Liban: 31 députés libanais demandent la fin du statut armé du Hezbollah

Le bâtiment du Parlement au Liban (Photo, AFP/Archives).
Le bâtiment du Parlement au Liban (Photo, AFP/Archives).
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Publié le Samedi 27 mai 2023

Liban: 31 députés libanais demandent la fin du statut armé du Hezbollah

  • Les députés ont déclaré que la vie et l'avenir du peuple libanais étaient «pris en otage» par le projet du Hezbollah
  • Le HCR estime qu'il y a environ 1,5 million de réfugiés syriens au Liban et que moins de la moitié d'entre eux sont enregistrés auprès de l'agence

BEYROUTH: Trente et un députés réformateurs, indépendants et de l'opposition ont exprimé vendredi leur inquiétude concernant une manœuvre militaire menée par le Hezbollah dans la ville d'Aaramta, dans le sud du Liban.

Les députés ont révélé qu'ils croyaient qu'une telle manœuvre, qu'ils ont décrite comme typique des pratiques de longue date de la milice, «contredit le concept de l'État».

Dans une déclaration, les députés ont fait valoir que la manœuvre du Hezbollah mettait en cause la majorité des citoyens libanais et allait à l'encontre de la déclaration du Sommet arabe de Djeddah.

Ils l'ont perçue comme une affirmation du Hezbollah selon laquelle sa souveraineté dépasse celle de l'État, ce qui implique qu'aucune décision au Liban ne peut contredire la volonté du parti ou celle de l'axe régional sur lequel il s'aligne.

Les députés ont signalé que la vie et l'avenir du peuple libanais étaient «pris en otage» par le projet du Hezbollah.

Mais les députés ont également souligné que le Hezbollah ne peut pas imposer ses programmes politiques, militaires, sécuritaires et économiques à l'État libanais, même s'il sape les fondements de l'existence de l'État.

Ils ont affirmé que le Liban, en tant qu'État, ne pouvait coexister avec le Hezbollah en tant que fief. Ils ont indiqué qu'il est «urgent» de résoudre la question en mettant fin au statut armé du Hezbollah par la mise en œuvre de l'accord de Taëf et de la constitution qui en découle, appellant à la dissolution des milices.

Les députés ont souligné la nécessité d'adhérer aux résolutions 1559 et 1701 de l'ONU, qui mettent fin aux interventions militaires et sécuritaires du Hezbollah à l'étranger, et de s'abstenir d'interférer dans les affaires intérieures des pays arabes. Une telle attitude contribuerait à rétablir les relations historiques du Liban avec la communauté internationale et la communauté arabe, ont-ils insisté.

En outre, les députés ont demandé le démantèlement de l'économie parallèle du Hezbollah, qui, selon eux, s'est construite grâce à la contrebande via des points de passage légaux et illégaux, encourageant l'évasion fiscale et facilitant la corruption.

Ils ont exigé que le Hezbollah s'engage dans des activités politiques comme les autres partis libanais, dans le cadre de la constitution, des lois libanaises, de la démocratie et du respect des libertés publiques.

Le Hezbollah participe au parlement libanais par l'intermédiaire d'un bloc composé de 13 députés et il a des alliés au parlement, notamment le bloc du président du parlement, Nabih Berri, qui comprend 15 députés.

Dans un discours télévisé, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a réitéré son engagement en faveur de «l'équation de l'armée, du peuple et de la résistance», déclarant qu'il la considérait comme une «source cruciale» de force pour le Liban.

Nasrallah a réagi aux menaces proférées par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la suite de la manœuvre militaire du Hezbollah, en disant: «Ce n'est pas vous qui nous menacez d'une guerre majeure, c'est plutôt nous qui vous menaçons.»

Les répercussions de la manœuvre militaire du Hezbollah ont été ressenties lors du procès devant le tribunal militaire libanais de l'officier à la retraite George Nader et du soldat à la retraite Youssef al-Fleiti. Les deux hommes ont été accusés d'avoir porté des pantalons de camouflage de l’armée, des casquettes militaires et des T-shirts portant le logo de l'armée, lors de mouvements de protestation menés par des militaires à la retraite. Ces manifestations portaient sur des préoccupations relatives aux conditions de vie, à la perte de valeur de leurs pensions et à la réduction des avantages sociaux.

