Que penser de la nouvelle stratégie de guerre d’Israël à Gaza ?

La confusion autour des projets de retrait des troupes israéliennes pourrait être le signe que Tsahal a reconnu qu’elle n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de guerre déclarés contre les dirigeants de Gaza, le Hamas (Photo, AP).
La confusion autour des projets de retrait des troupes israéliennes pourrait être le signe que Tsahal a reconnu qu’elle n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de guerre déclarés contre les dirigeants de Gaza, le Hamas (Photo, AP).
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Publié le Dimanche 14 janvier 2024

Que penser de la nouvelle stratégie de guerre d’Israël à Gaza ?

La confusion autour des projets de retrait des troupes israéliennes pourrait être le signe que Tsahal a reconnu qu’elle n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de guerre déclarés contre les dirigeants de Gaza, le Hamas (Photo, AP).
  • Israël envoie des messages contradictoires, annonçant d’une part qu’il retire certaines forces de Gaza, tout en indiquant d’autre part qu’un passage à des opérations plus ciblées aura lieu
  • Cette annonce pourrait être le résultat de la pression américaine, de la nécessité économique ou même de l’acceptation du fait que l’ancienne stratégie ne fonctionne tout simplement pas

LONDRES: Israël envoie des messages contradictoires, annonçant d’une part qu’il retire certaines forces de Gaza, tout en indiquant d’autre part que la guerre se poursuivra pendant de nombreux mois, avec un passage à des opérations plus ciblées et la préparation d’un conflit de grande envergure avec le Hezbollah.

Les commentateurs sont divisés sur les raisons de cette prétendue réduction des effectifs et sur l’apparente annonce d’un conflit plus large, suggérant que cette annonce pourrait être le résultat de la pression américaine, de la nécessité économique ou même de l’acceptation du fait que l’ancienne stratégie ne fonctionne tout simplement pas.

Au début du mois de janvier, un porte-parole militaire a annoncéque l’armée israélienne allait retirer certaines de ses unités de l’enclave palestinienne assiégée dans le cadre d’une réorientation vers des «opérations plus ciblées».

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Des véhicules militaires israéliens se dirigent vers Gaza le 13 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas. (Reuters)

 

Daniel Hagari, un porte-parole de l’armée israélienne, a ensuite expliqué au New York Times que «la guerre est passée à une nouvelle étape, mais la transition se fera sans cérémonie ; nous ne ferons pas de grandes annonces».

Par la suite, un autre porte-parole de l’armée a semblé laissé entendre que, au moins pour le nord de Gaza, la campagne de bombardement avait atteint son apogée, affirmant que le Hamas dans cette partie de la bande de Gaza avait été «démantelé».

L’analyste jordanien Oussama al-Sharif a informé Arab Newsque cette mesure n’avait «pas encore été confirmée», mais que, si elle était prise, cela signifierait probablement le retrait d’environ 7000 soldats.

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Les forces de sécurité israéliennes examinent une route touchée par une roquette tirée depuis le Liban, à Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, le 11 janvier 2024. (AP)

Selon un communiqué militaire, le retrait de cinq brigades vise à permettre à ceux qui participent à l’offensive terrestre depuis le début de la guerre, le 7 octobre, de «s’entraîner et se reposer».

En mentionnant la nécessité de l’entraînement, la déclaration indique clairement que toute suggestion visant à mettre fin à la guerre de manière imminente, du moins sans pression, ne viendra pas du côté israélien.

En effet, un responsable cité par l’agence de presse Reuters a précisé que la prochaine étape de l’offensive «durerait au moins six mois et impliquerait des missions intenses de nettoyage des terroristes. Personne ne parle de colombes de la paix s’envolant de Shuja’iyya».

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Des membres des Brigades palestiniennes Ezzedine al-Qassam participent à une manifestation de partisans du mouvement Hamas à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 octobre 2022, un an avant que le Hamas ne lance une attaque massive contre des cibles israéliennes près de la frontière. (Photo, AFP)

Pour M. Al-Sharif, ces retraits pourraient signifier «un certain nombre de choses». Ne restant plus que des «décombres» dans le nord de la bande de Gaza, il se peut que le nombre de cibles soit insuffisant pour justifier le maintien de leur présence.

