«Le peuple nigérien» va «dicter» les futures relations avec la France, dit le régime militaire

Des soldats montent la garde alors que les partisans du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger manifestent devant la base aérienne du Niger et de la France pour exiger le départ de l'armée française du Niger, à Niamey, le 16 septembre 2023. (Photo de l'AFP)
Des soldats montent la garde alors que les partisans du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger manifestent devant la base aérienne du Niger et de la France pour exiger le départ de l'armée française du Niger, à Niamey, le 16 septembre 2023. (Photo de l'AFP)
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Publié le Lundi 02 octobre 2023

«Le peuple nigérien» va «dicter» les futures relations avec la France, dit le régime militaire

  • «Ils ont dit qu'ils étaient venus pour aider à éradiquer le terrorisme. Non seulement ils n'ont pas chassé les terroristes mais les terroristes sont de plus en plus nombreux», a déclaré le général Abdourahamane
  • Depuis le coup d'Etat, le Niger fait l'objet de sanctions politiques et économiques de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui a menacé le pays d'une intervention armée

NIAMEY: "Le peuple nigérien" va "dicter" les "futures relations avec la France", a déclaré le chef du régime militaire issu d'un coup d'Etat au Niger, une semaine après l'annonce par Emmanuel Macron du départ de l'ambassadeur français et des troupes tricolores de ce pays sahélien.

"Le peuple nigérien va désormais dicter la forme des futures relations avec la France", a affirmé le général Abdourahamane Tiani samedi soir dans deux interviews en langues locales, une en djerma, l'autre en haoussa, à la télévision nationale, Tele Sahel.

Ces propos ont été tenus une semaine après l'annonce par le président français du départ de l'ambassadeur à Niamey, Sylvain Itté, rentré à Paris mercredi, et de celui "d'ici la fin de l'année" des quelque 1 500 militaires que compte la France au Niger, dans le cadre de la lutte antijihadiste.

Le régime nigérien avait ordonné l'expulsion du diplomate et dénoncé des accords de coopération militaire avec Paris, répétant vouloir le retrait des troupes françaises.

"Nous sommes dans les préparatifs en vue de leur départ", a affirmé le général Tiani.

Le régime militaire est engagé dans un bras de fer avec la France depuis le coup d'Etat du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, allié de l'ex-puissance coloniale. Celle-ci ne reconnaît pas les nouvelles autorités du Niger.

Attaques djihadistes

"Comme ils (les Français) étaient là pour combattre le terrorisme et qu'ils ont unilatéralement arrêté toute coopération (...) leur séjour au Niger est arrivé à son terme", a déclaré Abdourahamane Tiani.

"Ils ont dit qu'ils étaient venus pour aider à éradiquer le terrorisme. Non seulement ils n'ont pas chassé les terroristes mais les terroristes sont de plus en plus nombreux", a-t-il déploré.

Le pays est miné à l'ouest et au sud-est par des attaques jihadistes récurrentes, perpétrées par des groupes liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique.

De son côté, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a estimé vendredi que "le Sahel risqu(ait) de s'effondrer sur lui-même", suite au départ des soldats français du Mali et du Burkina Faso - également dirigés par des militaires - et bientôt du Niger.

"Nous avons été une solution pour la sécurité du Sahel", a-t-il insisté.

Le général Tiani a justifié une nouvelle fois le coup d'Etat par les attaques djihadistes.

Le "pays risqu(ait) un jour de disparaître, nous avons alors décidé de prendre des mesures puisque les gens (au pouvoir sous Bazoum) n'écoutaient pas leurs conseillers militaires" a-t-il déclaré.

La France, par ailleurs, "n'est pas le seul pays avec lequel nous avons des relations culturelles", a-t-il ajouté, en réaction à la suspension de la délivrance de visas par Paris depuis le Niger, le Burkina Faso et le Mali.

Le problème «n'est pas la démocratie»

"Nous n'avons pas le droit de passer cinq ans au pouvoir, il faut être élu pour cela", a-t-il également assuré samedi soir, quelques semaines après avoir annoncé une transition de trois ans maximum.