Nader a critiqué l'accusation portée contre lui et d'autres personnes, en déclarant: «Je porte l'uniforme militaire depuis 35 ans.»

Il s'est interrogé sur la réaction de l'accusation face aux démonstrations militaires d'individus armés qui portaient des uniformes ressemblant fortement à la tenue militaire libanaise, faisant référence aux hommes du Hezbollah.

Le brigadier-général Jabr, président du tribunal, a considéré le procès de Nader et d'Al-Fleiti comme une évaluation d'eux-mêmes et de l'histoire de l'institution militaire à laquelle ils appartiennent.

Il a exprimé sa gratitude pour les efforts qu'ils ont déployés au sein de l'institution militaire, soulignant la place particulière qu'ils occupent dans le cœur du peuple libanais.

Jabr a rejeté les accusations portées contre Nader et Al-Fleiti, invoquant l'absence d'intention criminelle. La décision de Jabr est considérée comme un événement unique et sans précédent au Liban.

Par ailleurs, le ministre intérimaire des Affaires sociales, Hector Hajjar, s'est opposé à la demande du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés de fournir une aide aux réfugiés syriens enregistrés en dollars américains au lieu de la monnaie nationale libanaise.

S'adressant à la presse, il a déclaré qu'une telle mesure serait injuste pour la population libanaise, qui ne reçoit qu'une aide minime, voire aucune, et certainement pas en dollars américains. Hajjar a réitéré son appel à la distribution d'une aide en espèces en Syrie afin d'encourager les réfugiés à retourner dans leur pays d'origine.

Le HCR a souligné que l'aide en espèces fournie aux personnes enregistrées était exclusivement distribuée en livres libanaises, les fonds disponibles ne couvrant que 43% des réfugiés dans le besoin.

Des informations circulent sur une nouvelle campagne d'expulsion visant des Syriens entrés illégalement au Liban mais enregistrés auprès du HCR. Ces personnes, qui sont des opposants ou des transfuges des forces du régime syrien, ont été appréhendées par les forces sécuritaires et militaires libanaises.

En avril, le Liban a expulsé une quarantaine de Syriens qui avaient franchi illégalement ses frontières terrestres, ce qui a suscité une condamnation internationale à cause des risques potentiels auxquels ils pourraient être confrontés en retournant en Syrie.

Le HCR estime qu'il y a environ 1,5 million de réfugiés syriens au Liban et que moins de la moitié d'entre eux sont enregistrés auprès de l'agence.

Le Hezbollah et ses alliés continuent d'insister sur le fait que le Liban doit rester en contact avec les autorités syriennes afin de coordonner le retour des réfugiés.

Nasrallah a mentionné que cette question nécessitait une délégation gouvernementale de haut niveau pour engager des «discussions substantielles et significatives» en Syrie.

Ce vendredi, le général de brigade Elias al-Baysari, directeur général par intérim de la sécurité générale, a rencontré Nasri Khoury, secrétaire général du Conseil suprême libano-syrien, pour discuter de la question.

Auparavant, Al-Baysari s'était rendu à Damas en coordination avec le gouvernement libanais dans le but de discuter du retour des réfugiés avec les responsables syriens.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Egypte tente de rassurer la Grèce sur le statut du monastère de Sainte-Catherine

