Théâtre d'une fusillade, la commune de Villerupt réclame des moyens

Un ruban de police est visible sur les lieux d'une fusillade à Villerupt, dans l'est de la France, le 14 mai 2023. Un homme cagoulé a tiré depuis une voiture le 13 mai 2023, blessant cinq personnes, dont trois grièvement. (Photo, AFP)
Un ruban de police est visible sur les lieux d'une fusillade à Villerupt, dans l'est de la France, le 14 mai 2023. Un homme cagoulé a tiré depuis une voiture le 13 mai 2023, blessant cinq personnes, dont trois grièvement. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 14 mai 2023

Théâtre d'une fusillade, la commune de Villerupt réclame des moyens

  • Le territoire réclame depuis des années au gouvernement qu'il obtienne une rétrocession fiscale auprès du Luxembourg, sur le modèle de ce qui existe déjà au bénéfice des communes belges, sans succès jusqu'ici
  • Dans ces conditions, les plaintes finissent par s'accumuler sur les étagères des commissariats

VILLERUPT: Une zone frontalière qui favorise le développement des trafics: au lendemain de la fusillade qui a fait cinq blessés à Villerupt (Meurthe-et-Moselle), syndicats policiers et élus locaux se plaignent d’être abandonnés par l’Etat.

Au petit matin, les habitants se sont réveillés groggys. Si la police scientifique a quitté les lieux dimanche, quelques traces de sang au sol témoignent encore du violent épisode de la veille, qui a laissé trois personnes en urgence absolue, et deux autres plus légèrement blessés, tandis que l'agresseur a pris la fuite.

Les tirs ont eu lieu au pied de l'une des très rares barres d'immeuble du centre-ville de Villerupt, à proximité de l'église, d'une boulangerie et d'une maison de la presse, à moins de 300 mètres du commissariat.

Sur ce point de trafic très connu de la population et des autorités, les prix des stupéfiants sont écrits sur les murs : 80 euros le gramme de cocaïne, 60 euros les 10 grammes de "shit", 80 euros pour la "beuh".

"Dernièrement, les trafiquants sortaient les chaises de camping, ils posaient les balances pour peser la drogue sur les fenêtres de nos services techniques", déplore auprès de l'AFP le maire, Pierrick Spizak (PCF), âgé de 35 ans. "Ce qui est arrivé, on pouvait malheureusement s'y attendre, et ce n'est pas faute d'avoir alerté".

«Dotation éphémère»

En 2016, les circonscriptions policières de Villerupt et de Longwy, à vingt kilomètres, ont été fusionnées, à effectifs constants. Pour couvrir ce territoire élargi, un hôtel de police flambant neuf a été inauguré en janvier 2017, en remplacement du précédent, complètement vétuste.

"Au moment de l'ouverture, on a eu la dotation en agents, mais ça a été très éphémère", se remémore Serge de Carli (PCF), le président de la communauté de communes de Longwy. Selon le maire de Villerupt, il manque désormais 25 agents de terrain à l'hôtel de police, par rapport à sa dotation.

"La République défend l'équité des citoyens, en droits et en devoirs. Je considère, avec Pierrick Spizak, qu'ici la situation est inéquitable, particulièrement en ce qui concerne la sécurité publique", avance M. de Carli.

Car pour ces élus, les problèmes de trafics sur le territoire sont accentués par la proximité immédiate de la Belgique et du Luxembourg, seulement à une poignée de kilomètres.

"On est sur un axe Nord-Sud depuis Amsterdam, et nous sommes confrontés à un certain nombre de réalités, le trafic de drogue notamment", explique Serge de Carli. "On a des dealers qui s'installent, qui viennent pourrir la vie des habitants. On est bien seul face à tout ça".

Parallèlement, la proximité du Luxembourg et ses salaires plus élevés attire les travailleurs, la population augmente localement : Villerupt a récemment repassé à la hausse la barre des 10 000 habitants, une première en 20 ans.

Mais si les richesses sont produites au Grand-Duché, les besoins quotidiens des frontaliers s’expriment côté français, et les moyens, notamment sécuritaires, ne suivent pas.

Le territoire réclame depuis des années au gouvernement qu'il obtienne une rétrocession fiscale auprès du Luxembourg, sur le modèle de ce qui existe déjà au bénéfice des communes belges, sans succès jusqu'ici.

Dans ces conditions, les plaintes finissent par s'accumuler sur les étagères des commissariats.

«Stock énormissime»

"La circonscription est trop grande, il y a besoin de renfort : le stock est énormissime, plus de 11 000 dossiers sont en attente", indique Abdel Nahass, secrétaire zonal adjoint du syndicat Unité SGP Police FO.

"Les trafiquants se jouent des frontières. Ils ont compris qu'il y avait un manque de coopération entre les pays, ils naviguent, il n'y a rien de plus facile", pointe-t-il.

