Conférence sur la solution à deux Etats en juin prochain: quelques avancées et des questions

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse avec le président indonésien Prabowo Subianto au palais Merdeka à Jakarta, le 28 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse avec le président indonésien Prabowo Subianto au palais Merdeka à Jakarta, le 28 mai 2025. (AFP)
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Publié le Mercredi 28 mai 2025

Conférence sur la solution à deux Etats en juin prochain: quelques avancées et des questions

  • Dans le prolongement des échanges tenus récemment à New York et dans un contexte marqué par une extrême violence de la part d’Israël, notamment à Gaza, la France et l’Arabie saoudite, poursuivent conjointement la préparation de la conférence
  • La destruction progressive de Gaza, la paralysie politique et les dynamiques extrémistes, tant en Israël qu’ailleurs dans la région, rendent toute alternative non viable.

PARIS: Dans le prolongement des échanges tenus récemment à New York et dans un contexte marqué par une extrême violence de la part d’Israël, notamment à Gaza, la France et l’Arabie saoudite, poursuivent conjointement la préparation de la conférence internationale prévue du 17 au 20 juin.

Cette conférence vise à relancer un processus politique en faveur de la solution à deux États, considérée par Paris et Riyad comme seule issue viable et crédible à même de garantir une paix juste, durable et sécurisée entre Israéliens et Palestiniens.

Cependant, elle s’inscrit dans le cadre d’une détérioration continue de la situation sur le terrain.

À Gaza, l’opération humanitaire, entamée il y a trois mois, reste incomplète malgré une levée partielle des restrictions israéliennes, l’aide humanitaire demeure dramatiquement insuffisante, et l’enclave connaît désormais une famine à grande échelle.

Les opérations militaires israéliennes ont repris, causant la mort de plus de 700 personnes en quelques semaines, majoritairement des civils, femmes et enfants.

Cette reprise des violences s'accompagne de déclarations inquiétantes de responsables israéliens évoquant une réoccupation durable de Gaza et une possible expulsion de la population.

Co-présidée par l’Arabie saoudite et la France, cette conférence de haut niveau vise, à poser les bases d’un processus durable, et mobilise selon la source diplomatique « un ensemble d’outils diplomatiques », que la France regroupe autour de quatre leviers d’action prioritaires.

En Cisjordanie, la situation est également très tendue, notamment du fait d’une réforme controversée du cadastre et de l’intensification des violences perpétrées par des colons extrémistes bénéficiant d’une quasi-impunité. 

S’ajoutent à cela des discours ouvertement annexionnistes de la part de membres du gouvernement israélien.

Face à cette escalade, la position française reste constante et déterminée, mais la solution à deux États n’a jamais été aussi urgente ni aussi menacée. 

La destruction progressive de Gaza, la paralysie politique et les dynamiques extrémistes, tant en Israël qu’ailleurs dans la région, rendent toute alternative non viable. 

Depuis le 7 octobre, les faits démontrent que le statu quo n’est plus tenable, et « le conflit ne peut ni être gelé, ni géré, ni contenu » affirme une source diplomatique française.

Seule une solution politique fondée sur deux États, malgré les nombreux obstacles et les échecs du passé, peut offrir une perspective de paix.

La France et l’Arabie Saoudite restent convaincues, et s’engagent à œuvrer, aux côtés de leurs partenaires, pour réactiver cette vision.

Co-présidée par l’Arabie saoudite et la France, cette conférence de haut niveau vise, à poser les bases d’un processus durable, et mobilise selon la source diplomatique « un ensemble d’outils diplomatiques », que la France regroupe autour de quatre leviers d’action prioritaires.

Le premier levier étant la reconnaissance de la Palestine, la source souligne qu’il s’agit « d’ancrer symboliquement et politiquement la légitimité d’un État palestinien dans le cadre d’une solution à deux États ». 

Réfutant les allégations selon lesquelles cette reconnaissance constitue une récompense au Hamas, la source souligne qu’il s’agit mai « de soutenir les acteurs palestiniens modérés, engagés depuis des décennies dans une voie non violente, favorable à la paix, à la coopération avec Israël et à la lutte contre le terrorisme ».

