Les émeutes urbaines aiguisent les divergences au sein de la Nupes

Jean-Luc Mélenchon, président de La France Insoumise (LFI) (Photo, AFP).
Jean-Luc Mélenchon, président de La France Insoumise (LFI) (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 02 juillet 2023

Les émeutes urbaines aiguisent les divergences au sein de la Nupes

  • Pour Hélène Geoffroy, c'est l'occasion de dire d'une même voix «que le PS est attaché à l'état de droit»
  • Pour Olivier Faure, il faut continuer à parler avec Mélenchon "même dans les moments de profonds désaccords

LYON: "On ne peut pas donner le sentiment d'encourager et d'accepter les violences": les émeutes urbaines mettent au jour les divergences au sein de la Nupes, où même le patron du PS Olivier Faure ne cache pas son "profond désaccord" avec Jean-Luc Mélenchon.

Invité aux journées d'été du courant minoritaire du PS "Debout les socialistes", farouchement opposé à la Nupes et à LFI, Olivier Faure a cependant défendu l'alliance avec LFI. Mais il a affirmé sa différence sur la manière d'aborder les émeutes qui secouent le pays depuis quatre nuits après la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.

Alors que La France insoumise est accusée de ne pas condamner suffisamment fermement les violences, le Premier secrétaire estime que le PS a "raison d'appeler au calme et au retour à la paix civile". "Nous n'avons pas à encourager les exactions sur les commerces et les biens publics".

Il était interpellé notamment par l'ex-député Patrick Mennucci, qui estime que le PS ne peut poursuivre l'alliance Nupes: "On a le sentiment que LFI a raté le coup de la révolution avec les gilets jaunes, avec les retraites, et qu'ils se disent 'on va faire la convergence des luttes avec les quartiers'".

Mais pour Olivier Faure, il faut continuer à parler avec Jean-Luc Mélenchon "même dans les moments de profonds désaccords, et le moment actuel est un moment de profond désaccord".

"Je ne pense pas qu'on ait franchi la barrière républicaine" avec la ligne tenue par LFI, a-t-il précisé ensuite à la presse. "Je suis à la fois vraiment favorable à une démarche unitaire" au sein de la Nupes, "mais ça ne m'oblige pas à être aligné" avec Jean-Luc Mélenchon, a-t-il ajouté, déplorant d'être sans cesse obligé de se définir par rapport au tribun insoumis. "Pas besoin de taper sur le voisin pour dire ce que nous sommes".

Un message loin d'être entendu par l'assistance, où le Premier secrétaire n'était pas en terrain conquis.

Dans un hôtel du centre de Lyon, son opposante interne Hélène Geoffroy, présidente de "Debout les socialistes" et maire de Vaulx-en-Velin, a invité toute la frange anti-LFI du PS, dont François Hollande, qui intervient dimanche, et Bernard Cazeneuve, qui a quitté le parti après l'accord Nupes.

«logique trotskyste»

Le principal rival d'Olivier Faure, le Premier secrétaire délégué Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, a finalement renoncé au déplacement, en raison des violences urbaines dans sa commune, comme de nombreux autres participants, souvent élus locaux.

Pour Hélène Geoffroy, c'est l'occasion de dire d'une même voix "que le PS est attaché à l'État de droit" et que le "sujet majeur, c'est l'appel au calme, et ensuite on analyse les causes" des émeutes.

L'ancienne ministre de la Ville sous François Hollande estime que Jean-Luc Mélenchon "a des propos déconnectés de la réalité". "Il essentialise les gens de banlieue et veut leur faire porter des messages qu'ils ne portent pas. Moi quand j'annonce que j'ai des renforts de police, les habitants sont rassurés", souligne-t-elle.

Pour Rachid Temal, sénateur du Val d'Oise, "Jean-Luc Mélenchon donne le sentiment que les gens de banlieue cautionnent la violence, c'est faux" et "il n'est pas le porte-parole des banlieues".

