L'opposant russe Alexeï Navalny condamné à 19 années de prison

Un représentant des médias prend une vidéo d'un écran montrant l'opposant russe Alexei Navalny (G), déjà emprisonné, attendant d'entendre son verdict concernant une série d'accusations d'extrémisme à la colonie pénitentiaire IK-6, une prison de sécurité maximale située à quelque 250 kilomètres à l'est de Moscou, dans la localité de Melekhovo, dans la région de Vladimir, le 4 août 2023. (AFP)
Un représentant des médias prend une vidéo d'un écran montrant l'opposant russe Alexei Navalny (G), déjà emprisonné, attendant d'entendre son verdict concernant une série d'accusations d'extrémisme à la colonie pénitentiaire IK-6, une prison de sécurité maximale située à quelque 250 kilomètres à l'est de Moscou, dans la localité de Melekhovo, dans la région de Vladimir, le 4 août 2023. (AFP)
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Publié le Samedi 05 août 2023

L'opposant russe Alexeï Navalny condamné à 19 années de prison

  • A la lecture du verdict, Alexeï Navalny est apparu souriant et l'air détendu, selon des journalistes de l'AFP sur place, discutant avec son co-accusé Daniel Kholodny, un ancien responsable de sa chaîne YouTube
  • Au 18e mois de l'assaut contre l'Ukraine, la Russie est confrontée à une vague de répression visant tant les opposants d'envergure, emprisonnés ou poussés à l'exil, que des milliers de Russes ordinaires ayant critiqué l'offensive

MELEKHOVO: Déjà incarcéré pour neuf ans dans des conditions éprouvantes, le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a été condamné vendredi à 19 années de prison pour "extrémisme" à l'issue d'un procès à huis clos.

Avec son habituelle ténacité, le militant anti-corruption de 47 ans a appelé les Russes, dans un message diffusé par son équipe, à continuer à "résister" face à la "bande de traîtres, de voleurs et de crapules qui ont pris le pouvoir".

"(Vladimir) Poutine ne doit pas atteindre son objectif. Ne perdez pas la volonté de résister", a-t-il écrit, disant considérer sa peine comme l'équivalent d'une "condamnation à perpétuité".

"Sa durée est mesurée en fonction de la durée de ma vie ou de la durée de vie de ce régime", a encore indiqué M. Navalny, qui devra purger sa peine dans une colonie à "régime spécial", soit dans l'un des établissements pénitentiaires à la plus sinistre réputation, d'ordinaire destinés aux criminels les plus dangereux et aux condamnés à perpétuité.

Une porte-parole de M. Navalny, Kira Yarmysh, a précisé à l'AFP que la condamnation prenait en compte les quelque deux ans et demi de prison déjà effectués ainsi que ses dix mois d'arrêt domiciliaire en 2014-2015.

A la lecture du verdict, Alexeï Navalny est apparu souriant et détendu, discutant avec son co-accusé Daniel Kholodny, un ancien responsable de sa chaîne YouTube qui a écopé de huit ans de prison, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Les principaux pays occidentaux ont fermement condamné cette lourde peine.

Les Etats-Unis ont dénoncé un jugement basé "sur des accusations infondées", "conclusion injuste d'un procès injuste" et Londres a estimé qu'elle témoignait d'un "mépris" pour les droits humains.

L'Allemagne a dénoncé une "injustice flagrante" et la France un "acharnement judiciaire".

L'ONU a appelé à la "libération immédiate" de M. Navalny et l'UE a jugé "inacceptable" cette condamnation "arbitraire".

Peine «stalinienne»

A l'extérieur de la colonie pénitentiaire IK-6 de Melekhovo, à 250 kilomètres à l'est de Moscou, où M. Navalny purge sa précédente peine et où le procès s'est tenu, quelques uns de ses partisans ont fait le déplacement pour le soutenir.

Alexandre Choubine, étudiant de 18 ans, explique que l'opposant représente "un espoir pour la Russie", un espoir que "quelque chose peut changer pour le mieux". "Tant que Poutine est au pouvoir, rien ne changera", lance-t-il.

"Le pouvoir veut tout simplement se débarrasser de tous ses opposants et effrayer leurs partisans", abonde Denis, un ingénieur moscovite de 36 ans, qui s'inquiète des nouvelles conditions de détention promises à M. Navalny, dans des colonies où les détenus n'ont "plus aucune chance de voir le monde libre".

Au 18e mois de l'assaut contre l'Ukraine, la Russie est confrontée à une vague de répression visant tant les opposants d'envergure, emprisonnés ou poussés à l'exil, que des milliers de Russes ordinaires ayant critiqué l'offensive.