«Cela pourrait également se traduire par le déplacement de certaines troupes vers le nord, où les tensions sont à la hausse. Il est clair que le Hezbollah ne cherche pas l’escalade et qu’il est conscient du coût terrible d’une guerre totale avec Israël», a-t-il ajouté.

Shlomo Brom, général de brigade à la retraite et ancien responsable de la planification militaire stratégique d’Israël, a laissé entendre dans une récente interview accordée à Al Jazeeraque cette décision pourrait avoir été prise en réponse à la pression exercée par les États-Unis.

Il est certain que le retrait semble avoir été bien accueilli par l’administration Biden.

Trois responsables américains ont déclaré à Politico que cette décision était considérée comme un signe que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, tenait enfin compte des demandes de Washington de réduire le nombre de victimes civiles.

Le fait que les États-Unis aient réussi à convaincre M. Netanyahou de passer d’opérations de haute intensité à des frappes plus ciblées contribuerait certainement à expliquer les changements survenus sur le terrain.

Jusqu’à présent, cependant, cela ne semble pas s’être produit, ce qui a semé davantage de confusion quant au raisonnement qui sous-tend le retrait des troupes. Selon M. Al-Sharif, il pourrait s’agir d’un signe que l’armée a reconnu qu’elle n’avait pas atteint les objectifs de guerre qu’elle s’était fixés.

«Nous pouvons dire que la situation à Gaza reste fluide et qu’Israël n’a pu réaliser aucun des objectifs qu’il s’était fixés», a-t-il constaté. «Mais nous pouvons aussi dire qu’Israël semble déterminé à procéder à la destruction massive des camps de réfugiés de Gaza ainsi que de Khan Younès. Même si le Hamas semble tenir bon, cela s’est fait au prix d’un lourd tribut en vies civiles.»

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Des Palestiniens déplacés reçoivent de la nourriture dans un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo, AFP)

Néanmoins, d’autres signes de changement de stratégie ont été observés, notamment une attaque présumée de drone israélien à Beyrouth au début du mois, qui a tué Saleh al-Arouri, un haut responsable du Hamas.

Ensuite, Wissam al-Tawil, chef adjoint de la force Radwan du Hezbollah, a été tué lors d’une attaque présumée de drone israélien sur un véhicule dans la ville de Khirbet Selm, dans le sud du Liban.

Puis, le 9 janvier, Ali Hussein Burji, commandant des forces aériennes du Hezbollah dans le sud du Liban, a également été tué à Khirbet Selm lors d’une autre frappe aérienne israélienne présumée.

EN BREF

• L’armée israélienne a confirmé le 8 janvier qu’elle retirerait des milliers de soldats de la bande de Gaza.

• Selon des responsables, l’armée israélienne passe d’une campagne terrestre et aérienne de grande envergure à une phase plus ciblée.

• D’après Israël, environ 1300 personnes, pour la plupart des civils, sont morts lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre.

• Plus de 23 350 personnes tuées à Gaza lors d’une opérationmilitaire de représailles menée par Israël.

Ces attaques n’ont toutefois pas été sans conséquences. En réponse, le Hezbollah a annoncé qu’il avait lancé une attaque de drone contre une base de l’armée israélienne le 9 janvier, ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une escalade régionale plus large.

Le professeur Kobi Michael, chercheur principal à l’INSS, affilié à l’université de Tel-Aviv, et à l’institut Misgav pour la sécurité nationale, craint que la guerre ne s’étende.

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Les forces de sécurité israéliennes examinent une route touchée par une roquette tirée depuis le Liban, à Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, le 11 janvier 2024. (Photo AP, Leo Correa)
 

«Je ne pense pas que le retrait des troupes de Gaza soit lié à la perspective d’une extension de la guerre sur un autre front, et je ne pense pas qu’Israël ou le Hezbollah veuillent être entraînés dans une guerre l’un contre l’autre, bien qu’il y ait des lignes rouges claires», a expliqué le Pr Michael à Arab News.

