Le Liban, un pays qui s’effondre

Depuis octobre 2019, les Libanais expriment leur ras-le-bol dans la rue (Photo, Anwar AMRO/AFP)
Depuis octobre 2019, les Libanais expriment leur ras-le-bol dans la rue (Photo, Anwar AMRO/AFP)
Short Url
Publié le Samedi 18 juillet 2020

Le Liban, un pays qui s’effondre

  • Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a déclaré que certains Libanais parmi les plus vulnérables risquent de mourir de faim en raison de cette crise
  • Les étudiants libanais à l’étranger ne peuvent plus recevoir de l’argent de leur famille au Liban, soit par manque de moyens, soit à cause de l’impossibilité des transferts vers l’étranger

Jean Yves le Drian, ministre français des Affaires étrangères, est attendu au Liban mercredi. Il arrive dans un pays qui s’effondre graduellement et qui est confronté à la plus grave crise économique et sociale de son histoire. La liquidité des banques s’est asséchée, les petits déposants et la classe moyenne voient leurs économies prises en otage par des banques qui ne donnent plus que des livres libanaises en échange de dollars. Le dollar qui, officiellement, vaut 1500 LL, est échangé par les banques à 3900 LL et, au marché noir, sa valeur a atteint certains jours 10000 LL. Les retraits bancaires sont très restreints suivant les établissements. Les virements vers l’étranger sont arrêtés, les étudiants libanais à l’étranger ne peuvent plus recevoir de l’argent de leur famille au Liban, soit par manque de moyens, soit à cause de l’impossibilité de transferts d’argent vers l’étranger. 

Une inflation galopante ronge le pays. Le peuple s’appauvrit à un rythme insoutenable. Un grand nombre de Libanais émigrent ou cherchent à partir. Les faillites sont nombreuses dans tous les secteurs. Le chômage frappe une grande partie de la population. Michelle Bachelet, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a déclaré que certains Libanais parmi les plus vulnérables risquent de mourir de faim en raison de cette crise. 

Tous les regards des Libanais se tournent vers la France qui, historiquement, n’a jamais laissé tomber le Liban. Mais que peut-elle faire pour un peuple à terre à cause de la gestion corrompue et catastrophique de sa classe politique ? La majorité chrétienne maronite au pouvoir couvre l’hégémonie du tout-puissant parti chiite libanais Hezbollah qui, par sa milice armée au service de l’Iran, dirige le pays présidé par Michel Aoun, que le Hezbollah a installé après un accord avec Saad Hariri - leader des sunnites et ancien Premier ministre - et le chef maronite des Forces libanaises Samir Geagea. Cette classe politique a œuvré pendant des années à se disputer un pouvoir de pacotille aux dépens d’un pays qui s’enfonçait dans un marasme économique et une crise qui s’amplifiait avec la guerre en Syrie dans laquelle le Hezbollah s’implique activement en envoyant les jeunes Libanais chiites salariés de l’Iran se battre ou se faire tuer pour défendre Bachar al-Assad. La revendication du parti chiite libanais de résistance contre Israël s’est muée en guerre contre le peuple syrien. Pendant ce temps, le peuple libanais s’enfonce dans la souffrance.


Après une révolte populaire commencée le 17 octobre 2019, éteinte après quelques mois, Hassane Diab, médiocre figure sunnite propulsée par Hezbollah et ses acolytes pro-syriens, a formé un gouvernement incapable de faire les réformes requises par la communauté internationale pour aider le pays à s’en sortir.

En 2018, la France avait organisé une grande conférence CEDRE pour encourager les investisseurs internationaux à contribuer la reprise de l’économie libanaise. Mais les investisseurs avaient posé leurs conditions : le gouvernement libanais devait faire des réformes, pour que des financements soient débloqués. Rien n’a été fait. Après la démission du gouvernement Saad Hariri, Diab n’a guère fait mieux. Ce qui a provoqué l’exaspération du ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, qui a lancé aux Libanais : « Aidez-nous pour qu’on vous aide, bon sang. »

La France a, par la voix officielle, maintes fois demandé au pouvoir libanais de faire les réformes demandées. Le Drian les a énumérées. Elles sont connues, dit-il : la transparence, l’électricité, la lutte contre la corruption, la justice. Rien de cela n’a vu le jour. Pierre Duquesne, diplomate français, chargé de suivre les réformes du gouvernement libanais après la conférence CEDRE, a mis en garde à plusieurs reprises les dirigeants libanais contre le risque qu’ils prenaient en ne faisant pas les réformes demandées par la communauté internationale pour aider le Liban. L’ambassadeur de France au Liban, Bruno Foucher, a sans arrêt secoué la classe politique pour qu’elle fasse les réformes. 