Le chef des Insoumis "est retombé dans la logique trotskyste" et "pousse un mouvement insurrectionnel", condamne Philippe Doucet, ex-maire d'Argenteuil.

Même les derniers propos du leader insoumis sont sujets à caution : dans une vidéo vendredi, il a assuré que "jamais les Insoumis n'ont été pour la violence", et appelé "notamment les plus jeunes" à "ne pas toucher" aux écoles ou aux bibliothèques.

"Ca veut dire quoi, que tout le reste, on peut le brûler ?", a demandé Bernard Cazeneuve. Pour l'ancien Premier ministre, "quand il y a un tel niveau de violence, on ne peut pas ne pas appeler au calme, au motif que la révolte est belle".

Le patron du PCF, Fabien Roussel, a reconnu lui aussi samedi sur franceinfo avoir "un discours différent" de Jean-Luc Mélenchon". "Notre responsabilité c'est d'appeler au calme, à l’apaisement", a-t-il plaidé. Tout en reconnaissant qu'il était "difficile d’être entendu": "On est tous un peu impuissants".


Suppression de deux jours fériés : le gouvernement confirme viser un rendement de 4,2 milliards d'euros dès 2026

Dans ce courrier, il souhaite « porter en projet de loi de finances pour 2026 une mesure de suppression du caractère férié de deux jours : le lundi de Pâques et le 8 mai », pour les salariés du secteur privé comme du public (Photo AFP)
Dans ce courrier, il souhaite « porter en projet de loi de finances pour 2026 une mesure de suppression du caractère férié de deux jours : le lundi de Pâques et le 8 mai », pour les salariés du secteur privé comme du public (Photo AFP)
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  • Dans ce courrier, il souhaite « porter en projet de loi de finances pour 2026 une mesure de suppression du caractère férié de deux jours : le lundi de Pâques et le 8 mai », pour les salariés du secteur privé comme du public.
  • Le gouvernement invite les partenaires sociaux à lui faire savoir d'ici au 1er septembre s'ils souhaitent engager une négociation, qui devra le cas échéant se conclure au plus tard le 30 septembre.

PARIS : Selon le document d'orientation adressé aux partenaires sociaux et consulté par l'AFP dimanche, le gouvernement vise un rendement de 4,2 milliards d'euros dès 2026 pour le budget de l'État avec la suppression de deux jours fériés.

Dans ce courrier, il souhaite « porter en projet de loi de finances pour 2026 une mesure de suppression du caractère férié de deux jours : le lundi de Pâques et le 8 mai », pour les salariés du secteur privé comme du public. Il ajoute que le choix des deux jours concernés peut encore être « discuté ».

Le gouvernement invite les partenaires sociaux à lui faire savoir d'ici au 1er septembre s'ils souhaitent engager une négociation, qui devra le cas échéant se conclure au plus tard le 30 septembre.

Le dispositif est calqué sur celui de la journée de solidarité : les salariés mensualisés et les agents publics ne seront pas rémunérés davantage pour ces nouvelles heures de travail, et en contrepartie, les employeurs du secteur privé s'acquitteront d'une contribution qui sera affectée au budget de l'État.

Le 15 juillet, le Premier ministre François Bayrou avait évoqué la suppression de deux jours fériés pour participer à l'effort budgétaire.

Les modalités de mise en œuvre de cette mesure, présentée comme un levier pour augmenter le volume annuel de travail, produire davantage et renforcer la compétitivité économique de la France, doivent encore être précisées.

Ce document d'orientation a été envoyé samedi aux partenaires sociaux, en même temps que la « lettre de cadrage » sur l'assurance chômage. Cette feuille de route fixe le cadre de la négociation d'une nouvelle réforme, avec l'objectif d'atteindre « 2 à 2,5 milliards d'euros » d'économies par an de 2026 à 2029.  


La canicule s'étend sur presque toute la moitié sud du pays

Un homme se protège du soleil à l'ombre sur la plage du lac du Bourget, à Le Bourget-du-Lac, dans le centre-est de la France, le 8 août 2025, alors que la température atteint 35 degrés Celsius. (Photo de JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)
Un homme se protège du soleil à l'ombre sur la plage du lac du Bourget, à Le Bourget-du-Lac, dans le centre-est de la France, le 8 août 2025, alors que la température atteint 35 degrés Celsius. (Photo de JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)
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  • « Dimanche, dans la continuité des jours précédents, la chaleur va encore monter d'un cran dans le sud », a prévenu samedi le service national de prévisions.
  • Selon un bulletin actualisé de Météo-France, plus de la moitié de l'Hexagone, soit 46 départements du centre et du sud du pays, seront placés en vigilance orange lundi.

BORDEAUX, FRANCE : La vague de chaleur, la deuxième de l'été à toucher la France, s'étend dimanche à presque toute la moitié sud du pays, avec 42 départements placés en vigilance orange canicule par Météo-France.

« Dimanche, dans la continuité des jours précédents, la chaleur va encore monter d'un cran dans le sud », a prévenu samedi le service national de prévisions.

Le thermomètre devrait ainsi grimper « fréquemment » jusqu'à 40 °C, voire les dépasser dans l'Hérault, le Var et le sud des départements de l'Ardèche et de la Drôme, a-t-il prévenu.

Au plus chaud de la journée, 42 °C sont également attendus à Nîmes et 40 °C à Perpignan, avec des pointes à 38 °C à Bordeaux et Toulouse dans l'après-midi.

De la Charente-Maritime aux Alpes-Maritimes, en passant par les Pyrénées-Atlantiques et le Jura, 42 départements de la moitié sud du pays sont en vigilance orange canicule.

Cet épisode, qui nécessite « une vigilance particulière, notamment pour les personnes sensibles ou exposées », pourrait encore s'intensifier en début de semaine, a souligné Météo-France.

Samedi, le mercure a atteint 42,2 °C à Tiranges, en Haute-Loire, et 39 °C à Lyon, dans une région où il devrait « légèrement » baisser dimanche, d'après le dernier bulletin de prévision.

Après une première vague de chaleur cette année, du 19 juin au 4 juillet, il s'agit de la 51e enregistrée en France depuis 1947. 

Pic « entre lundi et mardi » 

Selon un bulletin actualisé de Météo-France, plus de la moitié de l'Hexagone, soit 46 départements du centre et du sud du pays, seront placés en vigilance orange lundi. Les Deux-Sèvres, la Vienne, la Creuse et la Haute-Corse passeront à ce niveau d'alerte dès dimanche midi.

Seule la Corse-du-Sud est annoncée en jaune dans la moitié sud de l'Hexagone.

« Le pic est attendu entre lundi et mardi » pour cette canicule, qui « devrait durer jusqu'en fin de semaine prochaine », a écrit Météo-France.

Selon le prévisionniste, qui observe « une accélération de la survenue des vagues de chaleur » liée au changement climatique, le pays n'a connu que deux étés sans ce type d'épisode au cours des 16 dernières années.

Parallèlement, l'institut a classé le Vaucluse en risque « très élevé » pour les incendies dimanche. Dix départements du pourtour méditerranéen et de son arrière-pays, ainsi que cinq autres du centre-ouest, seront en danger « élevé ».

Dans l'Aude, le gigantesque incendie qui a parcouru 16 000 hectares au cours de la semaine, dont 13 000 ont brûlé selon la Sécurité civile, ne devrait pas être « maîtrisé » avant dimanche soir, en raison de conditions météorologiques « se rapprochant de celles du jour de départ de l'incendie », ont prévenu les pompiers. Un vent sec et chaud souffle à 50 km/h sur fond de canicule.