Le second levier est celui de la normalisation progressive avec Israël, mais au regard du contexte actuel qui rend peu probable une normalisation pleine d’ici juin, « la conférence cherchera à ouvrir des perspectives concrètes pour une intégration régionale progressive d’Israël, à condition que des avancées politiques soient réalisées en direction d’un État palestinien » souligne la source.

Du point de vue français, la conférence ne constitue pas une fin en soi mais un point de départ stratégique, qui bénéficie d’un large soutien international. 

Le troisième levier consiste à renforcer la crédibilité institutionnelle et politique de l’Autorité palestinienne, cet impératif suppose selon la diplomatie française une réaffirmation des principes de paix, de non-violence et de rejet des discours de haine, une condamnation claire des attaques du 7 octobre, et des réformes de gouvernance plus structurelles.

En quatrième lieu, il est désormais clair, pour la France et ses partenaires, que « le Hamas ne peut être partie prenante ni militairement ni politiquement à l’avenir de la gouvernance palestinienne », son influence affirme la source devra être marginalisée dans toute perspective politique.

Du point de vue français, la conférence ne constitue pas une fin en soi mais un point de départ stratégique, qui bénéficie d’un large soutien international. 

Le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot a rencontré ses homologues saoudien, jordanien et égyptien à Paris pour poser les premières étapes. 

Il a également participé à la conférence de « Madrid Plus », qui rassemble des États européens ayant reconnu l’État palestinien, ainsi que le groupe de contact arabo-islamique.

La réunion préparatoire tenue récemment à New York était marquée par un fort engagement collectif en amont du rendez-vous de juin, et le climat général des échanges est décrit comme constructif et volontaire, nourri d’une réelle volonté de faire de cette conférence une initiative utile et concrète sur le terrain, au-delà des simples déclarations d’intention.

Dans cette atmosphère velléitaire, deux grandes questions sont posées, la première concerne les États-Unis qui n’ont pas encore défini une position officielle concernant la conférence.

La France entend assumer pleinement sa responsabilité en contribuant à redonner un cadre politique au règlement du conflit israélo-palestinien. 

Le rendez-vous de juin constitue une étape clef dans cette stratégie, car il s’agit, plus que jamais, de réinstaller une dynamique internationale cohérente, ambitieuse et réaliste autour de la seule solution viable, celle de deux États, qui vivent côte à côte, en paix et en sécurité.

Cette initiative, lancée par la France et l'Arabie saoudite, et ensuite adoubée par l’ONU, mobilise désormais l'ensemble de la communauté internationale qui s'est retrouvée pour proposer des options concrètes sur l'ensemble des pistes définies.

Dorénavant ces pistes vont s’articuler autour de 8 groupes de travail, chacun de ces groupes étant chargé de définir des axes politiques qui s’inscriront dans un document final visant à favoriser la solution des deux États.

Dans cette atmosphère velléitaire, deux grandes questions sont posées, la première concerne les États-Unis qui n’ont pas encore défini une position officielle concernant la conférence.

L’autre grande question concerne Israël et son gouvernement ouvertement hostile à la solution à deux États, ce qui laisse penser qu’un travail d’une très grande intensité reste à faire pour assurer la réussite de la conférence de juin prochain.

 


Les procureurs français considèrent le meurtre d'un Tunisien comme un acte terroriste présumé

Les procureurs français chargés de l'enquête sur le meurtre de Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien de 46 ans, considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi. (X/@kkerima)
Les procureurs français chargés de l'enquête sur le meurtre de Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien de 46 ans, considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi. (X/@kkerima)
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  • Hichem Miraoui a été abattu de cinq balles par son voisin blanc la semaine dernière, dans ce que la police considère comme un meurtre raciste
  • Cette affaire fait suite aux préoccupations croissantes concernant les crimes de haine à l'encontre des musulmans dans le pays

LONDRES : Les procureurs français qui enquêtent sur le meurtre d'un Tunisien considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi.

