Voile dans le foot: La FFF dans l'embarras

Des femmes se faisant appeler les "Hijabeuses" posent avec une banderole indiquant en français "#football pour toutes" avant de jouer au football dans le jardin du Luxembourg face au Sénat français à Paris le 26 janvier 2022 (Photo, AFP).
Des femmes se faisant appeler les "Hijabeuses" posent avec une banderole indiquant en français "#football pour toutes" avant de jouer au football dans le jardin du Luxembourg face au Sénat français à Paris le 26 janvier 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 28 juin 2023

Voile dans le foot: La FFF dans l'embarras

  • La plus haute juridiction administrative a été saisie par le collectif des «Hijabeuses» qui contestent l'article 1 du règlement de la FFF
  • «Aujourd’hui, il existe déjà des signes religieux, comme ouvrir les mains qui est un signe musulman, toucher le sol et l’embrasser»

PARIS: L'avis du rapporteur public du Conseil d'Etat, favorable lundi à la possibilité de porter le voile lors des compétitions de football, place dans l'embarras la Fédération française, confrontée depuis plusieurs années à cette question épineuse et qui devra peut-être modifier son règlement.

La plus haute juridiction administrative a été saisie par le collectif des "Hijabeuses" qui contestent l'article 1 du règlement de la FFF interdisant depuis 2016 tout "signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale".

Le Conseil d'Etat, qui suit généralement les avis du rapporteur public et dont la décision est attendue jeudi, pourrait donc obliger l'instance à faire machine arrière alors que celle-ci a une position opposée à celle de la Fifa, qui autorise le voile dans ses épreuves, ou à d'autres disciplines en France comme le basket, le volley-ball, le handball, l'athlétisme ou le judo.

Le président de la FFF Philippe Diallo n'avait d'ailleurs pas hésité à rappeler la posture de la Fédération en envoyant un courrier le 16 mars aux présidents des ligues et districts, expliquant qu'"un foulard sur la tête (...) est un signe ostensible religieux qui va à l'encontre du principe de neutralité sur les lieux de pratique."

Cet argument a été balayé lundi par le rapporteur public Clément Malverti, qui a estimé qu'il n'y a ni "prosélytisme", ni "provocation" dans le seul port du hijab, et aucune "exigence de neutralité" pour les licenciées de la FFF.

Lobbying 

Selon lui, avec le règlement actuel de la Fédération, qui a le "monopole" sur l'organisation des matches, les joueuses portant le voile sont de facto "exclues" et doivent "renoncer à toute compétition et toute carrière".

C'est dire si l'audience du Conseil d'Etat de lundi a fait l'effet d'une douche froide du côté du Boulevard de Grenelle, siège parisien de la "3F".

Un dirigeant de la FFF, interrogé par l'AFP, craint ainsi une dérive vers le "communautarisme".

"Il est fortement à craindre que le Conseil d'Etat fasse reculer le principe de laïcité qui nous anime. Ainsi les musulmanes joueront voilées, l’arrêt du jeu pour la rupture du jeûne du Ramadan sera autorisé, les juifs demanderont à ne plus jouer pendant le Shabbat, et ainsi de suite", a regretté le responsable sous couvert d'anonymat.

Selon une source ayant connaissance du dossier, la Fédération pourrait faire du lobbying auprès des législateurs pour pousser à une modification de la loi afin de prohiber les signes religieux en compétition. La droite et l'extrême droite ont d'ores et déjà appelé mardi à légiférer sur la question et la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera a dit ne pas exclure une "évolution du droit".

"On voit qu'il y a un besoin de clarification", a-t-elle déclaré devant les journalistes à l'Assemblée nationale.

Le Sénat à majorité de droite avait adopté le 19 janvier 2022 un amendement LR interdisant "le port de signes religieux ostensibles" lors "d'événements sportifs et compétitions sportives organisées par les fédérations sportives". Cet amendement avait été abrogé par l'Assemblée nationale, où le parti présidentiel disposait alors de la majorité absolue.