Détracteur de longue date du président russe, Alexeï Navalny a vu la justice s'acharner sur lui avant le conflit en Ukraine mais son sort s'est aggravé depuis.

Il a été emprisonné à son retour d'Allemagne en Russie, début 2021, après avoir survécu in extremis à un empoisonnement qu'il impute aux services de sécurité russes ayant agi sur ordre du Kremlin.

Le voilà désormais condamné pour la troisième fois. Régulièrement placé à l'isolement et confronté à des problèmes de santé, M. Navalny avait dit jeudi s'attendre à une "peine longue, stalinienne".

«Vengeance politique»

Celui qui s'est notamment fait connaître par ses enquêtes sur la corruption du système de Vladimir Poutine et les manifestations qu'il a organisées est accusé d'avoir créé une "organisation extrémiste".

Sa condamnation "est un sinistre acte de vengeance politique qui (...) sert d'avertissement aux détracteurs de l'Etat dans tout le pays", a réagi dans un communiqué Amnesty International.

De sa prison, l'opposant s'est aussi mué en critique féroce du conflit en Ukraine. Pendant son procès, il a ainsi dénoncé les "dizaines de milliers de morts dans la guerre la plus stupide et la plus insensée du XXIe siècle".

"Tôt ou tard (la Russie) se relèvera. Et il dépend de nous de savoir sur quoi elle s'appuiera à l'avenir", a-t-il ajouté.

Toujours combatif, M. Navalny raconte sur les réseaux sociaux, par le biais des messages transmis par ses avocats, sa vie carcérale et dénonce, souvent avec ironie, le harcèlement qu'il subit.

Il a ainsi été envoyé 17 fois en cellule disciplinaire, où on l'oblige à écouter des discours de Vladimir Poutine.

Le marathon judiciaire de M. Navalny risque aussi de ne pas s'arrêter là. Il dit être également poursuivi pour une affaire de "terrorisme" dans une autre procédure, dont peu de détails sont pour le moment connus.


Pékin dit avoir « émis un avertissement » à un navire militaire américain en mer de Chine méridionale

Cette image tirée d'une vidéo diffusée le 30 avril 2024 par les garde-côtes philippins montre le navire des garde-côtes philippins BRP Bagacay (C) touché par des canons à eau provenant de navires des garde-côtes chinois près du banc de Scarborough contrôlé par la Chine dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale. Photo d'illustration. (AFP)
Cette image tirée d'une vidéo diffusée le 30 avril 2024 par les garde-côtes philippins montre le navire des garde-côtes philippins BRP Bagacay (C) touché par des canons à eau provenant de navires des garde-côtes chinois près du banc de Scarborough contrôlé par la Chine dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Pékin "a ordonné aux forces navales et aériennes de suivre et de surveiller le navire en conformité avec les lois et réglementations et a émis un avertissement afin de lui faire quitter" les lieux
  • Le destroyer américain à missiles guidés USS Halsey "s'est illégalement introduit dans les eaux territoriales de la Chine près des îles Xisha sans l'autorisation du gouvernement chinois"

PEKIN: La Chine a affirmé vendredi avoir suivi un bâtiment de la marine des Etats-Unis et "émis un avertissement" à son encontre près des îles Paracels dans les eaux disputées de la mer de Chine méridionale.

Pékin "a ordonné aux forces navales et aériennes de suivre et de surveiller le navire en conformité avec les lois et réglementations et a émis un avertissement afin de lui faire quitter" les lieux, a indiqué Tian Junli, porte-parole de la zone de commandement sud de l'armée chinoise, dans un communiqué.

Le destroyer américain à missiles guidés USS Halsey "s'est illégalement introduit dans les eaux territoriales de la Chine près des îles Xisha sans l'autorisation du gouvernement chinois", a écrit M. Tian en recourant à l'appellation chinoise des îles Paracels.

Ces îles sont également revendiquées par le Vietnam, et la souveraineté chinoise n'est pas reconnue internationalement.

"Les actions des Etats-Unis violent gravement la souveraineté et la sécurité de la Chine", a estimé le porte-parole.

M. Tian a accusé Washington de provoquer des "risques en matière de sécurité en mer de Chine méridionale" et d'être le "plus grand pourfendeur" de la paix et de la stabilité dans la région.

La marine des Etats-Unis a indiqué dans un communiqué que son bâtiment avait "fait valoir les droits et les libertés de navigation en mer de Chine méridionale près des îles Paracels".

