« Encore pire que l'an dernier »: les urgences asphyxiées au cœur de l'été

L'hôpital n'est "plus attractif", clament depuis longtemps les urgentistes, plaidant pour faire aboutir la revalorisation des gardes de nuit et week-end, promise par Emmanuel Macron. (AFP).
L'hôpital n'est "plus attractif", clament depuis longtemps les urgentistes, plaidant pour faire aboutir la revalorisation des gardes de nuit et week-end, promise par Emmanuel Macron. (AFP).
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Publié le Vendredi 18 août 2023

« Encore pire que l'an dernier »: les urgences asphyxiées au cœur de l'été

  • Cas emblématique, l'accueil des urgences de Saint-Tropez (Var), station balnéaire star de la Côte d'Azur, est resté fermé trois nuits en août
  • "Les pires jours, c'était le pont du 15 août", raconte Dominique Savary, chef des urgences du CHU d'Angers et représentant SUdf: dans les Pays-de-la-Loire, "quatre services étaient fermés"

PARIS: Fermetures de services jusque dans les zones les plus fréquentées par les touristes, unités mobiles du Samu à l'arrêt: cet été, la crise aux urgences "est pire" qu'en 2022, alertent les urgentistes, qui peinent à faire face dans les services "qui résistent".

"On n'a jamais vécu une telle ampleur de fermetures de structures d'urgence", affirme Agnès Ricard-Hibon, porte-parole de la société française de médecine d'urgence (SFMU).

Très présents ces derniers jours dans les médias, les principaux représentants d'urgentistes, de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France) à SUdf (Samu-Urgences de France), ont aussi jugé la situation "plus grave que l'été dernier", touchant selon le président de SUdf Marc Noizet "tous les départements", des petits aux gros services, jusqu'aux "zones extrêmement touristiques".

Cas emblématique, l'accueil des urgences de Saint-Tropez (Var), station balnéaire star de la Côte d'Azur, est resté fermé trois nuits en août, l'hôpital assurant par communiqué avoir "tout" tenté pour éviter cette "situation extrême".

Pénurie d'urgentistes, d'intérimaires, de paramédicaux, de lits d'aval... "Les alertes remontent de partout", de Bretagne à la côte Atlantique, déplore le Dr Ricard-Hibon. Cheffe du Samu du Val-d'Oise, elle a "appris mardi la fermeture nocturne, pour quinze jours, d'un service d'Ile-de-France".

« Maintenir l'essentiel »

Un Smur (service mobile d'urgence et de réanimation) des Hauts-de-Seine a aussi transféré dimanche un nourrisson atteint de bronchiolite à Rouen, faute de lit en réanimation pédiatrique en Ile-de-France. La situation est depuis "revenue à la normale", selon l'Agence régionale de santé (ARS).

"Les pires jours, c'était le pont du 15 août", raconte Dominique Savary, chef des urgences du CHU d'Angers et représentant SUdf: dans les Pays-de-la-Loire, "quatre services étaient fermés", en plus de "six lignes de Smur à l'arrêt" et d'un hélicoptère "pas fonctionnel" à Nantes.

"La pression retombe sur les services qui résistent, au prix d'heures supplémentaires majeures", les Smur devant se déplacer "beaucoup plus loin" et parer "au plus grave". Dans une zone où la psychiatrie "s'effondre", les urgentistes ont aussi vu des patients psy "en état grave arriver de la Sarthe, à 100 km", raconte M. Savary.

"Dans certains secteurs" notamment touristiques, "la tension est extrêmement forte", a reconnu lundi le ministre de la Santé Aurélien Rousseau. "Je ne dis pas que la situation est satisfaisante" mais "par rapport à l'an dernier, (...) on a réussi à anticiper une partie de ces situations", "on n'a pas aujourd'hui de service d'urgence qui ferme d'une heure sur l'autre", a-t-il fait valoir.

Pour maintenir "l'essentiel", les urgences vitales, les autorités enjoignent la population de "toujours appeler" les cabinets de ville ou le 15 avant de se déplacer.

