Nahel tué par un policier: cinq choses à savoir sur les violences urbaines en France

Des policiers français en tenue anti-émeute montent la garde et tiennent des lanceurs de grenades lacrymogènes à côté de la façade d'un Apple Store endommagé place Kleber, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 30 juin 2023. (Photo by PATRICK HERTZOG / AFP)
Des policiers français en tenue anti-émeute montent la garde et tiennent des lanceurs de grenades lacrymogènes à côté de la façade d'un Apple Store endommagé place Kleber, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 30 juin 2023. (Photo by PATRICK HERTZOG / AFP)
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Publié le Vendredi 30 juin 2023

Nahel tué par un policier: cinq choses à savoir sur les violences urbaines en France

  • Depuis mardi plane dans tous les esprits le souvenir des trois semaines d'émeutes de 2005, quand les banlieues des grandes villes s'étaient enflammées après la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur en tentant d'échapper à la police
  • En 2005, le président de droite Jacques Chirac et son ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avaient décrété l'état d'urgence ; des appels à en faire autant ont été lancés jeudi à droite et à l'extrême droite

PARIS : Trois jours après la mort près de Paris de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier, les violences urbaines continuent d'agiter la France, notamment la région parisienne, ravivant le spectre d'un embrasement généralisé comme en 2005.

L'étincelle

Le drame à l'origine de la colère des quartiers populaires s'est produit mardi vers 08h00, à Nanterre, lors d'un contrôle de police de la voiture conduite par Nahel, 17 ans.

La scène a été saisie par une vidéo amateur, largement partagée sur les réseaux sociaux et authentifiée par l'AFP.

Elle montre que le motard de la police nationale tenait Nahel en joue après une course-poursuite puis, positionné sur le côté du véhicule, a tiré à bout portant quand l'adolescent a redémarré. Il est décédé peu de temps après.

Des tensions éclatent quelques heures après dans cette ville populaire en banlieue ouest de Paris, se concentrant d'abord dans le quartier Pablo-Picasso où vivait le jeune homme, avant de s'étendre à d'autres communes d'Ile-de-France (région parisienne).

La mort de Nahel a créé une immense émotion en France et relancé la controverse sur l'usage des armes par les forces de l'ordre en cas de refus d'obtempérer.

Des précédents marquants

Les scènes d'émeutes urbaines de ces trois dernières nuits, avec véhicules incendiés, magasins pillés et bâtiments publics dégradés, rappellent celles qui ont régulièrement éclaté depuis quarante ans, de Vaulx-en-Velin (centre-est du pays) à Villiers-le-Bel (région parisienne).

En juillet 1981, deux mois après l'arrivée au pouvoir du président socialiste François Mitterrand, les banlieues de l'est lyonnais s'enflamment. Aux Minguettes à Vénissieux, à Villeurbanne et à Vaulx-en-Velin, des jeunes issus de l'immigration, touchés de plein fouet par le chômage et le racisme, brûlent des voitures et affrontent les forces de l'ordre. Cet «été chaud» fait la une de la presse nationale.

La décennie suivante est également marquée par des flambées de violences, et notamment celle de Vaulx-en-Velin, déclenchées par la mort le 6 octobre 1990 du passager d'une moto heurtée par un véhicule de police.

Depuis mardi plane dans tous les esprits le souvenir des trois semaines d'émeutes de 2005, quand les banlieues des grandes villes s'étaient enflammées après la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés dans un transformateur en tentant d'échapper à la police à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis (région parisienne), le département le plus pauvre de france métropolitaine.

Vers un état d'urgence ?

En 2005, le président de droite Jacques Chirac et son ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avaient décrété l'état d'urgence, une première en métropole depuis la guerre d'Algérie.

Des appels à en faire autant ont été lancés jeudi à droite et à l'extrême droite, une option jusqu'à présent écartée par l'exécutif même si «toutes les hypothèses» sont «envisagées» pour rétablir «l'ordre» selon la Première ministre Elisabeth Borne.

Le président Emmanuel Macron a annoncé vendredi le déploiement de «moyens supplémentaires» face aux émeutes, en sus des 40.000 membres des forces de l'ordre mobilisés la veille.

La victime

Né en 2006, Nahel était élevé seul par sa mère. Il était connu pour des faits de refus d'obtempérer, les derniers ayant donné lieu à sa présentation au parquet dimanche dernier, en vue d'une convocation en septembre devant un tribunal pour enfants.

Une «marche blanche» en sa mémoire a réuni plusieurs de milliers de personnes jeudi, de son quartier jusqu'au lieu de sa mort.

«J'en veux pas à la police, j'en veux à une personne, celui qui a enlevé la vie de mon fils», a déclaré la mère de la victime, Mounia M., sur France 5.

