A Mayotte, Borne promet plus de moyens pour contrer l'insécurité

 La Première ministre française Elisabeth Borne (au centre), flanquée de Mikidache Houmadi (à droite), maire de Dzaoudzi Labattoir, est accueillie par des femmes vêtues de costumes traditionnels à Labattoir à Dzaoudzi, sur l'île française de Mayotte (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne (au centre), flanquée de Mikidache Houmadi (à droite), maire de Dzaoudzi Labattoir, est accueillie par des femmes vêtues de costumes traditionnels à Labattoir à Dzaoudzi, sur l'île française de Mayotte (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 09 décembre 2023

A Mayotte, Borne promet plus de moyens pour contrer l'insécurité

  • «Ce n'est pas digne de notre pays», a jugé Mme Borne, déterminée à «renforcer la lutte» contre l'immigration illégale
  • L'hôpital de Mayotte va bénéficier de 240 millions d'euros pour sa modernisation

MAMOUDZOU: Entre sifflets et colliers de fleurs, Elisabeth Borne a été rattrapée vendredi à Mayotte par l’insécurité, dont ont témoigné devant elle beaucoup d'habitants, soignants, élèves ou gendarmes de ce département miné aussi par une grave sécheresse et la pression migratoire des Comores voisines.

La Première ministre s'est engagée à "refaire des opérations coup de poing" pour "ramener la sécurité". Interrogée sur la chaîne Mayotte la 1e, elle a aussi confirmé un futur 2e plan "Shikandra" de lutte contre l'immigration illégale, avec davantage de moyens, comme des radars de surveillance maritime modernisés en 2027.

Accueillie par des chants traditionnels et des colliers de fleurs, la cheffe du gouvernement, accompagnée par deux ministres, Aurélien Rousseau (Santé) et Philippe Vigier (Outre-mer), s'est d'abord penchée sur la pénurie d'eau, à laquelle les habitants n'ont accès qu'un jour sur trois.

C'est cette crise qui a motivé au départ la visite d'une douzaine d'heures, la première d'un chef de gouvernement depuis Manuel Valls en 2015. Mais l'archipel de l'océan Indien de 310.000 habitants, où Marine Le Pen (RN) a réuni près de 60% des suffrages à la dernière présidentielle, est secoué par des affrontements entre villages qui ont conduit à l'envoi de renforts de gendarmerie.

Une «prison»

Après la visite d'une usine de dessalement, qui doit être agrandie, la Première ministre a assisté à une distribution d'eau en bouteilles. Une mesure qui, comme la prise en charge des factures, va se poursuivre "aussi longtemps que nécessaire".

"Vous êtes bienvenue à Mayotte mais il y a un +mais+. Avant on vivait librement maintenant on est en prison" avec l'insécurité, l'a interpellée une élue locale. "Liberté égale à quoi chez nous? La prison. Egalité égale (...) la tuerie" et "la fraternité, la soif", a-t-elle déploré.

"On voit bien que la crise de l’eau se rajoute à toutes les crises qui existent", lui a répondu Mme Borne. L'archipel est confronté à sa pire sécheresse depuis 1997, aggravée par un manque d'infrastructures et d'investissements.

"La violence que vous vivez, ce n'est pas normal", a reconnu la Première ministre.

A Mamoudzou, elle a été accueillie par une petite centaine de manifestants munis de sifflets qui criaient "on en a marre". "Mayotte, paradis transformée en enfer", pouvait-on lire sur une banderole, face à Mme Borne descendue de la barge en robe traditionnelle.

La cheffe du gouvernement s'est ensuite frayée un chemin dans les dédales boueux d'un bidonville à Koungou (nord-est), quadrillé pour l'occasion par l'armée, qui doit prochainement être démantelé. Une opération d’intérêt national sur trois communes doit aider au relogement de ses habitants.

Pas digne de«notre pays»

"Ce n'est pas digne de notre pays", a jugé Mme Borne, déterminée à "renforcer la lutte" contre l'immigration illégale, et "au-delà" à proposer des logements "dignes" aux personnes en situation régulière.

La moitié de la population ne possède pas la nationalité française à Mayotte, selon l'Insee, même si un tiers des étrangers sont nés sur l'île. Environ 30% des logements sont de l’habitat insalubre.

Les résultats se font attendre. Les opérations contre les bidonvilles ont permis de détruire environ 700 habitats informels (ou cases) cette année, contre 1.600 en 2021. Le nombre d'expulsions d'immigrés illégaux a baissé: environ 22.000 depuis le début de l'année, contre 25.000 en 2022.

Au conseil départemental, son président Ben Issa Ousseni avait réclamé "l'état d’urgence". "Vous n'êtes pas seuls, vous pouvez compter sur la République", lui a assuré la Première ministre.