Selon M. Tiani "le problème ce n'est pas la démocratie, parfois ce sont les personnalités élues qui tordent le cou aux textes pour n'en faire qu'à leur tête".

Il a également justifié le coup d'Etat par "la dilapidation des deniers publics" par les anciens dirigeants.

Le régime avait annoncé à ce sujet la création d'une commission de lutte contre la corruption.

M. Tiani a rappelé la mise en place d'un "dialogue national" pour écrire de nouveaux textes régissant la vie politique nigérienne.

Depuis le coup d'Etat, le Niger fait l'objet de sanctions politiques et économiques de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui a menacé le pays d'une intervention armée.

Selon le général Tiani, cette organisation "n'a même pas cherché" à "connaître les raisons" du coup d'Etat. Il déplore que "les populations souffrent de l'embargo".

Fustigé par des pays occidentaux et africains, le régime nigérien s'est trouvé de nouveaux alliés, le Mali et le Burkina.

M. Tiani a rappelé avoir créé avec eux une coopération de défense, l'Alliance des Etats du Sahel (AES), précisant qu'"un accord économique viendra(it) ensuite".

M. Bazoum, séquestré depuis le coup d'Etat dans sa résidence présidentielle, et à qui Emmanuel Macron a réaffirmé son soutien, a saisi la Cour de justice de la Cedeao pour sa libération.


La reconnaissance d'un Etat palestinien est «un devoir moral» et «une exigence politique», dit Macron

Lors d'une conférence de presse à Singapour, Emmanuel Macron a affirmé que les Européens devaient "durcir la position collective" contre Israël. (AFP)
Lors d'une conférence de presse à Singapour, Emmanuel Macron a affirmé que les Européens devaient "durcir la position collective" contre Israël. (AFP)
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  • La France copréside avec l'Arabie saoudite du 17 au 20 juin à l'ONU, à New York, une conférence internationale sur la solution dite à deux Etats, israélien et palestinien
  • Sans dire clairement s'il reconnaîtrait un Etat palestinien à cette occasion, Emmanuel Macron a estimé vendredi que "la création d'un Etat palestinien" sous conditions était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique"

SINGAPOUR: Le président français Emmanuel Macron a déclaré vendredi que la reconnaissance d'un Etat palestinien n'était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique", tout en énumérant plusieurs conditions pour franchir le pas, avant une conférence à l'ONU sur le sujet à laquelle il participera le 18 juin.

Lors d'une conférence de presse à Singapour, il a aussi affirmé que les Européens devaient "durcir la position collective" contre Israël, "s'il n'y a pas une réponse qui est à la hauteur de la situation humanitaire qui est apportée dans les prochaines heures et les prochains jours" dans la bande de Gaza.

Dans ce cas, l'Union européenne devra "appliquer" ses "règles", "c'est-à-dire mettre un termes à des processus qui supposent le respect des droits de l'Homme, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et appliquer des sanctions", a-t-il estimé, en référence à l'accord d'association entre les Vingt-Sept et Israël, qui va être réexaminé.

"Et donc oui, nous devons durcir notre position parce que c'est aujourd'hui une nécessité, mais j'ai encore l'espoir que le gouvernement d'Israël infléchira la sienne et que nous aurons enfin une réponse humanitaire", a-t-il ajouté.

La France copréside avec l'Arabie saoudite du 17 au 20 juin à l'ONU, à New York, une conférence internationale sur la solution dite à deux Etats, israélien et palestinien.

Sans dire clairement s'il reconnaîtrait un Etat palestinien à cette occasion, Emmanuel Macron a estimé vendredi que "la création d'un Etat palestinien" sous conditions était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique".

Il en a énuméré les conditions : "libération des otages" détenus par le Hamas, "démilitarisation" du mouvement islamiste palestinien, sa "non-participation" à la gouvernance de cet Etat, une "réforme de l'Autorité palestinienne", la reconnaissance, par le futur Etat, d'Israël et de "son droit à vivre en sécurité", et la "création d'une architecture de sécurité dans toute la région".

