est aussi un "message fort d'intégration pour les jeunes d'aujourd'hui", dit-il à l'AFP.

Sous la Ve République, le chef de l'Etat est seul décisionnaire en matière de panthéonisation.

Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà fait accueillir trois grandes figures dans ce temple républicain: Simone Veil, Maurice Genevoix et la chanteuse franco-américaine Joséphine Baker, première personne noire et première artiste à rejoindre le Panthéon.

Clairière des Fusillés 

Au Mont-Valérien, le chef de l'Etat va se recueillir dans la clairière des Fusillés, où un millier de résistants et otages, dont Missak Manouchian, furent exécutés par l'armée allemande.

Un survivant du groupe FTP-MOI, Robert Birenbaum, sera présent, de même que Georges Duffau-Epstein, fils du résistant Joseph Epstein qui fut arrêté en même temps que Missak Manouchian lors d'un rendez-vous clandestin à Evry.

Le président sera accompagné de la Première ministre Elisabeth Borne, du ministre des Armées Sébastien Lecornu et du chef d'Etat-major des Armées Thierry Burkhard.

Plus de 90 résistants et otages étrangers fusillés au Mont-Valérien vont être également reconnus "morts pour la France" lors de cette journée d'"unité des mémoires de la Résistance", a précisé l'Elysée.

Le chef de l'Etat entendra ensuite l'Appel du 18 Juin et le Chant des Partisans avant un temps de recueillement dans la crypte du Mont-Valérien, où sont inhumés 17 femmes et hommes morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, dont Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération.

L'hommage rendu dimanche s'inscrit dans une longue séquence mémorielle autour du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale qui se poursuivra en 2024 avec le Débarquement en Normandie et la Libération de Paris.


Extraction de Mohamed Amra: Retailleau préférerait que le juge se déplace

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, décrivant "des risques majeurs", a indiqué mercredi qu'il préférait que le juge se déplace plutôt que d'extraire Mohamed Amra de sa prison ultra-sécurisée. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, décrivant "des risques majeurs", a indiqué mercredi qu'il préférait que le juge se déplace plutôt que d'extraire Mohamed Amra de sa prison ultra-sécurisée. (AFP)
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  • "Faire sortir des types aussi dangereux d'une prison, ce sont des risques majeurs. Il faut que nous nous y adaptions et qu'on entende soit que le juge se déplace, soit qu'il y ait une visioconférence"
  • Lors d'une précédente extraction, en mai 2024, de Mohamed Amra, multirécidiviste déjà détenu pour d'autres affaires judiciaires, deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres ont été grièvement blessés

PARIS: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, décrivant "des risques majeurs", a indiqué mercredi qu'il préférait que le juge se déplace plutôt que d'extraire Mohamed Amra de sa prison ultra-sécurisée.

"Faire sortir des types aussi dangereux d'une prison, ce sont des risques majeurs. Il faut que nous nous y adaptions et qu'on entende soit que le juge se déplace, soit qu'il y ait une visioconférence", a lancé le ministre de l'Intérieur sur RTL à propos de l'extraction, prévue la semaine prochaine, de Mohamed Amra pour un interrogatoire.

"Chaque extraction consomme des moyens du ministère de l'Intérieur - et ça coûte cher aux contribuables - mais surtout, à chaque fois, ce sont des risques et nous nous sommes battus sur la loi narcotrafic pour qu'il y ait précisément un dispositif qui rend obligatoire l'audition de ces gens - là par visioconférence", a-t-il ajouté.

"C'est fondamental parce que sinon nos policiers, gendarmes, les agents de la pénitentiaire peuvent risquer leur vie", a-t-il souligné.

Le narcotrafiquant de 31 ans, poursuivi notamment pour meurtres en bande organisée en récidive, doit en effet être extrait la semaine prochaine de sa prison de Condé-sur-Sarthe pour être interrogé à Paris, dans le bureau des juges d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco).

Lors d'une précédente extraction, en mai 2024, de Mohamed Amra, multirécidiviste déjà détenu pour d'autres affaires judiciaires, deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres ont été grièvement blessés. "La Mouche" avait ensuite passé neuf mois en cavale avant d'être arrêté le 22 février à Bucarest en Roumanie.

Cette extraction prochaine a indigné les syndicats pénitentiaires. "Nous sommes outrés et scandalisés de cette extraction judiciaire", a ainsi déploré auprès de l'AFP Wilfried Fonck, secrétaire national Ufap Unsa Justice.

"Aujourd'hui, le magistrat décide si on doit lui présenter le détenu ou non", a pesté Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO-Justice, considérant que les magistrats ne prenaient pas "la mesure du danger des extractions de ce type de détenus".

Sur TF1 mardi soir, le ministre de la Justice Gérald Darmanin s'est lui dit certain "qu'il ne se passera rien". Le ministère de l'Intérieur, "qui aura la responsabilité de ce transfert, le fait dans magnifiques conditions que ce soit le GIGN ou le Raid", a-t-il martelé.