« Patients refoulés »

Si les chiffres varient beaucoup, la ministre déléguée chargée des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a indiqué le 3 août que les services "réellement fermés" restaient rares, "18%" fonctionnant "avec régulation", soit l'obligation d'appeler le 15 pour être pris en charge.

Un filtrage devenu la règle dans tous les hôpitaux de Mayenne, de la Manche, dans plusieurs villes bretonnes comme Carhaix (Finistère), ou la nuit à Dax, Pau ou Niort.

Au CHU Pellegrin à Bordeaux, elle est appliquée 24H/24 et les patients se présentant spontanément sont refoulés, constate Julien Dulou, aide-soignant et représentant de Sud-Santé Sociaux. Parmi ces patients, des cas graves mais aussi des "gens qui essaient par tous les moyens de rentrer, en surjouant".

En triant les patients, "on n'est pas à l'abri d'une erreur", déplore sous couvert d'anonymat un médecin urgentiste du CHU.

L'hôpital n'est "plus attractif", clament depuis longtemps les urgentistes, plaidant pour faire aboutir la revalorisation des gardes de nuit et week-end, promise par Emmanuel Macron.

Pour Jean-François Cibien, président de l'intersyndicale Action Praticien Hôpital (APH), la régulation "est une solution", à condition de préserver ses "forces vives", les assistants de régulation médicale (ARM) - premiers à décrocher au Samu - en grève dans les trois quarts du territoire.

En sous-effectif, ils ont par endroits "+45% d'activité, sans aucune valorisation", déplore-t-il, appelant le ministère à leur donner la "prime de risque" qu'ils réclament.

La vague de chaleur attendue ces prochains jours pourrait encore plus asphyxier les services.


Israël: la France veut des sanctions européennes contre les colons extrémistes

Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. (AFP)
Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. (AFP)
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  • Une très large majorité d'Etats membres y est favorable, dont la France, mais l'adoption de ces sanctions, qui requiert l'unanimité, se heurte jusqu'à présent au veto de la Hongrie, selon des diplomates
  • La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a également soumis aux pays de l'UE une liste d'options possibles de sanctions contre Israël, comprenant une suspension de l'accord d'association UE-Israël

BRUXELLES: La France est favorable à des sanctions européennes contre les colons israéliens extrémistes de Cisjordanie, a confirmé mardi à Bruxelles le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

"Je crois que l'UE s'honorerait à suivre les orientations que nous avons proposées de sanctionner les individus responsables de la colonisation, extrémistes et violents", a-t-il affirmé devant la presse, avant le début d'une réunion avec ses homologues de l'UE à Bruxelles.

Une proposition de sanctions à l'encontre des colons extrémistes, coupables de violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, est sur la table des Vingt-Sept depuis des mois. Une très large majorité d'Etats membres y est favorable, dont la France, mais l'adoption de ces sanctions, qui requiert l'unanimité, se heurte jusqu'à présent au veto de la Hongrie, selon des diplomates.

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a également soumis aux pays de l'UE une liste d'options possibles de sanctions contre Israël, comprenant une suspension de l'accord d'association UE-Israël, un embargo total sur les ventes d'armes ou une interdiction d'importation de marchandises en provenance des colonies israéliennes en Cisjordanie.

Sur ce point, M. Barrot s'est dit favorable à ce que l'UE "cesse toute forme de soutien financier direct et indirect à la colonisation".

Le ministre français a également "exigé" qu'Israël lève son "blocus financier" et paie les deux milliards d'euros qu'il doit verser à l'Autorité palestinienne. Le gouvernement israélien doit mettre "fin à la colonisation de la Cisjordanie et en particulier au projet funeste dit projet E1 qui, avec 3.400 logements, menace de couper en deux la Cisjordanie et de porter un coup fatal à la solution à deux Etats", a-t-il affirmé.