L'hôpital de Mayotte va bénéficier de 240 millions d'euros pour sa modernisation. Mais 70% des postes de praticiens hospitaliers ne sont pas pourvus, et l'insécurité est "l'élément bloquant" pour venir y travailler, témoigne la cheffe du service des urgences Alimata Gravaillac.

"Ce qu'on voit au bloc, c'est horrible. Faut voir les coups de machette" témoigne un soignant.

A Dembeni (centre est), commune touchée par les violences, Mme Borne a entendu plusieurs témoignages de forces de l’ordre et d’élèves.

"On ne comprend pas ce qui se passe dans leur tête", dit Mme Borne au sujet des auteurs de violences, faisant valoir une loi prochaine sur la justice des mineurs. "Ce sont des luttes de territoires", explique Lucien Barth, commandant de la gendarmerie sur l'île.

Le gouvernement financera des vitres sécurisées pour les bus mais pour la CPE du lycée de la ville, Chloé Bacoup, "ce n'est clairement pas suffisant".


Bayrou prendra « tous les risques » et présentera un « budget courageux »

Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue de plusieurs mois de négociations sur la réforme des retraites avec les syndicats et les organisations patronales, à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 26 juin 2025. (Photo : Thomas SAMSON / AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue de plusieurs mois de négociations sur la réforme des retraites avec les syndicats et les organisations patronales, à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 26 juin 2025. (Photo : Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou présentera un budget 2026 "courageux" pour ramener le déficit public sous les 3 % du PIB, prenant "tous les risques" malgré la menace d’une motion de censure selon Patrick Mignola.
  • Après le 14 juillet, le Premier ministre doit présenter un vaste plan de redressement des finances publiques, incluant 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026.

PARIS : Le Premier ministre François Bayrou présentera un budget 2026 "courageux" pour ramener le déficit public sous les 3 % du PIB, prenant "tous les risques" malgré la menace d’une motion de censure, a affirmé dimanche le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, dans un entretien à La Tribune Dimanche.

M. Bayrou devrait échapper mardi à la motion de censure déposée par les socialistes, à la suite de l’échec du conclave sur les retraites. Le Rassemblement national, dont les voix sont décisives, a annoncé qu’il ne s’y associerait pas.

Après le 14 juillet, le Premier ministre doit présenter un vaste plan de redressement des finances publiques, incluant 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026.

"Nous saurons prendre tous les risques. Nous dirons toute la vérité et proposerons toutes les solutions nécessaires pour qu’en 2029, la France ramène son déficit sous la barre des 3 %, conformément à ses engagements et pour éviter l’intervention du FMI", a déclaré Patrick Mignola, proche de François Bayrou. "Nous présenterons un budget courageux", a-t-il insisté.

Le ministre juge que le dialogue reste possible avec le Parti socialiste, dont la motion de censure marque selon lui la fin d’une séquence politique, tout en répondant à des logiques internes au parti.

Avec son congrès de Nancy à la mi-juin, "le PS a traversé un débat interne assez rude", observe-t-il. "Pour panser les plaies, il a ressenti le besoin d’une motion de censure capable de rassembler à la fois les courants d’Olivier Faure et de Nicolas Mayer-Rossignol."

Patrick Mignola réfute également les critiques sur l’inaction supposée du Premier ministre.

"Ce procès en mollesse et en immobilisme est souvent intenté aux centristes, car ils privilégient le compromis au conflit", explique-t-il. Il souligne que "50 textes ont été définitivement adoptés par le Parlement" depuis l’arrivée de François Bayrou à Matignon il y a six mois.


La canicule s'étend dans le sud de l'Europe

Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025.  (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
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  • L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.
  • Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

MARSEILLE, FRANCE : L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.

Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

En France, dimanche et lundi, le mercure devrait atteindre au moins 35 °C sur les deux tiers du pays, ce qui promet des nuits « très désagréables » durant lesquelles le thermomètre ne devrait pas descendre en dessous de 20 degrés, selon Tristan Amm, prévisionniste chez Météo-France.

Le phénomène touche le sud du pays pour la deuxième journée consécutive samedi, avant de s'étendre vers le nord, entraînant notamment des risques d'incendies multipliés. Il devrait durer au moins jusqu'à mardi.

Météo-France s'attend à ce que les températures atteignent 34 à 38 °C samedi après-midi sur les départements concernés par la vigilance orange, et qu'elles approchent « ponctuellement les 40 °C près de la Méditerranée ».

En France, ce pic est dû à un « dôme de chaleur », un anticyclone puissant qui forme une couvercle bloquant l'air en basses couches et le réchauffant progressivement, empêchant ainsi l'entrée de perturbations.

À Marseille (sud), la mairie a annoncé que les piscines municipales seraient gratuites et a publié une cartographie des lieux publics disposant de la climatisation.

La ville de Nice (sud) assure pour sa part que près de 250 ventilateurs portables « ont été livrés ces deux dernières semaines » aux écoles et qu'une distribution de ventilateurs aux personnes âgées isolées a été mise en place.