"Au terme de l'opération, le USS Halsey (...) a continué ses opérations en mer de Chine méridionale", poursuit la marine, selon qui "les revendications illégales et généralisées en mer de Chine méridionale posent une grave menace pour la liberté".


Suède: des milliers de manifestants à Malmö contre la participation d'Israël à l'Eurovision

Le logo de l'émission de sélection allemande pour le Concours Eurovision de la chanson 2024 est photographié début février 2024 à Berlin. (Photo, AFP)
Le logo de l'émission de sélection allemande pour le Concours Eurovision de la chanson 2024 est photographié début février 2024 à Berlin. (Photo, AFP)
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  • La participation d'Israël au concours européen de la chanson, dont la finale se tiendra samedi à Malmö, a été contestée au vu de la guerre opposant Israël au Hamas à Gaza
  • La militante pour le climat Greta Thunberg, connue pour ses positions propalestiniennes, était dans le cortège, aux côtés de nombreuses familles

MALMO : Des milliers de personnes ont défilé jeudi calmement dans les rues de Malmö, en Suède, pour protester contre la participation d'Israël à l'Eurovision, à quelques heures de l'entrée du pays dans la compétition, selon une équipe de l'AFP sur place.

"Je suis fan de l'Eurovision et ça me fend le coeur mais je boycotte", explique à l'AFP Hilda, une Suédoise de 30 ans aux cheveux roses, qui ne souhaite pas donner son nom. "Je ne peux pas m'amuser en sachant qu'Israël participe, quand tout ces enfants meurent. Je pense que c'est injuste".

La participation d'Israël au concours européen de la chanson, dont la finale se tiendra samedi à Malmö, a été contestée au vu de la guerre opposant Israël au Hamas à Gaza, avec à travers l'Europe, plusieurs pétitions réclamant son exclusion.

Fin mars, les candidats de neufs pays, dont le Suisse Nemo, l'un des favoris, ont pour leur part appelé à un cessez-le-feu durable.

La candidate israélienne, Eden Golan, doit participer dans la soirée de jeudi avec "Hurricane" à la deuxième demi-finale.

"Ce n'est pas juste. A mon avis, s'ils peuvent écarter la Russie, pourquoi ne peuvent-ils pas le faire pour" Israël, s'interroge Marwo Mustafa, une jeune manifestante d'une vingtaine d'années.

En 2022, les sociétés russes de radiodiffusion avaient été exclues de l'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute le concours, dans le sillage de la guerre en Ukraine.

"Les gens sont ici pour l'Eurovision, pour essayer de faire la fête. Il n'y a rien à célébrer", déplore Mustafa Mustafa, 29 ans. "Nous disons que nous sommes une démocratie, mais personne ne fait rien", ajoute-t-il, les épaules recouvertes d'un keffieh.

Partis de la grande place de Malmö, les manifestants, plus de 5.000 personnes selon l'équipe de l'AFP, ont défilé dans la grande artère piétonne de la ville, brandissant des drapeaux palestiniens.

Des panneaux et pancartes proclamaient "Libérez la Palestine", "EUR légitimise le génocide" ou "On ne peut laver en rose le colonialisme".

La militante pour le climat Greta Thunberg, connue pour ses positions propalestiniennes, était dans le cortège, aux côtés de nombreuses familles.

"A six et neuf ans, mes enfants ont maintenant un âge où ils veulent regarder l'Eurovision mais cette année on boycotte complétement", confie Cecilia Brudell, 31 ans.

10 des 16 candidats qui concourent jeudi soir retrouveront samedi en finale la Suède, tenante du titre, les "Big Five" - Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni - plus gros contributeurs à l'organisation, et les 10 premiers qualifiés lors de la demi-finale de mardi.

 

 


Les forces nucléaires russes sont toujours prêtes au combat, prévient Poutine

Le président russe Vladimir Poutine passe devant une garde d'honneur alors qu'il assiste à une réunion avec le président cubain Miguel Diaz-Canel en marge des célébrations du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine passe devant une garde d'honneur alors qu'il assiste à une réunion avec le président cubain Miguel Diaz-Canel en marge des célébrations du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Le président russe a supervisé le défilé militaire du 9 mai sur la place Rouge, pièce centrale du récit du Kremlin exaltant la puissance du pays
  • Plus de 9 000 militaires, selon les médias russes, des véhicules blindés, des lanceurs de missiles et des avions de combat y ont pris part

MOSCOU: Les forces nucléaires stratégiques russes sont "toujours" prêtes au combat, a souligné jeudi Vladimir Poutine lors de son discours pour célébrer la victoire soviétique contre Hitler, en pleines tensions liées au conflit en Ukraine.