Cependant, le gouvernement, qui a pour sponsor le Hezbollah et le gendre du président Gebran Bassil, connu sous le nom du « président de l’ombre », n’est pas en mesure de faire ces réformes qui seraient un suicide pour Hezbollah et ses alliés car le Hezbollah ne pourrait accepter la transparence alors qu’il fait transférer des dollars du Liban en Syrie, dont les Libanais manquent pourtant cruellement. 

Comment accepterait-il la lutte contre la corruption, puisque cette dernière serait préjudiciable au parti qui a bâti son pactole financier sur la contrebande, les revenus clandestins du port et de l’aéroport de Beyrouth contrôlés par le parti et d’autres malversations par l’Iran pour aller faire la guerre en Syrie, en Irak et former les rebelles houthis au Liban et au Yémen, financer la télé houthi Al Masirah émettant de la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. Le Hezbollah, actif dans l’opération de déstabilisation iranienne dans toute la région du Levant et du Golfe, a privé les Libanais de l’aide de leurs amis arabes. Son allié le président Michel Aoun et son gendre ont réussi par cette alliance avec le parti chiite à isoler le Liban de ses amis arabes traditionnels, les pays du Golfe. Le parti veut entraîner le Liban appauvri dans le giron iranien sur le plan économique en déclarant que l’Iran peut vendre des produits pétroliers au Liban en étant payé en livres libanaises. Ce pays écoule déjà au Liban des médicaments produits en Iran à des prix compétitifs.

L'obstacle "Hezbollah"
Mais ce Liban qui se noie espère que la France viendra à la rescousse. La France avait déjà organisé une réunion des amis du Liban pour aider ce pays au début de la révolution populaire. Une fois de plus, la nécessité des réformes que le Liban doit faire était soulignée par le groupe international réuni à Paris.
Les Libanais, désespérés, pensent que la France viendra les sauver de leur malheur. Mais la France ne peut, comme l’a dit un responsable français à Arab News, combler le trou de la Banque du Liban pour que le Hezbollah s’en mette plein les poches ou pour qu’il envoie les dollars en Syrie. Le Drian redira ce qu’il ne fait que répéter : « Faites les réformes, bougez ! »

Cependant, le mur constitué par le Hezbollah et l’Iran est un obstacle à ces réformes. Le régime iranien veut utiliser le Liban par l’entremise du Hezbollah pour négocier avec les États-Unis. La France a, depuis des années, essayé de dialoguer avec l’Iran sur le Liban, sans aucun succès. Ceux qui, en France, critiquent les sanctions américaines contre l’Iran sont nombreux. Ils font fausse route car le Hezbollah et l’Iran ne comprennent pas le langage du dialogue. Preuve en est : l’Iran est le bailleur de fonds et le fournisseur d’armes du parti chiite libanais. Le Hezbollah et ses alliés libanais ont transformé ce que certains appelaient à tort le miracle libanais en cataclysme. 

Toutefois, le ministre français apportera un soutien aux écoles françaises et aux familles qui ne peuvent plus payer les frais de scolarité de leurs enfants. C’est appréciable. Le président français Emmanuel Macron a depuis un moment déjà essayé de mobiliser l’aide des pays amis du Golfe. Mais comment ces pays vont-ils pouvoir aider un gouvernement adoubé par un parti chiite agent de l’Iran qui contribue à déstabiliser leurs pays ? Un parti qui ne connaît pas la distanciation préconisée par la France et les amis du Liban et qui contribue, avec sa milice armée, à couler le Liban, un naufrage du Titanic.


