Guerre Israël-Hamas: un torrent de désinformation, que l'UE tente d'endiguer

Le commissaire européen français Thierry Breton, le 1er octobre 2023 (Photo de Fred TANNEAU / AFP).
Le commissaire européen français Thierry Breton, le 1er octobre 2023 (Photo de Fred TANNEAU / AFP).
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Publié le Lundi 16 octobre 2023

Guerre Israël-Hamas: un torrent de désinformation, que l'UE tente d'endiguer

  • Dimanche, TikTok a annoncé avoir supprimé plus de 500 000 vidéos et diffusions en direct
  • Meta a indiqué avoir supprimé ou habillé d'un message d'avertissement 795 000 messages en arabe ou en hébreu

PARIS: Assassinats filmés, appels à la haine, fausses images, détournement de jeux vidéo: la guerre entre Israël et le Hamas génère un tsunami de désinformation sur les réseaux sociaux, mis sous pression par l'UE qui leur demande d'endiguer le flot.

"On a vu sur les grandes plateformes une recrudescence des propos condamnables, notamment liés aux actes terroristes ou antisémites", a souligné lundi devant la presse, à Paris, le commissaire européen Thierry Breton.

Devant cette avalanche, M. Breton a écrit la semaine dernière à X (ex-Twitter), Meta (Facebook, Instagram), TikTok et YouTube pour leur réclamer davantage d'efforts pour juguler ces contenus, obligation désormais passible de sanctions financières de la part de l'Union européenne, en vertu du nouveau règlement européen sur le numérique (DSA).

Sommés de s'expliquer dans les 24 heures, tous ont répondu ces derniers jours en affirmant déployer d'importants moyens de modération et bannir la violence.

Dimanche, TikTok a annoncé avoir supprimé plus de 500 000 vidéos et diffusions en direct. Meta a indiqué avoir supprimé ou habillé d'un message d'avertissement 795 000 messages en arabe ou en hébreu. X a supprimé ou signalé des dizaines de millier de messages et bloqué des centaines de comptes, notamment pro-Hamas. YouTube a également dit avoir supprimé "des milliers de vidéos néfastes".

Pourtant, d'innombrables images violentes et propos haineux continuent à circuler.

Interrogé sur l'efficacité du DSA face à cette situation, Thierry Breton a jugé qu'au contraire, elle justifiait d'autant plus son action pour limiter les excès.

«Pire» que la guerre en Ukraine

Estimant les réponses de X insuffisantes, l'UE d'ailleurs a ouvert jeudi contre le réseau d'Elon Musk "un enquête approfondie", a rappelé le commissaire.

"Il n'est pas impossible qu'il y en ait d'autres", a-t-il averti.

Il s'agit de la première application du DSA, entré en vigueur fin août mais qui ne pourra aboutir à des sanctions qu'après mars 2024, une fois installé un comité européen des services numériques. Mais les sanctions pourront alors porter sur des faits passés, a-t-il insisté.

"Il y a aussi un effet de +name and shame+ (+nommer pour faire honte+, NDLR). Nous voyons une volonté coopérative des grandes plateformes. Ce sont des cas d'école que nous sommes en train de construire. Nous ne sommes pas naïfs, ce n'est pas parce qu'il y a une loi qu'on ne commet aucun délit. Mais on fait des lois pour les réduire", a ajouté M. Breton.

Pour les experts interrogés par l'AFP, le danger n'est pas seulement celui d'images qui polarisent l'opinion actuellement mais celui de l'effet à long terme d'un "stock d'images atroces".

"Cette séquence est probablement l'un des plus grands moments en termes de violence et de polarisation sur les réseaux sociaux, pire que les débuts de la Covid et de la guerre en Ukraine. Ce sont les mêmes influenceurs complotistes qui ont basculé sur ce confit", souligne Tristan Mendès France, expert en réseaux sociaux.

"Nous voyons des acteurs de désinformation des deux bords. Et devant la charge émotionnelle, le seuil de précaution des utilisateurs s'affaisse. Ils partagent davantage leur indignation", relève-t-il. "Chaque camp ne voit parfois qu'un seul aspect: d'un coté, les images d'horreur de l'attaque du Hamas, de l'autre, celles des bombardements à Gaza".

Des images qui restent

Outre les plateformes, des réseaux comme Telegram posent aussi problème: c'est là que circulent les images les plus choquantes, où se retrouvent "les complotistes" barrés des grandes plateformes, souligne Tristan Mendès France.