L'Egypte a estimé qu'une décision de justice sur le monastère chrétien de Sainte-Catherine ne menaçait pas ce site sacré classé au patrimoine mondial de l'Unesco, tentant d'apaiser les craintes des autorités grecques et ecclésiastiques.  Le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine au pied du mont Sinaï, à près de 500 km à l'est du Caire, est selon la tradition biblique l'endroit où Dieu s'est manifesté à Moïse. (AFP)
L'Egypte a estimé qu'une décision de justice sur le monastère chrétien de Sainte-Catherine ne menaçait pas ce site sacré classé au patrimoine mondial de l'Unesco, tentant d'apaiser les craintes des autorités grecques et ecclésiastiques. Le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine au pied du mont Sinaï, à près de 500 km à l'est du Caire, est selon la tradition biblique l'endroit où Dieu s'est manifesté à Moïse. (AFP)
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  • Un tribunal du Sinaï a statué mercredi -dans le cadre d'un litige foncier entre le monastère et le gouvernorat du Sud-Sinaï- que le monastère "a le droit d'utiliser" le terrain, qui toutefois "appartient à l'Etat en tant que propriété publique"
  • Le chef de l'Eglise orthodoxe grecque, l'archevêque d'Athènes Mgr Ieronymos, a qualifié la décision de  "scandaleuse" car en violation des libertés religieuses

LE CAIRE: L'Egypte a estimé qu'une décision de justice sur le monastère chrétien de Sainte-Catherine ne menaçait pas ce site sacré classé au patrimoine mondial de l'Unesco, tentant d'apaiser les craintes des autorités grecques et ecclésiastiques.

Le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine au pied du mont Sinaï, à près de 500 km à l'est du Caire, est selon la tradition biblique l'endroit où Dieu s'est manifesté à Moïse.

Un tribunal du Sinaï a statué mercredi -dans le cadre d'un litige foncier entre le monastère et le gouvernorat du Sud-Sinaï- que le monastère "a le droit d'utiliser" le terrain, qui toutefois "appartient à l'Etat en tant que propriété publique".

Le chef de l'Eglise orthodoxe grecque, l'archevêque d'Athènes Mgr Ieronymos, a qualifié la décision de  "scandaleuse" car en violation des libertés religieuses.

Selon lui, "le plus ancien monument chrétien orthodoxe au monde, le monastère sacré de Sainte-Catherine sur le mont Sinaï foulé par Dieu, entre dans une grande épreuve qui renvoie à d'autres époques sombres".

Mais le bureau du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a estimé jeudi, dans un communiqué, que la décision de justice "consolide" au contraire le statut du site.

Et il "réitère son engagement total à préserver le statut religieux unique et sacré du monastère de Sainte-Catherine et à empêcher sa violation".

Le monastère, fondé au VIe siècle sur le site biblique du buisson ardent dans les montagnes du sud de la péninsule du Sinaï, est le plus ancien monastère chrétien continuellement habité au monde.

La région de Sainte-Catherine, qui comprend la ville éponyme et une zone naturelle protégée, fait l'objet d'un développement massif dans le cadre d'un mégaprojet gouvernemental controversé visant à attirer le tourisme de masse.

Certains observateurs estiment que ce projet a porté atteinte à l'écosystème de la réserve naturelle et menace le monastère ainsi que la communauté locale.

L'archevêque Ieronymos craint que le monastère va maintenant être "saisi et confisqué", malgré "de récentes promesses contraires faites par le président égyptien au Premier ministre grec".

Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, a communiqué jeudi avec son homologue égyptien Badr Abdelatty, pour dire "qu'il n'y avait aucune marge pour dévier des accords entre les deux parties, exprimés par les dirigeants des deux pays", en mai à Athènes, a précisé sa porte-parole.

Dans une déclaration à l'agence de presse nationale égyptienne, le ministère égyptien des Affaires étrangères a assuré de son côté que les rumeurs de confiscation étaient "infondées".

Le porte-parole du gouvernement grec, Pavlos Marinakis, a noté que "la Grèce exprimera sa position officielle (...) lorsque le contenu officiel et complet de la décision de justice sera connu et évalué", confirmant l'engagement des deux pays à "maintenir le caractère religieux orthodoxe grec du monastère".