L'armée israélienne dit avoir intercepté deux missiles lancés depuis le Yémen, les Houthis revendiquent

L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen, après une précédente interception dans la nuit, des tirs revendiqués par les rebelles Houthis. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen, après une précédente interception dans la nuit, des tirs revendiqués par les rebelles Houthis. (AFP)
Short Url
  • Les sirènes d'alerte anti-aérienne ont retenti dans le centre d'Israël dans la nuit puis dans la région de Jérusalem jeudi matin
  • Les Houthis, qui contrôlent de larges pan du Yémen, ont affirmé avoir tiré "un missile balistique" en direction de l'aéroport international Ben Gourion

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen, après une précédente interception dans la nuit, des tirs revendiqués par les rebelles Houthis.

"Suite aux sirènes qui ont retenti il y a peu dans plusieurs régions en Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée dans un communiqué, des tirs revendiqués par les Houthis.

Les sirènes d'alerte anti-aérienne ont retenti dans le centre d'Israël dans la nuit puis dans la région de Jérusalem jeudi matin.

Les Houthis, qui contrôlent de larges pan du Yémen, ont affirmé avoir tiré "un missile balistique" en direction de l'aéroport international Ben Gourion.

Leur porte-parole militaire, Yahya Saree, a également fait état de deux attaques de drones visant "des cibles stratégiques" dans les régions de Jaffa, près de Tel-Aviv, et Haïfa, dans le nord d'Israël.

Les insurgés yéménites, soutenus par l'Iran, ont mené des dizaines d'attaques aux missiles et drones contre Israël depuis le début de la guerre à Gaza, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont aussi ciblé des navires qu'ils estiment liés à Israël au large du Yémen.

Le 4 mai, un missile houthi avait, pour la première fois, touché le périmètre de l'aéroport international Ben Gourion près de Tel-Aviv, une attaque qui avait conduit la plupart des compagnies étrangères desservant Tel-Aviv à suspendre leurs vols.

En représailles aux attaques, l'armée israélienne a mené plusieurs frappes ces derniers mois contre des cibles houthies au Yémen.


Les femmes saoudiennes prennent la parole sur le leadership, l'investissement et le pouvoir culturel

Emma Hinchliffe mène une conversation dynamique avec Zamzam al-Hammadi, Mashael al-Obaidan, Aalia al-Rasheed, et Rasha al-Khamis sur le franchissement des barrières dans le sport féminin au MPW International à Riyad (Photo AN, par Loai el-Kelawy)
Emma Hinchliffe mène une conversation dynamique avec Zamzam al-Hammadi, Mashael al-Obaidan, Aalia al-Rasheed, et Rasha al-Khamis sur le franchissement des barrières dans le sport féminin au MPW International à Riyad (Photo AN, par Loai el-Kelawy)
Short Url
  • S'adressant en exclusivité à Arab News lors de l'événement, la princesse Noura bent Faisal évoque son rôle dans le développement culturel de la nation : « J'ai vu une opportunité de créer quelque chose de véritablement significatif »
  • La dernière journée du sommet a mis l'accent sur l'esprit d'entreprise, la diversification économique et la transformation sectorielle

RIYAD : L'influence que les femmes saoudiennes exercent de plus en plus sur la culture, les politiques, les investissements et l'innovation à l'échelle mondiale a été à l'honneur mercredi, lors de la deuxième et dernière journée du sommet international des femmes les plus puissantes de Fortune, qui s'est tenu à Riyad.

Dans un entretien exclusif avec Arab News, la princesse Noura bent Faisal a évoqué son propre parcours inattendu vers le leadership culturel, la valeur stratégique du soft power et le rôle économique croissant du secteur créatif dans le Royaume.

« Je n'avais jamais pensé que je travaillerais dans le monde de la création. Mais lorsque je suis revenue en Arabie saoudite après le lancement de la Vision 2030, J'ai vu une opportunité de créer quelque chose de véritablement significatif », a-t-elle confié.

Son parcours depuis lors comprend le lancement de la Semaine de la mode saoudienne en 2018 et la participation à la création de la Commission de la mode au sein du ministère de la Culture.

« Nous avons créé des infrastructures qui n'existaient pas : de nouveaux emplois, des politiques et de véritables parcours professionnels pour les personnes dotées d'un talent créatif », a déclaré la princesse Noura.

Elle a insisté sur l'importance d'intégrer la culture dans toutes les industries, du commerce de détail au secteur de l'alimentation et des boissons, en passant par le sport et la stratégie d'entreprise : "La culture n'est pas une définition fixe. C'est la façon dont vous exprimez votre identité et elle peut absolument être monétisée si elle est soutenue par le bon modèle d'entreprise."