Le policier

Le policier qui a reconnu être l'auteur du coup de feu mortel est un motard âgé de 38 ans.

Il a été inculpé jeudi pour homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique et - chose rare dans ce type d'affaire - placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. Ce dernier a considéré que «les conditions légales d'usage de l'arme» n'étaient «pas réunies».

L'avocat du policier, Me Laurent-Franck Liénard, va faire appel de ce placement en détention provisoire. Son client «est dévasté» et a demandé «pardon à la famille» de Nahel, a-t-il assuré.

«C'est un brigadier de police aguerri, qui avait la confiance de sa hiérarchie», a souligné le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez.


Au Maroc, Retailleau annonce un partenariat renforcé sur les questions migratoires

Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit (G) reçoit son homologue français Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur à Rabat le 14 avril 2025. (Photo Issam ZERROK / AFP)
Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit (G) reçoit son homologue français Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur à Rabat le 14 avril 2025. (Photo Issam ZERROK / AFP)
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  • À l'issue d'un entretien avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, M. Retailleau a salué un accord sur « un certain nombre de points » visant à « améliorer la coopération en matière de réadmissions » entre les deux pays.
  • M. Laftit a réaffirmé, dans un communiqué, « l'engagement total de la partie marocaine à œuvrer pour l'élaboration d'un référentiel commun ».

RABAT : Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé lundi à Rabat la création d'un groupe de travail franco-marocain chargé de vérifier la nationalité des migrants en situation irrégulière en France, en vue de faciliter leur réadmission dans leur pays d'origine.

À l'issue d'un entretien avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, M. Retailleau a salué un accord sur « un certain nombre de points » visant à « améliorer la coopération en matière de réadmissions » entre les deux pays.

Ce groupe mixte permettra d'instruire la nationalité marocaine ou non d'un certain nombre de clandestins et d'étrangers en situation irrégulière », a précisé le ministre français.

« Je pense qu'avoir des équipes mixtes françaises et marocaines pour mener ce travail d'identification changera énormément les choses et permettra d'accroître l'efficacité en matière de réadmissions », a-t-il ajouté. 

M. Laftit a réaffirmé, dans un communiqué, « l'engagement total de la partie marocaine à œuvrer pour l'élaboration d'un référentiel commun ».

Les relations entre Paris et Rabat se sont nettement réchauffées depuis l'été 2024, où la France a reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental, mettant fin à plusieurs années de tensions, notamment liées à la question migratoire.

En 2021-2022, la France avait divisé par deux le nombre de visas accordés aux Marocains pour pousser le royaume à reprendre plus de ses ressortissants expulsés par les autorités françaises, entraînant de fortes crispations diplomatiques. 

Ce déplacement fait suite à la rencontre entre les deux ministres lors de la visite d'Emmanuel Macron au Maroc en octobre dernier, durant laquelle le président français avait annoncé un « partenariat renforcé » entre la France et le Maroc pour lutter contre l'immigration clandestine et les différents trafics.

Au cœur des discussions figuraient les réadmissions de ressortissants marocains en situation irrégulière, que la France souhaite expulser, mais dont le renvoi est souvent bloqué en raison de l'absence de laissez-passer consulaires délivrés par Rabat.

Alors que les relations avec le Maroc sont au beau fixe, celles avec l'Algérie voisine ne cessent de se détériorer.

La visite de M. Retailleau intervient en plein regain de tension, Alger ayant demandé à douze fonctionnaires français de quitter son territoire, selon le ministre français des Affaires étrangères.


L'Algérie exige que douze fonctionnaires français quittent le territoire dans un délai de 48 heures

Des visiteurs marchent près du Mémorial des martyrs à Alger, capitale de l'Algérie, le 18 décembre 2022. Le monument en béton, construit en 1982, est situé sur les hauteurs d'Alger et mesure 92 mètres. (Photo par AFP)
Des visiteurs marchent près du Mémorial des martyrs à Alger, capitale de l'Algérie, le 18 décembre 2022. Le monument en béton, construit en 1982, est situé sur les hauteurs d'Alger et mesure 92 mètres. (Photo par AFP)
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  • Les autorités algériennes précisent que cette décision était une réponse à l'arrestation de trois ressortissants algériens en France.
  • « Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a déclaré Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes.

PARIS : Les autorités algériennes ont demandé à douze fonctionnaires français en poste dans le pays de quitter le territoire, a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères, précisant que cette décision était une réponse à l'arrestation de trois ressortissants algériens en France.

« Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a déclaré Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes.

« Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n'aurions d'autre choix que d'y répondre immédiatement », a-t-il averti.