 


Soudan: les paramilitaires bombardent El-Obeid, 6 morts dans un hôpital

En février, l'armée soudanaise a brisé le siège paramilitaire de près de deux ans sur El-Obeid, située à un carrefour stratégique reliant la capitale Khartoum (à 400 km) à la vaste région occidentale du Darfour. (AFP)
En février, l'armée soudanaise a brisé le siège paramilitaire de près de deux ans sur El-Obeid, située à un carrefour stratégique reliant la capitale Khartoum (à 400 km) à la vaste région occidentale du Darfour. (AFP)
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  • "La milice a lancé une frappe de drone sur l'hôpital de l'Assurance sociale, faisant six morts et douze blessés", a déclaré à l'AFP une source au sein de l'armée
  • Les paramilitaires ont également mené des attaques dans des "quartiers résidentiels avec de l'artillerie lourde", ciblant notamment un deuxième hôpital, a ajouté cette même source

KHARTOUM: Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont bombardé vendredi la ville d'El-Obeid, dans le sud du Soudan, tuant six personnes dans un hôpital, ont rapporté des sources médicales et militaires.

"La milice a lancé une frappe de drone sur l'hôpital de l'Assurance sociale, faisant six morts et douze blessés", a déclaré à l'AFP une source au sein de l'armée.

Les paramilitaires ont également mené des attaques dans des "quartiers résidentiels avec de l'artillerie lourde", ciblant notamment un deuxième hôpital, a ajouté cette même source.

Une source médicale à l'hôpital principal d'El-Obeid a confirmé ce bilan, précisant que l'hôpital de l'Assurance sociale avait dû fermer en raison des dégâts causés par la frappe.

En février, l'armée soudanaise a brisé le siège paramilitaire de près de deux ans sur El-Obeid, située à un carrefour stratégique reliant la capitale Khartoum (à 400 km) à la vaste région occidentale du Darfour.

Ces dernières semaines, les combattants des FSR ont intensifié leurs attaques contre El-Fasher, dernier grand centre urbain du Darfour encore sous contrôle de l'armée, et les camps de déplacés environnants, Abou Chouk et Zamzam.

Jeudi, Les paramilitaires ont revendiqué la reprise de deux villes stratégiques dans la région du Kordofan, dans l'ouest du Soudan, dont al-Khoei, à 100 km à l'ouest d'El-Obeid.

Al-Khoei avait été brièvement reprise par l'armée il y a une dizaine de jours.

Alors que le conflit est entré dans sa troisième année, le pays reste de facto divisé en deux: l'armée contrôle le centre, l'est et le nord, tandis que les paramilitaires tiennent la quasi-totalité du Darfour et certaines parties du sud.

Le troisième plus vaste pays d'Afrique est déchiré, depuis avril 2023 par une guerre pour le pouvoir que se livrent le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée et dirigeant de facto du pays depuis un coup d'Etat en 2021, et son ancien bras droit, Mohamed Hamdane Daglo, commandant des FSR.

La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU a décrit comme "la pire crise humanitaire" en cours dans le monde.


Gaza: un hôpital affirme que les forces israéliennes procèdent à une «évacuation forcée» des locaux

Un enfant blessé reçoit des soins médicaux à l'hôpital Al-Awda dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, suite à une frappe israélienne, jeudi. (AFP)
Un enfant blessé reçoit des soins médicaux à l'hôpital Al-Awda dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, suite à une frappe israélienne, jeudi. (AFP)
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  • L'hôpital Al-Awda, dans le nord de la bande de Gaza, a affirmé jeudi que les forces israéliennes procédaient à une évacuation forcée de ses locaux
  • L'hôpital Al-Awda de Tel al-Zaatar est le seul hôpital encore en activité dans le nord de la bande de Gaza"

GAZA: L'hôpital Al-Awda, dans le nord de la bande de Gaza, a affirmé jeudi que les forces israéliennes procédaient à une évacuation forcée de ses locaux dans le territoire palestinien où l'armée poursuit son offensive.

"Les forces d'occupation israéliennes procèdent actuellement à l'évacuation forcée des patients et du personnel médical à l'intérieur de l'hôpital Al-Awda de Tel al-Zaatar, le seul hôpital encore en activité dans le nord de la bande de Gaza", a déclaré l'hôpital dans un communiqué. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat.