Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, revient sur sa décision de s’emparer du pouvoir judiciaire

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, assiste à une réunion à la Knesset (Parlement israélien) à Jérusalem, sur fond de manifestations après le limogeage du ministre de la Défense, le 27 mars. (Reuters)
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, assiste à une réunion à la Knesset (Parlement israélien) à Jérusalem, sur fond de manifestations après le limogeage du ministre de la Défense, le 27 mars. (Reuters)
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Publié le Jeudi 15 juin 2023

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, revient sur sa décision de s’emparer du pouvoir judiciaire

  • Sur fond de chaos et de manifestations massives en Israël, le Premier ministre israélien a reporté l’examen de ce projet de loi en attendant que le Parlement reprenne ses travaux, le 30 avril prochain
  • Des milliers d’Israéliens ont envahi les rues du pays pour manifester leur colère après que le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a limogé son ministre de la Défense pour s’être prononcé contre la réforme de la justice proposée par le dirigeant israél

RAMALLAH: Benjamin Netanyahou a décidé lundi de reporter la réforme controversée de la justice, un projet qui a plongé Israël dans le chaos et que ses détracteurs considèrent comme un coup de force. Le Premier ministre israélien a donc reporté l’examen de ce projet de loi en attendant que le Parlement reprenne ses travaux, le 30 avril prochain.
«Je donne une chance à un dialogue afin d’empêcher le déclenchement d’une guerre civile et, en tant que Premier ministre, j’ai décidé d’une pause pour dialoguer», a déclaré M. Netanyahou. Il a exprimé sa détermination à faire adopter la réforme de la justice et il a appelé à «parvenir à un large accord».
À la suite de cette annonce, le chef de la première centrale syndicale israélienne a annoncé la fin de la grève générale qui menaçait de paralyser l’économie du pays. Ce sont des dizaines de milliers d’Israéliens qui avaient manifesté devant la Knesset, ce qui a exacerbé le mouvement de protestation de masse dénonçant les réformes.
Le chaos qui s’en est suivi a bloqué la plus grande partie du pays. Ainsi, les départs de l’aéroport international principal ont été suspendus. Les centres commerciaux et les universités ont fermé leurs portes. Les diplomates en poste à l’étranger ont interrompu leurs activités et le travail du personnel médical dans les hôpitaux s’est limité aux services d’urgence.
La réforme de la justice proposée par Benjamin Netanyahou s’est heurtée à une résistance grandissante qui s’est déclenchée quelques heures après que des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues du pays pour exprimer leur indignation à l’égard de la décision du Premier ministre de limoger le ministre de la Défense. Ce dernier s’était prononcé pour une pause de la réforme de la justice. Ils ont mis le feu à l’autoroute principale de Tel-Aviv en scandant «le pays est en flammes». La circulation a donc été interrompue pendant des heures sur cette route, ainsi que sur de nombreuses autres routes à travers le pays.
Les manifestants se sont à nouveau rassemblés lundi devant la Knesset. Les drapeaux israéliens bleu et blanc ont envahi les rues menant à la Cour suprême et au siège de la Knesset. Des milliers d’Israéliens ont manifesté à Tel-Aviv, Haïfa et dans d’autres villes encore.
«C’est la dernière chance d’empêcher cette évolution vers une dictature», déclare Matityahu Sperber, un manifestant de 68 ans qui a rejoint la foule se dirigeant vers la Knesset. «Je suis venu pour me battre jusqu’au dernier souffle.»
La volte-face de M. Netanyahou semble atténuer quelque peu les tensions. Pour les organisateurs des manifestations populaires hostiles au gouvernement, le report ne suffit pas.
«Une pause temporaire ne suffit pas. Les manifestations nationales ne cesseront pas de croître tant que la Knesset n’aura pas rejeté ce projet de loi», affirment les organisateurs.
La plupart des citoyens arabes d’Israël ont largement ignoré les manifestations. Pour eux, la démocratie en Israël est déjà ternie en raison de la suprématie de l’armée sur la Cisjordanie occupée et de la discrimination que subissent les Arabes à l'intérieur même d'Israël.
Dans un entretien accordé à Arab News, un responsable palestinien de haut rang a fait la déclaration suivante: «Je pense qu’il nous incombe, en tant que Palestiniens, d’aggraver la crise qui sévit en Israël. En d’autres termes, il ne faut pas soutenir l’opposition, mais plutôt affaiblir les deux camps. Ils vont en effet rivaliser pour savoir qui peut nuire le plus aux Palestiniens.»
«La réforme de la justice est loin d’être un sujet d’ordre interne. Son objectif est de prendre le contrôle de la Cisjordanie. S’ils cherchent à réformer la Cour suprême, c’est parce qu’elle met à mal la politique d’occupation raciste qu’ils appliquent à l’encontre des Palestiniens.»
Alors qu'Israël est dans la tourmente, les Palestiniens observent et s’interrogent sur l’impact de ce chaos sur leur vie à court terme comme à long terme. Pour certains d’entre eux, la crise confirme la conviction suivante: démocratie et occupation sont incompatibles. D’autres Palestiniens suggèrent que les manifestations à Tel-Aviv et à Jérusalem préoccupent tellement les services de sécurité israéliens que ceux-ci pourraient relâcher leur emprise sur les Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Une autre conviction se fait jour: les manifestations affaibliront Israël et profiteront au peuple palestinien. La plupart des gens considèrent cependant que si la résistance palestinienne s’aventurait à l’intérieur d’Israël en ce moment, elle ne ferait que consolider la position de Benjamin Netanyahou et des membres de la coalition gouvernementale de droite, dirigée par Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Ces derniers parviendraient ainsi à détourner l’attention des difficultés politiques auxquelles ils sont confrontés.