Pour Stéphanie Lamy, spécialiste des stratégies de manipulation, "ce phénomène va au-delà de l'approche vrai-faux: par l'émotion, l'attention est manipulée, parfois par de petites actions qui clivent davantage. Par exemple, des contenus choquants avec un appel à +liker pour Israël+ ou +retweeter pour la Palestine+".

"L'instrumentalisation des médias fait partie des stratégies terroristes pour en amplifier l'horreur", ajoute-t-elle.

"Ce qui m'inquiète", prévient Tristan Mendès France, "c'est la suite: la réaction militaire israélienne va produire des images atroces pendant des semaines. En termes de radicalisation des esprits, ce sera terrible".

La société de veille sur les réseaux sociaux Visibrain a déjà décompté 166 millions de messages liés au conflit depuis le 7 octobre.

À titre de comparaison, c'est 47% de plus que le volume comptabilisé pour la Coupe du monde de football de 2022, l'un des événements les plus commentés au monde.


Arrivée en Israël du bateau pour Gaza intercepté par l'armée

Le voilier avec à son bord 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, était parti d'Italie le 1er juin pour "briser le blocus israélien" à Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus d'un an et demi de guerre. (AFP)
Le voilier avec à son bord 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, était parti d'Italie le 1er juin pour "briser le blocus israélien" à Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus d'un an et demi de guerre. (AFP)
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  • Les membres d'équipage, dont deux élues du parti français de gauche radicale La France insoumise, ont été appréhendés par les autorités israéliennes.
  • L'ONG israélienne Adalah a indiqué avoir rencontré 19 des passagers, détenus dans le port d'Ashdod, dans le centre du pays, afin de leur fournir une aide juridique.

ISRAEL : Le Handala, un bateau exploité par le mouvement pro-palestinien « Flottille pour la liberté », est arrivé en Israël dimanche après avoir été intercepté par l'armée alors qu'il se dirigeait vers Gaza avec de l'aide humanitaire à bord, a constaté un journaliste de l'AFP dans le port d'Ashdod.

Les membres d'équipage, dont deux élues du parti français de gauche radicale La France insoumise, ont été appréhendés par les autorités israéliennes.

L'ONG israélienne Adalah a indiqué avoir rencontré 19 des passagers, détenus dans le port d'Ashdod, dans le centre du pays, afin de leur fournir une aide juridique.

« Deux autres militants, Bob Subery et Huwaida Arraf, qui possèdent la double nationalité (israélienne et américaine), ont été transférés à la police, où un avocat d'Adalah est également présent pour leur offrir un soutien juridique », a ajouté l'ONG dans un communiqué.

Sollicitée par l'AFP, la police israélienne n'a pas répondu dans l'immédiat.

« Adalah réaffirme que les militants à bord du Handala participaient à une mission civile pacifique visant à briser le blocus illégal imposé par Israël sur Gaza. Le navire a été intercepté dans les eaux internationales et leur détention constitue une violation flagrante du droit international », avait déclaré auparavant Adalah.

Plus tôt, le ministère israélien des Affaires étrangères avait déclaré que la marine avait arrêté le Handala pour l'empêcher d'entrer dans les eaux au large de la bande de Gaza. « Le navire se dirige en toute sécurité vers les côtes israéliennes. Tous les passagers sont sains et saufs », a-t-il déclaré. 

Samedi, une vidéo diffusée en direct depuis le navire montrait des soldats israéliens monter à bord.

Un outil de suivi en ligne indiquait que le navire se trouvait dans les eaux internationales, en mer Méditerranée, à l'ouest de Gaza.

Le navire avait quitté Syracuse, en Sicile, le 13 juillet, dans le but de briser le blocus naval israélien de Gaza et d'apporter une aide humanitaire aux habitants de ce territoire ravagé par plus de 21 mois de guerre.

Avant d'être arrêtés, les membres de l'équipage avaient déclaré sur X qu'ils entameraient une grève de la faim si l'armée israélienne interceptait le bateau et arrêtait ses passagers.

À son bord se trouvaient des militants de dix pays ainsi que des journalistes.

Le Madleen, un autre bateau envoyé par la même organisation, avait été intercepté par l'armée israélienne dans les eaux internationales le 9 juin.

Les militants, dont la Suédoise Greta Thunberg, avaient finalement été expulsés par Israël.


La conférence sur la solution à deux États reflète la position du Royaume-Uni sur la cause palestinienne

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre syrien des Affaires étrangères par intérim à Damas, le 31 mai 2025. (AFP)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre syrien des Affaires étrangères par intérim à Damas, le 31 mai 2025. (AFP)
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  • L'Arabie saoudite, en partenariat avec la France, préside une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne.
  • Le ministre saoudien a déclaré que cette conférence, qui se tiendra dans le courant de la semaine, reflétait la position ferme du royaume à l'égard de la cause palestinienne.

RIYAD : Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan, a confirmé dimanche la tenue prochaine d'une conférence en partenariat avec la France, qui appelle à la reconnaissance d'un État palestinien et à la mise en œuvre de la solution à deux États.

Le ministre saoudien a déclaré que cette conférence, qui se tiendra dans le courant de la semaine, reflétait la position ferme du royaume à l'égard de la cause palestinienne et ses efforts pour parvenir à une paix juste et globale.

Le prince Faisal a déclaré : "Le Royaume d'Arabie saoudite, en partenariat avec la France, préside une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution des deux États au niveau ministériel, qui se tiendra cette semaine au siège des Nations unies avec une large participation internationale.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé son intention de reconnaître un État palestinien en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies.

L'Arabie saoudite a salué la "décision historique" de Macron et a ajouté : "Le Royaume réitère son appel à tous les pays qui n'ont pas encore reconnu l'État de Palestine à prendre des mesures positives similaires et à adopter des positions sérieuses qui soutiennent la paix et les droits légitimes du peuple palestinien."  

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef des opérations humanitaires de l'ONU se félicite de l'entrée d'aide à Gaza

Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence, Tom Fletcher, regarde lors d'une interview avec l'AFP dans le village de Nawabad, dans le district de Chahardara, dans la province de Kunduz, le 30 avril 2025. (Photo by Wakil Kohsar / AFP)
Le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence, Tom Fletcher, regarde lors d'une interview avec l'AFP dans le village de Nawabad, dans le district de Chahardara, dans la province de Kunduz, le 30 avril 2025. (Photo by Wakil Kohsar / AFP)
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  • « Cette annonce de pauses humanitaires à Gaza est la bienvenue pour permettre à notre aide de passer.»
  • Nous sommes en contact avec nos équipes sur le terrain, qui feront tout leur possible pour atteindre le plus de personnes affamées possible », a-t-il écrit sur X.

GENEVE : Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a salué l'annonce, dimanche, par Israël, de l'ouverture de routes terrestres sécurisées vers Gaza pour les convois humanitaires, et a déclaré que l'ONU tenterait d'atteindre le plus de personnes possible.

« Cette annonce de pauses humanitaires à Gaza est la bienvenue pour permettre à notre aide de passer. Nous sommes en contact avec nos équipes sur le terrain, qui feront tout leur possible pour atteindre le plus de personnes affamées possible », a-t-il écrit sur X.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de M. Fletcher avait averti vendredi que les conditions à Gaza étaient « déjà catastrophiques et se dégradaient rapidement ».

« La crise de la famine s'aggrave », avait-il alerté, avertissant que la faim et la malnutrition augmentaient le risque de maladies et que les conséquences pouvaient rapidement devenir mortelles.

« La vie est aspirée hors de Gaza, alors que les systèmes et les services sont au bord de l'effondrement », a prévenu l'OCHA, ajoutant que « le filet d'aide entrant dans la bande est très loin d'être suffisant pour répondre aux immenses besoins ».

L'OCHA a annoncé que les équipes de l'ONU étaient prêtes à intensifier les livraisons dans le territoire palestinien « dès qu'elles en auront l'autorisation ».

« Si Israël ouvre la frontière, laisse entrer de l'essence et du matériel, et permet aux équipes humanitaires d'opérer en toute sécurité, l'ONU accélérera la livraison d'aide alimentaire, de services de santé, d'eau potable, de services de gestion des déchets, de fournitures nutritionnelles et de matériaux pour les abris », a assuré l'institution.

L'OCHA a déclaré que les restrictions imposées par les autorités israéliennes avaient limité la capacité des humanitaires à répondre aux besoins.

L'agence indique par exemple que, sur les quinze tentatives de coordination des opérations humanitaires à Gaza jeudi, quatre ont été « catégoriquement refusées » et trois autres entravées.

Une a été reportée et deux autres annulées, ne permettant donc la tenue que de cinq missions.