De son côté, la SNCF a supprimé plusieurs allers-retours sur les lignes Intercités Bordeaux-Marseille, Paris-Limoges-Toulouse et Paris-Clermont, craignant des « pannes potentielles de climatisation » sur ses wagons les plus anciens, en raison de la hausse des températures.


Taxe aérienne : le patron de Ryanair menace de réduire ses capacités en France en cas de nouvelle hausse

Les membres du personnel navigant attendent d'embarquer à bord d'un avion de la compagnie aérienne low-cost irlandaise Ryanair à l'aéroport Berlin-Brandebourg de Schoenefeld, près de Berlin, le 4 avril 2024. (Photo de David GANNON / AFP)
Les membres du personnel navigant attendent d'embarquer à bord d'un avion de la compagnie aérienne low-cost irlandaise Ryanair à l'aéroport Berlin-Brandebourg de Schoenefeld, près de Berlin, le 4 avril 2024. (Photo de David GANNON / AFP)
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  • « Vous avez cette situation folle où votre gouvernement augmente la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSA), qui est passée de 2,63 euros à 7,40 euros par billet en mars 2025 », a déclaré le patron de Ryanair.
  • « Je ne tolère pas ces manières de faire », a répondu Philippe Tabarot, ministre français des Transports.

PARIS : Le patron de Ryanair, première compagnie aérienne à bas prix européenne, Michael O'Leary, a menacé samedi de réduire « encore » ses capacités en France si le gouvernement décidait d'une nouvelle hausse de la taxe aérienne, suscitant une réponse agacée du ministre des Transports.

« Vous avez cette situation folle où votre gouvernement augmente la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSA), qui est passée de 2,63 euros à 7,40 euros par billet en mars 2025 », commence Michael O'Leary dans une interview au quotidien Le Parisien, qualifiant cette hausse d'« injustifiée » pour « un secteur qui ne rapporte pas beaucoup d'argent ».

Il affirme avoir proposé un plan à la France pour doubler le trafic annuel d'ici 2030, « mais seulement si le gouvernement supprime les taxes ». « Sinon, nous avons des alternatives moins coûteuses ailleurs. Et si la réponse de la France à cela est d'augmenter de nouveau les impôts, alors nous réduirons encore notre capacité ici », menace le patron de la compagnie irlandaise.

« Je ne tolère pas ces manières de faire », a répondu Philippe Tabarot, ministre des Transports, sollicité par Le Parisien. « Du dialogue, oui, mais pas de menace », ajoute-t-il, accusant Ryanair de ne pas assumer d'avoir « doublé ses bénéfices en une année ».

Le ministre, qui s'était dit personnellement « réservé » à l'idée d'inscrire la hausse de la taxe dans la durée en mars, dénonce la communication « violente » de Ryanair « pour essayer de s'exonérer de ses obligations sociales et fiscales ».

En réponse à l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion, la compagnie irlandaise a annoncé, fin juillet, une réduction de 13 % de sa capacité en France, soit 750 000 sièges en moins. Elle a également décidé de déserter trois aéroports régionaux (Strasbourg, Bergerac et Brive) pour l'hiver. Fin mars, Michael O'Leary avait pourtant assuré qu'il ne supprimerait pas de desserte régionale.

« Plutôt que de donner des leçons sur la manière dont le gouvernement prépare son prochain budget, il ferait mieux de s'occuper du service que Ryanair rend à ses clients », a ajouté Philippe Tabarot, évoquant des conflits sociaux et des décisions de justice.

Le patron de Ryanair a quant à lui critiqué le contrôle aérien français, « le moins efficace d'Europe », et les grèves « récréatives » des contrôleurs avant les week-ends, qui, selon lui, leur permettent d'obtenir trois jours de congés supplémentaires et entraînent des « annulations sur les survols » du territoire français, car Paris « surprotège les vols domestiques ».

Une charge qualifiée par le ministre de « caricature à l'excès sur certains comportements qui peuvent exister, pour une minorité seulement ».