«Disposition fragile»

En attendant une éventuelle intervention du Parlement, la FFF, dans l'état actuel des textes, pourrait n'avoir d'autres choix que de changer son règlement, ce qui ne peut se faire que lors d'une Assemblée générale, réunie deux fois par an. La prochaine aura lieu en décembre 2023.

"La disposition de l’article 1 de la FFF est fragile et ne suit pas le droit. Si on n’est pas d’accord avec cela, cela veut dire qu’on n’écoute pas le droit et cela peut être dangereux. La plupart des autres sports autorisent le voile", rappelle Jean-Louis Bianco, ancien président de l'Observatoire de la Laïcité.

"Aujourd’hui, il existe déjà des signes religieux, comme ouvrir les mains qui est un signe musulman, toucher le sol et l’embrasser. Il y a bien sûr une limite, c’est le trouble à l’ordre public et par exemple les prières dans les vestiaires, mais le port du voile ne rentre pas là dedans", poursuit l'ex-secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand.

Pour l'islamologue Razika Adnani, membre du conseil d'orientation de la Fondation de l'Islam de France, accepter le voile sur un terrain c’est en revanche "renoncer à la liberté et à l’égalité et à la modernité, il y a un renoncement avec le retour du religieux, c’est inquiétant".


Ineligibilité: Le Pen empêchée, les idées d’extrême droite persistent

La décision, prononcée en l’absence de Marine Le Pen, qui avait choisi de quitter la salle d’audience, la condamne également à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et à une inéligibilité provisoire.  Outre Le Pen, huit eurodéputés du RN ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics dans cette affaire liée à des soupçons d’emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du parti. (AFP)
La décision, prononcée en l’absence de Marine Le Pen, qui avait choisi de quitter la salle d’audience, la condamne également à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et à une inéligibilité provisoire. Outre Le Pen, huit eurodéputés du RN ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics dans cette affaire liée à des soupçons d’emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du parti. (AFP)
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  • Par ce verdict, le tribunal porte un coup d’arrêt à la carrière politique de Le Pen, rendant impossible sa candidature à l’élection présidentielle de 2027
  • L’affaire a débuté en 2014, lorsque des accusations ont été lancées contre le RN, accusé d’avoir rémunéré, sur fonds européens, des assistants travaillant en réalité pour le parti

PARIS:  Inéligible pour une durée de cinq ans : une décision qui tombe ce lundi 31 mars, comme un couperet, pour la cheffe de file du Rassemblement National (RN), parti d’extrême droite, Marine Le Pen.

Par ce verdict, le tribunal porte un coup d’arrêt à la carrière politique de Le Pen, rendant impossible sa candidature à l’élection présidentielle de 2027.

La décision, prononcée en l’absence de Marine Le Pen, qui avait choisi de quitter la salle d’audience, la condamne également à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et à une inéligibilité provisoire.

Outre Le Pen, huit eurodéputés du RN ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics dans cette affaire liée à des soupçons d’emplois fictifs concernant les assistants parlementaires des députés européens du parti.

L’affaire a débuté en 2014, lorsque des accusations ont été lancées contre le RN, accusé d’avoir rémunéré, sur fonds européens, des assistants travaillant en réalité pour le parti.

L’enquête a révélé par la suite qu’un système bien rodé d’emplois fictifs avait causé un préjudice estimé à 4,6 millions d’euros sur une période de dix ans.

Le jugement met fin à un suspense qui durait depuis novembre dernier, lorsque les procureurs avaient requis l’inéligibilité de Le Pen dans le cadre de cette affaire.

L’impact de ce verdict est pris très au sérieux par le chef du gouvernement français, François Bayrou, qui a ordonné à ses ministres de ne pas commenter la décision de justice.

Marine Le Pen a immédiatement annoncé son intention de faire appel de la décision, mais l’exécution provisoire de son inéligibilité s’applique immédiatement, même en cas de recours.

Cette décision pourrait provoquer de vives réactions, tant au sein de la classe politique que de l’opinion publique française.

L’impact de ce verdict est pris très au sérieux par le chef du gouvernement français, François Bayrou, qui a ordonné à ses ministres de ne pas commenter la décision de justice.

Cependant, cette consigne n’empêchera probablement pas les divisions de se manifester.