Les 27 doivent discuter mardi des mesures présentées par Mme Kallas, mais il est peu probable, selon plusieurs diplomates européens, qu'une décision soit prise, tant les divisions entre les Etats membres restent profondes.

Ces options présentées par Mme Kallas ont été décidées après qu'un rapport de la Commission européenne a établi qu'Israël ne respectait pas l'article 2 de l'accord d'association UE-Israël, prévoyant le respect des droits humains.


Budget: Bayrou présente l'addition, les boucliers se lèvent déjà

Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis".  Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais. (AFP)
Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis". Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou dévoile mardi les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique visant 40 milliards d'économies
  • Résoudre l'équation paraît relever de l'exploit mathématique, tant les marges de manœuvre financières sont réduites

PARIS: Le Premier ministre François Bayrou dévoile mardi les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique visant 40 milliards d'économies, en plus d'augmenter le budget des armées, qui soulève déjà une levée de boucliers des oppositions.

Résoudre l'équation paraît relever de l'exploit mathématique, tant les marges de manœuvre financières sont réduites.

Objectif: ramener le déficit à 4,6% du PIB l'an prochain, contre 5,8% en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable, entre tensions commerciales et militaires, ce qui a conduit Emmanuel Macron à demander un effort additionnel de 3,5 milliards d'euros pour la défense.

Le Premier ministre a promis auprès de l'AFP de ne laisser aucune "poussière" de dépenses "sous le tapis".

Mais, politiquement, son socle de soutiens paraît plus friable que jamais.

Et chacun sur l'échiquier posait, avant même cette présentation, ses lignes rouges.

Au Rassemblement national, qui se place en arbitre de la censure après avoir renversé le gouvernement Barnier en décembre, le député et membre de la direction du parti Jean-Philippe Tanguy a promis de faire tomber le gouvernement en cas de hausse d'impôts, voire de gel budgétaire ("année blanche"), une autre manière selon lui "de piquer de l'argent aux gens".

Le rendement de cette "année blanche", qui consiste à reconduire à l'identique certaines dépenses sans tenir compte de l'inflation, varie selon le périmètre retenu. Elle pourrait s'étendre au barème de l'impôt sur le revenu, voire mettre à contribution les retraités.

"Les lignes rouges, c'est ne pas s'attaquer" à "la contribution à l'UE, la suradministration, (...) l'immigration" et "demander aux Français des efforts", a complété le vice-président du RN Sébastien Chenu.

"Sur un fil"

Du côté de La France insoumise, l'année blanche serait "une année rouge pour les Français" et "les mêmes causes produiront les mêmes effets", a estimé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, qui avait voté aussi la censure en décembre.

Et, pour le député socialiste Philippe Brun, "ce qui serait inacceptable", c'est que "les plus riches (...) soient totalement exemptés d'efforts".

La gauche rêve d'obtenir une taxe inspirée par l'économiste français Gabriel Zucman sur les "ultra-riches", en prélevant 2% par an de leur patrimoine, pour un rendement annuel de 20 milliards d'euros. Mais le camp macroniste n'en veut pas.

La patronne de la CGT Sophie Binet a elle invité le gouvernement à aller "chercher l'argent là où il est, à savoir dans la poche des actionnaires, des rentiers, des plus riches".

Autant dire que François Bayrou, qui s'exprimera pendant 45 minutes, avant certains de ses ministres (Eric Lombard, Catherine Vautrin, Amélie de Montchalin, François Rebsamen et Astrid Panosyan-Bouvet), infographies à l'appui, marche sur un fil.

Deux volets 

Le Premier ministre décline sur tous les registres le "piège mortel" qui guette le pays, face au mur de la dette qui a atteint 114% du PIB en mars, un combat dont il a fait son ADN politique et une dramatisation visant à améliorer l'acceptabilité d'une note qui s'annonce salée.

Il promet "un plan cohérent, suffisamment précis, même s'il restera à finaliser avec le Parlement, pour que tout le monde mesure la part que chacun doit prendre à cet effort".