Hichem Miraoui, un coiffeur de 46 ans qui vivait en France depuis 14 ans, a été abattu de cinq balles samedi par son voisin blanc, un homme de 53 ans nommé Christophe B.

L'implication de procureurs antiterroristes plutôt que de procureurs criminels dans l'affaire du meurtre présumé d'extrême droite est une première en France.

Elle fait suite aux préoccupations croissantes concernant les crimes de haine contre les musulmans dans le pays après qu'un Malien, Aboubakar Cisse, 22 ans, a été poignardé à mort à la sortie d'une mosquée en avril.

La semaine dernière, dans la ville de Puget-sur-Argens, dans le sud du pays, un Turc de 25 ans a également été abattu, mais il a survécu. Le tueur a pris la fuite en voiture, mais son compagnon a alerté la police, qui l'a arrêté.

Christophe B, passionné de tir sportif et titulaire d'un permis de port d'arme, avait précédemment publié sur les réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles il déclarait avoir l'intention de tuer des étrangers.

Il exhortait ses compatriotes à faire de même et, dans une vidéo, il faisait l'éloge du défunt fondateur du Front national français, Jean-Marie Le Pen.

Le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, a qualifié l'assassinat de Miraoui d'"acte raciste". Toutefois, le ministre avait déjà été critiqué pour ce que les groupes antiracistes ont qualifié de réponse inadéquate à l'assassinat de M. Cissé.

Les autorités antiterroristes ont également été mises en cause pour n'avoir pas traité l'assassinat du ressortissant malien comme un acte terroriste, l'enquête sur cette affaire étant menée par des procureurs pénaux.

Mardi, M. Retailleau s'est rendu à l'ambassade de Tunisie à Paris pour exprimer sa solidarité avec la communauté.

La diaspora tunisienne en France compte plus d'un million de personnes. Plus de 6 millions de musulmans résident dans le pays, soit environ 10 % de la population.

"Le racisme en France et ailleurs est un poison, et nous voyons bien que c'est un poison qui tue. Tout acte raciste est un acte anti-français", a déclaré M. Retailleau.

Les données officielles du gouvernement montrent que les crimes racistes, xénophobes et antireligieux ont augmenté de 11 % dans le pays l'année dernière.

Cependant, ces crimes en France sont également "largement sous-déclarés" parce que "les victimes ne font souvent pas confiance à la police ou aux autorités", a déclaré Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Greenpeace rend devant le siège d'EDF la statue de Macron, volée la veille

Une photo montre une statue de cire du président français Emmanuel Macron, volée la veille au musée Grévin, lors d'une action menée par des militants écologistes de Greenpeace devant le siège d'EDF à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
Une photo montre une statue de cire du président français Emmanuel Macron, volée la veille au musée Grévin, lors d'une action menée par des militants écologistes de Greenpeace devant le siège d'EDF à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
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  • L'ONG Greenpeace a rendu mardi soir la statue en cire d'Emmanuel Macron dérobée la veille au musée Grévin
  • La statue a été amenée peu après 23H00 dans un coffre dont elle a été sortie quelques minutes pour être exposée sur le parvis devant le siège du groupe énergétiqu

PARIS: L'ONG Greenpeace a rendu mardi soir la statue en cire d'Emmanuel Macron dérobée la veille au musée Grévin, en la déposant devant le siège d'EDF à Paris afin de dénoncer les liens économiques, notamment sur l'énergie, entre la France avec la Russie.

"On est venu ramener la statue d'Emmanuel Macron parce que comme on l'avait promis dès le début c'est un emprunt", a déclaré à l'AFP Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, à proximité du siège d'EDF dans le centre de Paris.

"On a prévenu à la fois la direction du musée Grévin et les forces de l'ordre. C'est à eux de venir la récupérer", a-t-il dit.

La statue a été amenée peu après 23H00 dans un coffre dont elle a été sortie quelques minutes pour être exposée sur le parvis devant le siège du groupe énergétique, avec une pancarte de l'ONG avec l'inscription "Poutine-Macron Alliés radioactifs".