Le territoire pâtit également d'un manque d'attractivité aux yeux des fonctionnaires : les agents de police recrutés localement sortent généralement tout juste de formation, et repartent rapidement.

"Il y a un turn-over très important, on a du mal à fidéliser. Il faudrait revaloriser ces postes", juge David Ghisleri, responsable régional du syndicat Alliance.

"On pourrait faciliter l'accès au logement, proposer des primes aux agents qui restent plusieurs années, comme ça se fait en région parisienne", ajoute-t-il. "Il y aurait beaucoup de leviers à activer si les pouvoirs publics se saisissaient du problème à bras le corps. Mais ce n'est pas nécessairement le cas de la part de l'Etat".

Sollicitée, la préfecture n'a pas donné suite.


Emeutes en Nouvelle-Calédonie: Macron convoque une réunion de crise

Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
Un habitant masqué surveille des militants à l'entrée de Tuband, dans le quartier Motor Pool de Nouméa, le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans l'outre-mer français de Nouvelle-Calédonie. (AFP)
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  • Les dirigeants des Républicains ont demandé que le Conseil des ministres instaure mercredi l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie pour mettre fin aux émeutes
  • Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie

PARIS: Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie, qui a fait deux morts et des centaines de blessés, ont annoncé ses services.


La mairie de Paris demande au préfet d'interdire les maraudes d'ultradroite «  discriminatoires  »

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
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  • Le reportage donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités
  • Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri

PARIS: Deux adjoints de la maire de Paris Anne Hidalgo ont demandé mardi au préfet de police Laurent Nunez d'interdire les maraudes "discriminatoires" dans la capitale, menées par des groupes d'ultradroite aux propos "ouvertement racistes", après un reportage de BFMTV.

Le reportage en question donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités, dans un courrier transmis à l'AFP.

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri.

"On ne donne qu'aux Blancs", dit ainsi une jeune femme. "Les noirs évidemment et les arabes, on ne leur donne pas."

Des propos "extrêmement choquants, ouvertement racistes et discriminatoires" pour les deux adjoints, "qui sont de nature, selon nous, à relever d'une qualification pénale et salissent en tout état de cause l'image de notre ville, tout en étant susceptibles de troubler l'ordre public".

Les deux élus de gauche rappellent qu'en 2007, le Conseil d'Etat avait interdit la distribution des "soupes au cochon", une "façon détournée des extrémistes de droite d'exclure les musulmans".

Le groupuscule suivi par BFMTV "va plus loin en revendiquant son racisme et justifiant ces pratiques discriminatoires", s'alarment-ils.

Les élus de la municipalité demandent à Laurent Nunez et au ministre de l'Intérieur de "prendre les mesures d'interdiction de ce genre de distributions alimentaires qui sont plus sûrement des opérations de promotion de la haine que de solidarité".

Samedi, plusieurs centaines de militants d'ultradroite ont défilé à Paris. La préfecture de police de Paris avait pourtant interdit cette manifestation annuelle en arguant d'un risque de troubles à l'ordre public, mais le tribunal administratif de Paris a suspendu cette mesure.


Nouvelle-Calédonie: un mort lors d'une nouvelle nuit d'émeutes, lés députés votent la révision constitutionnelle

Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville. (AFP).
Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville. (AFP).
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  • Plusieurs bâtiments publics de Nouméa ont brûlé dans la nuit, a constaté un correspondant de l'AFP
  • Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville

NOUMEA: Une personne a été tuée par balle dans la nuit de mardi à mercredi lors d'une deuxième nuit consécutive d'émeutes en Nouvelle-Calédonie, alors que les députés votaient à Paris la révision constitutionnelle du corps électoral à l'origine de la colère du camp indépendantiste.

Selon le représentant de l'Etat dans l'archipel français du Pacifique Sud, cette personne, touchée par des tirs avec deux autres personnes, est décédée des suites de ses blessures à l'hôpital de Nouméa.

Le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a précisé devant la presse que la victime n'avait pas été victime "d'un tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu'un qui a certainement voulu se défendre".

Malgré le couvre-feu mis en place dans la principale ville du territoire dès 18h00 locales mardi (9h00 à Paris), les graves violences qui ont débuté lundi dans l'archipel ont repris dès la nuit tombée, marquée par de nombreux incendies, pillages et  échanges de tirs, y compris contre les forces de l'ordre.

Plusieurs bâtiments publics de Nouméa ont brûlé dans la nuit, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des voitures accidentées ou calcinées étaient également visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions transportant des gendarmes mobiles, entre autres forces de l'ordre, sillonnaient la ville.

"On est dans une situation que je qualifierais d'insurrectionnelle", a déploré M. Le Franc, "L'heure doit être à l'apaisement (...) l'appel au calme est impératif", a-t-il insisté. "Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armés".