«Il est important de comprendre que la relation entre Israël et le Hezbollah relève de ce que j’appelle la “diplomatie cinétique”. Chaque jour, chaque partie fixe ses lignes rouges et les deux parties semblent vouloir s’y tenir.» 

Alors que les deux parties sont engagées dans leur confrontation la plus meurtrière depuis dix-sept ans, le secrétaire généraladjoint du Hezbollah, Naïm Qassem, a assuré que le groupe n’avait pas l’intention d’étendre la guerre à partir du Liban.

«En revanche, si Israël étend la guerre, la réponse sera inévitableet devra être la plus dissuasive possible», a-t-il déclaré lors d’un discours retransmis en direct.

M. Al-Sharif a noté que la seule partie qui souhaitait étendre la guerre «à tout prix» était M. Netanyahou «et ses partenaires d’extrême droite», sachant que le Premier ministre actuel n’a pas réussi à inverser la tendance à la détérioration de sa cote de popularité, qui était déjà en baisse avant le début de la guerre.

Oubai Shahbandar, journaliste et ancien conseiller du Pentagone en matière de défense au Moyen-Orient, n’a pas voulu se prononcer sur les risques d’une guerre plus large, mais a prévenu qu’elle entraînerait de nouveaux défis pour l’armée israélienne.

«Le Hezbollah est mieux armé que le Hamas. Il possède des armes plus avancées et un terrain plus favorable, ainsi qu’une ligne directe d’approvisionnement en armes iraniennes, de sorte que les perspectives d’une guerre totale posent des défis militaires uniques (pour Israël)», a indiqué M. Shahbandar à Arab News. 

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Des combattants du Hezbollah se tiennent près de lance-roquettes lors d’une tournée de presse dans le village d’Aaramta, dans le sud du Liban, le 21 mai 2023. (Photo, AFP)

 

Sans nier les difficultés potentielles, le Pr Michael semble convaincu que l’armée israélienne est bien placée pour mener une guerre contre le Hezbollah, le cas échéant.

«Certes, le Hezbollah n’est pas le Hamas. Mais l’armée israélienne a les moyens de mener une guerre contre le Hezbollah, et elle est également prête à le faire si nécessaire. Bien sûr, elle préférerait d’abord trouver une solution à la situation à Gaza, mais elle surveille constamment ces lignes rouges», a-t-il souligné.

«Ce qu’il faut retenir, c’est qu’Israël se bat déjà sur sept fronts :contre le Hamas, contre le Hezbollah, en Syrie, en Cisjordanie, dans l’ouest de l’Irak et au Yémen. Et puis il y a l’Iran lui-même, qui est le septième front, et c’est sur ce front que les combats sur tous les autres sont déterminés. L’Iran est la main qui berce l’enfant. C’est l’Iran qui détermine l’intensité des combats sur tous les autres fronts.»

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Malgré les lourdes pertes humaines et les souffrances des Palestiniens, Israël a indiqué que la guerre se poursuivrait pendant de nombreux mois, avec un passage à des opérations plus ciblées et la préparation d’un affrontement le long de la frontière israélienne. (Reuters)

Le point sur lequel le Pr Michael et M. Shahbandar sont d’accord, c’est que toute forme de guerre régionale plus large entraînerait «une pression massive et sans précédent sur la vie socio-économique en Israël».

Ils estiment que cette pression pourrait expliquer la décision de l’armée israélienne de retirer une partie de ses troupes de Gaza, M. Shahbandar soulignant la pression économique engendrée par l’entretien de 300 000 réservistes.

«Un pourcentage considérable de la main-d’œuvre a été mobilisé pour cette guerre et il est nécessaire qu’ils retournent à la vie civile pour le bien de l’économie», a-t-il ajouté.

Les indices de suivi de l’économie israélienne sont moins favorables, même si le gouvernement affirme que l’économie peut supporter les exigences d’une guerre. L’indice économiqued’Israël prévoit une baisse de 2,2% du taux de croissance de l’économie nationale en 2023.