Nombreux sont ceux qui se réjouissent de ce verdict, qui stoppe net la progression de Le Pen vers l’Élysée, où elle s’est déjà présentée à deux reprises, parvenant à atteindre le second tour et à accroître le nombre de voix en sa faveur.

D’autres, en revanche, y voient un complot politico-judiciaire visant à entraver la progression de Le Pen vers la fonction suprême et à briser un élan populaire de plus en plus marqué.

La dynamique populaire de Le Pen

Il suffit de se rappeler les élections européennes de 2024, où le RN est arrivé en tête des forces politiques françaises, reléguant au second plan le parti « Renaissance », soutien du président Emmanuel Macron.

Les élections législatives anticipées, convoquées à la suite des européennes, n’ont pas inversé la tendance.

Au contraire, elles ont permis à Le Pen de diriger un groupe parlementaire conséquent de 142 députés, soudé et influent lors des discussions et des votes à l’Assemblée nationale, contrairement aux autres blocs.

Plutôt que de s’attaquer aux causes profondes de cette désaffection, les partis traditionnels ont préféré fermer les yeux, s’étonnant ensuite de voir les extrêmes gagner du terrain.

Ces résultats illustrent la dynamique populaire derrière Marine Le Pen, alimentée par un désamour croissant entre les Français et leur classe politique traditionnelle.

Ce phénomène s’explique également par le sentiment d’abandon face aux inégalités sociales, à l’insécurité et à un fossé toujours plus grand entre le peuple et des dirigeants perçus comme déconnectés des réalités quotidiennes.

Plutôt que de s’attaquer aux causes profondes de cette désaffection, les partis traditionnels ont préféré fermer les yeux, s’étonnant ensuite de voir les extrêmes gagner du terrain.

De nombreux observateurs estiment que ceux qui se réjouissent de la chute de Le Pen se méprennent : la décision de justice freine peut-être son ascension à l’Élysée, mais pas la progression des idées d’extrême droite dans l’opinion publique.

Bien au contraire, ces idées, nourries par la frustration et le sentiment d’injustice ressentis par une partie des Français, se renforceront probablement grâce à la posture de victime que Le Pen ne manquera pas d’exploiter.

D’ailleurs, ce procédé est déjà enclenché.

Commentant le verdict du tribunal sur X, le prėsident du RN, Jordan Bardella a indiqué « aujourd’hui, ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée ».

 


Macron fixe une série d'objectifs pour la conférence de l'ONU sur les océans en juin à Nice

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'un événement international de deux jours « SOS Océan ! », en amont de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC-3), prévue en juin 2025, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Michel Euler / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'un événement international de deux jours « SOS Océan ! », en amont de la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC-3), prévue en juin 2025, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Michel Euler / POOL / AFP)
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  • Emmanuel Macron a fixé  lundi huit objectifs à la prochaine Conférence des Nations unies pour l'Océan qui se tiendra en juin à Nice.
  • L'accord trouvé à l'ONU en mars 2023 pour « la conservation et l'utilisation durable » de la haute mer a été signé par 110 États, mais n'est à cette heure ratifié que par 21 d'entre eux.

PARIS : Emmanuel Macron a fixé  lundi huit objectifs à la prochaine Conférence des Nations unies pour l'Océan qui se tiendra en juin à Nice, dont l'entrée en vigueur de l'accord sur la gouvernance de la haute mer, l'arrêt de la surpêche mondiale et la défense de la science à l'heure de sa remise en cause aux États-Unis.

L'accord trouvé à l'ONU en mars 2023 pour « la conservation et l'utilisation durable » de la haute mer a été signé par 110 États, mais n'est à cette heure ratifié que par 21 d'entre eux.

« L'objectif pour Nice, c'est d'avoir au moins les 60 ratifications qui lui permettront d’entrer en vigueur. Nous n'y sommes pas encore (...). Il y a encore un très gros travail à faire », a concédé le président français à l'occasion d'un sommet « SOS Océan » qui était organisé à Paris.

« Il faut rendre possible un espace de gestion durable de la haute mer et de ses ressources », avec la création d'aires marines protégées et des études d’impact environnemental, a-t-il insisté.