Parmi les onze agents qu'Alger souhaite expulser, certains sont fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, a indiqué à l'AFP une source diplomatique. 

Vendredi, trois hommes, dont un employé dans un consulat d'Algérie, ont été mis en examen à Paris pour arrestation, enlèvement et séquestration en lien avec une entreprise terroriste.

Samedi, les Affaires étrangères algériennes avaient dénoncé cette nouvelle affaire.

Ces propos contrastent avec l'annonce par le ministre français des Affaires étrangères d'une nouvelle phase pour les relations entre Paris et Alger.


Teddy Riner et Sophie Marceau inaugurent le pavillon français de l'Exposition universelle d'Osaka

Un présentoir de l'« Expo 2025 » est photographié lors d'une journée de présentation aux médias de l'Expo 2025 d'Osaka dans la ville d'Osaka le 9 avril 2025, quatre jours avant l'ouverture de l'événement au public pour six mois. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
Un présentoir de l'« Expo 2025 » est photographié lors d'une journée de présentation aux médias de l'Expo 2025 d'Osaka dans la ville d'Osaka le 9 avril 2025, quatre jours avant l'ouverture de l'événement au public pour six mois. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
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  • Trois ans après Dubaï, l'Exposition universelle de 2025, qui se tiendra jusqu'au 13 octobre, a ouvert ses portes dimanche sur l'île artificielle de Yumeshima, à Osaka à l'ouest du Japon.
  • Quelque 160 pays et régions y sont représentés.

OSAZA, JAPON : L'actrice Sophie Marceau et le judoka Teddy Riner ont inauguré dimanche à Osaka le pavillon français de l'Exposition universelle, offrant à Paris l'occasion de vanter son « partenariat d'exception » avec le Japon dans un contexte international « troublé ».

Trois ans après Dubaï, l'Exposition universelle de 2025, qui se tiendra jusqu'au 13 octobre, a ouvert ses portes dimanche sur l'île artificielle de Yumeshima, à Osaka à l'ouest du Japon, où sont représentés quelque 160 pays et régions.

Si de nombreux pays ont misé sur les innovations technologiques, le pavillon français, lui, abrite des statues de Rodin, une tapisserie d'Aubusson dans le style du studio d'animation Ghibli, une gargouille de Notre-Dame, ainsi que des expositions dédiées aux géants du luxe et aux vins d'Alsace, sans oublier un bistrot. 

Imaginé par un consortium franco-italien, le bâtiment est enveloppé d'immenses drapés blancs et s'inspire de la légende japonaise du « akaï ito », un fil rouge évoquant l'union de deux êtres liés par un cordon indestructible.

« L'akaï ito est un symbole fort qui porte l'espoir et la persévérance. J'ai une affection particulière pour cette culture. Depuis l'âge de 14 ans, je vis une sorte de longue histoire d'amour avec le Japon », a déclaré Sophie Marceau, actrice appréciée dans l'archipel.

À ses côtés, Teddy Riner, auréolé de ses titres olympiques, a assuré vivre avec le Japon « une sorte d'évidence », liée à son sport originaire du pays. 

Dans un contexte marqué par les conflits, de l'Ukraine à Gaza, et les tensions commerciales, l'hymne à l'amour célébré par le pavillon France détonne.

Le partenariat « d'exception » franco-japonais « prend ici tout son sens, au moment où les relations internationales n'ont pas été aussi troublées depuis extrêmement longtemps », fait valoir Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, présent à Osaka.

L'Exposition universelle peut être le lieu où défendre « des valeurs d'universalisme, de multilatéralisme, de paix et de vivre-ensemble », ajoute-t-il.

Signe d'une attractivité forte, le pavillon France était dimanche l'un des plus prisés des premiers visiteurs de l'Expo-2025, malgré la météo pluvieuse. 

« Nous adorons la France et sa culture. Nous sommes venus spécialement de Nagoya, à 170 km de distance, avec ma maman », a déclaré Kumiko Asakawa, âgée de 40 ans, à l'AFP.

Jyunma Nishimoto, étudiant de 19 ans, vante plutôt les espaces consacrés au luxe : « Ce qui m'intéresse, ce sont les grandes marques comme Louis Vuitton ou Céline, qui représentent le savoir-faire français, avec cette lumière qui attire le regard. »

Le pavillon France, qui a coûté 58 millions d'euros (dont 42,5 millions ont été financés par l'État), est à vocation provisoire, comme tous les pavillons, et sera démonté à l'issue de l'Exposition.

L'exposition permanente, d'une superficie de 1560 mètres carrés comprend un jardin avec un olivier millénaire transplanté depuis le sud de la France.

Deux autres parrains, le rugbyman Antoine Dupont et l'actrice Léa Seydoux, s'y rendront ultérieurement.