La dernière journée du sommet a mis l'accent sur l'esprit d'entreprise, la diversification économique et la transformation sectorielle.

Noor Sweid, fondatrice et associée gérante de Global Ventures, a présenté l'approche régionale de son entreprise en matière d'investissement technologique. Plutôt que de s'en tenir à des secteurs fixes, l'entreprise soutient des secteurs qui ont longtemps été "sous-construits", notamment les technologies financières en 2018, les soins de santé en 2020 et, plus récemment, l'industrie manufacturière.

« Un exemple frappant de cette approche est celui d'une entreprise qui numérise les stocks de pièces détachées pour les entreprises pétrolières et gazières à l'aide de l'impression 3D, résolvant ainsi les lacunes de la chaîne d'approvisionnement et les problèmes de durabilité en temps réel », a-t-elle révélé. 

Aidan Madigan-Curtis, partenaire général d'Eclipse Ventures, a ajouté à ses commentaires en expliquant comment les chocs géopolitiques et les pressions climatiques contraignent les investisseurs en capital-risque à se recentrer sur la technologie industrielle.

"Les sociétés de capital-risque aiment dire qu'elles sont à long terme, mais elles sont aussi profondément cycliques", a-t-elle fait remarquer, affirmant que l'avenir réside dans la réinvention de la façon dont le monde fabrique, déplace et alimente les choses, en tenant compte de développements tels que l'automatisation et la fabrication de pointe.

La transformation culturelle par le sport a été l'un des principaux thèmes abordés lors d'une table ronde animée par Lama Alhamawi d'Arab News, intitulée "Nouveaux sommets". Adwa al-Arifi, ministre adjointe saoudienne des Affaires sportives, a déclaré que depuis le lancement de Vision 2030 en 2016, l'activité physique des Saoudiens est passée de 13% à plus de 50%.

La stratégie sportive nationale du Royaume se concentre sur la participation de masse, le développement de la jeunesse et la performance de l'élite, trois piliers qui ont déjà permis de franchir des étapes historiques dans le sport féminin, comme la qualification de l'athlète de taekwondo Dunya Abutaleb pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris.

Plusieurs femmes ont fait part de leur parcours personnel dans le sport. Zamzam al-Hammadi, qui participe à la Ligue des combattants professionnels d'arts martiaux mixtes, a remercié sa mère d'avoir inspiré sa carrière. Rasha al-Khamis, experte en boxe, a raconté comment le soutien précoce de son père lui a donné la confiance nécessaire pour se lancer dans les sports de combat.

Mashael al-Obaidan a déclaré que la culture du désert de l'Arabie saoudite a éveillé sa passion pour les sports mécaniques. Aalia al-Rasheed, responsable du football féminin à la Fédération saoudienne de football, a parlé de la croissance explosive des programmes de base pour ce sport et a révélé que plus de 70 000 filles jouent maintenant dans des ligues scolaires.

D'autres sessions ont exploré la valeur économique et créative de l'industrie de la mode. Au cours d'une discussion sur scène, la princesse Noura a évoqué ce qu'elle considère comme l'un des résultats les plus notables des récentes réformes dans le pays, à savoir la reconnaissance officielle des professionnels de la création.

« Avant Vision 2030, les créateurs n'étaient même pas en mesure d'enregistrer leurs propres licences commerciales. Il n'existait pas d'entreprise de la mode. Aujourd'hui, les créateurs peuvent s'enregistrer en tant que professionnels de la mode, opérer légalement et accéder à des structures de soutien qui n'existaient pas auparavant », a-t-elle indiqué. 

« Ce changement est emblématique de la transformation culturelle plus large de l'Arabie saoudite, dans laquelle la créativité n'est plus seulement une passion, mais aussi une voie de carrière viable et appréciée », a-t-elle confirmé.