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Malgré les lourdes pertes humaines et les souffrances des Palestiniens, Israël a indiqué que la guerre se poursuivrait pendant de nombreux mois, avec un passage à des opérations plus ciblées et la préparation d’un affrontement le long de la frontière israélienne. (AP)

Pour le Pr Michael, le retrait reflète un changement dans le déroulement de la guerre. «Si nous pouvons confirmer une chose, c’est que la guerre est en train de changer, et non de se terminer», a-t-il affirmé.

«Tout dépend profondément de l’évolution de la situation sur le terrain. Prenons l’exemple des dirigeants du Hamas à Khan Younès. S’ils sont enlevés ou tués, cela affectera la manière dont les autres combattants continueront à mener cette guerre.»

«En réalité, l’objectif est de détruire le centre d’opérations du Hamas. Pour y parvenir, l’armée israélienne suit constamment des processus d’apprentissage très intensifs sur le terrain. Je m’attends à ce qu’un autre changement se produise bientôt.»

Le Pr Michael estime qu’un tel changement pourrait se produire en l’espace de deux ou trois semaines, et qu’il pourrait s’articuler autour de la poursuite du retrait des unités opérant à l’intérieur de Gaza et de leur déplacement vers les nouvelles zones de conflit.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les derniers développements au huitième jour de la guerre entre l'Iran et Israël

L'une des petites munitions a touché une maison dans la ville d'Azor, dans le centre d'Israël, causant quelques dégâts, a rapporté le correspondant militaire du Times of Israel, Emanuel Fabian. (AFP)
L'une des petites munitions a touché une maison dans la ville d'Azor, dans le centre d'Israël, causant quelques dégâts, a rapporté le correspondant militaire du Times of Israel, Emanuel Fabian. (AFP)
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  • L'armée israélienne a dit avoir bombardé des dizaines de cibles à Téhéran dans la nuit, notamment ce qu'elle a qualifié de "centre de recherche et développement du projet d'armes nucléaires iranien"
  • "L'armée a mené une série de frappes au cœur de Téhéran : des dizaines de cibles ont été touchées, notamment des sites de production de missiles militaires ainsi que le siège du SPND"

JERUSALEM: Voici les derniers développements vendredi, au huitième jour de la guerre entre l'Iran et Israël, marqué par de nouveaux bombardements des deux côtés et par une réunion diplomatique prévue à Genève:

Alerte sur le sud d'Israël

Les sirènes d'alerte aérienne ont retenti tôt vendredi dans plusieurs régions d'Israël à la suite de tirs de missiles iraniens, l'alerte étant levée quelques instants plus tard. Les alertes concernaient notamment le sud du pays, selon Le Commandement du front intérieur (Défense passive).

Un immeuble d'habitation a été touché, a indiqué la police dans un communiqué accompagné de photos montrant sa façade éventrée, sans en préciser la localisation exacte.

Un drone lancé depuis l'Iran a aussi été intercepté dans la région de Haïfa, dans le nord d'Israël, selon l'armée.

Dizaines de cibles à Téhéran 

L'armée israélienne a dit avoir bombardé des dizaines de cibles à Téhéran dans la nuit, notamment ce qu'elle a qualifié de "centre de recherche et développement du projet d'armes nucléaires iranien".

"L'armée a mené une série de frappes au cœur de Téhéran : des dizaines de cibles ont été touchées, notamment des sites de production de missiles militaires ainsi que le siège du SPND, l'organisation chargée de la recherche et du développement du programme nucléaire militaire iranien", affirme un communiqué militaire.

Téhéran dément avoir visé un hôpital 

L'Iran a démenti avoir délibérément visé jeudi l'hôpital Soroka de la ville de Beersheva, dans le sud d'Israël, atteint par un missile qui a fait d'énormes dégâts et une quarantaine de blessés.

"Les mesures d'autodéfense de l'Iran sont précises et totalement en ligne avec la loi internationale, et ne cible que les infrastructures qui participent directement ou soutiennent l'agression illégale" d'Israël, a affirmé la représentation iranienne à l'ONU, citée par l'agence de presse Mehr.