La police est arrivée sur place autour de minuit et a sécurisé le coffre, a constaté l'AFP.

Le siège d'EDF a été choisi "pour mettre Macron en face de ses responsabilités dans le commerce entretenu avec la Russie notamment dans la filière nucléaire", a expliqué M. Julliard.

La statue, d'une valeur de 40.000 euros, avait été volée la veille par des militants de Greenpeace

Selon une source policière, deux femmes et un homme sont entrés lundi matin dans le musée parisien, situé dans le IXe arrondissement (centre). Après s'être changés, se faisant passer pour des artisans ou des employés de l'établissement, ils ont réussi à dérober la statue en la dissimulant sous une couverture et en sortant par une issue de secours.

D'après une porte-parole du musée, ils ont détourné l’attention du vigile en posant une question sur l’accès de l'ascenseur aux personnes handicapées pendant que d’autres revêtaient une blouse d’agent d’entretien.

Les militants l'avaient ensuite déposée devant l'ambassade de Russie située dans le XVIe arrondissement (ouest) de la capitale

L'action devant l'ambassade n'avait duré que quelques minutes. Un drapeau russe avait été déployé derrière la statue d'Emmanuel Macron et un militant de l'ONG a brandi une pancarte jaune fluo portant l'inscription "Business is business". Des membres de Greenpeace avaient lancé de faux billets de banque.

L'ONG veut protester contre les liens économiques entre la France et la Russie dans les secteurs du gaz, des engrais chimiques et du nucléaire.

- Uranium, gaz, engrais -

Pour M. Julliard, les entreprises françaises peuvent continuer "à importer tout un tas de produits en provenance de Russie que ce soit de l'uranium enrichi pour faire tourner les centrales nucléaires françaises ou de l'uranium naturel qui transite par le Kazakhstan et l'Ouzbékistan via la Russie ou du gaz naturel liquéfié (...) ou des engrais chimiques".

Greenpeace déplore notamment l'explosion des importations d'engrais russe dans l'UE entre 2021 et 2023 (de plus de 80% selon les fabricants français d'engrais, rassemblés au sein de l'Union des industries de la fertilisation, l'Unifa).

Sur un autre sujet, M. Julliard a jugé mardi soir "sidérant" le fait que le bateau de Greenpeace ait été interdit au sommet de l'ONU sur les océans à Nice. Il a ajouté réfléchir à contester en référé cette décision.

L'Arctic Sunrise, un navire de la flotte internationale de Greenpeace, devait rester amarré trois jours à Nice, dans le sud-est de la France, à partir de mercredi.

Le maire et le préfet ont pris un arrêté annulant la participation du navire, qui pourra seulement rester au large. Il n'y a en revanche pas de restriction concernant la participation de membres de Greenpeace au sommet.


A Rome, un long tête-à-tête entre Macron et Meloni pour dissiper les tensions

La Première ministre italienne Giorgia Meloni (R) serre la main du président français Emmanuel Macron au palais Chigi à Rome, le 3 juin 2025. (AFP)
La Première ministre italienne Giorgia Meloni (R) serre la main du président français Emmanuel Macron au palais Chigi à Rome, le 3 juin 2025. (AFP)
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  • Giorgia Meloni et Emmanuel Macron ont affiché mardi leur "engagement commun" et leurs "convergences fortes" lors d'un long tête-à-tête à Rome pour dissiper les tensions des dernières semaines

ROME: Giorgia Meloni et Emmanuel Macron ont affiché mardi leur "engagement commun" et leurs "convergences fortes" lors d'un long tête-à-tête à Rome pour dissiper les tensions des dernières semaines, qui se sont cristallisées depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Chacun susurre à une oreille du président américain: le Français sur l'Ukraine, l'Italienne sur les droits de douane. Mais l'issue de leurs efforts de médiation respectifs reste incertaine, et entre les dirigeants de la France et de l'Italie, souvent en rivalité, le dialogue est compliqué.

Le rendez-vous de mardi soir dans la capitale italienne, dont le président français revendique l'initiative, avait donc tout de la tentative de rabibochage.

