Après le naufrage de FTX, le marché des cryptomonnaies encore fragile et peu régulé

Comment éliminer les «mauvais acteurs» de la crypto ? (photo AFP)
Comment éliminer les «mauvais acteurs» de la crypto ? (photo AFP)
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Publié le Vendredi 29 septembre 2023

Après le naufrage de FTX, le marché des cryptomonnaies encore fragile et peu régulé

  • Le 3 octobre s'ouvre le procès de l'ancien patron de FTX, Sam Bankman-Fried, accusé avec d'autres dirigeants d'avoir utilisé les comptes des clients de la plateforme d'échanges de cryptomonnaies à leur insu, pour alimenter les opérations spéculatives
  • De nombreux projets liés à des cryptomonnaies - actif numérique reposant sur la technologie de la blockchain, dont les plus connues sont le Bitcoin ou l'Ethereum - ont déjà explosé en plein vol par le passé

LONDRES : La faillite retentissante l'an dernier de la plateforme d'échanges de cryptomonnaies FTX a fortement secoué ce marché hautement spéculatif, entraînant un exode de capitaux, d'autres défaillances d'entreprises, mais le durcissement réglementaire espéré reste inachevé.

Le 3 octobre s'ouvre le procès de l'ancien patron de FTX, Sam Bankman-Fried, surnommé «SBF», accusé avec d'autres dirigeants d'avoir utilisé les comptes des clients de la plateforme d'échanges de cryptomonnaies à leur insu, pour alimenter les opérations spéculatives d'Alameda, sa société d'investissements.

«Comme un jeu de domino qui s'effondre», l'effondrement en novembre de celui qui était jusqu'ici l'un des principaux acteurs du secteur avait à l'époque eu des répercussions sur plusieurs poids lourds de l'écosystème des cryptomonnaies, comme le courtier Genesis --aujourd'hui en faillite-- détaille auprès de l'AFP Erica Stanford, spécialiste crypto pour le cabinet juridique CMS.

De nombreux projets liés à des cryptomonnaies - actif numérique reposant sur la technologie de la blockchain («chaine de bloc»), un registre virtuel décentralisé, dont les plus connues sont le Bitcoin ou l'Ethereum - ont déjà explosé en plein vol par le passé.

«Beaucoup étaient clairement des fraudes pyramidales», qui ont lésé des légions d'investisseurs, et notamment des particuliers, estime l'auteure du livre «Crypto Wars: Faked Deaths, Missing Billions and Industry Disruption», interrogée par l'AFP.

Mais pour Mme Stanford, la particularité de la faillite de FTX réside en ce qu'elle a concerné beaucoup de «gens qui travaillaient dans le secteur lui-même».

En outre, «SBF» s'était créé une image de «bon garçon de la crypto», et sa chute en a d'autant plus abimé la réputation des cryptomonnaies, actifs déjà hautement volatils, risqués et dérégulés.

L'exode de fonds a été massif. D'autant que le naufrage FTX est intervenu à un moment où les taux d'intérêt montaient en flèche dans de nombreux pays, renchérissant le coût de l'argent à crédit, et raréfiant celui disponible pour les actifs à risque.

«Les capitaux sont rares dans le monde de la crypto de nos jours», confirme Banafsheh Fathieh, associé pour le fonds d'investissement en crypto Faction, qui précise que «les volumes de transactions en cryptomonnaies sont les plus bas que nous ayons vus en 4 ans environ».

Après être descendus à 500 milliards de dollars en décembre dernier, les volumes d'échanges sur les dix principales plateformes se relèvent légèrement en 2023, à 1.000 milliards en mars, mais encore loin des 1.500 milliards de janvier 2022, selon les données de Coingecko, un site qui recense plus de 13.000 d'entre elles à travers 600 échanges.

- Mauvais acteurs -

L'avenir s'assombrit d'autant plus pour les gros poissons du secteur, comme le numéro un Binance, visé par une enquête du ministère américain de la Justice, notamment pour blanchiment d'argent.

Mais comment éliminer les «mauvais acteurs» de la crypto? Plusieurs textes réglementaires sont en cours d'élaboration au Congrès américain, mais aucun n'a encore été soumis au vote, dans un contexte de forte division entre Républicains et démocrates, qui complique les espoirs de compromis.

En avance dans le domaine, l'Union européenne s'est de son côté accordée sur un projet de réglementation (MiCa), qui exige des plateformes plus de transparence et de rigueur, et qui doit entrer en vigueur l'an prochain.

En France, l'enregistrement au statut de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN), défini par la loi Pacte de 2019, est déjà nécessaire pour communiquer et promouvoir ses services.

Les Etats-Unis ont «peut-être raté le moment charnière» qu'a été la faillite de SBF, qui aurait pu servir d'opportunité pour légiférer, estime Victor Carvalho, professeur en systèmes d'information à l'université de Miami (Ohio, Etats-Unis).

«Cela nuit à l'industrie de ne pas avoir de réglementations appropriées en place, car nous pouvons avoir des agences comme la SEC (Ndlr, l'autorité des marchés financiers), qui prend des décisions qui manquent parfois de sens, ou sont contradictoires», estime-il.

De son côté, le gendarme de Wall Street a de nouveau repoussé l'échéance sur sa décision quant-à-la création d'un fonds indiciel (spot ETF) en bitcoin qui suivrait directement le prix de la cryptomonnaie, et permettrait d'investir dans le bitcoin sans avoir à en acheter directement.


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.


Jusqu'ici épargnée, la restauration rapide inquiète pour sa rentabilité

 Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
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  • Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants
  • Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation

PARIS: Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi.

Commandée par le Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (Snarr), cette étude envisage plusieurs scénarios: une hausse de la TVA, un doublement de la "taxe soda" en 2026 (après un doublement déjà acté en 2025), une réduction des allègements de charges sur les petits salaires (déjà acté en 2025) et la réforme des titres-restaurants (dont l'utilisation pour faire toutes ses courses en supermarché devrait être pérennisée).

Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation.

"Les taux de défaillance du secteur de la restauration rapide se situent aujourd'hui entre 2% et 2,5%, un taux qui n'est pas alarmiste mais toutefois beaucoup plus important que la moyenne des années précédentes", a indiqué à l'AFP Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi.

"Il y a une accumulation de mesures dans le secteur, comme la loi Agec (qui oblige notamment à utiliser de la vaisselle réutilisable, NDLR), la +taxe soda+ ou la réforme des titres-restaurants et on a voulu objectiver les remontées de terrain qui sont assez négatives", a expliqué à l'AFP Esther Kalonji, présidente du Snarr.

L'utilisation des titres-restaurants pour faire toutes les courses alimentaires en supermarché représente selon Xerfi un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la restauration rapide en 2025 et de 195 millions en 2026.

"C'est moins d'emplois soutenus, car un titre-restaurant dépensé en restauration rapide génère plus d'emplois qu'en grande surface", selon Clément Morin, auteur de l'étude.

Le Snarr, comme l'Umih et le GHR, autres organisations patronales de la restauration, s'est retiré des groupes de travail liés aux Assises de la restauration menées à Bercy pour protester contre cette réforme qualifiée par l'Umih de "décision funeste pour le secteur".

Xerfi a également évalué l'impact du doublement de la "taxe soda" en 2025, qui représentera 49,5 millions d'euros pour la restauration rapide et jusqu'à 55,5 millions d'euros en 2026 selon les scénarios.

En cumulant les scénarios, Xerfi estime qu'entre 16.500 et 26.200 entreprises du secteur pourraient basculer dans le rouge en 2026.