Avec "deux volets": l'un tourné vers "un retour à un équilibre supportable des finances publiques". Et l'autre de "soutien à la production".

La foire aux idées a été particulièrement florissante. François Bayrou, qui a présenté vendredi ses intentions à Emmanuel Macron et doit le revoir ce mardi en fin de matinée, a promis "des efforts ici ou là" en matière de fiscalité mais pas de hausse d'impôts généralisée. La contribution pour les hauts revenus instaurée l'an dernier devrait être remodelée et reconduite, selon une source ministérielle.

L'Etat dans son ensemble devra se serrer la ceinture, ainsi que les collectivités.

Des coups de rabot sont aussi évoqués dans les niches fiscales, les aides publiques aux entreprises ou encore chez les opérateurs de l'Etat.

Suscitant déjà la controverse, un nouveau durcissement des règles de l'assurance chômage se profile, alors qu'Emmanuel Macron compte financer l'effort militaire par "plus de production et plus d'activité". De quoi raviver les spéculations autour d'un relèvement du temps de travail ou la suppression de jours fériés.

D'autres gisements d'économies ont été identifiés sur la facture des transports médicalisés, des affections longue durée ou des arrêts maladie.


Pollution de l’air en France: cet ennemi invisible qui tue en silence

Un ballon météorologique destiné à surveiller la qualité de l'air en Ile-de-France vole à côté de la Tour Eiffel à Paris le 24 mars 2022. (AFP)
Un ballon météorologique destiné à surveiller la qualité de l'air en Ile-de-France vole à côté de la Tour Eiffel à Paris le 24 mars 2022. (AFP)
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  • Selon l’agence gouvernementale Santé publique France, les particules fines présentes dans l’atmosphère seraient responsables d’environ 40 000 décès prématurés chaque année
  • Cette réalité accablante touche en priorité les grandes agglomérations, où la concentration des polluants est la plus forte. Elle souligne aussi l’ampleur des efforts qu’il reste à fournir pour assainir durablement l’air que nous respirons

PARIS: Respirer est vital… mais en France, il demeure paradoxalement mortel. Chaque année, des dizaines de milliers de vies sont écourtées par un ennemi invisible : la pollution de l’air.
Selon l’agence gouvernementale Santé publique France, les particules fines présentes dans l’atmosphère seraient responsables d’environ 40 000 décès prématurés chaque année.

Cette réalité accablante touche en priorité les grandes agglomérations, où la concentration des polluants est la plus forte. Elle souligne aussi l’ampleur des efforts qu’il reste à fournir pour assainir durablement l’air que nous respirons.

Pourtant, des progrès notables ont été réalisés ces dernières années. L’association Respire, qui milite pour une meilleure qualité de l’air, reconnaît une amélioration globale.
Ses dernières analyses révèlent une baisse significative des concentrations moyennes de dioxyde d’azote (NO₂). À Clermont-Ferrand, par exemple, la moyenne annuelle est passée de 25,7 à 13,7 microgrammes par mètre cube entre 2018 et 2024. À Paris, la baisse atteint environ 40 %, de 45,3 à 26,3 microgrammes.

Ces avancées sont le fruit de plusieurs leviers : des normes européennes plus strictes en matière d’émissions automobiles, l’extension des Zones à Faibles Émissions (ZFE) et une politique de réduction de la place de la voiture dans les centres urbains.

Mais le combat est loin d’être gagné. Respire alerte: la France reste « loin du compte ». Malgré les progrès, les concentrations de polluants dans de nombreuses grandes villes dépassent encore largement les nouvelles limites européennes prévues pour 2030.
À Paris et Lyon, certaines stations de mesure enregistrent des taux plus de deux fois supérieurs aux futures normes.

« La bataille pour la qualité de l’air est loin d’être gagnée », résume Tony Renucci, directeur général de l’association, dans les colonnes du Parisien. Il appelle à des politiques plus ciblées, en particulier pour s’attaquer aux émissions liées au trafic routier.