Emmanuel Macron a été accueilli chaleureusement par la Premier ministre italienne. Après une bise et de grands sourires, ils se sont engouffrés dans le Palais Chigi, siège de la présidence du Conseil, pour un tête-à-tête qui a duré trois heures, suivi d'un dîner.

"L'Italie et la France, attachées à leur rôle d'États fondateurs de la construction européenne, entendent renforcer leur engagement commun pour une Europe plus souveraine, plus forte et plus prospère, avant tout pour la paix", ont affirmé les deux pays voisins dans un communiqué conjoint à l'issue des entretiens.

"La rencontre a mis en évidence des convergences fortes sur l’agenda européen de compétitivité", ont-ils ajouté, annonçant un sommet bilatéral "en France début 2026".

Avant le déplacement, la présidence française disait vouloir vérifier que "nous sommes bien capables d'avancer ensemble sur l'essentiel" avec l'Italie.

Vendredi, Giorgia Meloni avait reconnu des "divergences" tout en les minimisant et en réfutant tout "problème personnel" avec Emmanuel Macron. "On fait beaucoup de mousse sur ce sujet", avait-elle ironisé.

Depuis 2022, année de la réélection d'Emmanuel Macron, le progressiste pro-européen, et de la victoire électorale de la nationaliste Giorgia Meloni à la tête d'une coalition entre la droite et l'extrême droite, la relation n'est pas simple.

Mais les intérêts communs, à commencer par le soutien inconditionnel à l'Ukraine, ont longtemps permis de surmonter deux visions divergentes de l'Europe, d'autant que la Première ministre italienne, issue du post-fascisme, a fait le pari de peser à Bruxelles plutôt que de bouder les institutions européennes.

- "Rivalité incontestable" -

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, en janvier, a bousculé ces équilibres.

"Il y a une rivalité incontestable", relève Marc Lazar, professeur à Sciences-Po à Paris. Les deux dirigeants ont adopté des "stratégies différentes" à l'égard du président américain, "médiation et compromis" pour l'Italienne, "fermeté sans rupture" pour le Français, dit à l'AFP ce spécialiste des relations transalpines.

Selon lui, le gouvernement italien "pense que parce qu'il est proche idéologiquement de l'administration américaine", "il va pouvoir la faire reculer sur les tarifs commerciaux".

Or, côté français, si l'on dit "respecter" que chacun puisse "entretenir avec le président Trump la meilleure relation possible", on insiste sur le fait que les négociations commerciales relèvent de la Commission européenne -- comme pour dénier à Giorgia Meloni un vrai rôle de médiatrice.

Emmanuel Macron se pose à contrario en leader européen sur le dossier ukrainien, parlant à Donald Trump très régulièrement, en invoquant la relation nouée lors du premier mandat du milliardaire républicain.

Et sa volonté de bâtir une "coalition des volontaires" prêts à apporter des "garanties de sécurité" à l'Ukraine, voire à y déployer des troupes dans le cadre d'un futur accord de paix avec la Russie, a troublé l'entente qui régnait jusque-là entre Rome et Paris sur ce sujet.

Ces dernières semaines, le déplacement à Kiev du président français avec les dirigeants britannique, allemand et polonais --mais sans Giorgia Meloni--, puis la réédition de ce format en marge d'un sommet européen en Albanie, a fait éclater les bisbilles au grand jour.

"Entre Européens, la question des formats doit être gérée selon le principe du meilleur impact que l'on peut avoir selon les circonstances", évacue l'Elysée.

Sur le fond, la France relève que l'Italie, comme d'autres, "a toujours insisté" sur "la participation des Américains à ce dispositif".

Le communiqué conjoint se borne sur ce dossier à réaffirmer que "la poursuite du soutien sans faille de la France et de l'Italie à l'Ukraine est encore plus nécessaire pour parvenir à un règlement juste et durable".

Les deux pays s'accordent aussi pour "coordonner leurs efforts de mobilisation et d’action européenne", comme en quête de complémentarité dans leur relation à l'administration Trump.