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient assuré jeudi que la frappe visait "le centre de commandement et de renseignement" israélien, situé près de l'hôpital.

"Fenêtre" diplomatique 

Une "fenêtre existe" pour "parvenir à une solution diplomatique" avec l'Iran, a estimé jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy après une rencontre à la Maison Blanche avec son homologue américain Marco Rubio.

M. Lammy a confirmé sa participation vendredi à Genève avec ses homologues allemand et français à une réunion avec le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, sera également présente.

Ils "rencontreront leur homologue iranien (...) afin d'appeler au retour à la voie diplomatique et de poursuivre les négociations sur le programme nucléaire iranien", selon le ministère français des Affaires étrangères.

 Réunion à l'ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU tient pour sa part une nouvelle réunion vendredi sur l'escalade du conflit. Après une première réunion d'urgence la semaine dernière, cette nouvelle session, prévue vendredi à 10H00 (14H00 GMT), a été demandée par l'Iran, requête soutenue par la Russie, la Chine et le Pakistan, a précisé à l'AFP une source diplomatique.

Trump se donne deux semaines 

Donald Trump prendra une décision sur une éventuelle intervention américaine en Iran "au cours des deux prochaines semaines", estimant "substantielle" la possibilité de négociations avec Téhéran, selon la Maison Blanche.

"Compte tenu du fait qu'il y a une possibilité substantielle de négociations éventuelles avec l'Iran dans le futur proche, je prendrai ma décision sur le fait d'y aller ou non au cours des deux prochaines semaines", a fait savoir jeudi soir le président américain.

Nouveau chef du renseignement en Iran 

L'Iran a nommé un nouveau chef du renseignement des Gardiens de la Révolution, le général de brigade Majid Khadami, en remplacement de Mohammad Kazemi, tué dimanche par une frappe israélienne, selon l'agence officielle Irna.

Les frappes israéliennes depuis le 13 juin ont décapité la structure militaire iranienne en tuant plusieurs de ses plus hauts responsables dont le chef des Gardiens, Hossein Salami, et le chef d'état-major, Mohammad Bagheri.

Internet coupé 

Les autorités iraniennes ont également imposé une coupure totale d'internet depuis 24 heures, a indiqué jeudi soir l'organisme de surveillance NetBlocks à Londres. C'est la coupure la plus longue depuis novembre 2019, quand le pays était en proie à des manifestations sociales violemment réprimées par le pouvoir iranien.

Des avions disparaissent d'une base 

Plusieurs dizaines d'avions militaires ont été retirés du tarmac de la base américaine d'Al Udeid, au Qatar, l'une des plus grandes du Moyen-Orient, selon selon des images satellites de Planet Labs PBC prises entre le 5 juin et vendredi, et analysées par l'AFP.

Ce retrait protégerait le matériel d'éventuelles frappes de Téhéran si Washington intervenait dans la guerre, selon des experts.


Guerre Iran-Israël: une intervention du Hezbollah serait une «très mauvaise décision» 

 L'ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie, Thomas Barrack, en visite au Liban. (AFP)
L'ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie, Thomas Barrack, en visite au Liban. (AFP)
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  • "Je peux dire au nom du président (Donald) Trump, qui a été très clair à ce sujet (..) que ce serait une très, très, très mauvaise décision"
  • Le Hezbollah ressorti très amoindri de sa dernière guerre contre Israël en 2024, a dénoncé l'attaque israélienne sans précédent contre l'Iran la semaine dernière, sans annoncer son intention de prendre part à la guerre.

BEYROUTH: L'ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie, Thomas Barrack, en visite au Liban, a déclaré jeudi depuis Beyrouth qu'une intervention du Hezbollah pro-iranien dans la guerre entre l'Iran et Israël serait une "très mauvaise décision".

"Je peux dire au nom du président (Donald) Trump, qui a été très clair à ce sujet (..) que ce serait une très, très, très mauvaise décision", a déclaré M. Barrack, en réponse à une question d'un journaliste concernant une éventuelle intervention dans la guerre en cours du mouvement chiite libanais.