Emmanuel Macron a aussi appelé à continuer la lutte contre la « pêche illégale, illicite et non déclarée », qui représente encore entre 10 et 20 % de la production selon lui.

Le chef de l'État espère par ailleurs des « résultats tangibles » en matière de décarbonation du transport maritime, avec un objectif de neutralité totale à l'horizon 2050. Cela devra passer par des « investissements massifs » dans la transition vers les carburants durables.

Il a aussi insisté sur la « mobilisation de nouveaux financements » dans l'électrification des ports, la recherche ou l'innovation.

« Nous vivons une période où beaucoup de grandes puissances stoppent leurs financements vers les organismes de recherche publique, contestent la véracité des résultats établis scientifiquement », a-t-il relevé dans une allusion au président américain Donald Trump.

La France plaide ainsi pour un moratoire sur l'exploitation des grands fonds marins faute de connaissances scientifiques suffisantes. « Il ne doit pas y avoir d'action concernant l'océan qui ne soit éclairée par la science », a martelé le président français.


Réunion de crise au siège du RN après la condamnation de Le Pen

Le vice-président du RN et maire de Perpignan, Louis Aliot (C), s'adresse à la presse à son arrivée au siège du parti d'extrême droite français à Paris, le 31 mars 2025.(Photo by Thomas SAMSON / AFP)
Le vice-président du RN et maire de Perpignan, Louis Aliot (C), s'adresse à la presse à son arrivée au siège du parti d'extrême droite français à Paris, le 31 mars 2025.(Photo by Thomas SAMSON / AFP)
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  • Marine Le Pen et l'état-major du Rassemblement national étaient réunis lundi après-midi au siège du parti à Paris.
  • Cette réunion au sommet devait acter la riposte face à une décision judiciaire qui pourrait empêcher une quatrième tentative de conquête du pouvoir et forcer le parti à se trouver un nouveau champion.

PARIS : Marine Le Pen et l'état-major du Rassemblement national étaient réunis lundi après-midi au siège du parti à Paris, dans la foulée de la condamnation de leur cheffe de file à une peine d’inéligibilité immédiate qui hypothèque sa candidature à la présidentielle de 2027.

Partie sans un mot du tribunal de Paris à la mi-journée, juste avant l'énoncé de sa sentence, Marine Le Pen s'est aussitôt engouffrée dans une voiture qui l'a conduite vingt minutes plus tard au siège du parti d'extrême droite, dans le cossu 16ᵉ arrondissement de la capitale.

Plusieurs de ses proches ont suivi dans son sillage, dont l'eurodéputée Catherine Griset -elle aussi condamnée en tant qu'ex-assistante parlementaire de Mme Le Pen à Bruxelles- ainsi que le député du Pas-de-Calais Bruno Bilde.

Une partie de la garde rapprochée de la patronne du RN a accompagné le cortège : son directeur de cabinet Ambroise de Rancourt, son conseiller presse Victor Chabert et le secrétaire général du groupe à l'Assemblée Renaud Labaye.

D'autres les ont rejoints sur place, à commencer par le président du RN Jordan Bardella, puis le maire de Perpignan Louis Aliot (condamné dans la même affaire mais sans exécution immédiate de sa peine), le député Laurent Jacobelli et Marine Le Pen, sœur de la triple candidate malheureuse à l'élection présidentielle.

Cette réunion au sommet devait acter la riposte face à une décision judiciaire qui pourrait empêcher une quatrième tentative de conquête du pouvoir et forcer le parti à se trouver un nouveau champion.

Le premier élément de réponse est venu de l'avocat de Mme Le Pen, Rodolphe Bosselut, qui a affirmé en arrivant à son tour au siège du parti que sa cliente allait « faire appel », devant de nombreux micros et caméras de journalistes.

Elle reste « combative », a assuré quelques minutes plus tôt M. Jacobelli devant les journalistes. « Ceux qui croient que cette exécution politique l’a mise à genoux se trompent lourdement », a également assuré sur LCI l'eurodéputé Matthieu Valet, autre porte-parole du parti.

L'intéressée aura l'occasion d'en faire la démonstration devant un large public lundi soir, lors du 20 heures de TF1.