Les sessions de la journée ont mis en évidence le rôle croissant des femmes saoudiennes dans divers secteurs et la détermination des autorités du Royaume à transformer des piliers stratégiques tels que la culture, l'investissement, le sport et la technologie en moteurs économiques.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Aoun et Abbas: «Le Liban ne servira pas de base à des attaques contre Israël»

Le président libanais Joseph Aoun et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas défilent ensemble devant la garde d'honneur au palais présidentiel de Baabda, le 21 mai 2025. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas défilent ensemble devant la garde d'honneur au palais présidentiel de Baabda, le 21 mai 2025. (AFP)
Short Url
  • L'ère des armes échappant à l'autorité de l'État libanais est révolue, affirment les présidents
  • Les dirigeants appellent également à une paix juste et durable dans la région

BEYROUTH: Les présidents libanais et palestinien sont convenus que les factions palestiniennes n'utiliseraient pas le Liban comme base de lancement pour des attaques contre Israël.

Les deux parties ont également décidé, mercredi, de retirer les armes qui ne sont pas sous l'autorité de l'État libanais.

L'annonce a été faite au début de la visite de trois jours du président palestinien Mahmoud Abbas au Liban.

M. Abbas et le président libanais Joseph Aoun ont affirmé leur «engagement à respecter le principe de la possession exclusive des armes par l'État libanais et à mettre fin à toute manifestation sortant du cadre de l'État libanais».

Dans une déclaration conjointe, les autorités libanaises et palestiniennes ont réaffirmé leur attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Liban. Elles ont souligné leur conviction que «l’ère des armes échappant à l’autorité de l’État libanais est révolue», insistant sur les sacrifices considérables consentis par les peuples libanais et palestinien au fil des décennies.

La partie palestinienne a pour sa part réaffirmé son engagement à ne pas utiliser le territoire libanais comme base pour des opérations militaires, ainsi que son respect de la politique de non-ingérence du Liban et de son souci d’éviter toute implication dans des conflits régionaux.

Les deux parties ont exprimé leur accord sur la nécessité d’œuvrer à une paix juste et durable au Proche-Orient, permettant au peuple palestinien d’établir un État indépendant, conformément aux résolutions internationales. Elles ont également insisté sur le respect des droits légitimes de tous les peuples de la région.

La déclaration conjointe condamne fermement l’agression israélienne en cours dans la bande de Gaza, pointant les pertes humaines considérables et la catastrophe humanitaire sans précédent qui en découle. Elle appelle la communauté internationale à intervenir rapidement et sérieusement pour mettre fin à cette situation et garantir la protection des civils palestiniens.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, arrivé à Beyrouth vers 13 heures, s’est immédiatement rendu au palais présidentiel. Selon une source officielle, les entretiens ont notamment porté sur la question des armes présentes dans les camps palestiniens au Liban, l’extension de l’autorité de l’État libanais sur ces zones, ainsi que sur le cadre de mise en œuvre du plan convenu.

Enfin, les présidents Joseph Aoun et Mahmoud Abbas ont souligné l’urgence de renforcer le rôle des Nations unies et de ses institutions dans la protection du peuple palestinien, ainsi que dans le respect du droit international et l’application des résolutions de la légitimité internationale.

Les dirigeants libanais et palestinien ont condamné les attaques israéliennes répétées contre le Liban et ont appelé la communauté internationale – en particulier les États-Unis et la France – à faire pression sur Israël pour qu’il respecte l’accord conclu en novembre 2024 sous leur égide. Cet accord prévoit notamment la cessation des hostilités, le retrait israélien des collines occupées, ainsi que la libération des prisonniers libanais.

La mise en œuvre de ces engagements est jugée indispensable pour permettre à l’armée libanaise de se déployer pleinement jusqu’aux frontières internationalement reconnues, conformément à la résolution 1701 de l’ONU, à laquelle le Liban reste résolument attaché.

Les deux parties ont également insisté sur l’importance d’une coordination renforcée entre les autorités libanaises et palestiniennes afin d’assurer la stabilité au sein et autour des camps de réfugiés palestiniens. Elles se sont engagées à coopérer dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, et à veiller à ce que les camps ne deviennent pas des refuges pour des groupes radicaux.

Concernant la situation des réfugiés palestiniens au Liban, les responsables ont souligné la nécessité de soutenir durablement l’Unrwa, afin qu’elle puisse poursuivre ses missions et bénéficier de ressources financières suffisantes pour répondre aux besoins des populations.

Ils sont également convenus de la création d’un comité mixte libano-palestinien, chargé de suivre l’évolution de la situation dans les camps, de veiller à l’amélioration des conditions de vie des réfugiés, tout en respectant la souveraineté et les lois du Liban.