Taysir Khaled, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), estime que la situation en Israël représente une occasion en or pour les Palestiniens: ils peuvent désormais adopter une nouvelle approche politique et plonger Israël dans un isolement plus prononcé, aussi bien dans la région qu’à l’échelle internationale. Pour y parvenir, les Palestiniens doivent insister sur le fait que les politiques d’occupation, de discrimination, d’apartheid et de purification ethnique menées par Israël sont incompatibles avec les fondements mêmes de la démocratie.
Bien que les Palestiniens aient connu un succès limité lorsqu'ils ont plaidé leur cause devant la Cour suprême d'Israël, n'ayant pas réussi à empêcher les autorités israéliennes d'annexer davantage de terres palestiniennes, si M. Netanyahou et son gouvernement parvenaient finalement à prendre le contrôle de la Cour, les Palestiniens n'auraient plus d'autre refuge que la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.
L’analyste politique palestinien Ghassan al-Khatib confie à Arab News que la vague de protestations israéliennes contre le gouvernement, si elle se poursuit, risque d’affaiblir la droite israélienne et de servir de ce fait les intérêts du peuple palestinien.
Les manifestations se sont toutefois soldées par la fermeture du pont Allenby, le seul point de passage terrestre reliant la Cisjordanie à la Jordanie, dans le sillage de la grève des agents des douanes. Cette fermeture a bloqué les échanges commerciaux entre la Palestine et la Jordanie et elle a interrompu les déplacements à destination et en provenance de la Cisjordanie.
Un scénario inquiétant se dessine: le gouvernement de Benjamin Netanyahou pourrait entreprendre une action en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza afin d’amener les Palestiniens à réagir; la gauche et la droite s’uniront donc pour faire face à la menace qui pèse sur la sécurité de leur pays. Cependant, selon des analystes et des spécialistes interrogés par Arab News, les dirigeants des services de sécurité israéliens ne risquent pas de s’aventurer dans cette voie et de mener délibérément des attaques provocatrices à l’heure actuelle.
Le colonel à la retraite David Hacham occupait le poste de conseiller pour les affaires arabes au ministère israélien de la Défense. Il ne s’attend pas à ce que M. Netanyahou lance une campagne militaire en Cisjordanie afin de détourner l’attention de la situation difficile qu’il traverse. Toutefois, si le Hamas devait attaquer Tel-Aviv, il mettrait la sécurité au cœur des préoccupations: les politiciens de gauche et de droite pourraient mettre de côté leurs divergences, poursuit-il.
Dana Ben Shimon, correspondante du journal Israel Today, partage l’avis de M. Hacham et elle précise que «Hassan Nasrallah (chef du Hezbollah) et Yahya Sinwar (chef du Hamas) contemplent le chaos qui règne actuellement en Israël et murmurent: “Nous n’offrirons pas à Benjamin Netanyahou et à son gouvernement le cadeau d’attaquer Israël – qu’ils se détruisent par eux-mêmes.”»
Arab News s’est également entretenu avec Shawan Jabarin, directeur de l’organisation de défense des droits de l’homme Al-Haq, à Ramallah. Ce dernier s’est exprimé en ces termes: «Il appartient aux Palestiniens de faire le lien entre la crise que traverse Israël et l’occupation. En ce qui concerne les Palestiniens, la droite et la gauche sont deux faces de la même pièce.»
Mohammed Darawsheh, directeur stratégique du centre Givat Habiba et analyste politique vivant en Israël, explique à Arab News que les Arabes du pays n’ont pas participé aux manifestations contre la réforme de la justice, car «nous n’avons pas confiance en la Cour suprême et nous ne faisons pas partie des citoyens israéliens qui manifestent sous le drapeau d’Israël».
Pour les Palestiniens d’Israël, la Cour suprême israélienne se montre assez libérale en ce qui concerne les litiges civils impliquant des Arabes. Cependant, elle reste un élément constitutif de l’État dans la mesure où elle confère une légitimité à l’occupation et au racisme exercé à l’encontre des Arabes.
Selon M. Darawsheh, les Arabes vivant en Israël se trouveront dans une situation bien plus difficile si la réforme de la justice finit par être introduite. Ainsi, les écoles arabes qui sensibilisent leurs élèves à la nakbacatastrophe»: désigne pour les Palestiniens l'exode de 800 000 d'entre eux, au lendemain de la création d'Israël) seront privées de 30% de leur financement. Les partis politiques arabes ne seront probablement pas représentés au sein du Parlement israélien et les budgets alloués aux services dont bénéficient les citoyens arabes seront réduits. L’argent servira alors à financer les activités des colons et des juifs orthodoxes.
Les dirigeants arabes devraient organiser leurs propres manifestations parallèles contre les réformes proposées, explique Mohammed Darawsheh. Cette démarche infligera à M. Netanyahou et à son gouvernement une plus forte pression. «Renoncer à nos droits sans nous battre est une erreur monumentale.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Roumanie : Macron dénonce des «ingérences» qui «sapent l'intégrité de nos démocraties»

Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
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  • En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.
  • "La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français

TIRANA: Le président français Emmanuel Macron a dénoncé vendredi des "ingérences" dans les élections à venir en Europe, notamment en Roumanie, estimant qu'elles "sapent l'intégrité de nos démocraties".

"Nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, la Moldavie l'a vécue il y a très peu de temps, (que) nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience", a-t-il dit en ouverture d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana.

Le candidat d'extrême droite George Simion fait figure de favori du second tour de la présidentielle qui se tiendra dimanche en Roumanie.

Un scrutin scruté de près après l'annulation du vote du 24 novembre sur des suspicions d'ingérence russe en faveur du précédent candidat d'extrême droite, critique de l'UE et de l'Otan, Calin Georgescu.

En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.

"La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français.

"Nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais (aussi) des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat a appelé les dirigeants du continent européen, réunis à Tirana, à "mieux protéger les infrastructures critiques face aux cyberattaques", à renforcer les "cadres réglementaires sur les contenus illicites en ligne" et à "traquer les flux financiers qui alimentent ces actions hybrides".

"Sinon, en particulier la Russie, ils continueront de déstabiliser nos opinions publiques pour bouger les lignes", a-t-il dit.


L'administration Trump dénonce les «menaces» d'un ancien patron du FBI et ouvre une enquête

Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
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  • "L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem
  • Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace"

WASHINGTON: Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain.

