Darmanin: Des déclarations choc au risque de la division

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin réagit lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin réagit lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française le 17 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 20 octobre 2023

Darmanin: Des déclarations choc au risque de la division

  • «Il est en campagne pour 2027 et il essaie de tenir le discours le plus efficace pour se signaler aux électeurs de droite»
  • Pour exister parmi le carré des présidentiables, «il est obligé de faire dans la surenchère et cela le conduit à faire des exagérations. Il est dans la division, le clivage, l'attaque»

PARIS: Gérald Darmanin enchaîne les déclarations choc à un rythme effréné depuis l'attaque menée le 7 octobre par le Hamas en Israël suivie de la riposte armée de ce pays et l'assassinat d'un professeur de français à Arras, au risque de la division.

Pas un jour sans que le ministre de l'Intérieur ne prenne la parole, dans un média ou sur X (ex-Twitter). C'est sa marque de fabrique depuis sa nomination il y a trois ans place Beauvau, mais depuis quinze jours, le rythme s'est accéléré, et avec lui les polémiques.

A cet égard, ses déclarations accusant l'international de football français Karim Benzema d'être "en lien notoire avec les Frères musulmans" (organisation islamiste née en Egypte) sont symptomatiques.

Gérald Darmanin "a une propension à juridiciser ses propos qui est un peu dangereuse", estime auprès de l'AFP Anne-Charlène Bezzina, maître de conférence à l'université de Rouen. "Ca donne l’impression qu’il se fonde sur des éléments juridiques alors qu’en réalité, il s’exprime en terme d’opinion", poursuit-elle.

De fait, l'entourage du ministre a reconnu que les prises de position du joueur "ne relevaient pas de poursuites judiciaires".

Avec cette déclaration, confie à l'AFP un cadre de Renaissance, "il déplace la focale sur lui et de fait sur l’ensemble de la majorité qui malheureusement peut être associée à ces propos". "Il le fait alors que ça fait deux semaines que le président nous répète à nous, et aux Français : pas de suspicion, pas d’importation du conflit. Si on voulait faire l’inverse, on ne s’y prendrait pas autrement", ajoute-t-il. Pour ce cadre, M. Darmanin "a été trop loin, il a surréagi (...), il calibre mal".

Benzema: Darmanin retirera ses propos si le footballeur tweete sur l'assassinat de Dominique Bernard

Le ministre de l'Intérieur n'a pas donné d'élément précis pour étayer ses accusations concernant l'international de football français. Mais il a insisté sur le danger que représente à ses yeux "l'islam radical" et les "Frères musulmans".

"Ne pas voir cela, c'est montrer aux Français que vous êtes naïfs. Arrêtons d'être naïfs! ", a-t-il dit aux journalistes de BFMTV.

"Si M. Benzema veut montrer sa bonne foi, qu'il est capable dans quelques minutes de montrer devant 20 millions de personnes qui le suivent (sur X, anciennement Twitter, NDLR), qu'il pleure également la mort de ce professeur, je retirerai mes propos", a déclaré le ministre, pour qui l'international "tweete de manière sélective".

«Il calibre mal»

Mercredi soir, c'est le maire LR de Cannes, David Lisnard qui a démenti le ministre qui venait de poster un message sur X concernant l'interpellation dans sa ville "d'un homme très dangereux porteur d'un couteau qui avait voulu s'en prendre à un individu". Message appuyé par une source policière évoquant une prière dans la rue à proximité d'une synagogue. Ce qui n'était pas le cas.

Si Mme Bezzina estime que le ministre est "dans son rôle" sur la sécurité, elle considère qu'il "y a une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir, celle de l'inexactitude et de l'excès".

"On agit très vite, on prend des prises de position mais on braque le débat. C'est un jeu dangereux", résume-t-elle.

Dans un contexte où "le sentiment de la menace explose dans l'opinion, Frédéric Dabi (Ifop) estime que M. Darmanin veut "répondre aux préoccupations".

A agir sans nuance, il s'expose donc à être démenti. C'est ainsi que sa décision d'interdire "les manifestations pro-palestiniennes parce que susceptibles de générer des troubles à l'ordre public" a été immédiatement contestée devant le Conseil d'Etat. Et la plus haute juridiction administrative a rappelé que ces manifestations ne pouvaient pas être interdites systématiquement.

La communauté musulmane s'inquiète et prend langue ici et là avec les préfets pour dire que manifester en faveur des Palestiniens n'est pas soutenir le Hamas. Et, rapporte un haut fonctionnaire, elle dit craindre "un racisme politique qu'elle ne comprend pas". "Certains représentants se demandent même si l'Etat n'est pas antimusulman".

Le risque de division avec une importation de la guerre entre le Hamas et Israël est sur toutes les lèvres. "On est un pays, si on gère mal cette situation, ça peut être un élément de division", a reconnu jeudi auprès de l'AFP Emmanuel Macron. "On a la plus grande communauté juive (...) en Europe, on a énormément de jeunes qui sont d'origine du Moyen-Orient, du Maghreb ou d'Afrique. On a beaucoup de jeunes aussi qui sont de confession musulmane", a relevé le chef de l'Etat.

Pour Philippe Moreau Chevrolet, spécialiste de communication politique, Gérald Darmanin poursuit une stratégie électoraliste. "Il est en campagne pour 2027 et il essaie de tenir le discours le plus efficace pour se signaler aux électeurs de droite".

Pour exister parmi le carré des présidentiables, "il est obligé de faire dans la surenchère et cela le conduit à faire des exagérations. Il est dans la division, le clivage, l'attaque", souligne le spécialiste. "C'est "mauvais en terme d'image, dit-il, parce que cela lui fait dire n'importe quoi".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.