La Chine gonfle encore une fois son budget militaire

Cette photo prise le 5 septembre 2021 montre des lycéens participant à une session d'éducation et de formation militaire au début du nouveau semestre à Huaibei, dans la province chinoise de l'Anhui (est). (AFP)
Cette photo prise le 5 septembre 2021 montre des lycéens participant à une session d'éducation et de formation militaire au début du nouveau semestre à Huaibei, dans la province chinoise de l'Anhui (est). (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 05 mars 2024

La Chine gonfle encore une fois son budget militaire

  • Identique à celui de 2023, ce taux a été confirmé par le ministère des Finances durant la session annuelle du Parlement
  • Le pays consacre 1,6% de son PIB à son armée, bien moins que les Etats-Unis (3,5%) ou la Russie (4,1%)

PEKIN: La Chine a annoncé mardi un budget militaire en hausse de 7,2% pour 2024, dans un contexte de corruption dans l'armée et de tensions persistantes autour de Taïwan et en mer de Chine méridionale.

Identique à celui de 2023, ce taux a été confirmé par le ministère des Finances durant la session annuelle du Parlement.

La Chine prévoit de dépenser 1.665,5 milliards de yuans (231,4 milliards de dollars) pour sa défense - ce qui reste plus de trois fois inférieur aux Etats-Unis.

Le géant asiatique maintient une "croissance raisonnable" de son budget militaire pour "sauvegarder sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement", a justifié lundi Lou Qinjian, le porte-parole de la session parlementaire.

Il augmente depuis plusieurs décennies, globalement au diapason de la croissance économique.

Le pays consacre 1,6% de son PIB à son armée, bien moins que les Etats-Unis (3,5%) ou la Russie (4,1%), selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

L'essor militaire chinois est toutefois vu avec suspicion par les Etats-Unis, le Japon ou les Philippines, pays avec lequel la Chine se dispute le contrôle d'îlots en mer de Chine méridionale.

Il suscite également des craintes à Taïwan, île de 23 millions d'habitants que la Chine espère "réunifier" avec son territoire, ou encore en Inde, avec laquelle des escarmouches éclatent parfois le long de leur frontière contestée dans l'Himalaya.

De son côté, la Chine dit s'inquiéter des alliances militaires nouées par ses rivaux régionaux avec les Etats-Unis ou encore de l'Otan, qui la présente désormais comme un "défi" pour les "intérêts" de ses membres.

Têtes nucléaires

Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, a encore déclaré en janvier que la Chine "se rapproche de nous" car "nous la voyons en Afrique, nous la voyons dans l'Arctique, nous la voyons essayer de contrôler les infrastructures critiques".

Dans ce contexte, la Chine a notamment mené l'an passé "une augmentation substantielle du nombre d'ogives nucléaires", déclare à l'AFP James Char, expert de l'armée chinoise à l'Université de technologie de Nanyang (Singapour).

Selon le Sipri, Pékin comptait ainsi 410 têtes nucléaires en 2023 (+60 en un an), loin derrière Washington (3.708) et Moscou (4.489).

"Les récents scandales de corruption dans l'armée soulèvent néanmoins des doutes quant à l'efficacité de sa force de missiles et au professionnalisme des forces militaires", indique à l'AFP Adam Ni, rédacteur en chef de China Neican, une lettre d'information sur l'actualité chinoise.

La Chine a changé deux fois de ministre de la Défense l'an passé.

Retraité depuis mars 2023, l'ex-ministre Wei Fenghe n'apparaît plus en public, comme son successeur Li Shangfu, limogé en octobre sans explication après quelques mois.

D'autres hautes personnalités militaires, notamment dans la branche de l'armée chargée des missiles nucléaires, ont été congédiées.

Interrogé sur ces remous en août, le ministère de la Défense n'avait pas formellement confirmé qu'il s'agissait de corruption mais s'était engagé à "sévir contre tout responsable corrompu".