"C'est ce que nous essaierons de consacrer par un moment important le 18 juin ensemble, et j'y serai", a-t-il dit au sujet de la conférence à l'ONU.

 


Bayrou et Retailleau, des destins liés malgré les désaccords

Le Premier ministre français François Bayrou (à droite) prononce un discours avec le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau après une réunion du Comité interministériel de contrôle de l'immigration (CICI) à l'hôtel Matignon à Paris, le 26 février 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou (à droite) prononce un discours avec le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau après une réunion du Comité interministériel de contrôle de l'immigration (CICI) à l'hôtel Matignon à Paris, le 26 février 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre centriste François Bayrou et son vibrionnant ministre de l'Intérieur devenu patron de la droite Bruno Retailleau ont paradoxalement besoin l'un de l'autre malgré leurs différences

PARIS: Duo improbable, comme les deux faces d'une même pièce, le Premier ministre centriste François Bayrou et son vibrionnant ministre de l'Intérieur devenu patron de la droite Bruno Retailleau ont paradoxalement besoin l'un de l'autre malgré leurs différences.

Quand le patron de la place Beauvau a été élu à la tête des Républicains le 18 mai, François Bayrou lui a transmis sur X ses "chaleureuses" félicitations et souligné sa "magnifique" victoire, souhaitant faire "cause commune" avec lui au gouvernement.

La désormais double casquette du Vendéen est même "une force" pour le gouvernement, a-t-il appuyé mardi sur BFMTV, en qualifiant de "sérieuses" ses propositions contre l'islam radical, alors même que le président Emmanuel Macron lui a demandé de revoir sa copie.

Le nouveau patron de LR considère pour sa part que sa large élection a "tranché" la question de son maintien au gouvernement du centre et de la droite.

Or privé de majorité et en difficulté pour faire adopter un prochain budget très contraint, François Bayrou ne peut pas gouverner sans la droite et prendre le risque que cette dernière rejoigne les rangs de l'opposition pour le censurer.

- "Vice-Premier ministre" -

Nommé à Matignon il y a seulement cinq mois, François Bayrou "a envie de durer". Il "ne veut pas se prendre de claques" sur le prochain budget et pour ne fâcher personne, il "endort tout le monde", rapporte un ancien ministre social-libéral.

Du coup "ça rame" à Matignon, qui reste flou sur ses intentions.

De son côté Bruno Retailleau bénéficie à son poste d'une exposition médiatique et d'un champ d'action qui pourraient servir ses ambitions élyséennes.

Ministre et président de LR, "ça redonne une réalité à la droite, un rayonnement qu'elle n'avait pas eu depuis longtemps", souligne une ministre "amie" du patron de Beauvau. "Ca le met dans le paysage" en même temps que "ça l'expose".

"Bruno est quelqu'un de loyal", fait valoir un ministre de droite, qui doute que l'opinion, "à qui on explique tous les jours que tout va mal", comprenne son éventuel départ du gouvernement "pour des questions électoralistes".

Mais "ça va être compliqué de faire avec un poids-lourd" comme lui, qui pèse désormais autant qu'un "vice-Premier ministre", souligne un conseiller ministériel.

Quand le chef du gouvernement était lundi en Loire-Atlantique pour un comité de la mer, c'est Bruno Retailleau qui est allé à la rencontre des agriculteurs près de l'Assemblée nationale avec la ministre LR Annie Genevard.

Ministre ou candidat en campagne ? "Je suis un enfant de la ruralité", a commencé M. Retailleau en défendant l'agriculture française et en ignorant à quelques mètres de lui le patron de Renaissance Gabriel Attal, pourtant son partenaire de gouvernement.

- "Entre-deux" -

Depuis sa victoire à la présidence de LR, le nouveau patron de la droite a bondi dans les sondages. Mais "est-ce parce qu'il est Bruno Retailleau ou parce qu'il est ministre de l'Intérieur ?" se demande un membre du gouvernement.

"Que le gouvernement soit traversé de tentations présidentielles au détriment de l'efficacité gouvernementale, c'est dangereux", prévient un député macroniste. "On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre".