Le président russe a supervisé le défilé militaire du 9 mai sur la place Rouge, pièce centrale du récit du Kremlin exaltant la puissance du pays. Plus de 9.000 militaires, selon les médias russes, des véhicules blindés, des lanceurs de missiles et des avions de combat y ont pris part.

"La Russie fera tout pour éviter un affrontement mondial. Mais, dans le même temps, nous ne permettrons pas que l'on nous menace. Nos forces (nucléaires) stratégiques sont toujours en alerte", a déclaré le président russe.

Il a récemment ordonné des exercices nucléaires tactiques impliquant des troupes stationnées près de l'Ukraine, face à des "menaces" occidentales.

Jeudi, Vladimir Poutine a affirmé que Moscou, qui se considère comme un contrepoids à l'influence anglo-saxonne, rejetait "la prétention à l'exclusivité" de tout gouvernement ou alliance.

Puis il a réaffirmé que la Russie vivait une "période difficile". "Le destin de la patrie et son avenir dépendent de chacun de nous", a-t-il lancé, en saluant les "héros" qui combattent pour Moscou sur le front.

Vladimir Poutine, 71 ans, présente l'assaut contre Kiev comme un conflit existentiel et promet à chaque occasion la "victoire" à ses concitoyens dans un combat contre un gouvernement ukrainien accusé d'être "néo-nazi".

Le chef du Kremlin mobilise de longue date la mémoire de la Seconde Guerre mondiale - qui a fait 27 millions de morts côté soviétique - pour se présenter en héritier de la puissance de l'URSS et légitimer son propre pouvoir.

Frappe ukrainienne à 1 200 km

Le défilé est au cœur de l'éducation patriotique du Kremlin, dénoncée comme militariste par l'opposition.

Elena Melikhova, 44 ans, venue voir la parade à Moscou avec son fils, a affirmé à l'AFP que ces commémorations sont "très importantes pour les générations futures": "C'est très touchant et très excitant. Et aussi très effrayant."

Le défilé sur la place Rouge de Moscou, n'a toutefois pas échappé aux retombées sécuritaires et diplomatiques de l'assaut contre Kiev.

Vladimir Poutine, isolé sur la scène internationale, n'a été entouré jeudi que de quelques chefs d'Etat alliés.

Parmi eux, les dirigeants du Bélarus, du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan, du Kirghizstan ou du Turkménistan, selon le Kremlin, ainsi que les présidents du Laos, de Cuba et de la Guinée-Bissau.

Certains défilés ont aussi été annulés pour des raisons de "sécurité", notamment dans des régions frontalières de l'Ukraine, régulièrement touchées par des frappes.

Au moins onze personnes ont ainsi été blessées dans la nuit de mercredi à jeudi dans une attaque ukrainienne sur la ville russe de Belgorod et ses environs, a annoncé le gouverneur régional.

L'Ukraine a par ailleurs revendiqué jeudi une frappe contre une raffinerie russe dans la région du Bachkortostan, à une distance record de 1.200 kilomètres de sa frontière, une attaque qui, selon les autorités locales, n'a pas fait de victimes.

Avancées sur le front

Contrairement à la même période l'année dernière, l'armée russe est en bien meilleure position sur le front: elle a bien subi d'importantes pertes et ne parvient pas à réussir de véritable percée sur le front en Ukraine, mais elle a enchaîné récemment les gains territoriaux face à des troupes ukrainiennes en difficulté.

La contre-offensive de Kiev a échoué et l'Ukraine craint désormais que son adversaire, qui dispose de plus d'hommes, d'équipements et d'une industrie militaire plus puissante, ne lance une opération d'ampleur à l'arrivée de l'été.

Lors d'une rencontre avec des combattants en Ukraine, diffusée jeudi, M. Poutine a demandé que les armements russes aient "toujours une longueur d'avance", reconnaissant également que Moscou parvenait à obtenir des technologies à usage militaire sur le marché international, malgré les sanctions occidentales.

Parallèlement, sur le plan intérieur, le pouvoir de Vladimir Poutine est plus incontesté que jamais. La répression a écrasé toutes les voix dissidentes. Son grand opposant, Alexeï Navalny, est mort mi-février en prison dans des circonstances floues.

Le président russe vient d'être réinvesti à la tête du pays jusqu'en 2030, avec la possibilité d'effectuer ensuite un autre mandat jusqu'en 2036.