Le Hezbollah ressorti très amoindri de sa dernière guerre contre Israël en 2024, a dénoncé l'attaque israélienne sans précédent contre l'Iran la semaine dernière, sans annoncer son intention de prendre part à la guerre.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères au Liban avait fait état de discussions menées pour "épargner" au Liban de potentielles répercussions.

Lors de sa rencontre avec M. Barrack, le président de la République libanaise Joseph Aoun a déclaré que "des contacts sont en cours pour consacrer le monopole des armes" (par l'Etat), a indiqué la présidence sur X.

" Nous sommes déterminés à apporter notre aide… Nous espérons tous que le chaos se calmera rapidement et que la paix et la prospérité émergeront de cette phase", a ajouté M. Barrack devant les journalistes, après sa rencontre avec le président du Parlement libanais, Nabih Berri, allié du Hezbollah.

Ces déclarations interviennent alors que deux personnes ont été tuées dans la nuit de mercredi à jeudi dans le village de Kfar joz, dans le sud du Liban, par des frappes israéliennes selon le ministère de la Santé. Israël affirme avoir visé deux membres du Hezbollah.

Le Hezbollah avait ouvert un front début octobre 2023 en tirant des roquettes à partir du sud du Liban sur le nord d'Israël, disant agir en soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas, dont l'attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Selon les dispositions du cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël fin novembre, la formation pro-iranienne devait retirer ses forces et démanteler toute infrastructure militaire au sud du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne.

Mais Israël continue de mener quasi-quotidiennement des frappes, affirmant viser le Hezbollah, qui ne riposte pas.

 


Syrie: plus de deux millions de personnes sont rentrées chez elles, selon l'ONU

Le siège de l'ambassade d'Iran est photographié dans le quartier occidental de Mazzeh, à Damas, le 18 juin 2025. (AFP)
Le siège de l'ambassade d'Iran est photographié dans le quartier occidental de Mazzeh, à Damas, le 18 juin 2025. (AFP)
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  • Selon l'agence onusienne d'ici à la fin 2025, ce sont jusqu'à 1,5 million de Syriens venant de l'étranger et deux millions de déplacés internes qui pourraient retourner dans leurs foyers
  • Après 14 ans de guerre civile en Syrie et la chute d'Assad en décembre 2024, les premiers mois de cette année ont vu un nombre croissant de Syriens retourner chez eux

BEYROUTH: Plus de deux millions de réfugiés et déplacés internes sont rentrés chez eux en Syrie depuis la chute début décembre de Bachar al-Assad, a indiqué jeudi Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés.

"Plus de deux millions de réfugiés et déplacés syriens sont rentrés chez eux depuis décembre — un signe d’espoir malgré les tensions régionales croissantes", s'est félicité M. Grandi sur X, avant une visite prévue en Syrie.

"Cela prouve que nous avons besoin de solutions politiques, non d’une nouvelle vague d’instabilité et de déplacements", a-t-il ajouté, depuis le Liban, où les autorités pressent pour un retour des réfugiés en Syrie.

Après 14 ans de guerre civile en Syrie et la chute d'Assad en décembre 2024, les premiers mois de cette année ont vu un nombre croissant de Syriens retourner chez eux.

Le HCR a indiqué qu'à la date du 12 juin, plus de 500.000 réfugiés étaient retournés en Syrie depuis la chute d'Assad.

Selon l'agence onusienne d'ici à la fin 2025, ce sont jusqu'à 1,5 million de Syriens venant de l'étranger et deux millions de déplacés internes qui pourraient retourner dans leurs foyers.

Malgré les retours, 13,5 millions de Syriens restent réfugiés en dehors du pays, ou déplacés internes.

Les nouvelles autorités ont hérité d'un pays à l'économie exsangue, aux infrastructures détruites, où la majorité des citoyens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Elles comptent sur le soutien des pays du Golfe et occidentaux pour lancer la reconstruction, après la levée des sanctions imposées au précédent pouvoir par l'Union européenne et les États-Unis.

L'ONU en estime le coût à plus de 400 milliards de dollars.