"Soit les Républicains sont en soutien, soit ils quittent le gouvernement. On ne peut pas rester dans un entre deux", estimait un autre élu Renaissance après que la porte-parole LR Sophie Primas avait évoqué "la fin" prochaine du macronisme, provoquant un tollé dans le camp présidentiel.

Pendant que François Bayrou est accusé de "se planquer", Bruno Retailleau, soucieux de ne pas se faire accuser de "dilution" dans le macronisme, cherche à se démarquer en promettant un projet de "rupture" en 2027.

De quoi tendre la cohabitation entre ministres qui s'apparente déjà à de la cacophonie. Chacun y va de sa proposition au risque de contredire le Premier d'entre eux. "Chacun existe" mais "il y a un chef", a tenté de rappeler mardi François Bayrou tout en assumant avoir voulu des ministres "poids-lourds".

Si Bruno Retailleau "veut concourir à la présidentielle, il devra sortir" du gouvernement, pense un proche du Premier ministre. "Donc ça va nous causer encore des emmerdes".


L'UE et six de ses Etats membres ratifient le traité pour protéger la haute mer

Cette photographie prise le 19 avril 2024 montre la baie des anges dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, où se dérouleront certains des matchs de football des Jeux olympiques de Paris 2024. (AFP)
Cette photographie prise le 19 avril 2024 montre la baie des anges dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, où se dérouleront certains des matchs de football des Jeux olympiques de Paris 2024. (AFP)
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  • L'Union européenne et six de ses Etats membres ont ratifié mercredi le traité pour protéger la haute mer, à quelques jours de la conférence de l'ONU sur les océans organisée en France
  • Cela porte à 29 le nombre de ratifications, encore loin des 60 nécessaires pour l'entrée en vigueur du traité

Nations unies, États-Unis: L'Union européenne et six de ses Etats membres ont ratifié mercredi le traité pour protéger la haute mer, à quelques jours de la conférence de l'ONU sur les océans organisée en France et qui a fait de son entrée en vigueur une priorité.

L'UE ainsi que Chypre, la Finlande, la Hongrie, la Lettonie, le Portugal et la Slovénie, ont déposé auprès des Nations unies leurs instruments de ratification du texte adopté en juin 2023 après des années de négociations, a indiqué la mission européenne à l'ONU dans un communiqué. La France et l'Espagne l'avaient déjà fait en début d'année.

C'est un "pas historique vers la protection des océans du monde et la préservation de l'équilibre délicat des écosystèmes de la planète", a commenté le commissaire européen à la Pêche et aux Océans, Costas Kadis, appelant tous les pays à suivre cet exemple.

Cela porte à 29 le nombre de ratifications, encore loin des 60 nécessaires pour l'entrée en vigueur du traité.

La coalition d'ONG High Seas Alliance a salué une "étape majeure". Mais "il faut augmenter la pression politique", a insisté sa directrice Rebecca Hubbard dans un communiqué.

Alors que la France et les ONG de défense de l'environnement avaient espéré que le traité prenne vie à l'occasion de la conférence de l'ONU sur les océans à Nice du 9 au 13 juin, il n'y a plus aucune chance que cela se produise. Le traité ne pourra en effet entrer en vigueur que 120 jours après la 60e ratification.

Malgré tout, la priorité "numéro un" de la France qui accueille la conférence "est d'obtenir les 60 ratifications pour l'entrée en vigueur. Si ce n'est pas à Nice, au moins dans un avenir très proche", a commenté cette semaine l'ambassadeur français à l'ONU Jérôme Bonnafont.

Le traité historique vise à mettre à l'abri des écosystèmes marins vitaux pour l'humanité menacés par des pollutions multiples, dans les eaux internationales qui couvrent près de la moitié de la planète.

Il prévoit notamment la création d'aires marines protégées où certaines activités pourraient être limitées. Si le texte n'en donne pas de liste, cela pourrait inclure la pêche ou l'extraction minière, qui dépendent aussi toutefois d'autres organisations internationales.