Les Etats-Unis devant

La corruption "doit être traitée" pour que l'armée puisse "espérer atteindre l'objectif du (président) Xi Jinping, qui est de supplanter les forces armées américaines en tant que première puissance militaire mondiale", note M. Char.

Washington reste pour l'heure loin devant.

D'après le Sipri, les Etats-Unis sont le pays ayant les dépenses militaires les plus élevées, avec 877 milliards de dollars en 2022, selon les derniers chiffres disponibles.

De plus, les Etats-Unis ont "une présence mondiale et des réseaux d'alliances, ce que la Chine ne peut avoir sur le court terme", souligne Adam Ni.

Washington compte des centaines de bases militaires à l'étranger, Pékin seulement une, à Djibouti.

"Compte tenu des lacunes de l'armée chinoise (...) il paraît logique que Pékin n'ait ni les moyens ni l'envie de s'engager dans un conflit contre Washington ou de lancer une invasion (...) de Taïwan", note James Char.

"Ce qui reste préoccupant, toutefois, ce sont les frictions (avec) les autres armées de la région, qui peuvent potentiellement déraper et dégénérer en conflit ouvert."


Le président de NorthLight Holding raconte son parcours d'entrepreneur et sa vision

Short Url
  • M. Pedawi a commencé sa carrière au Kurdistan à la fin des années 1990, alors que les infrastructures n'existaient pas encore et que le secteur des entreprises était relativement nouveau
  • Les fondements de NorthLight ont été façonnés par les premières expériences de Pedawi en tant que réfugié aux Pays-Bas, où il a développé un intérêt pour les systèmes de télécommunication occidentaux

DUBAI : Le Dr Sarwar Pedawi, fondateur et président de NorthLight Holding, a discuté de l'évolution de l'entrepreneuriat dans la région du Kurdistan, de la croissance de son groupe d'entreprises et des objectifs à long terme de la société lors d'une interview accordée cette semaine.

M. Pedawi a commencé sa carrière au Kurdistan à la fin des années 1990, alors que les infrastructures n'existaient pas encore et que le secteur des entreprises était relativement nouveau.

"Si vous pouviez évaluer les risques, agir de manière décisive et instaurer la confiance dans un environnement incertain, vous aviez de bonnes chances de réussir", a-t-il déclaré. Sa première grande entreprise, Kani Water, répondait à un besoin crucial d'eau potable et a débouché sur un partenariat exclusif avec Coca-Cola.

Les fondements de NorthLight ont été façonnés par les premières expériences de Pedawi en tant que réfugié aux Pays-Bas, où il a développé un intérêt pour les systèmes de télécommunication occidentaux. Après avoir participé à la guerre du Golfe en tant que capitaine dans le corps royal du génie de l'armée néerlandaise, il a poursuivi des études techniques qui ont renforcé son intérêt pour l'innovation.

"NorthLight a été créé dans le but de combler le fossé technologique et d'apporter les normes occidentales à notre région", a-t-il déclaré.

D'abord ancrée dans les télécommunications, NorthLight s'est depuis diversifiée. M. Pedawi a souligné que le développement de produits hors taxes, de systèmes avancés de contrôle de la qualité et la croissance d'entreprises telles que TarinNet et KITS constituaient des étapes clés.

TarinNet, fondée en 2005, a été la première à proposer des systèmes de réseau sans fil dans la région. En 2018, M. Pedawi a restructuré ses participations commerciales, conservant TarinNet et KITS au sein du groupe NorthLight.

L'innovation reste au cœur de ses préoccupations. Pedawi a souligné l'importance d'attirer des talents alignés sur la culture de l'entreprise. "Nous payons souvent des salaires supérieurs à ceux du marché et offrons des incitations financières pour l'innovation", a-t-il déclaré.

NorthLight accorde également la priorité à la responsabilité d'entreprise. L'entreprise s'est récemment engagée à verser 13 millions de dollars pour la construction de dortoirs universitaires, dans le cadre de ses efforts plus larges pour soutenir l'éducation et le développement national.

"Une base éducative plus solide profite à l'ensemble du pays et, en fin de compte, à notre entreprise, en augmentant le nombre de diplômés qualifiés", a-t-il ajouté.

Pour l'avenir, M. Pedawi voit des possibilités de croissance dans les énergies propres, le recyclage des déchets et les projets d'infrastructure à long terme. NorthLight étudie le développement d'une centrale électrique respectueuse de l'environnement et d'autres initiatives visant à contribuer au progrès durable.

La gouvernance et la conformité sont également au cœur des activités du groupe. Depuis sa création, NorthLight s'est associée à un cabinet d'audit international afin de maintenir des normes internes et de s'adapter aux différences commerciales régionales.

"Un succès durable implique d'aligner les intérêts du groupe sur les ambitions de nos collaborateurs", a déclaré M. Pedawi, ajoutant que la rémunération des employés tient compte à la fois des performances financières et de l'adhésion aux valeurs de l'entreprise.

S'adressant aux jeunes entrepreneurs, M. Pedawi a conseillé de commencer par une vision claire, de rester patient et d'accepter l'échec comme faisant partie du voyage.

"Restez curieux, entourez-vous de personnes inspirantes et n'oubliez jamais d'où vous êtes parti", a-t-il ajouté.

M. Pedawi a exprimé sa gratitude aux Pays-Bas pour l'avoir accueilli en tant que réfugié en 1980, et à la région kurde pour avoir atteint un niveau de stabilité qui permet à l'entreprise privée de prospérer.

"Le gouvernement kurde a créé un environnement sûr malgré un voisinage difficile", a-t-il déclaré.

NorthLight Holding opère en Irak et dans les Émirats arabes unis, avec un portefeuille couvrant les télécommunications, les biens de consommation et le développement d'infrastructures.


Industrie : Paris et Rome se réunissent pour défendre le « made in Europe »

Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 juin 2025. (Photo de GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 juin 2025. (Photo de GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
Short Url
  • « L'objectif, avec les Italiens, est de les rallier à la cause de la protection des industries européennes, afin de pouvoir la défendre conjointement à Bruxelles », ont expliqué les cabinets des deux ministres français à des journalistes.
  • La Commission européenne a déclaré qu'elle présenterait en septembre une proposition législative visant à réduire de plus de 50 % les importations d'acier en Europe, grâce à différentes mesures commerciales que la France soutient.

PARIS : Les ministres français de l'Économie, Éric Lombard, et de l'Industrie, Marc Ferracci, rencontreront le ministre italien des Entreprises, Adolfo Urso, à Paris, afin de trouver une « position alignée » des deux pays concernant l'industrie européenne, en péril, et le « made in Europe », selon les mots de Bercy mercredi.

« L'objectif, avec les Italiens, est de les rallier à la cause de la protection des industries européennes, afin de pouvoir la défendre conjointement à Bruxelles », ont expliqué les cabinets des deux ministres français à des journalistes.

Parmi les sujets qui seront évoqués jeudi, figure la question de l'acier européen, menacé de disparition face à la concurrence de la Chine et des États-Unis, que Bercy qualifie de « concurrence exacerbée », voire « déloyale ».

La Commission européenne a déclaré qu'elle présenterait en septembre une proposition législative visant à réduire de plus de 50 % les importations d'acier en Europe, grâce à différentes mesures commerciales que la France soutient.

Les ministres des deux pays devraient également aborder le thème de l'automobile, avec pour « objectif commun » de « renforcer la demande pour les véhicules propres à contenu européen », et évoquer la « préférence européenne », notamment dans les marchés publics.

« L'Italie se rapproche de plus en plus de la France sur un certain nombre de positions », a estimé Bercy, qui évoque également le nucléaire, que l'Italie souhaite relancer et pour lequel elle défend, tout comme la France, qu'il bénéficie d'un traitement similaire à celui des énergies renouvelables dans la législation européenne.

« L'enjeu de la compétitivité et de la neutralité technologique est l'un des sujets sur lesquels nous sommes d'accord avec les Italiens », ont abondé les cabinets des ministres français. 

Jeudi, la réunion se tient à Bercy dans le cadre du traité du Quirinal, signé entre les deux pays en 2021, qui prévoit des rencontres annuelles entre ministres.

Début juin, Giorgia Meloni et Emmanuel Macron avaient affiché leur « engagement commun » et leurs « convergences fortes » lors d'un long tête-à-tête à Rome, afin de dissiper les tensions des dernières semaines, cristallisées depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.


Alstom : le chiffre d'affaires progresse de 2,8 % au premier trimestre de l'exercice

Cette photographie montre un badge Alstom sur le nouveau train TGV INOUI au centre technique de la SNCF avant son inauguration à Paris le 10 mars 2025. (Photo de Kiran RIDLEY et Kiran RIDLEY / AFP)
Cette photographie montre un badge Alstom sur le nouveau train TGV INOUI au centre technique de la SNCF avant son inauguration à Paris le 10 mars 2025. (Photo de Kiran RIDLEY et Kiran RIDLEY / AFP)
Short Url
  • Alstom a confirmé ses objectifs, visant une croissance organique de 3 à 5 % de son chiffre d'affaires sur l'exercice, tout en prévenant que sa trésorerie devrait passer dans le rouge au premier semestre.
  • Alstom a vendu ses activités de signalisation en Amérique du Nord pour se désendetter. Hors effet de périmètre et hors effets de change (l'euro fort a pénalisé le groupe), la croissance organique des ventes s'élève à 7,2 %.

PARIS : Le constructeur ferroviaire Alstom a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 2,8 % au premier trimestre de son exercice décalé 2025/2026, à 4,5 milliards d'euros (+ 7,2 % en croissance organique), et vu ses commandes grimper de 11,8 % à plus de 4 milliards d'euros. Le groupe a ainsi « bien commencé l'exercice », a-t-il indiqué mercredi.

Il a confirmé ses objectifs, visant une croissance organique de 3 à 5 % de son chiffre d'affaires sur l'exercice, tout en prévenant que sa trésorerie devrait passer dans le rouge au premier semestre, avec un solde négatif d'au moins un milliard d'euros, en raison d'un effet de saisonnalité. Sur l'ensemble de l'exercice, elle devrait redevenir positive, avec une fourchette comprise entre 200 et 400 millions d'euros.

Alstom a vendu ses activités de signalisation en Amérique du Nord pour se désendetter. Hors effet de périmètre et hors effets de change (l'euro fort a pénalisé le groupe), la croissance organique des ventes s'élève à 7,2 %.

« Les commandes du premier trimestre ont dépassé la barre des 4 milliards d'euros, avec une visibilité solide sur le carnet de commandes du deuxième trimestre, portée par une bonne dynamique en Amérique du Nord », a souligné Henri Poupart-Lafarge, directeur général du groupe, dans un communiqué. 

Les commandes de services, de signalisation et de systèmes représentent près de la moitié du total (42 %) des prises de commande du premier trimestre.

L'Europe reste ultra majoritaire, avec 85 % des commandes reçues, contre 70 % il y a un an. Alstom a notamment obtenu un contrat pour la livraison de 96 rames RER NG pour le RER D en Île-de-France, d'un montant d'environ 1,7 milliard d'euros.

Le groupe a également décroché, via un consortium, un important contrat en Bulgarie, où il fournira 35 trains interrégionaux électriques et assurera la maintenance pendant 15 ans. Le contrat total s'élève à 720 millions d'euros, dont 600 millions pour Alstom.

L'activité « matériel roulant », qui concerne la construction des voitures et des motrices des trains, a rapporté 2,4 milliards d'euros au premier trimestre, soit une hausse de 3 % (+ 5 % de croissance organique), grâce à la montée en cadence en Allemagne.

L'année dernière, le groupe y a remporté un contrat de 3,6 milliards d'euros pour la livraison de trains régionaux dans le nord-ouest du pays. En février, il a ajouté à cela un contrat-cadre de 600 millions d'euros pour moderniser et numériser le réseau ferroviaire allemand.