En Italie, 17 villes sont placées en alerte rouge (niveau 3) samedi, aussi bien dans le nord, comme à Milan, Bologne et Turin, que dans le sud, notamment à Naples et Palerme, avec des pics de température attendus à 39 °C. 

La vague de chaleur frappera encore plus fort dimanche, 21 villes étant placées en alerte rouge.

Certaines régions, comme la Ligurie et la Sicile, ont émis des arrêtés interdisant le travail en extérieur pendant les heures les plus chaudes de la journée et les syndicats se mobilisent pour étendre cette mesure à d’autres régions.

Selon l'agence Ansa, la chaleur a provoqué une augmentation du nombre d'appels aux secours au cours de la dernière semaine.

À Rome, le thermomètre affichait déjà 30 °C à 10 h 00 (8 h 00 GMT) et les températures devraient atteindre 37 °C, selon les prévisions.

Samedi, les nombreux touristes visitant la Cité éternelle tentaient tant bien que mal de se protéger de la chaleur, avec chapeaux, masques et crème solaire ou en se désaltérant dans l'une des fontaines publiques.

« J'essaie de ne pas y penser, mais je bois beaucoup d'eau et je ne reste jamais immobile, car c'est à ce moment-là qu'on attrape une insolation », a confié vendredi à l'AFPTV Siane Minà, étudiante italienne, à l’AFPTV. 

En Espagne, plusieurs régions sont en alerte orange samedi en raison de la première vague de chaleur de l'été, qui pourrait atteindre 42 °C dans certaines zones, selon l'Agence météorologique de l'État espagnol (Aemet).

Le pic de l'épisode est attendu pour dimanche et, avec une marge d'erreur plus importante, pour lundi, lorsque les thermomètres pourraient dépasser les 40 °C dans le sud-ouest du pays et dans certaines zones du nord-est.

« On s'attend à ce que les températures dépassent 42 °C dans la zone du Guadalquivir, du Guadiana et du Tage, sans exclure l'Èbre », a indiqué l'Aemet.

La forte sensation de chaleur contribue également au fait que les eaux maritimes de la péninsule et des îles Baléares dépassent les 26 °C : un chiffre record pour ces dates, typique de la mi-août, a souligné l'Aemet sur X.

Les trois dernières années ont déjà été les plus chaudes de l'histoire de l'Espagne.

Au Portugal, les deux tiers du pays seront en alerte orange dimanche, avec des températures de 42 °C prévues à Lisbonne et un risque maximal d'incendie.


Le Pen exhorte ses troupes à se préparer à tout, y compris à une dissolution

French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
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  • « Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale »
  • La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central »

PARIS : « Ne procrastinez pas ! » : Marine Le Pen a appelé samedi les parlementaires RN à se préparer aux prochaines batailles électorales, y compris à la possibilité d'une dissolution de l'Assemblée nationale en réponse à « l'affaissement parlementaire » du gouvernement.

« Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale », réunissant des parlementaires nationaux et européens de l'alliance RN-UDR, presque un an jour pour jour après le premier tour des dernières élections législatives.

La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central » réunissant les groupes de l'ancienne majorité (Renaissance-MoDem-UDR) et LR, qui « ne semble plus obéir à aucune direction » selon elle.

Eric Ciotti, patron de l'UDR, a lui lancé un appel aux électeurs et aux militants de son ancien parti LR : « Rejoignez-nous, l'espoir est là, le courage est là ». 

Brandissant « l'affaissement parlementaire » du binôme exécutif Emmanuel Macron-François Bayrou, la présidente du Rassemblement national a estimé que « le bloc central (...) ne pouvait pas laisser ce phénomène de délitement se prolonger indéfiniment ».

« Alors Emmanuel Macron peut être tenté de dissoudre », a ajouté Mme Le Pen, qui ne pourrait pas concourir aux législatives en attendant son procès en appel dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN.

À l'approche de la date du 8 juillet, à laquelle Emmanuel Macron récupérera son pouvoir de dissolution, elle a évoqué une « possibilité, pas une probabilité », ajoutant que « l'histoire ne repassera pas les plats : s'il y a une dissolution, nous devons l'emporter ».

« Nous sommes tous d'accord pour dire que ce gouvernement ne restera pas en place très longtemps, car il est frappé du sceau de l'impuissance », a ajouté Jordan Bardella, président du RN, avant l'ouverture de cette convention, à la fois anniversaire de l'alliance RN-UDR et journée de conférences avec des invités.

Selon une source au sein du groupe, les parlementaires devraient échanger notamment avec André Merlin, ingénieur et industriel, ancien patron de RTE, François Ecalle, haut fonctionnaire à Bercy spécialiste des finances publiques, ou encore le haut fonctionnaire Christophe Eoche-Duval, sur le thème de la simplification.