Dans une publication Instagram depuis retirée, James Comey a partagé une photo montrant des coquillages former le message "86 47" dans le sable, le premier chiffre étant parfois utilisé pour signifier le souhait de faire partir, voire de tuer, quelqu'un, le second pouvant se référer à Donald Trump, 47e président des Etats-Unis.

"L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem.

Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace."

"Cela nous inquiète tous gravement, et doit être pris au sérieux", a dit sur X Taylor Budowich, un chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche.

James Comey -- brutalement limogé par Donald Trump en 2017 pendant qu'il enquêtait sur des soupçons d'ingérences étrangères -- a ensuite partagé un message sur son compte Instagram.

"J'ai publié plus tôt une photo de coquillages que j'ai vus ce matin lors d'une balade sur la plage, et j'ai estimé que c'était un message politique. Je ne m'étais pas rendu compte que certaines personnes associaient ces chiffres avec de la violence. Je n'ai jamais eu cela à l'esprit, mais je m'oppose à toute force de violence, et j'ai donc retiré la publication", a-t-il écrit.

Donald Trump a réchappé en juillet dernier à une tentative d'assassinat lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie.


Détention de Sansal: ses filles «impuissantes» en République tchèque

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
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  • "Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction
  • "Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP

PRAGUE: Les deux filles de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, ont fait part à l'AFP de leur "sentiment d'impuissance totale", depuis la République tchèque où elles habitent, pour obtenir la libération de leur père.

Rencontrées à l'ouverture du salon du livre de Prague, Nawal, 53 ans, et Sabeha, 50 ans, ont réceptionné jeudi un prix pour la promotion de la liberté d'expression décerné à leur père.

"Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction.

"Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP.

"La seule personne autorisée à lui rendre visite, c'est probablement sa femme, mais nous ne savons rien" et elle est surveillée, a-t-elle ajouté.

Alors que le dissident, atteint d'un cancer, suit "actuellement un traitement de radiothérapie", ses filles ont échangé pour la dernière fois par courrier électronique avec lui en 2023 et n'ont aucune nouvelle, à part des coupures de presse que leur font passer l'ambassade tchèque à Alger.

Elles ont adressé une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron et écrit à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. "Nous avons aussi écrit à mon père. Mais nous n'avons pas reçu de réponse, il ne s'est rien passé", explique Nawal.

"Monnaie d'échange" 

Perdue face aux méandres du système algérien, cette spécialiste en informatique s'est tournée vers l'interface d'intelligence artificielle ChatGPT et sur ses conseils, elle envisage de contacter des organisations comme Amnesty International pour accentuer la pression.

Nées en Algérie, les filles de Boualem Sansal ont vécu en Tchécoslovaquie, le pays de leur mère, après la séparation dans leur petite enfance de leurs parents, qui s'étaient rencontrés dans le cadre d'un échange universitaire.

Le régime communiste les surveillait, comme toutes les personnes ayant de la famille à l'étranger, et si elles ont passé leurs vacances à Alger chaque année, Nawal n'y est plus retournée depuis l'âge de 20 ans et n'a pas revu son père depuis.

Sa soeur et elle habitent toujours près de Prague.

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien.

Il lui est reproché d'avoir repris à son compte la position du Maroc, selon laquelle le territoire de ce pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Il a fait appel.

"Je crois que mon père est un pion ou une monnaie d'échange, une sorte d'otage, parce qu'ils essaient probablement d'obtenir la libération de certains terroristes condamnés en France", a détaillé Nawal, sa soeur Sabeha saluant en lui "un vrai patriote".

L'Algérie et la France traversent depuis l'été dernier une crise diplomatique marquée ces derniers jours par une nouvelle série d'expulsions de fonctionnaires de part et d'autre. Toutes les coopérations sont gelées.

Athée, Boualem Sansal est critique d'un pouvoir qui, selon lui, se maintient depuis trop longtemps contre la volonté des Algériens. "Il contrôle totalement le pays et dispose de tous les moyens", estimait-il dans Le Figaro en 2019.