 


La justice confirme la déchéance de Marine Le Pen de son mandat de conseillère départementale

Le tribunal administratif de Lille a débouté mercredi Marine Le Pen qui contestait la démission d'office de son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais à la suite de sa condamnation en mars pour détournement de fonds publics. (AFP)
Le tribunal administratif de Lille a débouté mercredi Marine Le Pen qui contestait la démission d'office de son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais à la suite de sa condamnation en mars pour détournement de fonds publics. (AFP)
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  • Le tribunal administratif a souligné que ces dispositions législatives ont déjà été jugées conformes à la Constitution par une décision du Conseil constitutionnel du 28 mars 2025
  • Le jugement du tribunal administratif peut faire l'objet d'un appel devant le Conseil d'Etat dans un délai d'un mois, ce qui suspendrait la démission d'office

LILLE: Le tribunal administratif de Lille a débouté mercredi Marine Le Pen qui contestait la démission d'office de son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais à la suite de sa condamnation en mars pour détournement de fonds publics.

Le tribunal a jugé que le code électoral impose "au préfet de déclarer démissionnaire d'office l'élu départemental déclaré inéligible par le juge pénal, par un jugement assorti de l'exécution provisoire", explique la juridiction dans un communiqué.

Il a également rejeté la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par l'avocat de la cheffe de file de l'extrême droite. Celui-ci estimait que la démission d'office prévue en cas de peine d'inéligibilité non définitive mais exécutoire provisoirement pourrait porter atteinte à la liberté des électeurs et à d'autres principes constitutionnels.

Le tribunal administratif a souligné que ces dispositions législatives ont déjà été jugées conformes à la Constitution par une décision du Conseil constitutionnel du 28 mars 2025, portant sur les conseillers municipaux, soumis aux mêmes règles que les conseillers départementaux.

Le jugement du tribunal administratif peut faire l'objet d'un appel devant le Conseil d'Etat dans un délai d'un mois, ce qui suspendrait la démission d'office.

La patronne des députés Rassemblement National à l'Assemblée, condamnée fin mars à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans le dossier des assistants d'eurodéputés de son parti, conserve selon la jurisprudence son mandat de députée du Pas-de-Calais, mais a été démise en avril de son mandat de conseillère départementale.

Lors de l'audience le 20 mai, l'avocat de Mme Le Pen Thomas Laval avait dénoncé une mesure "équivalente à une peine" aux "conséquences excessives".

Le 31 mars, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Marine Le Pen à quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme, et à une inéligibilité immédiate de cinq ans.

Le tribunal avait estimé qu'elle était au "cœur" d'un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l'argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016. Le montant total des détournements s'élève à 4,4 millions d'euros.


Les procureurs français considèrent le meurtre d'un Tunisien comme un acte terroriste présumé

Les procureurs français chargés de l'enquête sur le meurtre de Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien de 46 ans, considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi. (X/@kkerima)
Les procureurs français chargés de l'enquête sur le meurtre de Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien de 46 ans, considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi. (X/@kkerima)
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  • Hichem Miraoui a été abattu de cinq balles par son voisin blanc la semaine dernière, dans ce que la police considère comme un meurtre raciste
  • Cette affaire fait suite aux préoccupations croissantes concernant les crimes de haine à l'encontre des musulmans dans le pays

LONDRES : Les procureurs français qui enquêtent sur le meurtre d'un Tunisien considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi.

Hichem Miraoui, un coiffeur de 46 ans qui vivait en France depuis 14 ans, a été abattu de cinq balles samedi par son voisin blanc, un homme de 53 ans nommé Christophe B.

L'implication de procureurs antiterroristes plutôt que de procureurs criminels dans l'affaire du meurtre présumé d'extrême droite est une première en France.

Elle fait suite aux préoccupations croissantes concernant les crimes de haine contre les musulmans dans le pays après qu'un Malien, Aboubakar Cisse, 22 ans, a été poignardé à mort à la sortie d'une mosquée en avril.

La semaine dernière, dans la ville de Puget-sur-Argens, dans le sud du pays, un Turc de 25 ans a également été abattu, mais il a survécu. Le tueur a pris la fuite en voiture, mais son compagnon a alerté la police, qui l'a arrêté.

Christophe B, passionné de tir sportif et titulaire d'un permis de port d'arme, avait précédemment publié sur les réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles il déclarait avoir l'intention de tuer des étrangers.

Il exhortait ses compatriotes à faire de même et, dans une vidéo, il faisait l'éloge du défunt fondateur du Front national français, Jean-Marie Le Pen.

Le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, a qualifié l'assassinat de Miraoui d'"acte raciste". Toutefois, le ministre avait déjà été critiqué pour ce que les groupes antiracistes ont qualifié de réponse inadéquate à l'assassinat de M. Cissé.

Les autorités antiterroristes ont également été mises en cause pour n'avoir pas traité l'assassinat du ressortissant malien comme un acte terroriste, l'enquête sur cette affaire étant menée par des procureurs pénaux.

Mardi, M. Retailleau s'est rendu à l'ambassade de Tunisie à Paris pour exprimer sa solidarité avec la communauté.

La diaspora tunisienne en France compte plus d'un million de personnes. Plus de 6 millions de musulmans résident dans le pays, soit environ 10 % de la population.

"Le racisme en France et ailleurs est un poison, et nous voyons bien que c'est un poison qui tue. Tout acte raciste est un acte anti-français", a déclaré M. Retailleau.

Les données officielles du gouvernement montrent que les crimes racistes, xénophobes et antireligieux ont augmenté de 11 % dans le pays l'année dernière.

Cependant, ces crimes en France sont également "largement sous-déclarés" parce que "les victimes ne font souvent pas confiance à la police ou aux autorités", a déclaré Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com