Au cours de sa visite à Beyrouth, le président Mahmoud Abbas doit rencontrer plusieurs hauts responsables, dont le président du Parlement Nabih Berri, le Premier ministre Nawaf Salam, ainsi que des représentants des factions palestiniennes présentes dans les camps.

Par ailleurs, l’Académie Hani Fahs pour le dialogue et la paix remettra à M. Abbas, ce jeudi, le Prix 2025 des artisans de la paix, en hommage à ses efforts pour favoriser la réconciliation libano-palestinienne.

Il est à noter que la question des armes dans les camps palestiniens au Liban n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été abordée dans l’accord de Doha de 2006, puis de nouveau lors du dialogue national libanais en 2008, sous la présidence de Michel Sleiman.

La discussion a porté sur la nécessité de désarmer les factions palestiniennes dans les camps de réfugiés et dans les communautés palestiniennes bénéficiant d'une protection politique.

La clause n'a cependant pas été appliquée, ce qui a conduit à des affrontements dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared entre l'armée libanaise et des factions palestiniennes soutenues par l'ancien régime syrien.

La question a été de nouveau abordée lors de la visite de M. Abbas au Liban en 2013. Lors d'une rencontre avec l'ancien président Sleiman, il a déclaré que les Palestiniens étaient «des invités au Liban et qu'ils étaient soumis à la loi».

«La présence palestinienne au Liban est temporaire et l'unité et la souveraineté du territoire libanais sont une question sacrée pour nous. Nous comptons sur le gouvernement libanais pour protéger la sécurité des réfugiés palestiniens et assurer leur bien-être», a-t-il déclaré.

Aïn el-Heloué – le camp de réfugiés palestiniens le plus grand et le plus peuplé du Liban – a été le théâtre d'affrontements armés en 2013 entre les factions Jound al-Cham et Fateh al-Islam, qui ont entraîné la mort de 16 soldats libanais.

M. Abbas s'est également rendu au Liban en 2017 et s'est entretenu avec l'ancien président Michel Aoun. L'année suivante, des affrontements sanglants ont éclaté au sein d'Aïn el-Heloué entre le mouvement Fatah et des extrémistes armés, entraînant des dissensions entre les factions palestiniennes sur place.

D'autres affrontements ont eu lieu en 2023 entre des membres du Fatah et des individus affiliés à des groupes extrémistes proches du Hamas.

Selon un recensement effectué en 2017 par l'Administration centrale des statistiques du Liban et le Bureau central palestinien des statistiques, 174 422 réfugiés palestiniens vivaient dans des camps et d'autres poches au Liban.

Il existait également des centres militaires palestiniens affiliés à des factions palestiniennes fidèles au régime syrien, situés en dehors des camps palestiniens, notamment dans la Békaa, qui ont été remis à l'armée libanaise après la chute du régime de Bachar el-Assad.

La crise de l'armement palestinien a atteint son paroxysme après la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah en novembre de l'année dernière, lorsque des membres du Hamas ont lancé à plusieurs reprises des roquettes sur la partie israélienne depuis le sud du Liban.

L'armée libanaise a poursuivi et appréhendé plusieurs suspects, mais quatre d'entre eux ont échappé à la capture et se sont cachés dans des camps de réfugiés palestiniens à Tyr. Trois d'entre eux se sont ensuite rendus au Hamas à la suite des pressions exercées par le gouvernement libanais sur ses dirigeants, tandis que le quatrième, qui serait un religieux, est toujours en fuite.

Haitham Zaiter, membre du Conseil national et central palestinien, a déclaré que la visite de M. Abbas était porteuse d'un «message de soutien au Liban».

Lors des réunions prévues, il sera rappelé que les Palestiniens présents au Liban sont considérés comme des invités, appelés à respecter la souveraineté nationale et à se conformer aux lois libanaises, en attendant leur retour légitime dans leur patrie d’origine – un droit imprescriptible, qui, selon les termes employés, «ne se renie pas et ne s’éteint pas avec le temps».

Les discussions porteront également sur les droits sociaux, civils et économiques des réfugiés palestiniens, notamment le droit au travail et à la propriété, aujourd’hui restreints par la législation en vigueur. À ce titre, la nécessité de réformer certaines lois sera évoquée, tout en soulignant que toute personne palestinienne sur le territoire libanais demeure soumise au cadre juridique national.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com